Elle n’avait jamais touché d’arme auparavant et elle en tirait un plaisir troublant. Le Colt était de facture splendide et le splendide produit de l’imagination de qui l’avait conçu ; elle le voyait bien ; mais le plaisir qu’elle éprouvait ne venait pas de sa seule beauté. Elle avait déjà touché de belles choses sans qu’aucune d’elles ne lui donne cette impression, celle que lui communiquait ce lourd Colt d’acier noir. Elle comprenait à présent pourquoi les armes représentaient le mal et pourquoi des gens sensés désiraient qu’elles fussent contrôlées, car c’était un plaisir interdit issu du mal lui-même : le mal du pouvoir et le pouvoir du mal.