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Critiques de Thomas Snégaroff (136)
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Little Rock, 1957 : L'histoire de neuf lycéen..



D'abord il y a cette photo, prise par Will Counts le 4 septembre 1957 à Little Rock, Arkansas. Elle fait la couverture de la version grand format chez Taillandier, comme dans la récente version poche chez Pocket. C'est la photo de la haine. Elizabeth Eckford est la première noire à entrer dans le Central High school de Little Rock. De la foule qui la vilipende, c'est le visage haineux de Haze Bryan qui frappe, cette lycéenne lui crie «  Rentre en Afrique ».



Le journaliste, historien et chroniqueur ( France Info, Cpolitique ) spécialiste de l'histoire des Etats-Unis nous immerge dans un épisode crucial et honteux de la déségrégation raciale dans ce pays, un épisode emblématique du racisme omniprésent, une étape essentielle de l'histoire des droits civiques.



Le récit est construit comme un thriller maintenant un suspense de lecture intense et passionnant, heure par heure, jour après jour pour raconter de façon très précise et documentée les événements qui ont ponctué cette année scolaire 1957-58 pour les Neuf de Little Rock : Carlotta, Elizabeth, Ernest, Gloria, Jefferson, Melba, Minnijean, Terrence, Thelma, ces neuf lycéens âgés d'une quinzaine d'années qui vont vivre un calvaire pour oser fréquenter un lycée blanc dans un Etat sudiste. C'est absolument terrifiant de découvrir ce qu'ils ont subi d'humiliations, de harcèlements, d'insultes et de violences au quotidien.



Lorsque Thomas Snégaroff sort le lecteur de ce lycée, c'est pour mettre en lumière le combat judiciaire à la Cour suprême ou encore le bras de fer entre le président Eisenhower et le gouverneur raciste de l'Arkansas Orval Faubus qui refuse de respecter l'arrêt de la Cour Suprême ( Brown v. Board 1954 ) qui interdit constitutionnellement la ségrégation scolaire, jusqu'à la fédéralisation de la garde nationale de l'Arkansas pour protéger les Neuf et leur permettre de suivre leurs cours.



Il alterne également la narration des événements de 1957-58 pour les mettre très intelligemment en perspective avec l'Histoire, avec ce passé qui ne passe pas en Arkansas : la Guerre de Sécession, bien évidemment, la naissance du Ku Klux Klan, et le dernier lynchage de 1927.



Tout le talent de cet essai est de brasser les événements de 1957-58 avec intelligence et pédagogie, entre histoire et sociologie, tout en présentant les ressorts psychologiques, les motivations profondes de ces Neuf pionniers, leur ressenti, leurs émotions. Il s'attache plus particulièrement à Elizabeth Eckford, moins connu que Rosa Parks : ce n'était pas une militante adulte qui faisait un geste réfléchi, juste une adolescente victime de l'histoire, qui n'a jamais eu l'impression de faire un acte héroïque mais seulement de faire respecter. Les retranscriptions de sa récente interview est très émouvante : soixante après, elle est toujours sous médicament pour choc post-traumatique.



A l'heure où le phénomène de reségrégation scolaire augmente, ce récit est glaçant. Il secoue, questionne, révolte. Un remarquable et passionnant travail d'un historien qui sait se mettre à la portée de son lecteur.
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Little Rock, 1957 : L'histoire de neuf lycéen..

"Two, four, six, eight... We ain't gonna integrate"

Eh bien en fait si, cette intégration dont les suprématistes ne veulent surtout pas va se faire. Mais à quel prix !

En 1954, la Cour suprême des États-Unis, dans son arrêt "Brown vs Board of Education", établit comme inconstitutionnelle la ségrégation dans les écoles publiques mais de nombreux états choisissent de l'ignorer et refusent de s'y plier. C'est le cas de l'Arkansas. du moins jusqu'à ce que la branche locale de la NAACP (National Association for the Advancement of Colored People) décide de faire appliquer la loi au lycée Central High de Little Rock, jusque là strictement réservé aux Blancs.

Une cinquantaine d'élèves afro-américains, volontaires, s'inscrivent pour la rentrée de 1957. Un petit coup de pression des divers dirigeants scolaires ramène ce chiffre à 17. Encore un peu d'intimidation et ils ne sont plus que neuf à n'avoir pas craqué et à être plus résolus que jamais à mettre un pied dans ce lycée et par extension, hop, dans l Histoire.

Après bien des déboires, reculs, interdictions et menaces, les Neuf parviennent enfin à suivre les cours, ou du moins à essayer, entre haine, violence et agressions caractérisées de la part d'élèves et de professeurs fièrement ségrégationnistes, allant jusqu'à l'explosion d'une bombe artisanale au domicile d'une des Neuf que l'on préfère voir morte plutôt que diplômée.

Chaque jour devient un combat pour étudier, pour s'en sortir, pour qu'un futur loin des basses conditions réservées aux Noirs devienne possible et surtout, à court terme, un combat pour revenir le lendemain, et le lendemain encore...

Le courage de ces gamins !



Alors, finalement, ces Neuf-là ont-ils ouvert la voie à la déségrégation scolaire ? Bien sûr, une bataille est gagnée mais la victoire n'est pas encore acquise, loin de là, comme le déclarait Daisy Bates, représentante de la NAACP pour l'état de l'Arkansas à qui l'on demandait si cette avancée la rendait heureuse : "S'il faut 11500 soldats pour garantir à neuf enfants noirs le respect de leur droit constitutionnel, non je ne suis pas heureuse." Ça ne semble en effet pas gagné, d'autant qu'Orval Faubus, le gouverneur de l'État, peu enclin à accepter l'intégration sous son règne, multipliera les discours emplis de menaces à peine déguisées et ne reculera pas même devant le bras de fer qui s'engagera avec un Dwight Eisenhower, alors président des États-Unis et bien déterminé à faire respecter la Constitution.

Le gouvernement devra tout de même envoyer l'armée pour faire plier Faubus qui, malgré tout, ne s'avouera jamais vraiment vaincu.

Et plus de 60 ans après, on ne peut toujours pas parler de succès absolu, de justice ni même d'intégration si évidente qu'on n'y pense même plus, aujourd'hui encore les écoles ségréguées explosent le plafond faisant reconnaître à John B. King, secrétaire de l'éducation sous l'administration Obama, que les écoles sans Blancs "offrent de moins bons enseignants, des cours moins stimulants, moins de services que les élèves plus favorisés tiennent pour acquis et finalement moins de tout ce qu'il faut pour réussir ses études."

Dégoût.



Little Rock, 1957 est un livre brillant et richement documenté, incontournable si on s'intéresse un tant soit peu à la lutte pour les droits civiques. Il était temps d'ailleurs qu'arrive un tel ouvrage car hormis le bon (mais néanmoins beaucoup moins fouillé) Sweet Sixteen d'Annelise Heurtier, la production française restait désespérément silencieuse sur l'histoire de cette intégration aux forceps. Merci à Thomas Snégaroff d'y avoir remédié avec un livre tout à la fois puissant, dérangeant et démoralisant et pourtant, paradoxalement plein d'espoir, de celui qui nous fait continuer à croire malgré tout dans le genre humain parce que dans ce tas de dégénérés, il y aura toujours des gens magnifiques, valeureux, courageux, des héros, des vrais et dans cette histoire, ils ont pour nom Minnijean Brown, Elizabeth Eckford, Gloria Ray Karlmark, Melba Pattillo, Thelma Mothershed, Ernest Green, Jefferson Thomas, Terrence Roberts et Carlotta Walls LaNier.

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Little Rock, 1957 : L'histoire de neuf lycéen..

La critique de musaraneus, Kirzy et la photo de couverture m'ont donné envie de lire ce livre sur ce fait révoltant qui a eu lieu en 1957 dans l'Arkansas. 9 adolescents noirs qui résistent pour faire leurs entrées scolaires dans un établissement qui n'a vu que des blancs. Un gouverneur raciste qui refuse la loi et pousse la haine et la révolte pour les empêcher d'y entrer. le FBI enverra l'armée et chaque étudiant sera escorté en classe. Ce qu'ils vont subir des autres, qui ont le même âge qu'eux, est à peine croyable. Les proches les encourage au risque de représailles. Un certain Martin Luther King, encore peu connu, participera à la remise de diplômes. Un pan de l'histoire américaine vraiment peu glorieux à connaître et qui restera, pour moi, inoubliable.
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Putzi

Putzi est la biographie romancée, mais très documentée, d'un des « vieux camarades » d'Hitler, un de ces personnages présents dés les débuts du parti nazi : Ernst Hanfstaengl.



Hanfstaengl, surnommé Putzi par dérision, car c'était un géant débonnaire de deux mètres, était par ses origines, ses études, et son mariage, à moitié américain. Issu d'une famille de marchands d'arts, il avait été diplômé de Harvard juste avant la première guerre mondiale. Durant le conflit, il s'était senti rejeté en tant qu'Allemand par ses amis de la haute bourgeoisie américaine. Aussi, quand la succursale new yorkaise de la galerie familiale avait du mettre la clé sous la porte, il était rentré en Allemagne, à Munich. Cet intellectuel, musicien amateur, partagé entre deux pays, avait assisté aux premiers meetings d'Hitler, admiré ses talents d'orateur, et l'avait recueilli juste après le putsch raté de novembre 1923, avant que le chef du parti national socialiste ne soit enfermé quelque temps en prison.

A partir de là, Hanfstaengl, va être au plus prés d'Hitler. Il est des premiers lecteurs de Mein Kampf. Il partage avec Hitler le goût de la musique de Wagner. Dans leurs conversations, Putzi cherche à pousser Hitler vers une alliance américano-allemande. Ce rapprochement lui semble possible : à l'époque, nombre d'Américains rejettent l'immigration, voire tiennent ouvertement des propos anti-sémites…

L'accession au pouvoir du Führer va faire de lui le chargé des communications avec la presse étrangère, surtout américaine. Putzi est à son zénith, il va de réceptions en réceptions, et permet à des journalistes étrangers triés sur le volet d'accéder au chancelier allemand. Mais peu à peu, dans de violentes luttes d'influence, les anciens compagnons d'Hitler disparaissent les uns après les autres. Putzi échappe à la nuit des longs couteaux en juin 1934, car il est alors présent sur le sol américain. Mais il n'échappera pas à la montée de l'influence de Goebbels...



Thomas Snégaroff intervient régulièrement à la radio et à la télévision pour commenter la vie politique américaine et l'histoire de ce pays. Cette incursion allemande s'explique par la bi-nationalité de Putzi. Si ce livre se base sur les travaux d'un chercheur américain et sur les archives de Hanfstaengl, Snégaroff remplit les manques, les omissions, en imaginant ce qui a pu motiver ce riche intellectuel à suivre aveuglément Hitler, au point de le choisir comme parrain de son fils. Le portrait qui en ressort montre sa suffisance, quand il croit pouvoir orienter la politique allemande; sa naïveté, quand il se persuade qu'Hitler ne peut pas l'écarter du pouvoir; sa fidélité au Führer jusque dans les prisons britanniques ou américaines. Hanfstaengl après cette enquête demeure une énigme : n'était-il qu'un paon se délectant d'être au centre des jeux de pouvoirs ? S'est-il vraiment à un quelconque moment reproché ses choix ? Le livre de Snégaroff ne peut bien entendu pas répondre à ces questions, mais il montre comment des individus destinés à n'être que des seconds rôles peuvent se laisser griser par la proximité des hommes de pouvoir.



Après une entrée en matière laborieuse, Snégaroff au-delà de Putzi déroule toute la période de la montée au pouvoir des nazis, les luttes d'influence et la culture de la violence qui les accompagnait. L'ouvrage est intéressant autant pour la petite que pour la grande Histoire.

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Putzi

Malheureusement l’histoire que nous raconte Thomas Snégaroff n’est pas à la hauteur du titre accrocheur, car effectivement ça ne peut qu’exciter la curiosité qu’Hitler ait eu un pianiste et qui plus est, un « ami » pianiste comme on le découvre rapidement.

A la place d’avoir le plaisir de lire un récit romancé d’une des petites histoires de la grande Histoire, on est noyé dans une accumulation de documentations, saluons au passage le gros travail de recherche de l’auteur, mais qui nous fait vite sombrer dans l’ennui car perdus dans les méandres des dates et des anecdotes, qui parfois tiennent plus de la digression que de l’argument.

Thomas Snégaroff nous jette à la figure l’ensemble de ses travaux, sans soucis de les lier entre eux par le respect d’une chronologie pour commencer, et de rédiger le récit à la façon d’un roman afin de le rendre plus digeste et nous captiver.

Un projet prometteur au départ, raté à l’arrivée, un brouillon de biographie.

Editions Gallimard, Folio, 356 pages.

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Les États-Unis pour les nuls

Les états unis, une terre dont je voudrais connaître toutes les aspects. Terre de la diversité, du brassage, des extrêmes que l’on y rencontre, tant au point de vue des populations, que de la géographie, de l’économie. Les Etats Unis pour les nul est l’ouvrage qu’il me fallait !

Il décrit un pays complexe en quête d’une identité, quête sans doute liée au fait que le peuplement de cette terre est tardif : pas de trace humaine au-delà de 20 000 ans , puis de nombreuses ethnies et une colonisation récente de gens venus d’Europe, des tensions entre ces populations pour aboutir à une constitution qui a essayé de ménager les différentes parties, des peuples qui de gré ou de force, ont dû composer pour vivre ensemble, des peuples qui pour certains ont dû lutter pour faire valoir des droits humains.

François Durpaire et Thomas Snégaroff , en spécialistes des Etats Unis nous apportent une mine d’informations sur l’histoire, la géographie, la société, la culture, l’organisation politique de l’Amérique. L’ensemble de l’ouvrage est relativement facile à lire car il est organisé en paragraphes courts, séparés par des anecdotes qui rendent plus facile à ingérer les passages parfois difficiles qui racontent les guerres qui ont déchiré ce pays, qui expliquent la genèse de l’organisation politique actuelle avec abondance de noms et de dates. Un ouvrage très complet auquel on fera volontiers appel pour préciser certains aspects de la vie aux Etats Unis. Tous les sujets sont abordés on ne peut que trouver réponse aux diverses questions que l’on peut se poser sur ce pays aux multiples facettes.

Je remercie Babelio et First Editions pour ce partenariat.


Lien : http://1001ptitgateau.blogsp..
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Putzi

Putzi - qui signifie Petit homme, c'est le surnom d'enfance d'Ernst Hanfstaengl

- alors qu'il mesure adulte, près de deux mètres -, est issu d'une grande famille germano-americaine qui possède notamment une résidence à un jet de pierre de celle de Thomas Mann, près de Munich. Trop jeune pour prendre part à la première guerre mondiale, il est envoyé dans sa famille américaine pour y étudier à Harvard et gérer, à galerie d'art familiale. de retour dans les années 1920, grand pianiste, cultivé et grand amateur de la musique de Wagner, il fait la connaissance d'Hitler, quand ce dernier, aux abois après le putsch raté, est hébergé par la famille. Commence pour Putzi, une véritable histoire d'amour pour le dictateur, qui l'amènera à soutenir puis adhérer au parti nazi, et le revendiquer, mais surtout à essayer jusqu'aux année quarante, de faire un pont en créant une alliance États-Unis Allemagne pour faire triompher les idées nationalistes contre le communisme.

Thomas Snegaroff dresse un portrait intéressant d'un personnage peu connu mais qui reste assez fascinant, alternant grande culture et naïveté vis à vis d'un régime nazi qu'il soutient mais surtout qu'il sert par fidélité à la personne qu'il admire au delà de tout, Hitler. Mais être le pianiste attitré d'Hitler, puis responsable des relations avec la presse étrangère, ayant directement l'oreille du dictateur et que tout interlocuteur doit contacter pour avoir accès au dictateur, ne l'exonère pas d'être dans la ligne de mire des Goebbels et autre Göring qui le considerent comme un clown, uniquement bon à amuser la galerie lors des cocktails. A côté de la réalité et de la politique mais se targuant de la comprendre et de vouloir y mettre son empreinte, il n'aura de cesse d'essayer d'allier ses deux pays de coeur les États-Unis et l'Allemagne. Excentrique, trop confiant et grande gueule, il est bientôt écarté par le cercle des proches d'Hitler - un événement qui finalement le sauvera -, avant de se rapprocher de Roosevelt en tant que conseiller, puis à la fin de la guerre repasser par des camps en Allemagne et Grande-Bretagne.

Un portrait vivant très documenté qui retrace une vie rocambolesque, et qui permet de balayer l'ensemble des protagonistes de cette période trouble, Putzi en tête.
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Les vies rêvées de la baronne d'Oettingen

J'ai eu la chance d'assister à une rencontre avec Thomas Snégaroff à Valenciennes, dans ma librairie préférée, pour la présentation de ce roman, son deuxième. J'apprécie son excellente émission politique sur la 5 , le dimanche. Il me paraissait sympathique. Il l'est, assurément, et passionnant à écouter, lorsqu'il évoque la baronne d' Oettingen.



Vies rêvées, oui, car comme il nous l'a expliqué, la ligne de démarcation est fragile entre réalité et fiction. Elle a bien existé, cette femme fantasque, aristocrate venue d'Ukraine, attirée par Paris, avec son frère de coeur, Serge. Riche, elle deviendra la mécène de nombreux artistes, avant la première guerre mondiale, celle de Picasso, du Douanier Rousseau, de Modigliani. Femme aux multiples identités, peintre, poète et romancière elle-même, quelle personnalité ! L'auteur, en bon historien, s'est appuyé sur une documentation fournie et nous restitue bien le fourmillement artistique du début 20ème siècle, à Montparnasse, autour du chef de file, Apollinaire, qui sera l'ami de la baronne.



Cependant, le lien romanesque entre elle et l' arrière grand-père de l'auteur imprimeur , est-il une réalité, une invention? Il a laissé planer le mystère en nous en parlant. En tout cas, cette femme singulière l'a suffisamment intrigué pour qu'il en fasse une héroïne de roman. Souffrant de phases de dépression puis d'exaltation ( on la dirait aujourd'hui bipolaire ), passionnée, elle a attiré de nombreux hommes, mais les a repoussés lorsqu'ils s'attachaient trop à elle, l'amour altérant, selon elle, leur génie créateur.



Cette femme, dans la première partie du livre, m'a souvent exaspérée. Je commençais à la trouver lassante mais l'apparition dans sa vie du Douanier Rousseau et surtout d'Apollinaire, qui ne se remet pas de sa séparation avec Marie Laurencin, a ravivé mon intérêt. Et assister à la déchéance de la fière Elena ou Hélène, l'argent n'arrivant plus après la révolution russe, est poignant...



L'écriture est fluide, élégante, le thème original. On sent une volonté sincère de nous présenter "sa" baronne d'Oettingen. Et de nous inviter à ne pas l'oublier, comme tant d'autres artistes, talentueux ou talentueuses, qui ont fini leur vie dans la pauvreté et l'indifférence.
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Putzi

Putzi signifie en allemand "petit bonhomme". Étrange surnom donné au pianiste Ernst Hanfstaengl qui mesurait près de deux mètres.

"Pour les uns il fut un traître ou un bouffon sans conséquence, pour les autres, l'un des artisans du mal." nous dit la quatrième de couverture.

Mais qui se cache derrière Putzi ? Qui était vraiment Ernst Hanfstaengl ?

C'est ce que vous découvrirez dans ce livre.

Ou peut-être pas.

Car, même après la lecture, le personnage reste insaisissable.



Putzi n'était pas un dignitaire du parti nazi, c'était un second couteau, voire troisième ou plus.

Mais il rêvait de grimper dans cette hiérarchie funeste, il rêvait de devenir influent, de devenir indispensable.

En fait, il rêvait d'exister, et peu importe à travers quoi, à travers qui.

L'auteur ne veut en aucun cas l'absoudre, mais le présente comme désoeuvré, marié à une femme qu'il n'aime pas. Un insatisfait qui se cherche quelque chose de grand, qui cherche de la reconnaissance à tout prix.

Il se trouve que le nazisme avait le vent en poupe et que le musicien a cru trouver là un moyen d'assurer sa gloire.

Une coïncidence malheureuse ?



Thomas Snégaroff n'épargne pas Putzi et le présente comme un petit toutou servile auprès d'Hitler chez qui il guette le moindre signe d'encouragement. Il peut passer de l'abattement le plus profond à la joie frénétique rien qu'à travers un mot, un fait insignifiant, un signe à peine perceptible : "Le Führer était devenu la boussole de son état d'esprit".

Dans un autre contexte, le lecteur le prendrait en pitié ce pauvre homme bien falot et assez ridicule dans ses tentatives désespérées d'exister.

Mais la soif de reconnaissance a des limites morales, non ?



L'auteur a eu le mérite de s'intéresser à cet homme somme toute assez insignifiant, mais dont la vie, par le contexte historique et les personnes qu'il a fréquentées, ne l'est pas du tout.

Ce livre nous montre une autre facette du nazisme, un aperçu de ceux qui, à un moment ou un autre, ont entouré Hitler.

Les rivalités et les jeux d'influence dans un marigot nauséabond.



Une lecture qui permet de découvrir de nouveaux aspects de cette période sombre. Un ouvrage qui intéressera tous ceux qui aiment L Histoire, et les autres, même s'il n'est pas exempt de défauts.

Par exemple, je n'ai pas vu l'intérêt de ne pas avoir suivi l'ordre chronologique : le "puzzle" proposé n'apporte rien de plus, à mon avis.



Un grand merci à mon fils qui m'a offert ce cadeau à Noël.

Il n'y a pas si longtemps nous lisions ensemble et partagions de formidables moments autour de livres variés ; maintenant, c'est lui qui m'en offre un... la roue tourne.

Très bon choix, Édouard, tu connais mes goûts. Merci !
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Little Rock, 1957 : L'histoire de neuf lycéen..

Le 4 Septembre 1957 à Little Rock, une ville d'Arkansas, un événement majeur va secouer l'Amérique. Elizabeth Eckford et ses 8 camarades vont entrer dans l'Histoire. Ils sont les premiers Noirs à intégrer le prestigieux lycée public de la ville jusqu'à présent réservé aux Blancs. Mais, tout ne va pas se passer comme prévu....



La déségrégation scolaire était la dernière bastide à faire tomber. Mais, des années de ségrégation raciale sont profondément ancrées dans les esprits. Ce fameux 4 Septembre 1957 est l'un des mouvements les plus connus et qui marque le combat des Noirs pour leurs droits civiques.



C'est un récit aussi passionnant que révoltant. (...)



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Putzi

L'histoire de Ernst Hanfstaengel surnommé Putzi " le petit bon homme", un surnom ridicule surtout pour un homme mesurant plus de deux mètres, se confond avec les débuts en politique d'Adolf Hitler. Putzi fût marchand d'art à New York où il tenait une boutique d'art au plein coeur de New York. Toute sa vie, il sera tenaillé entre sa vie aux Etats-Unis au début et son retour en Allemagne sa patrie d'origine. Putzi perdra son frère tant aimé durant la Première guerre mondiale. Ce drame le poursuivra toute sa vie. Homme volontiers affable, aimant la fête en clown et bon vivant qu'il était, sa rencontre avec Hitler est rocambolesque suite au putsch de la brasserie de Munich en novembre 1923. Hitler est blessé et décide d'aller se cacher dans la maison familiale des Hanfstaengel. Il y est accueilli par la mère de Putzi, une nazie convaincu. Putzi est fasciné par Hitler après l'avoir entendu prononcer un discours. L'histoire nous la connaissons tous. Hitler ne fera que quelques semaines de prison, lieu où il écrira l'indigent Mein Kampf, fourre tout raciste et antisémite d'une violence inouï. Peu de monde alors, prennent au sérieux ce caporal autrichien. Mais l'aura d'Hitler commence à se faire sentir en Bavière, et tout particulièrement à Munich, lieu où se trouve le quartier général du parti. Hitler a un besoin croissant d'argent car le mouvement national-socialiste est au plus bas dans les années 1920. C'est Putzi est sa famille qui finance le journal du parti nazi en lui procurant de grandes sommes d'argent. C'est Putzi et sa famille qui organise les rencontres avec les pontes industriels à la fois effrayé et séduit par cet homme, Hitler perçu comme celui qui peut enterrer la République de Weimar, honni par tant d'Allemands. le traité de Versailles, Hitler le foulera aux pieds. Au tout début de sa rencontre avec Hitler et de son amitié indéfectible envers le futur dictateur, on peut entrevoir qu'Hitler se sert de façon cynique de Putzi. Celui-ci lui présente des femmes pour qu'Hitler se marie. Peine perdu. Il promeut l'alliance avec les Etats-Unis et l'Angleterre, mais là encore Hitler ne le suit pas. C'est l'histoire d'un homme, Putzi qui refuse de voir la véritable absence de sentiment pour cet homme dont Putzi est enamouré de façon strictement platonique bien sûr. Putzi se rêve un destin grandiose. Mais la réalité est la suivante, pour Hitler il n'est qu'un second couteau. S'occupant de la relation avec la presse Anglo-saxonne , Putzi se voit enfin pouvoir peser sur l'histoire. Il n'en sera jamais ainsi. Il deviendra même le souffre douleur d'un homme qui monte dans le parti nazi et qui a les faveurs d'Hitler, un certain Joseph Goebbels qui s'occupe de ministère de la propagande du IIIème Reich. Surnommé le boiteux par Putzi, la haine des deux hommes qui se disputent les faveurs du Führer est proverbiale. Mais Putzi n'est rien. Oublié, mis de côté, Putzi souffre comme un admirateur éconduit par son idole. Sa fascination pour Hitler va continuer et notre homme va avaler toutes les couleuvres. On assite à la montée d'Hitler et à sa faculté de diviser ces proches pour mieux régner. C'est un ouvrage fascinant signé Thomas Snégaroff. On ne s'ennuie jamais. On dissèque ici la fascination d'un homme pourtant très intelligent pour Hitler. Menacé, craignant pour sa vie, Putzi fini par partir en Angleterre avant d'être rapatrié en Amérique dans un camps de prisonniers allemands. Refusant de rompre le serment tenu avec son Führer, il mettra longtemps à réaliser la nature véritable du IIIème Reich et de son Führer. C'est le récit d'une enquête sur un homme qui quelques mois avant de mourir, reçoit deux journaliste qui enquête pour mieux saisir le passé ambivalent d'un homme affable et mystérieux quant à ses fidélités douteuses. Était t'il un nazi convaincu ou un opportuniste accourant pour obtenir les faveurs de cet homme qui était autrefois, le croyait-il son ami. Comment un homme aussi cultivé, pianiste hors père, à t'il pu se laisser entraîné par le programme délirant du National Socialisme. Hitler électrisait les foules, son absence de finesse intellectuel, son obsession du judéo-bolchevisme. le drame se met en place. L'accession d'Hitler au pouvoir en janvier 1933 signe l'ouverture de la page la plus sombre de l'histoire de l'Allemagne. Très bien écrit, passionnant car mené comme une enquête pour découvrir les différentes facettes de Putzi. Qui était-il, le nazi convaincu des débuts, un opportuniste, puis après son arrivé aux Etats-Unis où il sert d'informateur à Roosevelt, pourquoi ce basculement. On côtoie les futurs pontes du régime hitlérien. Un ouvrage passionnant signé Thomas Snégaroff "Putzi, le pianiste d'Hitler."








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Kennedy : Une vie en clair-obscur

Thomas Snegaroff, historien specialiste des États-Unis, livre une biographie de John Kennedy - Jack - sous l’angle original de la douleur et de la souffrance. Une douleur physique en premier lieu, qui ne le quittera jamais, due à la maladie d’Addison, une maladie rare, diagnostiquée tardivement, mais surtout une souffrance affective, avec des parents qui ne montraient aucune tendresse - sa mère ne l’a jamais serré dans ses bras - et une éducation à la dure dans laquelle la compétition dans la nombreuse fratrie est encouragée (avec son frère aîné Joe junior notamment) et le culte de la réussite est imposé...

Jack très jeune, admire son frère aîné, Joe, programmé pour entrer en politique et devenir le héraut de la revanche de cette famille irlandaise catholique, méprisée par la classe dirigeante protestante du Massachusetts.

Enfant fragile, conscient du poids de la réussite qu’exige de lui ses parents, et se sachant plus dissipé que son aîné, Jack prend conscience très jeune, du charisme qu’il dégage et du pouvoir de séduction qu’il exerce sur ses interlocuteurs. Il va, dès lors, utiliser ce charisme et cette adaptation émotionnelle lui permettant de se faire remarquer, cultivant intelligemment son image et soignant sa communication. Toutes les expériences et les publications, même médiocres, sont valorisées et transformées pour faire la propagande de ce jeune homme, symbole de vigueur et de renouveau alors que son corps n’est que douleur. Propulsé comme successeur de son frère, à la mort de ce dernier lors du conflit mondial en 1943, Jack va reprendre le flambeau que lui tend son père et gravir tous les échelons de la politique américaine jusqu’à devenir président.

Un portrait contrasté, entre séduction naturelle et grossièreté savamment dissimulée, respect de la famille et compromission pour arriver au pouvoir par tous les moyens, image lisse cachant un comportement de chasseur avec les femmes...
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Little Rock, 1957 : L'histoire de neuf lycéen..



4 Septembre 1957.

Comme dans le reste de l’Amérique, c’est la rentrée des classes dans les lycées de Little Rock, Arkansas. Mais ce qui se prépare aujourd’hui n’a rien de banal : pour la première fois, neuf jeunes gens âgés de 14 à 16 ans, issus de la communauté africaine américaine, s’apprêtent à entrer à Central High school, école jusque-là réservée aux blancs. Une « intégration » qui ne se passera pas sans heurts...

Voici l’histoire d’Elizabeth, Melba, Carlotta, Minnijean, Terrence, Jeferson, Gloria, Thelma et Ernest. Neuf enfants noirs qui, en revendiquant leur droit à l’éducation, renversèrent le cours de l’histoire.



Thomas Snégaroff, journaliste spécialiste des États-Unis, revient sur un fait politique historique qui marqua durablement les esprits et fit avancer la déségrégation dans les états du sud.

En tournant autour de son sujet pour en dérouler tous les aspects (historique, politique, sociologique...), il brosse le portrait d’une Amérique sudiste suprematiste, nostalgique de la confédération.

Dans la communauté africaine américaine, les opinions diverges, car si on souhaite l’égalité et l’avancée des droits civiques, le lynchage terrible de 1927 est encore dans toutes les têtes. La peur s’invite. A raison, car devant les portes du lycée, une foule hostile, les visages tordues par la haine, crachant insultes et menaces, attend ceux qu’on a surnommé « les neuf de Little Rock ».

Mais c’est également le portrait d’une jeunesse noire fière, pleine d’espoir et d’ambitions, qui brava la haine de tout un état avec une dignité et un courage incroyable.



Un récit glaçant mais très éclairant, qui m’a émue, révolté et vraiment captivé.

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Little Rock, 1957 : L'histoire de neuf lycéen..

C'est un récit terrible.

Même si on connait l'histoire de la ségrégation américaine et la guerre de sécession qui opposa le Nord et le Sud, tout cela devient plus concret quand elle est incarnée par la volonté de neuf adolescents de rejoindre un lycée jusque-là réservé aux blancs.

Cet essai se lit presque comme un polar mais à aucun moment on ne peut oublier que tout cela fût bien réel.

Du combat légal à l'entrée des lycéens sous les invectives rien ne nous est épargné.

De la violence à l'état pur, des crachats, des coups en douce, des soldats qui doivent intervenir, des bombes, des menaces, des insultes et des enfants qui doivent faire profil bas, ne pas réagir, pour pouvoir rester dans l'établissement.

Le livre est parfaitement documenté et les manœuvres des uns et des autres pour aboutir à leurs fins sont explicites.

C'est aussi un combat entre pauvres.

Et puis la majorité silencieuse...

Alors oui, les noirs vont finir par pouvoir aller dans des écoles qui leur étaient interdites mais non, cela n'est pas une victoire.

Des vies ont été brisées, des familles éclatées, des ghettos se sont renforcés, et aujourd'hui, dans une grande indifférence, la situation n'a pas presque pas évolué.

C'est un essai magistral, qui rend hommage à ces jeunes gens et leur entourage mais franchement on en sort déprimé pour l'avenir de ce pays.
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Putzi

Je n'ai pas été transportée par cette lecture difficile à suivre . Certes l'auteur s'appuie sur une dense documentation, sur des recherches pointues, sur des anecdotes inédites mais les nombreuses analepses et prolepses complexifient la lecture.

Si Ernst Hanfstaengl (1887-1975) le « grand » putzi avait eu une personnalité plus marquée peut être que la face du monde en eût été changée, en réalisant son ambition ,être un pont entre deux mondes, mais il ne fut qu'un personnage trop modéré ,face à un monstre surpuissant et à son double Joseph Goebbels, il apparaît finalement comme un confident exploité , qui devait disparaître d'une façon ou d'une autre quand il devint hors jeu, encombrant et odieux aux yeux du tyran.
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Little Rock, 1957 : L'histoire de neuf lycéen..

Tout le monde a entendu parler des Neuf de Little Rock. Ils sont aussi emblématiques de la lutte contre la ségrégation que la place que Rosa Parks ne céda pas, que les marches organisées par Martin Luther King, que le massacre de Emmett Till dont le crime fut d'être trop familier avec une Blanche.



Mais en visionnant le décidément très marquant documentaire de Raoul Peck "I am not your negro", j'ai vu des extraits filmés de cette rentrée scolaire de ces neuf jeunes - entre 14 et 16 ans - Noirs au lycée de Little Rock, Arkansas.



Devant ces images, on reste saisi, glacé par la violence éructée par ces gens, la haine qui leur tord le visage.

On est frappé par la dignité de ces jeunes Noirs totalement pétrifiés.

On est révolté, secoué, touché au cœur.

Voilà ce que j'ai ressenti tout du moins.



Et voilà aussi ce qui m'a donné envie de lire Little Rock 1957. Je voulais en savoir plus sur cet événement qui ne s'est pas arrêté à cette seule journée terrifiante. Le livre nous parle en effet du quotidien de ces jeunes lycéens noirs où il n'est pas question de harcèlement scolaire, mais de véritables persécutions.



Quel courage et quelle force mentale il leur a fallu pour affronter tout cela dans le but, non seulement de bénéficier à leur parcours individuel, mais de gagner ou plutôt de faire valoir des droits civiques et ainsi marquer l'Histoire.



Le livre revient bien évidemment sur tout le contexte politique et sociétal de la ségrégation et de la culture du Sud.



Un livre à lire pour connaitre les dessous de l'histoire des États-Unis, et pour paraphraser James Baldwin : et ce n'est pas une belle histoire.



Pour ma part, si la ségrégation m'intéresse autant, c'est qu'elle touche chez moi un sentiment d'injustice que je trouve intolérable. Au point qu'elle me soit incompréhensible. Ce flot émotionnel fait d'empathie et de révolte, cherche à trouver des réponses, notamment au travers de récits documentaires comme celui-ci.



Le plus désolant, comme nous l'apprend l'épilogue, c'est que l'histoire résonne encore de manière terriblement actuelle...



PS : A ceux que l'histoire et la politique ne rebutent pas, je vous conseille de lire "Les Noirs américains : des champs de coton à la Maison Blanche".
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Putzi

Ernst Hanfstaengl est Putzi, ce « petit homme » qui assiste et œuvre du haut de ses deux mètres, à l’ascension d’Hitler. L’auteur nous le présente comme son chauffeur, son confident, son sauveur à l’occasion. Un intime parmi les intimes qui serait tombé en disgrâce. Présent dès les premières heures, il est un témoin, mais peut-on réellement parler de témoin privilégié ?

Il a cru en Hitler dès leur première rencontre. Il a consacré sa fortune à le propulser au sommet. Ce fut un communiquant hors pair « dévoué à la cause ». Il souhaitait plus que tout réconcilier les nazis avec les anglo-saxons autour d’un combat commun : la lutte contre le communisme. Ce n’était pas si saugrenu à une époque où l’on entendait souvent « plutôt Hitler que le Front Populaire ».



Thomas Snégaroff nous tient en haleine avec un récit pointilleux sur les faits historiques, qui ouvre sur une approche nouvelle (c’est Putzi qui est le fer de lance et détermine ce qui est mis en lumière ou pas). C’est un roman intéressant par cette manière de voir et présenter les choses...



En refermant ce livre, j’ai cette impression diffuse que Putzi fait partie de tous ces gens qui satellisent autour du pouvoir, par idéologie, ferveur ou tout simplement en espérant en grappiller les miettes, et qui en fin de compte ne sont que des marches-pieds, des béquilles, des outils pour celui qui vise le sommet.

Ici il s’agit d’Hitler. Ce qui donne à ce roman ultra-documenté, un intérêt particulier. On pense qu’Ernst Hanfstaengl, va nous ouvrir à quelques secrets, révélations historiques non encore divulgués. Il n’en est rien. Il retourne dans sa médiocrité et s’illusionne sur un passé dont il est persuadé que la gloire lui a été volée…
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Putzi

C'est un travail d'historien que propose ici Thomas Snégaroff dans ce livre fouillé, ciselé. En croisant les perspectives, les sources, en tâchant de ne pas oublier une facette de la personnalité de Putzi, le pianiste d'Hitler, l'auteur signe une œuvre complexe de prime abord, où les allers retours temporels ont tendance à égarer le lecteur. Puis, finalement, elle nous cueille grâce à sa réflexion brillante sur le nazisme, son influence outre-Manche et outre-Atlantique, observation détaillée de la vie d'un homme méconnu et, à travers lui, d'un pan de l'Histoire européenne (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2021/04/21/putzi-thomas-snegaroff/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Putzi

Thomas Snégaroff se lance non dans un roman, comme je le croyais, mais dans une enquête fouillée et foisonnante qui vise à restituer la montée du nazisme et l'avènement de Hitler à travers l'histoire d' Ernst Hanfstaeugl dit Putzi.

L'auteur a ratissé les archives, a discuté avec David Marwell, auteur d'une thèse sur Putzi, pour reconstituer au mieux les heurs et malheurs de cet homme, inconditionnel d'Hitler qu'il soutient de tous ses moyens, devenu chef du département de la presse étrangère du Reich en 1933 et bientôt voué aux gémonies ( octobre 1934 : "dégradé, humilié" interdit de chancellerie car évincé par Goebbels ) sans qu'il comprenne pourquoi.

Cette enquête est pleine de surprises pour moi qui n'ait jamais étudié à fond la guerre 39-40, juste lu beaucoup d'ouvrages sur cette époque. J'ai été effarée d'apprendre que des dignitaires nazis étaient reçus ET fêtés en Angleterre comme en Amérique, avant la guerre, bien sûr.

A lire pour tous ceux que cette période intéresse.
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Little Rock, 1957 : L'histoire de neuf lycéen..

La première fois que j'ai entendu parler de Little Rock c'est en lisant "Sweet Sixteen" d'Annelise Heurtier. Je me souviens avoir été particulièrement choquée et profondément triste pour ces jeunes adolescents qui voulaient simplement étudier dans de bonnes conditions mais dont la vie fut un enfer à cause de leur couleur de peau.



Ainsi, quand j'ai vu un livre traitant de la même affaire dans la dernière Masse Critique, je n'ai pas hésité une seule seconde. J'avais très envie de découvrir les détails de cet événement historique et crucial de l'Histoire américaine.



Pour résumer, Little Rock est une ville située dans l'Arkansas où la population y est très conservatrice. Par conséquent, les esprits demeurent étroits et la ségrégation raciale règne en maître malgré ce qu'ils nous laissent croire avec leur sempiternel credo "Separate but equal". C'est donc dans un contexte tendu que le 4 septembre 1957, 9 élèves Noirs ont fait pour la première fois leur rentrée dans un lycée pour les Blancs, non sans peine et sans un dispositif de sécurité important.



Thomas Snégaroff est allé à la rencontre de quelques-uns de ces fameux "Neuf", dont Elizabeth Eckford, la jeune fille qui fait la couverture de son livre et qui ne s'est jamais totalement remise de la violence de ces années de lutte.

C'est un livre très complet et bien écrit qui remonte aux origines de l'esclavage, détaille le bras de fer entre le maire de Little Rock, Faubus le ségrégationniste, et le Président de l'époque, Eisenhower, suit le quotidien des Neuf élèves courageux et déterminés à faire valoir leurs droits dans l'enfer de leur lycée, ainsi que des personnes comme Daisy Bates et Thurgood Marshall qui ont été d'un soutien sans faille et sans qui rien de tout ça n'aurait été possible.



J'ai eu beaucoup de peine à retenir mes larmes face au récit de la cruauté et de la violence dont ont fait preuve beaucoup de personnes envers Ernest, Elizabeth, Melba, Minnijean, Terrence, Carlotta, Jefferson, Gloria et Thelma et à travers eux, toute la communauté Noire américaine. Je doute avoir en moi une seule once de courage que ces jeunes Neuf ont eu. Mais pour mieux comprendre le présent, il est primordial de remonter aux sources. C'est en cela que je qualifierais ce livre de référence à mettre entre toutes les mains.



Je remercie très chaleureusement Babelio et les éditions Tallandier pour m'avoir envoyer ce livre riche, instructif et poignant.

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