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4/5 (sur 24 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Thomas Bouchet est maître de conférences en histoire à l’université de Bourgogne (Dijon).

Ces thématiques de recherche sont sur l'histoire politique et sociale de la France, entre la Restauration et le Second Empire.

Il a travaillé sur Fourier et l’École sociétaire, sur les relations entre socialisme et sensualité, sur l’histoire des insurrections au XIXe siècle.

Il a publié Noms d’oiseaux, l’insulte en politique de la Restauration à nos jours (Stock, 2010, prix Lucien Febvre).




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Merci à Natacha de la Librairie de l'Atelier, Paris 20e  ---  "Mathilde ne dit rien" de Tristan Saule chez le Quartanier (https://www.librest.com/livres/mathilde-ne-dit-rien---n--1-tristan-saule_1-493051_9782896985494.html) -  "J'adore apprendre plein de choses" de Nathalie Quintane chez Hourra (https://www.librest.com/livres/j-adore-apprendre-plein-de-choses-nathalie-quintane_0-7134154_9782491297015.html?ctx=040959aafaea38cefadc3868b3aaab8a) - "La reprise et l'éveil essai sur l'oeuvre de Jean-Marc Cerino" de Jean-Christophe Bailly chez Macula (https://www.librest.com/livres/la-reprise-et-l-eveil--essai-sur-l-oeuvre-de-jean-marc-cerino-jean-christophe-bailly_0-7049044_9782865891276.html) -  "Poèmes" de Yvonne Rainer chez Trente-trois morceaux (https://www.librest.com/livres/poemes-yvonne-rainer_0-7134184_9791093457123.html) - "Utopie" de Thomas Bouchet chez Anamosa  (https://www.librest.com/livres/utopie-thomas-bouchet_0-7002915_9782381910017.html)

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Citations et extraits (9) Ajouter une citation
Les marques Utopie et Utopia promettent la réalisation de toutes sortes de rêves. Elles vantent une excellente technique et/ou un ensemble de savoir-faire qu'elles déclinent en une multiplicité de contenus, de services, de produits. Elles délivrent des messages convergents. Elles évoquent en général des univers bienveillants, sympa, cool, souriants ; à la fois ouverts et protégés des atteintes du monde ; originaux, atypiques, décalés (mais pas trop) ; modernes, dynamiques, jeunes ; audacieux, disruptifs (mais sans agressivité). Les utopies pragmatiques résultent d'un patient travail d'édulcoration, de dévitalisation de toute velléité de pensée critique.
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L’utopie pourrait alors consister en une pratique de la ruse souriante et radicale, en une contestation globale qui se déploie en particulier lorsqu’il n’y a plus ou pas assez de marge de manoeuvre. Comme on a besoin de mot pour suggérer et dire, le mot utopie lui-même aurait toute sa place dans ce monde-là, une fois allégé de la gangue d’interprétation qui l’affaiblissent.
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S'il est difficile de comprendre en profondeur et dans toutes ses dimensions la déconfiture du socialisme français, on pourrait du moins suggérer que Manuel Valls lui a porté un coup très violent en l'alignant sur autre chose que lui, en l'éloignant des dernières causes mobilisatrices qui lui restaient. Loin de ce naufrage en cours, le socialisme en mouvement, notamment un éco-socialisme intrinsèquement anticapitaliste au combat pour un monde tout à fait autre (utopiste sans le dire) a plus d'éclat que le pâle et piteux socialisme actuel.
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Printemps 2008, Lyon, pentes de la Croix-Rousse : « L’UTOPIE EST EN NOUS !! », à la bombe de peinture orange sur un long mur blanc. Le tracé de ces quelques mots en lettres capitales était irrégulier ; appliqués d’une main ferme, ils attiraient le regard.
« En nous », vraiment ? Les six lettres d’utopie nous sont assez familières. Pourtant, il est difficile de déterminer quelle place le mot tient dans nos vies. Il paraît à la fois proche et lointain. Il est déroutant en lui-même car si en grec « topos » signifie lieu, le « u » initial peut être l’équivalent d’un « ou » et l’utopie serait alors le non-lieu (le lieu de nulle part), ou bien l’équivalent d’un « eu » et l’utopie serait alors le bon lieu (le lieu du bonheur). Il déroute aussi parce qu’il est environné d’une petite nébuleuse de mots dérivés, de qualificatifs, d’expressions apparentées. Utopie, mais aussi utopiste ou utopique. Utopie, pure utopie, belle utopie, folle utopie. Ceci est une utopie, cela n’est pas une utopie ou n’est qu’une utopie. […]
Accommodée à toutes les sauces, l’utopie a été parée dans l’histoire de couleurs diverses voire inconciliables. Cela reste le cas aujourd’hui – on peut s’en convaincre en faisant le test auprès de proches ou de passants. Orange sur le mur de la Croix-Rousse, mais aussi rose ou rouge ou brune ou noire, verte comme l’écologie, jaune comme les gilets de celles et ceux qui se sont opposé.es depuis 2018 au président Macron et à son gouvernement. Ou arc-en-ciel. Certain.es la voient transparente, d’autres opaque. Ici claire, sombre là.
Elle peut être désirée ou bien dénigrée, prisée ou bien méprisée. Elle peut s’employer avec le U majuscule de l’admiration ou de la peur, ou avec un u minuscule motivé par la confiance, l’attendrissement, la moquerie. Elle donne lieu à toutes sortes de parallèles, rapprochements, télescopages, mises à distance : avec idéologie (Karl Mannheim, Paul Ricœur), rêve, mythe, réalité, fiction et aussi science-fiction, et même totalitarisme. Car utopie est aussi – voire surtout – ce qu’en font celles et ceux qui s’en saisissent. Ce mot-caméléon prend les teintes de ce qui l’entoure. « Vive l’utopie » pour les un.es, « à bas l’utopie » pour les autres : le mot est davantage polémique que descriptif et l’effet de brouillage n’en est que plus marqué. En bref : utopie est un mot vif et vivant, un mot qui ne tient pas en place et qui pour cette raison même nous est précieux.
Il ne tient pas en place et pourtant il figure dans les dictionnaires. Les effets de la normativité lexicographique pèsent sur lui. Sa vitalité est contrariée par quelques phrases-étiquettes. C’est en particulier dans les dictionnaires qu’est fixée la relation entre utopie, perfection, idéal. Ou encore entre utopie et cauchemar. La mise au pas de ce mot l’affaiblit. Peut-être n’est-il tout à fait lui-même que hors des frontières assignées par les définitions. Dans ce qui vient il ne sera pas question de le circonscrire une fois de plus, de substituer une nouvelle définition à celles qui existent déjà. Il s’agira plutôt de suggérer un certain nombre de questions qui se posent au contact du mot, de l’observer en situation sans prétendre à la synthèse et plutôt sous la forme d’un parcours – un parmi tant de parcours possibles. L’immobilité est sans doute pour l’utopie une menace beaucoup plus directe que la fluidité.
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À ce point du parcours, la situation peut donc être décrite de la manière suivante. Aux diverses acceptions de l’utopie pourtant répandues – l’utopie comme non-lieu, l’utopie comme rêve, ou comme cauchemar, ou comme slogan – quelque chose résiste. C’est un mouvement d’une autre sorte, effectivement là, mais dont il est difficile de se saisir. Il est perceptible dans un grand nombre d’oeuvres mises en circulation depuis 1516, dans les commentaires et les conduites qu’elles inspirent, dans un ensemble de pratiques. Cette persistance utopienne s’observe en général sur des chemins de traverse, plutôt dans les angles qu’en position centrale. Pour qui veut y être sensible, elle lève le voile sur une histoire ouverte, qui ne cesse de se réamorcer.
Il se pourrait bien que l’utopie tienne sa force de sa charge critique. Elle s’élève contre l’autorité du « c’est ainsi », contre le « on sait cela mieux que toi », le « on sait quelle est ta place et on fera en sorte que tu y restes », le « on veut ton bien », le « laisse-nous faire ». Elle débusque dans l’ordre en place ce qu’il faudrait accepter et qui pourtant fait violence. Face à la nécessité des choses, elle porte en elle l’énergie d’un anti-fatalisme. Ce qu’elle murmure ou crie, c’est tantôt « là c’est trop » et tantôt « là c’est trop peu » – ou encore : « quelque chose manque » (Bertolt Brecht et Kurt Weill, Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny, 1930). Elle peut ouvrir des pistes face à ce qui abîme les êtres dès les premières étapes de leur vie. […]
La résistance utopienne face à cette réalité-là, une résistance placée sous le signe du devenir, ne peut-elle être dans ces conditions que minoritaire ? Ne risque-t-elle pas sinon de se transformer en autre chose, d’imprimer profondément sa marque, de devenir à son tour normative ? Ne se situe-t-elle pas toujours là où une domination trace les frontières entre l’ordre des faits et l’ordre des illusions ? Est-il seulement envisageable de ne pas dire « je prends la réalité », de contester l’ordre des faits ? Oui, sans doute, et si le mouvement de l’utopie entre en contradiction avec la toute-puissance des faits, alors « tant pis pour les faits », suggère Ernst Bloch.
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L’évocation des conditions de naissance du mot rappelle qu’il est crucial de l’insérer dans l’histoire. « Utopie » – avec tout ce qu’il porte en lui – ne se situe pas dans une atemporalité abstraite. Il se frotte depuis le début du XVIe siècle aux réalités des hommes, des événements, des temps et des lieux ; à l’injustice, à l’oppression et à la misère sans cesse revenues même si leurs formes varient. Le pluriel minuscule (utopies) lui convient mieux que le singulier majuscule (Utopie). Chaque usage du mot renvoie à des enjeux particuliers, réagence sans cesse des passés, des présents et des avenirs. Tenir compte de cela c’est se donner les moyens de réamorcer sans cesse ce qui sinon se fige dans des schématismes réducteurs. Pour éviter que les utopies se déchargent, digérées par l’ordre en place, beaucoup se sont employé.es à comprendre pourquoi et comment elles entrent dans le jeu social ou en sortent, à mesurer leurs pulsations parfois subtiles. Observer les utopies dans l’histoire, les actualiser, c’est maintenir vive la charge utopique d’un passé non advenu ; de cela, Walter Benjamin ou Ernst Bloch par exemple étaient persuadés lorsqu’ils écrivaient sur elles au siècle dernier.
« En nous » les utopies ? C’est-à-dire aussi bien ici qu’au loin, ou même ici plutôt qu’au loin ? Elles sont en tout cas diverses, insaisissables et complexes. C’est pourquoi l’objectif n’est pas de les réhabiliter, de les défendre contre les charges qu’elles ont subies et subissent encore. Il serait dérisoire d’opposer une certitude à une autre. Miguel Abensour en appelle à « une pensée de l’utopie qui se fait violence à elle-même, qui inclut dans son mouvement la critique de l’utopie » (Europe, 2011). Du mouvement, ici encore, pour un mot qui ne peut vivre en captivité et qui a besoin d’air. Un mot qui nous parle de notre relation au monde, aux autres, à nous-mêmes ; un principe d’action et une ouverture vers quelque chose d’autre. S’il s’usait, s’affadissait, s’étiolait, une partie de nous-mêmes risquerait fort de s’affaiblir.
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Partir en utopie, c’est entre autre refuser d’être immobilisé.e, plaqué.e au sol par la misère, par l’injustice, par la police, refuser de céder sous l’emprise de la violence, refuser d’être maintenu.e face contre terre.
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L’immobilité est sans doute une menace beaucoup plus directe pour l’utopie que la fluidité.
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L'immobilité est sans doute pour l'utopie une menace beaucoup plus directe que la fluidité. (Page 8)
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