Ces enfoirés d'adultes avaient modifié l'Histoire à leur convenance pour nous obliger à tuer à leur place.
- Vivre, c'est comme se dresser au milieu d'un torrent.
Je hoche la tête. On peut souhaiter vivre tranquille, on en peut pas éviter d'être confronté à son environnement.
- Chaque chose perçue est comme une trombe d'eau qui me heurte, poursuit-elle.
Je suis son traducteur, il est mon traducteur. Tout commence avec un livre sur lequel je tombe en voyage. Son premier gros roman. Un récit fantastique avec une machine à remonter le temps (time machine) et c’est ce point qui aiguise d’abord mon intérêt. Le personnage principal est un technicien en charge du réglage de la machine mais un jour, il se tire dessus lorsqu’il se surprend en train de s’échapper de la « boîte » d’où il vient de surgir du futur. J’avais moi-même commencé à écrire une histoire qui débutait ainsi.
Mon job, voyez–vous, c’est d’attraper des idées en me déplaçant en avion comme à présent. J’ai essayé en différents lieux mais j’ai rapidement compris que le meilleur endroit, c’était en vol, à bord d’un bon gros aéronef comme celui–ci. Les idées, voyez, toutes ces pensées flottantes, tendent à s’extraire des corps et à papillonner le temps d’un voyage, comme à présent. Nombre d’entre elles ne seront d’aucune utilité mais c’est toujours mieux que de se creuser vainement la tête en attendant une illumination dont on se demande d’ailleurs, calé contre le dossier d’un fauteuil en salle de réunions, d’où elle pourra surgir. Ce sont les idées qui soutiennent les choses, les affaires sont des organismes vivants qui ont un besoin constant d’être fertilisés par des idées neuves.Elles s’en sustentent. Je voyage ainsi à la recherche de nourritures.