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Citations de Thomas Mullen (108)


Au début, les Américains n’en voulaient même pas, d’une police. Ils trouvaient ça trop colonial, ça leur rappelait les Britanniques aux méthodes brutales. Les Américains blancs sont plus qu’attachés à leurs libertés, après tout. Mais par la suite, ils ont décidé qu’ils avaient besoin d’une force de police pour obliger les esclaves à rester soumis.
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A l'APD , personne n'avait envie de se pencher sur le meurtre de Lily Ellsworth. Un Noir arrêté pour un autre homicide finirait par le "confesser", l'affaire serait classée sans suite. On ne connaîtrait jamais le nom de l'assassin [de la victime noire]. Tout le monde s'en foutait.
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Certains hommes ajouteraient : " Je n'ai pas encore trouvé l'élue de mon coeur." Mais à mon avis, cela ne vous correspond pas. Vous avez trouvé toutes les femmes, mais pas de raison de vous arrêter en si bon chemin, c'est ça ?
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Tenter d’introduire le concept d’ordre public dans le cerveau de gens qui, n’ayant jamais eu de raison d’y croire, préféraient se livrer à des vendettas à leurs yeux plus honorables, plus intéressantes et bien plus sanglantes...
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Une chose était sûre : ce type avait un squelette dans le placard, ou, comme disaient les Allemands," eine Leiche im Keller", un cadavre au sous-sol.
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Eux qui avaient survécu jusqu’à l’âge adulte grâce à leur prudence et à leur discrétion, étaient tenus de patrouiller dans Darktown d’un pas lourd, dos droit et menton relevé, alors qu’ailleurs, en civil, ils devaient se faire tout petits, voire transparents.
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Le Klan, c'est plutôt un genre d'ordre fraternel, avec la cagoule ridicule en plus. J'ai adhéré, mais perso, je m'en suis jamais pris à un nègre.
-Encore heureux.
-Rake, je dis ça pour t'aider. Admettons qu'il y ait une possibilité de promotion au grade d'inspecteur. Deux agents, notés de la même façon, sont sur les rangs: un seul est du Klan. Lequel est promu, d'après toi?
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La logique aurait voulu qu’ils se répartissent les tâches. Smith aurait filé la jeune femme et Boggs se serait lancé aux trousses de la Buick. Mais le lieutenant McInnis leur serinait qu’ils ne devaient en aucun cas se séparer. Les responsables de la police d’Atlanta pensaient qu’un flic noir seul n’était pas digne de confiance et qu’un équipier collé à ses basques pouvait avoir sur lui une influence modératrice. Difficile de suivre les raisonnements des Blancs. (p. 30)
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La question était de savoir s’ils voulaient devenir meilleurs qu’eux ou devenir comme eux.
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Des minutes de silence s’étaient encore écoulées avant qu’ils repèrent quelqu’un au bas de la colline.
Ils l’aperçurent d’abord entre les troncs, des nuances de couleur fauve et marron clair qui apparaissaient d’une seconde à l’autre à travers l’entremêlement d’écorces. Tous deux se raidirent, retenant leur souffle en attendant de voir que surgisse une forme humaine ou de comprendre qu’ils l’avaient imaginée, qu’il s’agissait d’une illusion due à la lumière.
La silhouette amorça le virage et, levant les yeux vers le sommet de la colline, aperçut la ville dans le lointain. Entre cet homme et la ville se tenaient Philip et Graham, même s’il donnait l’impression de ne pas les avoir remarqués.
– Tu vois pareil que moi, hein ? demanda Philip.
– Pareil.
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Tel un joueur de poker malchanceux, il s'accrochait à une mauvaise donne en espérant que la prochaine la transformerait en quinte flush royale. Mais la bonne carte ne se trouvait pas sur le dessus du paquet. Et à supposer qu'elle y soit, une main plus rapide, une main blanche, la lui volerait et Lucius continuerait à se ridiculiser en perdant partie sur partie.
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Dieu merci, sa femme faisait la sieste. Au moins, elle ne lui criait pas dessus. C'était comme ça qu'il l'aimait : silencieuse;
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Eux qui avaient survécu jusqu’à l’âge adulte grâce à leur prudence et à leur discrétion, étaient tenus de patrouiller dans Darktown d’un pas lourd, dos droit et menton relevé, alors qu’ailleurs, en civil, ils devaient se faire tout petits, voire transparents.
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Boggs jette un coup d’œil à l’homme menotté : tête baissée, il semble assoupi. Les flics blancs lui reprocheront-ils d’avoir frappé un Blanc, alors que ce dernier commettait un délit ? Question absurde. C’est l’évidence même.
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Toutes les variantes de la haine raciale seraient-elles en train de converger sur ce quartier ?
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Ne vous laissez pas impressionner, me disait-on. Vous connaîtrez ces gens mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes.
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Il était près de minuit quand l’un des nouveaux réverbères d’Auburn Avenue eut la malchance d’être embouti par une voiture, une Buick blanche dont un phare explosa en mille éclats sur le trottoir, au pied du poteau désormais plus penché que la tour de Pise.
Les sauterelles continuèrent de striduler dans l’air lourd de juillet. Des fenêtres s’ouvrirent, le fracas de la collision en ayant réveillé plus d’un. Le seul piéton sur les lieux, un vieux balayeur noir qui rentrait du travail, se trouvait à une dizaine de mètres du point d’impact. Il avait reculé de quelques pas
en voyant la voiture mordre le trottoir et, prudent, s’était arrêté, de peur que le réverbère lui tombe dessus.
La Buick effectua une lente marche arrière, afin de dégager sa roue avant droite du trottoir. La manœuvre fit osciller le réverbère, tel un métronome géant qui reprit ensuite sa position initiale.
Le vieil homme entendit une voix de femme crier : « Qu’est-ce que vous faites, ramenez-moi chez moi ! » Il secoua la tête et, au cas où ça tournerait vinaigre, s’éloigna en traînant des pieds.
Il avait fallu bon nombre d’années aux dirigeants de la communauté noire d’Atlanta pour convaincre le maire de l’utilité d’un éclairage public. La présence de ces réverbères, installés depuis quelques mois sur cette grande artère commerçante, était ressentie comme un don céleste par les habitants
du quartier.
Détails évidemment ignorés du conducteur de la Buick.
En tentant un demi-tour au milieu de l’avenue déserte, il avait mal évalué la largeur de la chaussée, ou surestimé le rayon de braquage de son véhicule. Et sans doute pas remarqué les silhouettes de deux policiers de l’APD.
Cinq minutes plus tôt, l’agent Lucius Boggs s’était décidé à questionner Tommy Smith, son équipier, à propos de sa blessure au genou.
– Tu ne t’es pas fait ça au base-ball, avoue.
– J’ai salement glissé, riposta Smith.
– Mais tu as dit à McInnis que tu étais en base trois.
Pendant l’appel, Smith avait assuré à leur supérieur, le lieutenant McInnis, qu’il allait très bien ; il avait juste senti un pincement au ménisque en disputant un match avec des copains.
Vous savez comment sont ces terrains de jeu, monsieur, trop mous, ça accroche pas. McInnis l’avait écouté, imperturbable, du genre encore un négro qui me raconte des craques, et avait jugé que le sujet ne méritait pas approfondissement.
– Bon, OK. Je suis tombé d’une fenêtre, admit Smith.
Ils patrouillaient sur Hilliard Street, non loin du YMCA 2 dont le sous-sol servait de cantonnement aux policiers noirs.
Le soleil, couché depuis longtemps, avait laissé derrière lui une chaleur étouffante qui persisterait jusqu’à son lever. Les deux flics transpiraient dans leur uniforme.
– Tombé de ta fenêtre ?
– D’après toi ?
Boggs croisa les bras et ne put s’empêcher de sourire.
– Qui était la dame que tu essayais d’impressionner avec tes acrobaties ?
– En fait, j’étais en train de la régaler de mes voltiges quand le mari a déboulé. Soi-disant il l’avait quittée et il s’était tiré à Detroit. Elle racontait qu’elle cherchait un avocat pour le divorce.
Les policiers d’Atlanta étaient tenus de respecter un code de conduite très strict – interdiction de consommer de l’alcool, même chez eux, et défense de courir les filles. La seconde règle n’était pas parvenue jusqu’au cerveau de Smith.
À l’instar de ses sept collègues noirs, il ne buvait pas une goutte, sachant qu’il risquait la suspension si un témoin malveillant le dénonçait ; en revanche, l’idée de faire ceinture côté gaudriole était pour lui inconcevable.
– Tu vas finir avec une balle en pleine tête, Tommy…
– Je t’assure que je cours pas après les femmes mariées !
– Excepté celle-là, et celle qui faisait ce fameux gâteau
aux noix caramélisées, et aussi…
– Oh, elle, c’est une vieille histoire…
– Tu disais, le mari a déboulé… Et après, que s’est-il
passé ?
– Devine… J’ai enfilé mon froc vite fait et j’ai sauté par la fenêtre.
– De quel étage ?
– Du troisième.
– Non !
– Pas le choix, mon vieux, y avait pas d’échelle d’incendie.
Je m’en suis plutôt pas mal tiré, pas vrai ?
– Tu as eu des nouvelles de la dame, depuis ?
– Je suis pas retourné écouter aux portes, figure-toi.
– Tu ne t’inquiètes pas pour elle ?
C’est le genre de nana qui a la tête sur les épaules et les pieds sur terre.
Lucius Boggs était fils de pasteur. Même s’il n’avait pas suivi les traces de son père, l’idée de coucher à droite à gauche lui était complètement étrangère. Avant de rencontrer sa fiancée, son expérience en la matière s’était limitée à quelques rendez-vous innocents avec des jeunes filles bien élevées de l’élite intellectuelle de la communauté. Aujourd’hui, il se remettait de la rupture de ses fiançailles, la demoiselle lui ayant avoué que sa constitution fragile ne supporterait pas le stress de savoir que son futur époux pouvait à tout moment être abattu ou passé à tabac.
Une voiture de patrouille approchait, feux éteints. Hilliard Street ne possédait ni réverbères ni trottoirs. Les deux flics se turent et attendirent, chacun se demandant si reculer de quelques pas le ferait passer pour un dégonflé.
Soudain le véhicule accéléra, fonça sur eux, les évita in extremis et s’immobilisa dans un crissement de pneus.
Boggs et Smith eurent le temps d’apercevoir deux flics qui poussaient des cris de primates en criant : « Garez vos miches, les négros ! »
Et la voiture repartit sur les chapeaux de roues, emportant les deux Blancs hilares.
Ne jamais montrer sa peur. Toujours réagir comme à une blague innocente, même s’ils lancent leur bagnole sur vous quand vous traversez la rue, même si la carrosserie vous frôle.
Plus d’une fois, Boggs, en quête d’aide pour une arrestation, avait hélé une voiture de patrouille, laquelle, loin de lui prêter main-forte, avait roulé vers lui à tombeau ouvert. Il entendait encore résonner le rire gras des Blancs. Le jour où ils écraseront un flic de couleur, ils diront que c’est un accident.
Boggs et Smith marchèrent jusqu’à l’angle d’Auburn Avenue sans échanger une parole. Seules les stridulations mécaniques des sauterelles, auxquelles répondaient les criquets, venaient troubler le silence. Les néons du cinéma Bailey’s Royal, les devantures du bijoutier et du tailleur étaient éteints ; quelqu’un avait oublié de fermer la lumière au troisième étage des bureaux d’une compagnie d’assurances.
Hormis cette lueur et celles des réverbères, la nuit était d’encre. C’est alors qu’ils entendirent le fracas.
Ils rebroussèrent chemin, avec le vague espoir que la voiture de patrouille ait percuté une borne d’incendie ou un mur de briques. Au lieu de cela, ils virent une Buick blanche montée sur le trottoir, et, titubant tel un homme ivre, un réverbère dont l’ampoule se mit à papilloter.
La Buick descendit du trottoir en marche arrière – à cette distance, impossible de lire la plaque d’immatriculation. Puis elle repartit droit vers eux.
Incorporés dans la police depuis moins de trois mois, Boggs et Smith patrouillaient chaque soir à pied – les flics noirs n’avaient pas droit aux véhicules – le secteur d’Auburn Avenue et le West Side, de l’autre côté du centre-ville. On leur avait fourni la tenue réglementaire : casquette à visière ornée de l’écusson doré de la ville d’Atlanta 1, chemise de serge bleu foncé avec plaque nominale en laiton épinglée au-dessus de la poche de poitrine, pantalon noir et courte cravate.
Smith était l’un des seuls à avoir choisi l’option nœud papillon, plus chic à son goût. Ils portaient tous un large ceinturon auquel était accroché un attirail d’armes défensives, dont un revolver, ce qui terrifiait bon nombre de Blancs.
Boggs s’avança sur la chaussée, paume levée, et fit signe au conducteur de se rabattre. Les flics blancs pouvaient s’amuser à faire semblant d’écraser leurs collègues, mais les civils, tout de même… Il espérait que non. La Buick roulait plus lentement que la normale, comme si elle avait honte d’avoir embouti le réverbère. L’éclat de l’unique phare fit étinceler la plaque sur la chemise du policier.
Le véhicule stoppa.
– Il a pas éteint son moteur, chuchota Smith.
Gênés par la lumière du phare, ils distinguèrent deux silhouettes à l’avant, celle d’un homme corpulent coiffé d’un chapeau et celle, plus petite, d’une passagère, tête nue.
Boggs s’approcha de la portière côté conducteur, imité par Smith côté passager. Leurs semelles ne faisaient aucun bruit.
Le trottoir avait été balayé. Pas une brindille, pas un mégot en vue. Il s’apprêtait à demander ses papiers au chauffard lorsqu’il s’aperçut qu’il s’agissait d’un Blanc.
Il ne s’y attendait pas du tout. Il eut confirmation que l’individu était ivre lorsque des relents de whisky parvinrent à ses narines. Le gros type l’observait avec un mépris agacé.
– Les papiers du véhicule et votre permis de conduire, s’il vous plaît, monsieur.

On voyait rarement des Blancs à Sweet Auburn, le quartier noir le plus huppé d’Atlanta – voire du monde, claironnaient certains vantards. Ceux qui cherchaient des putes et des tripots allaient plutôt sur Decatur Street, près de la voie de chemin de fer, cinq cents mètres plus au sud, ou dans d’autres
zones mal famées surveillées par des flics de couleur. Ce type était donc perdu, bourré, ou alors assez stupide pour imaginer que tous les quartiers noirs de la ville offraient les sensations fortes qu’il recherchait. Or, Sweet Auburn, c’étaient des églises, des agences immobilières, des banques, des compagnies
d’assurances, des entreprises de pompes funèbres et des barbiers. À cette heure-ci, tous les restaurants étaient fermés.
Quant aux deux night-clubs de l’avenue – des boîtes de nuit respectables, tenues et fréquentées par des Noirs respectables –, ils n’ouvraient leurs portes aux Blancs que le samedi, jour où l’accès était interdit aux nègres.
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- Un problème commun qui s’appelle Lionel Dunlow. Moi non plus, je ne l’aime pas. Je n’aime pas la façon dont il cogne sur les gens de votre race. Il reçoit des pots-de-vin des bookmakers et des bootleggers. Sans parler des patronnes de bordel. Avec des flics comme lui, on n’arrivera jamais à rien.
- Il n’est pas le seul. Ils sont nombreux, répondit Boggs, circonspect.
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Chandler et Hammett. De brillants écrivains. Leurs héros sont finalement de braves types contraints d'évoluer dans un environnement corrompu. En t'observant, Lucius le gentil flic, je ne peux imaginer pour toi d'endroit plus abominable qu'Atlanta. Tu ne t'apercevras pas avec horreur que le monde autour de toi est gangrené, parce que tu le sais déjà. Ici, le mal ne recèle aucun mystère
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La population noire d’Atlanta était inscrite sur les listes électorales dans l’espoir que l’embauche de flics de couleur mettrait fin aux violences policières. Or trois mois s’étaient écoulés et rien n’avait changé. (…) Boggs et ses sept collègues n’étaient que des marionnettes payées pour faire tapisserie.
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