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Critiques de Thomas Cullinan (38)
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Les Proies

Guerre de Sécession, 1864. Un officier nordiste, John McBurney est blessé. Il est trouvé par une jeune fille, Amelia Dabney, qui, partie cueillir des champignons dans la forêt, ne trouve rien de mieux que de le ramener à la pension où elle réside. Pourquoi dis-je "ne trouve rien de mieux" ? Tout simplement parce que cette pension, tenue par deux sœurs, Martha et Harriet, est exclusivement féminine (ce qui parait normal d'ailleurs). Et y amener un jeune homme, c'est un peu comme faire entrer le loup dans la bergerie... Vous saisissez ce que je veux dire ? Alors on va me sortir les poncifs de l'Amérique puritaine et gna gna gna mais n'oublions pas que nous sommes au XIXe siècle quand même ! Et, à l'époque, que ce soit aux États-Unis ou en Europe, c'est du pareil au même.



Bien évidemment, le soldat va profiter de sa position de coq dans la basse-cour (on change d'animal !) pour essayer de séduire (les poulettes) pensionnaires. Jusqu'au moment où ce qui n'était qu'un petit jeu au départ va basculer et lui échapper. Qui manipule qui ? Et cela va aller loin, très loin !



J'ai été déstabilisée par ce roman. Non pas par la noirceur ou la violence, j'ai lu pire ! Non pas par le thème qui est somme toute assez connu. Mais par la forme d'une part et par le rythme de l'autre. Concernant la forme, il s'agit d'un roman choral. Jusque là, rien de nouveau sous le soleil. Mais je pense qu'il y a trop de narratrices pour que l'on arrive à suivre correctement. Vient s'ajouter à cela, je le disais, le rythme : en général, qui dit polyphonie dit rythme vivant. Or, ici, il y a des longueurs. Alors bien sûr, c'est certainement pour donner plus d'ampleur à la torture psychologique... Certes ! Mais je déteste la lenteur !



Au final, ai-je aimé ce livre ? Je suis incapable de répondre tout de go. Disons que j'ai aimé le fond mais pas la forme...
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Les Proies

En mai 1864, la jeune Amelia Dabney, pensionnaire chez les soeurs Farnsworth, part cueillir des champignons dans les bois et découvre un soldat nordiste blessé. La bataille de la Wilderness toute proche fait rage et la jeune fille décide de secourir le jeune homme grièvement blessé à la jambe afin de le mettre à l'abri dans l'école.

Huit femmes y vivent recluses, les soeurs Farnsworth, Martha et Harriet, qui tentent de maintenir le fonctionnement de l'établissement destiné à éduquer les jeunes filles de bonne famille, cinq pensionnaires sans nouvelle des leurs à cause des conflits et la domestique noire Matilda. Le petit groupe qui vit volontairement à l'écart des autres habitations, s'observe, s'épie, se juge.

La soudaine apparition du caporal Johnny McBurney, volontaire Irlandais engagé du côté des Nordistes pour deux cent dollars, va bouleverser la petite communauté. McBurney blessé pense avoir plus de chance de s'en sortir caché au milieu de femmes sudistes que sur le champ de bataille ou aux mains des mauvais chirurgiens de l'armée opérant sous les tentes. Pour survivre, il va tenter de comprendre le mode de fonctionnement de cette petite société, de percer les secrets les plus inavouables de ces dames mais en tant qu'unique homme, jeune et séduisant, il devient très rapidement l'objet des fantasmes de plusieurs d'entre elles. Tandis qu'à l'extérieur, les troupes de Grant et de Lee s'affrontent au milieu des incendies, c'est une toute autre bataille qui se livre à l'intérieur du pensionnat.

Ce remarquable huis clos psychologique, dont les huit femmes et jeunes filles sont tour à tour les narratrices, ne nous épargne ni les frustrations, ni les fortes tensions sexuelles, pas plus que les secrets d'inceste ou de relations inter-raciales.

Dès le début du récit, la clairvoyance de la servante- "Y flottait autour de lui une odeur de mort. C'était pas tant qu'y saignait, ni qu'il était tout pâle et complètement inerte, non, c'était une sorte de stigmate que j'aurais décelé même si je l'avais vu marcher sur la route, intact. Au premier regard, j'ai su que rien au monde ne pourrait le sauver et que ça servirait à rien de s'escrimer."- , l'image de la guêpe maçonne introduite dans la colonie de sauterelles ou celle de la chenille qui envahit un nid de fourmis microscopiques, laissent présager le pire, mais qui seront réellement les proies?

Jamais les frustrations féminines n'ont été aussi habilement analysées. Le lecteur oublie très rapidement l'excellente adaptation du roman réalisée par Don Siegel avec Clint Eastwood pour se focaliser sur les pistes que Thomas Cullinan sème habilement ici et là. La narration polyphonique lui permet de conforter les points de vue et de tisser un habile canevas dans lequel le peu sympathique Johnny passe de manipulateur à jouet. Car, comme l'assène très justement la jeune Amélia, "Je ne connais aucun ordre du royaume insecte ni du royaume animal qui accepte un intrus sans remous".
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Les Proies

Mauvais livre, mauvais moment?



J'ai persévéré pour ne pas déclarer forfait...ce livre était le seul disponible lors d'un voyage et l'idée de me retrouver frustrée de lecture m'a tenue accrochée. Mais cela m'a semblé bien long!



Pour le fond, il avait tout pour me plaire! Roman thriller sur fond historique, d'une période que je connais plutôt bien, en événements de la guerre de Sécession et en géographie des lieux. Un huit-clos psychologique innovant, permettant une étude de moeurs et mentalités, avec en creux l'éducation des filles, et une réflexion sur l'évolution des idées concernant l'esclavage.



C'est un peu tout cela mais la forme a plombé la bonne idée. le livre est alourdi de longueurs, répétitif. Les chapitres qui alternent les différents personnages construisent un rythme banal et assez froid, les échanges entres les personnages sont peu crédibles. Si on se réfère aux âges des jeunes filles, les réactions sont parfois insolites, souvent décalées. Et la manipulation par un Yankee blessé mais qui semble en pleine forme pour faire le beau est un peu grosse ficelle.



Donc je n'ai pas aimé. Un gros pavé plutôt indigeste.
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Les Proies

Tout commence dans un pensionnat pour filles de Virginie dans le sud des Etats-Unis. Hors des murs de l’établissement, la guerre de Sécession gronde et les armées nordistes et sudistes se déchirent dans des combats sanguinaires, combats dont les jeunes pensionnaires n’ont que peu d’échos, tant la vigilance de leurs institutrices les coupe du monde extérieur. Un jour pourtant la guerre vient s’engouffrer dans leurs vies quand Amelia Dabney, une des benjamines de l’établissement, découvre le corps d’un soldat yankee grièvement blessé à quelques centaines de mètres du pensionnat. Apitoyée, la fillette ramène le caporal Johnny McBurney à l’école où les sœurs Farnsworth, les directrices du pensionnat, parviennent à lui sauver la vie. Mais, une fois guéri, le caporal McBurney ne semble guère pressé de s’en aller : il a pris ses aises dans ce petit univers féminin, tout émoustillé par sa soudaine apparition, et s’emploie à séduire une à une toutes ces jeunes – et moins jeunes – dames afin de conserver parmi elles son petit nid douillet jusqu’à que la guerre prenne fin. Sournois, charmeur et habile menteur, McBurney s’avère très doué à ce jeu de manipulation, mais peut-être, dans sa fatuité, sous-estime-t-il les risques de son séjour au pensionnat Farnsworth. Car l’innocence peut se montrer étonnamment cruelle, la naïveté impitoyable, et, s’il n’y prend garde, le loup pourrait bien finir dévoré par les agneaux…



Ecrit dans les années 60, « Les Proies » est actuellement le seul roman de Thomas Cullinan traduit en français et c’est bien dommage car cet épais huis-clos psychologique est un véritable chef d’œuvre, de ceux qui vous donnent envie de vous jeter illico sur le reste de la bibliographie de leur auteur ! Admirable autant sur la forme que sur le fond, « Les Proies » étonne également par sa modernité et l’audace des thèmes évoqués, centrés surtout autour de la frustration sexuelle et des fantasmes malsains que celle-ci peut susciter. La construction de la narration est remarquable, alternant habilement les points de vue souvent entachés d’hypocrisie des différentes habitantes de la pension, procédé qui permet au romancier de tisser un récit tout en subtilité où manipulateurs et manipulés échangent souvent leurs rôles au gré des circonstances et des occasions. Brillant psychologue, Cullinan se montre particulièrement doué dans l’exploration de la psyché féminine et ses portraits de femmes sont renversants de finesse et de cruelle acuité : toutes ces dames sont à leur manière des monstres d’égocentrisme et aucune n’échappe à sa plume venimeuse, pas même la jeune Amélia Dabney, amoureuse des plantes et des animaux, dont la candeur pourrait attirer la sympathie du lecteur, si celle-ci n’était doublée d’une inquiétante indifférence pour les autres êtres humains et leurs sentiments.



Je suis extrêmement curieuse de découvrir l’adaptation de Don Siegel avec Clint Eastwood dans le rôle du caporal McBurney, un choix de casting assez stupéfiant quand on songe aux rôles qu’il a généralement endossés. Par ailleurs, le film a excellente réputation, ce qui me présage un sacré bon moment de cinéma. En attendant, je ne peux que conseiller très chaleureusement ce petit bijou d’amoralité et de tension : un vrai chef-d’œuvre, je vous dis !

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Les Proies

Seul livre de Thomas Cullinan publié en français à ce jour (et comme je le regrette !), Les proies a fait l'objet non pas d'une mais de deux adaptations au cinéma.

C'est après avoir vu les deux que j'ai lu ce livre.



La première date de 1971, elle a été réalisée par Don Siegel avec Clint Eastwood, Geraldine Page, Elizabeth Hartman et Jo Ann Harris. Clint Eastwood y est superbe, solaire, magnétique, grand ordonnateur depuis son sofa des émois des huit femmes et jeunes filles qui l'ont recueilli, blessé, dans le pensionnat des soeurs Farnsworth.

La seconde date de 2017, réalisée par Sofia Coppola avec Colin Farrell, Nicole Kidman, Elle Fanning et Kirsten Dunst. Colin Farrell y est indécis, brouillon, à la merci des sentiments qu'il éveille chez ces huit femmes et jeunes filles, bien plus sages que les personnages inventés par T. Cullinan et repris par D. Siegel à la demande d'Eastwood.



Ce caporal à la solde des Nordistes, un Irlandais nommé McBurney, appelez-moi Johnny, n'a rien d'indécis ou de brouillon.

Croyant saisir la chance de survivre à cette guerre de Sécession en se cachant dans une ancienne plantation transformée en pensionnat, il va flanquer une pagaille monstre à tous les étages de la vieille demeure coloniale, depuis la petite Amelia qui fait entrer le loup… dans l'arène, jusqu'à Harriet Farnsworth, la soeur de la directrice du pensionnat.



Personne ne sera épargné, dans ce huis-clos torride autant que terrassant par sa cruauté.



Toutes vont se retrouver d'une façon ou d'une autre prises au piège de McBurney, qui brûle en effet sans sembler se rendre compte de l'ampleur des dégâts.

Mais le moyen de le savoir vraiment, tant qu'on n'a pas lu de quelle manière une autre des pensionnaires ou des femmes du pensionnat rapporte la suite des évènements…



Thomas Cullinan donne la parole à chacune, toutes ont quelque chose à dire, quelque chose à cacher.



Elles prennent vie, elles prennent corps surtout au fil des pages. Elles tournent, virent, haïssent, changent d'avis, mentent, cèdent, se reprennent, se laissent convaincre, se contredisent, méprisent, puis se reprennent encore, laquelle va tomber, qui va tomber d'ailleurs, qui sauvera sa peau à défaut de mieux, qui survivra finalement à cette guerre entre les murs de la vieille bâtisse décrépite faisant écho aux canons tonnant à quelques kilomètres de là ?



Où la cruauté se développe-t-elle le plus pleinement, sur les champs de bataille, ou bien à "l'arrière", en bordure des lieux de massacre officiels ?



Le vertige nous saisit, spectateurs que nous sommes, face à ces huit femmes et à cet homme, dans la plantation recyclée, déglinguée, cernée par les troupes allant au front ou fuyant devant les Nordistes, bordée de parterres replantés par ses soins à lui, pour leurs beaux yeux à elles, ou à l'une d'elles, ou pour sauver sa peau…



J'ai trouvé la démonstration magistrale.



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Les Proies

Quand le caporal John McBurney débarque dans un pensionnat protestant pour jeunes filles, perdu au fin fond de la Virginie, en pleine guerre de Sécession, il faut s'attendre à du remue-ménage.

Il arrive gravement blessé et les quelques habitantes du domaine n'ont pas d'autre choix que de l'accueillir et de le soigner. Ces innocentes demoiselles de bonnes familles, de six à seize ans, oubliées par leurs proches vivent recluses et confites en dévotions, aux bons soins des sœurs Farnsworth assistées de leur servante noire Matilda.

Il y a la farouche Edwina, l'aînée et la plus jolie, la sauvageonne Amelia, la sentimentale Alicia, Marie la seule papiste et Emily la plus patriote.

Face à cet aréopage féminin se présente donc John, jeune soldat d'origine irlandaise qui a rejoint l'armée yankee. C'est un garçon simple, mal dégrossi, paillard qui ne fait pas dans le raffinement mais il est beau garçon, rusé habile à faire le joli cœur et il entend bien profiter de la situation, comme tout coq qui pénètre dans la basse-cour. Espiègle, enjôleur, charmeur, il s'emploiera avec un art consommé de la séduction et de la manipulation à apprivoiser chacune pour gagner une confiance sans réserve. D'où cette réflexion de Marie : "il nous paraissait inconcevable que le caporal McBurney ait le moindre défaut. Nous étions prêtes à tout mettre entre ses mains : notre argent, notre vertu (pour celles qui en avaient, s'entend) et même nos vies."

Dans ce huis-clos propice à tous les fantasmes et les frustrations, l'auteur élabore un roman noir, un petit bijou d'intrigues, de perversions et de manipulations, une version inédite des liaisons dangereuses.

S'il y a quelques invraisemblances, elles s'intègrent si bien dans le récit qu'on les pardonne facilement à l'auteur. De même que les longueurs contribuent habilement à la lente et inexorable montée du drame.

Un roman comme j'en lis rarement , de pure fiction, recommandé par Ys que je remercie.



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Les Proies

Le loup est entré dans la bergerie : en pleine guerre de Sécession, un soldat blessé Yankee est recueilli dans un pensionnat de jeunes filles du Sud des Etats-Unis. Un roman original, bien écrit, avec une belle galerie de portraits qui s'enchaînent et se croisent, et une tension qui monte tout du long. J'aurais cependant aimé que cette tension soit encore plus prégnante, mais...
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Les Proies

C'est comme du chewing gum, du ruban adhésif ou du blister chargé d'électricité.

Nan, on ne s'en débarrasse pas comme ça, ça colle, ça adhère, ça reste en place bien lové sur les doigts.

C'est é-ner-vant !

Comme Clint Eastwood qui hante chacune des pages de ce roman hors norme: "Les proies"!

Rien à faire, j'ai vu le film avant de tomber par hasard sur le roman et je vois Clint à chaque ligne, en tournant les pages, en lisant chacun des huit témoignages des huit folles furieuses qui vont tour à tour adorer et détester le seul mâle de cette histoire dérangeante et originale.

Clint Eastwood l'a d'ailleurs trouvée si intéressante cette histoire qu'il a tout fait pour la tourner et casser son image de héros badass des années 70 (bide aux USA comme on peut l'imaginer, c'était sans doute trop tôt pour lui)

Enfin bref, le film est génial et le livre complète heureusement les caractères des personnages.

Mais c'est pénible, Clint colle et adhère, on ne voit plus que lui!

:)

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19368780&cfilm=2601.html
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Les Proies

Johnny McBurney, engagé volontaire dans l’armée Yankee lors de la guerre de Sécession, est blessé à la bataille de la Wilderness. Il est recueilli par Amelia Dabney, résidente d’une pension pour jeunes filles tenue par deux vieilles filles, les sœurs Martha et Harriet Farnsworth. Aux cinq pensionnaires (Amelia, férue de naturalisme, la jeune et irrévérencieuse Marie, Emily qui ne manque jamais une occasion de suppléer les sœurs Farnsworth, Alicia, déjà très intéressée par les garçons et la belle et hautaine Edwina), il faut ajouter la domestique noire, Matilda. Pour Johnny McBurnet, cette blessure apparait très vite comme la chance d’échapper à la guerre et de prendre un peu de bon temps. Unique homme de la maisonnée, doté d’une maitrise peu commune de l’art de la manipulation, Johnny s’évertue rapidement à incarner les fantasmes des unes et des autres… Un jeu dangereux car le nid douillet pourrait bien être également un nid de vipères…



Thomas Cullinan signe un remarquable huis-clos et parvient à maintenir une tension grandissante au fil des pages. Grâce à sa finesse psychologique, ce roman dresse également quelques beaux portraits de femme. Il est enfin d’une condamnation sans appel de l’hypocrisie sociale et notamment de la "bonne éducation" des gens bien-nés. Derrière les convenances, ces femmes, jeunes et moins jeunes, sont le plus souvent animées par des pulsions somme toute assez viles, en tout cas peu en phase avec les préceptes moraux dont elles se revendiquent volontiers.
Lien : http://lecoutecoeur.wordpres..
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Les Proies

Un huis clos dans un pensionnat de jeunes filles durant la guerre de Sécession. Où comment échapper à la guerre lorsque l'on est un jeune soldat nordiste dans le sud des États-Unis. Et comment, pour ce faire, séduire 8 femmes entre 12 et 50 ans. Johnny a 20 ans, beaucoup de charme et une bonne dose de machiavélisme. Il réussit à les manipuler les unes après les autres et à découvrir leurs secrets les plus intimes. Mais à trop en savoir, il met ces femmes en danger et elles comprennent rapidement le danger qu'il représente. Car il y des sexualités refoulées ou assumées, des incestes secrets, des liaisons dangereuses.

Chacune de ces femmes prend la parole dans ce roman choral qui va se transformer en thriller psychologique, car chacune éprouve à la fois du désir et de la haine pour le séduisant jeune homme.

Un seul regret, alors que la tension était à son paroxysme, un dénouement un peu fade !
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Les Proies

En 1864, les bois de Wilderness en Virginie sont le théâtre d'une des plus sanglantes batailles de la guerre de sécession : 50 000 soldats y perdent la vie en quatre jours.

C'est dans ce contexte qu'au cours d'une escapade naturaliste la jeune Amelia découvre le caporal Mc Burney. Elle décide de ramener le Nordiste blessé à la pension des sœurs Farnsworth où l'on pourra le soigner. L'arrivée du Yankee jette le trouble dans cet établissement pour jeunes filles.



Tel un pavé jeté, John Mc Burney brise la surface de la mare Farnsworth, dont il centralise les fantasmes. Ses remous font émerger les secrets plus ou moins avouables des pensionnaires et de leurs cadres.

Thomas Cullinan fait intervenir ses personnages à tour de rôle pour narrer l'action au moyen de leurs journaux intimes. Il en ressort un excellent récit en huis-clos sur fond de western qui inspira à Don Siegel une adaptation cinématographique dans laquelle Clint Eastwood vit l'occasion d'échapper au personnage dans lequel ses précédents rôles l'avaient enfermé.

Je recommande l'édition Passage du Nord-Ouest parue en 2013 : outre sa couverture appropriée et une reproduction de l'affiche du film de Don Siegel, elle propose une intéressante préface de Jean-Baptiste Thoret et des notes sur la guerre de sécession en fin de volume.

Sujet béton, traitement intéressant, Les Proies, écrit en 1966, est un thriller haletant où aucune des 600 pages n'est de trop et qui donne envie d'en voir l'adaptation cinématographique.
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Les Proies

Un soldat Yankee dans un pensionnat de jeunes-filles sudistes, en plein coeur de la guerre de Sécession, ça sonne un peu comme “de gros troubles en perspective”, vous ne trouvez pas ?

Pourtant, tout le monde ou à peu près est pétri de bonnes intentions, dans les premiers temps. Le pauvre homme est trouvé blessé, au fond des bois, par une des plus jeunes pensionnaires et si Miss Martha, directrice de l’établissement, n’est guère ravie de devoir accueillir un homme sous son toit, tout le monde s’accorde sur la nécessité de lui venir en aide. Quant à lui, ma foi, pourquoi aurait-il envie de retourner se faire charcuter sur le front, quand cinq charmantes demoiselles s’empressent pour lui prodiguer leurs soins les plus attentifs ?

Alors, pour assurer sa position, par jeu aussi sans doute, il s’ingénie à les séduire, une à une, avec un art de la manipulation qui, s’il paraît un brin grossier au lecteur averti, n’en est pas moins diablement efficace. Frère, ami, complice, galant, amant, amateur de poésie ou de botanique, il sait se faire tout ce que ces demoiselles désirent… et les désirs autour de lui se cristallisent, rendus d’autant plus forts par les frustrations, les souvenirs et la solitude, par ce monde sans hommes dans lequel la guerre les a plongées.

Imposteur jusqu’au bout des doigts, ce diable de Yankee - en réalité irlandais - est-il vraiment mauvais ? Le diable, d’ailleurs, est-il celui qui a le mal pour intention, ou l’étranger dont la venue réveille le plus noir au coeur de ceux dont il bouscule le monde ?

Une nuit, sur un faux-pas, le petit jeu de Johnny lui échappe. Et, toujours au nom du plus grand bien, le pire peut désormais advenir…



Dans une ambiance de monde en déclin, de secrets mal enfouis, Thomas Cullinan joue avec talent sur les ambiguïtés de la confrontation avec l’Autre - l’Autre troublant, inquiétant, dérangeant, incompréhensible, aussi vite attirant que facilement répulsif. L’Autre qu’on invente à son image faute de savoir le saisir.

L’Autre qui est ici, tout à la fois, l’homme face aux femmes, le nordiste face aux sudistes, le pauvre face aux riches, l’aventurier face aux demoiselles, le mensonge éhonté mais joyeux, face aux convenances et aux secrets honteux. Les personnages sont forts, intrigants, tous au moins à demi attachants, tous au pire à demi haïssables. Leurs rapports sont tissés avec autant de finesse que de violence couvée, la tension monte peu à peu jusqu’à une explosion qu’on devine inexorable et dont on découvre les ressorts avec délectation.



Un excellent roman, dont je suis curieuse de découvrir l'adaptation - paraît-il excellente - par Don Siegel. Surtout que je l'imagine plutôt pas mal en Clint Eastwood, moi, Johnny...



(Lu dans le cadre du challenge ABC 2014 / 2015)
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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1864. Le Nord et le Sud se déchirent, mais cela n'empêche pas la vie de continuer à la pension Farnsworth, malgré le nombre réduit d'élèves et la vie en vase clos amené par la guerre. Certaines ne savent même pas si leurs pères et frères sont encore en vie, et le bruit des canons résonnent. Et voilà que pour apaiser les choses, la jeune Amelia trouve dans le bois un soldat blessé, et un yankee, encore en plus, qu'elle ramène dans ce pensionnat plein de demoiselles sudistes.

C'est un huis-clos qui s'ouvre ici, alors que le blessé guéri n'a pas spécialement envie de retrouver la boue des combats et que son arrivée souligne les tensions déjà sous-jacentes entre les pensionnaires et les professeurs. La cruauté n'est pas l'apanage des hommes, ni de ceux ayant pris des années, et notre soldat pourrait trouver son pensionnat de donzelles plus dangereux, finalement, que son régiment massacré.

Une tension montant crescendo, jusqu'au drame, un plongée dans les tréfonds amoraux de l'âme humaine, et un très grand roman.

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Les Proies

J'étais vraiment très emballée par le résumé et les annonces de l'éditeur en 4è de couverture ("Huis clos psychologique au suspense diabolique", « Un conte gothique démentiel… On est fasciné par l'horreur que renferme ce pensionnat de jeunes filles. » Stephen King) et ne ressors que plus déçue de cette fastidieuse lecture...



Écrit sous forme de roman choral regroupant les témoignages de toutes les pensionnaires, à la manière d'une enquête policière, nous découvrons qu'il s'est produit un drame suite à l'arrivée du jeune caporal John McBurney dans leur vie. Chacune à leur tour, elles livrent donc ce qu'il s'est passé depuis leur première rencontre, lorsque la petite Amélia le trouve blessé dans la forêt et le ramène au pensionnat où il sera soigné, comment celui-ci les a toutes bernées et séduites une fois rétabli, et les raisons du drame.



Ce huis-clos aurait pu être génial mais, bien qu'il soit très bien écrit dans sa forme, ce qui m'a incitée à poursuivre sa lecture jusqu'au bout, le fond a plusieurs défauts gênants. On commence par se perdre très vite dans la galerie des 8 personnages féminins, en particulier parmi celles qui ont un rôle plus secondaire que les autres et dont la personnalité ressort moins du lot. Exceptée Edwina, elles sont dans l'ensemble sans grand intérêt, voire cruches, adultes comme jeunes filles. La succession des témoignages devient ensuite ennuyeux puisque introspectifs et répétitifs. Il peut se passer des pages et des pages sans que l'histoire n'avance puisqu'elles répètent toutes plus ou moins la même chose, parlant de la guerre, de leur passé, de ce qu'elles pensent du Yankee et des autres filles ou de ce qu'il se passe dans le pensionnat, et dans un roman de 600 pages, c'est long, très long... Enfin, le côté "thriller" et "horreur" annoncé, je ne l'ai tout simplement pas trouvé ! Ni la tension, qu'elle soit psychologique ou sexuelle, qui devait émaner de ce huis-clos. Il y avait pourtant matière ! Si la fascination exercée par le caporal sur (presque) toutes les pensionnaires est détaillé, les scènes de séduction sont réduites à quelques lignes, et le jeu de manipulation aurait pu être bien mieux exploité, tout comme les jalousies et la concurrence entre les filles pour avoir les faveurs du jeune homme. Enfin, mis à part un passage important puisqu'il s'agit d'un tournant dans l'histoire, tout le reste du roman ne réserve aucune vraie surprise, y compris pour la fin choisie.



En un mot, les 3/4 du texte n'apportent rien et le roman aurait été bien meilleur si plus condensé ou avec un suspens et des personnages mieux travaillés. Je mets quand même un 14/20 pour l'écriture et le potentiel qu'il y avait. J'aurais mis beaucoup moins si je l'avais abandonné, et ce n'est pas l'envie qui manquait.
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Les Proies

Je ne sais trop quoi penser de ma lecture..



Je l'ai lu en deux jours, car malgré le rythme lent j'ai eu du mal à lâcher ce livre.



J'ai été prise par son ambiance et par l'écriture qui m'a permis de tout visualiser comme dans un film. Chaque personnage a sa propre personnalité, ses propres secrets et une certaine complexité, ils faisaient tous humains, réels, ce qui me plaît dans la littérature en général.



Le côté roman à plusieurs voix m'a pas mal plu également puisque le style changeait bien en fonction de chaque personnage et que cela ajoute une dimension au roman ainsi qu'un côté journal/faits réels.



J'ai deviné la trame générale du récit et donc son dénouement mais pendant ma lecture ça ne m'a pas gêné puisque ce qui m'intéressait était de connaître le pourquoi, l'escalade.



Ce qui m'a vraiment déçue, c'est qu'à la fin il y a pas mal de questions sans réponses, notamment concernant toutes les élèves et les deux enseignantes ainsi que sur la réelle personnalité et les motifs du caporal.

Certains événements m'ont paru injustifiés... peut-être trop de non-dits. Pour moi qui préfère que les choses, au moins au dénouement final, soient dites clairement, cette fin laisse trop dans le flou, laisse trop de questions sans réponses.



Par contre c'est vraiment un roman psychologique en huis-clos. Autrement dit : que se passe-t-il si l'on lance un homme seul dans une maison remplie de femmes qui vivent recluses ?



J'aurais eu toutes mes réponses et cela aurait été un 4/5



Ps: Déçue par le film en plus...un personnage manquant, deux autres fusionnés...aucune allusion aux "secrets" de chacune...un film beaucoup trop rapide et survolé pour moi
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Les Proies

Au pensionnat Farnsworth, dirigé d'une main de fer par Martha qui terrorise même sa propre soeur, on élève les jeunes filles comme il faut. C'est que dans le Sud, on connaît les vraies valeurs à inculquer à de jeunes ladys, et ce n'est pas la Guerre de Sécession qui fait rage aux portes du domaine qui remettra ces principes en cause.





Lors d'une de ses innombrables sorties dans les bois, la jeune Amelia trouve un caporal de l'armée ennemie, blessé. Prise de pitié, elle le ramène au pensionnat. "Il avait l'air à moitié mort quand Amelia l'a ramené au pensionnat. Au premier regard, il ne me parut pas beaucoup plus grand qu'elle alors que c'est une fillette plutôt menue. Mais ensuite, quand nous avons commencé à le connaître, il nous a semblé un peu plus imposant."



Les directrice décident, après bien des hésitations, de le cacher pour le soigner. Seul homme dans un monde de femmes jeunes et moins jeunes, le Yankee noue relations perverses de domination avec chacune d'entre elles. Tour à tour méfiantes, curieuses, fascinées, cajoleuses, amoureuses, et bientôt terrifiées, les filles tombent sous l'emprise du soldat blessé qui maîtrise à la perfection son petit jeu de manipulation et de séduction. Mais la menace plane sur ce huis clos qui devient de plus en plus oppressant. Est-on bien sûr de savoir qui manipule qui ?



La tensions montante est étudiée avec finesse et a posteriori, dans un récit choral qui déploie la vaste gamme des sentiments et du jeu complexe des relations au sein d'une galerie fascinante de personnages féminins - l'esclave boudeuse, la directrice puritaine, la petite peste, la fillette des bois, la patriote, la séductrice, la distinguée ... sans se départir d'un humour cruel. Sensuel, haletant et violent : petit bijou de perversité.
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Les Proies

Durant la guerre de Sécession, un soldat Yankee blessé à la jambe trouve refuge dans un pensionnat de jeunes filles. Elles sont cinq pensionnaires en pleine puberté et deux femmes adultes, l'une est la propriétaire du domaine et l'autre l'enseignante.

Se forme alors un huis clos entre cet homme et ces femmes. La méfiance fait place à la curiosité puis à l'attirance. Chacune se trouve prise dans les mailles séductrices d'un filet. Mais qui sera finalement la proie la plus accablée ?

Un roman surprenant !

L'esprit de chacun des personnages est assez bien décrit laissant le lecteur se prendre à un scénario psychologique captivant.

Ce roman est adapté au cinéma à deux reprises.

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Les Proies

En lisant "Les Proies" de Thomas Cullinan, m'est revenue en mémoire une phrase de ce professeur de français, africain et fier de l'être, critiqué à sa droite par les parents d'élèves et à sa gauche par les cadres enseignants pour sa soif de nous faire aimer la littérature autre que les Classiques : "Remonter le courant, c'est être la proie du caïman ; le redescendre, c'est être la proie du crocodile. "...



Autrement dit, quoiqu'on fasse, si on est dans l'eau, on est une proie.



Et Mc Burney, soldat Nordiste blessé gravement à la jambe à la bataille de la Wilderness, recueilli par une jeune fille, amené au pensionnat de jeunes demoiselles du Sud, est "tombé à l'eau" si vous saisissez bien l'image...



Mais si ces jeunes demoiselles de bonnes familles, du moins à ce qu'il parait, semblent être sages, la ferveur et la fièvre que cet homme bien buriné déclenchent en elles mettent en ébullition leurs hormones...



Et le bien nommé Mc Burney semble se délecter de ces appétissantes jeunes filles aux yeux si doux et à la chair si douce, et aux rondeurs si fermes...



Mais pour qu'une proie soit justement "proie" il faut qu'elle soit attirée et qu'elle ignore qu'elle est une proie, quelque soit son choix de remonter le courant ou de le descendre...



Le sort de Mc Burney est scellé...quand un soir il fut surpris dans une tenue non adéquate dans la chambre d'une d'entre elle...

Reconnaissons tout de même qu'il y a des choses qui ne se font pas, même en temps de guerre...



A tour de rôle chaque demoiselle nous décrit ce qui se passe dans ce pensionnat où la tension monte au fur et à mesure des jours, et au fur et à mesure que Mc Burney se rétablit...



Mais le seul qui n'a pas le droit à la parole est justement Mc Burney, "condamné" d'avance...



« Je me demande comment un être humain peut s'arroger le droit de condamner autrui, s'il réfléchit à ses propres pensées. » disait Somerset Maugham....
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Les Proies

John McBurney, un soldat yankee est découvert blessé par Amelie une jeune sudiste qui décide de le secourir autour d'eux la guerre de sécession fait rage. Elle decide de le mettre à l'abri dans le pensionnat de jeunes filles où resident cinq pensionnaires. Ainsi que que deux soeurs qui dirigent et tentent de maintenir l'ordre et le bon fonctionnement des lieux aidées en cela d'une domestique Mathilda.

Il s'en suit un huit clos très bien traduit l'auteur dont la lenteur du récit contribue à la montée en puissance du drame.

Le jeune soldat ne fait pas dans le raffinement et entend bien profiter de sa situation de"coq dans la basse cour"

il s'emploie par la séduction et la manipulation à gagner une confiance sans réserve de ces femmes. C'est sans compter sur leurs jalousies et leurs rancoeurs.

C'est très bon roman psychologique, la personnalité des différents personnages est très bien cernée.



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Les Proies

Le gros avantage de ce roman, c'est que même en ayant vu le film de Coppola avant, on reste surpris par l'histoire et les personnages ! En effet, le roman est très différent du film et c'est un bonheur de retrouver certaines des scènes tournées par Coppola, racontées d'une autre manière.

Au début, c'est un peu perturbant car certains personnages du livre ont été retirés ou fusionnés pour le film. Pourtant, on s'y retrouve vite, pas d'inquiétude. Et le livre vient mettre en lumière le passé de chacun des personnages, alors que le film effleure à peine l'histoire de ces femmes, très humaines, avec leurs forces et leurs faiblesses.
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