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Critiques de Tom Franklin (82)
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Le retour de Silas Jones

Un très beau roman qui met en scène deux personnages qui n'auraient jamais dû se rencontrer et encore moins se fréquenter.

J'ai trouvé l'ambiance du livre très sombre, l'auteur met en scène deux personnages de leur adolescence à l'âge adulte. Ils ont fait des choix et pris des décisions dans leur passé qui les tiraillent aujourd'hui.

Un roman qui explore les thèmes de la rédemption, de la différences de classes sociales et de couleurs, l'amitié, les ravages de la rumeur, des non-dits.

J'ai trouvé le personnage de Larry très emouvant et très touchant, ce que la petite ville lui fait subir depuis tant d'années est intolérable et pourtant il encaisse tout sans broncher et il continue d'espérer.

Une histoire qui met en avant le fonctionnement d'une petite ville et des conséquences de la rumeur sur fond d'enquête sur la disparition d'une jeune fille qui fait ressurgir une vieille affaire.
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Le retour de Silas Jones

Je retourne depuis un moment cette critique dans ma tête mais l'inspiration ne vient pas. C'est étrange la difficulté que j'ai de ne pouvoir en parler et pourtant je l'ai aimé ce livre, oui, et c'est même pile le genre de bouquin que j'aime, que je ne n'oublie pas, qui reste graver un long moment après sa lecture .

J'ai été conquise et j'ai passé un bon moment . On a aucune difficulté à suivre le rythme de l’histoire car le ton est juste, les personnages très humains qu'on ne peut que les aimer et les descriptions très réalistes. La solitude des personnages, celle notamment de larry le pourri est touchante sans être larmoyante. La dualité Silas/ Larry est exempte de tous les clichés habituels : l'homme noir n'est pas le faible et l'homme blanc le fort. C'est l'inverse et c'est précisément ce point là qui est intéressant.

Tom Franklin signe un très beau roman que je prendrai sans hésiter sur un île déserte.
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Le retour de Silas Jones

Tom Franklin est doté d'une écriture qui vous transportera à Chabot, Mississippi et qui vous rendra votre liberté qu'à la toute dernière ligne. Le talent de l'auteur réside dans sa sobriété et sa capacité à vous immergé dans son « monde ». L'enquête policière reste en retrait pour laisser place à une histoire d »'amitié » , une histoire de rapport humain d'enfants devenus adultes. Un polar où l'on trouve de la sensibilité et de l'émotion.

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Braconniers

De nombreux auteurs américains démarrent leur carrière par le biais de la nouvelle, et beaucoup s'en sortent très bien, malgré la difficulté de l'exercice.

C'est le cas de Tom Franklin que bizarrement je découvre par ce biais alors que je tourne depuis quelques années autour de ses romans publiés ultérieurement, "la culasse de l'enfer" notamment. Eh bien! au vu de ces nouvelles, il est maintenant sur que je les lirai!

Car ces nouvelles sont extrêmement bien troussées, et vous plongent avec réalisme et sensibilité dans l'envers du décor du rêve américain, au fon de l'Alabama du tournant des années 80 : dans une nature défigurée, on y boit, beaucoup pour tromper son ennui ou son mal de vivre on y chasse et on y braconne, le ciel est aussi bas que les illusions.

La nouvelle qui clôt le livre et donne son titre au recueil est particulièrement réussie, avec ses trois frères asociaux et demi-bêtes dont la course rappelle l'épopée sanglante de "Méridien de sang" de Cormac McCarthy ou encore la fratrie des Stampers de "Et quelquefois j'ai comme une grande iée" de Ken Kesey.

Une belle tranche d'Amérique, la vraie!
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Le retour de Silas Jones

C'est toujours un bonheur de lecteur de découvrir un nouvel auteur dont l'oeuvre nous rejoint. Coup de coeur pour le retour de Silas Jones de Tom Franklin. Un polar rural américain, qui se passe dans un bled du Mississippi, un endroit désolé qu'on aurait envie de fuir si on avait la malchance d'y être né, et pourtant nos personnages y grandissent, s'y accrochent, y reviennent... C'est aussi et surtout une histoire d'amitié et de trahison, de secrets et d'injustice... le genre d'histoire qui vous remue les tripes, que vous ne pourrez lâcher avant d'en avoir tourné la dernière page. Une belle écriture, sans fioritures, un peu râpeuse, qui m'a envoûtée !





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Dans la colère du fleuve

Deux en deux pour moi avec Tom Franklin, découvert avec le magnifique Retour de Silas Jones. Comme dans cette dernière oeuvre, Franklin (ici avec son épouse la poétesse Beth Ann Fennely) nous livre des destins de personnages hors du commun, criants de vérité et de sensibilité.



Sur fond de la grande crue du Mississippi de 1927, on suit deux agents du fisc (de Hoover, ou futur FBI) enquêtant sous couverture sur la disparition de deux des leurs en chasse de fabricants illicites d'alcool, car nous sommes en pleine Prohibition. Ils feront la rencontre de la troublante Dixie Clay Holliver et de son mari Jesse, qui concoctent le meilleur whisky de la région... Les éléments se déchaînent, au diapason des fureurs et des passions des protagonistes. le fleuve est ici un personnage en soi et les descriptions de la sauvagerie du Mississippi m'ont procuré un véritable bonheur de lecteur !
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Le retour de Silas Jones

Une garçon noir, un garçon blanc...



Dans les années 70, dans le sud des Etats unis, une amitié aurait pu s'épanouir entre deux adolescents, entre parties de pêche, chasse et vagabondage dans une nature encore préservée de la future industrie forestière..

Mais c'était sans compter les adultes, leur éducation frustre et violente, leur manipulation, la misère économique quotidienne et une injure raciste malencontreuse, qui brise net ...



Trente ans plus tard, Jerry "le blanc" est resté au pays, seul, marginalisé par des soupçons de meurtre et d'enlèvement et Silas, "le noir", est policier, de retour dans le village d'enfance, quasi désertifié. Le passé va les rattraper.



Je suis entrée en douceur dans cette histoire, avec une impression de "déjà vu": campagnes pauvres et reculées, habitants miséreux, alcool, familles fracassées et racisme ordinaire! La littérature américaine n'est pas avare de ces thèmes.



Et, peu à peu, mon plaisir s'est accru au fil des pages car les réminiscences de Silas ouvre un livre de vie familiale attachant, construit sur les secrets, les nons-dits, la quête d'identité et le regret de s'être perdus en chemin.

L'extrême solitude de Jerry est touchante, l'honnêteté et le désir de rédemption de Silas palpables et l'écriture de Tom Franklin très évocatrice d'images et de personnalités du Vieux Sud. On peut comprendre l'allusion à une paternité créatrice à la Faulkner.



Un très bon roman noir, rude, âpre et fraternel.
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La Culasse de l'enfer

Comment une connerie de gamins peut dégénérer en tuerie généralisée…



Une attaque qui tourne mal, un coup qui part tout seul et l’homme, un marchand prospère, s’effondre sous les yeux atterrés des deux gamins.



Le cousin de l’épicier prospère monte alors un gang, composé des métayers du coin car, pour lui, les coupables sont ceux de la ville, les notables, ceux qui les regardent de haut, qui les font crever à petit feu, qui les saignent par toutes les veines.



Une fois de plus, nous sommes loin de La petite maison dans la prairie.



Pas envie de chanter ♫ Sweet home Alabama ♪ car si l’Alabama n’est pas tendre, ses habitants ne le sont pas non plus.



Tom Franklin est un excellent conteur, il prend le temps de placer l’action, ses personnages, de planter les décors, le tout avec des faits de la vie de tous les jours.



Sans même que l’on s’en rende compte, on a l’impression, au fil de notre lecture, de tout savoir sur les habitants « cul-terreux » du bled de Mitcham Beat, comté de Clarke, Alabama.



Les notables tiennent leurs métayers par la peau de la bourse car chaque année les paysans doivent emprunter de l’argent pour arriver à mener à bien leurs récoltes. Un cercle vicieux.



L’auteur s’est servi des faits réels pour son roman, tout en les transformant : il situe son action plus tard et ajoute ses propres personnages, mêlés à ceux qui ont réellement existé.



Le drame se jouera sous nos yeux et il faudra attendre la fin du roman pour en voir toute l’étendue sordide. C’était déjà glauque et là, ça le deviendra encore plus. On en ressort lessivé et essoré.



Sans que l’auteur ait porté un jugement sur tel ou tel personnages ! Non, lui il s’est contenté de nous les présenter, de leur donner vie, de leur donner une profondeur, même dans les personnages secondaires. Tous sont ambigus, personne n’est tout blanc, ni tout noir. Tout le monde est réaliste.



Ce qui est le plus glaçant, ce n’est pas tellement le braquage de l’épicier qui vire au drame, ni même son cousin qui monte un gang pour se défendre, mais la manière dont cela va tourner au vinaigre, à la vendetta personnelle car dès qu’un homme a un fusil ou un revolver entre les mains, ça dégénère.



Comme dans les bonbons Kiss Cool, il y aura un double effet glaçant lorsque le juge réunira des anciens soldats, des notables, pour se mettre en chasse de la bande qui met la région à feu et à sang… À se demander qui sont les salopards dans tout cela, les métayers ou les notables…



Nous avions vécu des injustices, dans ce récit, elles continueront, prouvant que les notables, une fois armés, n’ont pas plus de discernement que les culs-terreux et mêmes les innocents feront les frais de leur fausse justice aux vrais airs de vendetta.



Ce roman western arrive à jongler habillement avec l’action et la sociologie, nous offrant un récit glaçant, réaliste, où le lecteur aura sans cesse le cul entre deux chaises tant les personnages sont ambigus mais pas toujours dépourvu d’humanité.



Un roman brut, une plume magnifique et des événements qui vont s’enchaîner lentement mais inexorablement, comme après la chute d’un premier domino qui va avoir des conséquences terribles pour tous ceux qui les touchent de près ou de loin.


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Le retour de Silas Jones

Silas Jones, après une carrière de sportif arrêtée net par un accident, revient en tant que constable (une sorte de gardien de la paix) dans le patelin de son enfance. Il est contacté à plusieurs reprises par Larry, qu’il a connu enfant, jusqu’à ce que ce dernier soit découvert une balle dans la poitrine. Cette agression fait suite à la disparition d’une fille, qui nous ramène à la disparition d’une autre fille que Silas a connue avant de partir à l’université, du temps où il n’était qu’un enfant noir et pauvre. D’aller-retour entre le passé et le présent, on revit avec Silas sa pauvreté et son arrivée misérable avec sa mère dans la petite ville, son amitié cachée et difficile avec Larry Otts, blanc de la classe moyenne, alors qu’à l’époque, les blancs, c’était contre les noirs, son talent pour le base-ball, son intolérance à l’injustice...



Ce descriptif me parait un peu confus. Tout simplement parce que, de mon point de vue, l’histoire n'est pas l'important de ce livre !

L’intérêt est dans l’écriture, qui mérite le nom de prose tant elle est à la fois simple et facile d’accès, mais aussi subtile ! On se laisse emporter par la beauté de la langue, perdre dans les descriptions de lieu, d’actions, de pensées, avec juste l’envie de tourner la page pour continuer à lire, parce que c’est trop bien ! C’est un roman sensitif, dans le sens où il sature tous nos sens : on sent l’odeur de la cigarette de l’inspecteur, on entend le bruit de la main qui gratte la joue mal rasée, on se délecte du roman. Les sujets abordés sont graves, mais l'auteur ne tombe jamais ni dans le vulgaire, ni dans la facilité. Ca a vraiment été un grand coup de cœur, j’ai adoré.

Je tiens quand même à dire que ce livre a un gros défaut : il est beaucoup, beaucoup, beaucoup trop court !
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Le retour de Silas Jones

Voilà un livre qui aura décliné de toutes les manières le vieil adage : « ne pas se fier aux apparences ».

Avant de l’ouvrir, je croyais mordicus que « Le retour de Silas Jones » était un western, mettant en face les retrouvailles tendues de deux hommes dans un village désert. Que nenni, nous sommes à la fin du 20ième siècle dans le Mississipi avec voitures, cinéma de plein air et cannettes de bières. Une fois ouvert, j’ai d’abord cru que c’était un polar : non plus. Il y a bien un cadavre, deux même, un représentant de l’ordre, une enquête qui suit son cours mais non, ce n’est pas un polar.

Qu’est-ce donc alors que ce roman, et d’où lui vient cette lourde grâce ?

D’abord d’une écriture riche et dense, âpre aussi comme le destin des personnages parfaitement incarnés. On « croit » à Silas Jones, ce jeune constable noir qui revient dans le hameau de son enfance et dont on perçoit d’emblée le poids de silence qui pèse sur ses souvenirs, comme on croit à Larry Ott, le Blanc pestiféré et ostracisé par la communauté depuis la disparition des années plus tôt d’une jeune collégienne dont on lui impute le meurtre, et que l’on apprend à découvrir au fil des pages dans le désert de solitude absolu de sa vie.

Et c’est là tout le talent de ce roman pénétrant, construit de manière à couler de la banale intrigue policière vers l’étude intimiste d’une amitié inavouable entre un Noir et un Blanc née au fond d’un coin de Mississipi encore perclus de reflexes racistes, à travers la révélation progressive de tous les éléments banals ou tragiques qui abîmeront cette amitié, laquelle se reconstruira tout en nuances sur la base des souffrances vécues de part et d’autre, dans une vérité dans laquelle rien n’est blanc ni noir.

Un magnifique roman sur la culpabilité, sur le choix et l’absence de choix, la résilience et le pardon.

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Le retour de Silas Jones

C’est long, une vie. C’est long une vie pendant laquelle tout le monde vous a jugé coupable après la disparition d’une jeune fille. C’est ce que vit Larry Ott depuis plus de vingt ans, et pourtant, il est resté dans sa maison, dans son garage où plus personne ne vient. Il est resté, en dépit de l’hostilité même pas cachée de certains, il est resté, bien que la police pense très clairement qu’il est coupable. Il est resté, et Silas Jones est parti, puis revenu.

Il est parti parce qu’il avait un avenir pleine de promesses, l’université, le base-ball – le sport est toujours un moyen d’obtenir une bourse, la couleur de peau n’entre alors plus en ligne de compte. Les blessures ont changé tout cela, et si Silas revient, c’est en tant que l’équivalent de garde champêtre, quasiment. Est-ce son retour qui fait bouger les choses ? Une autre jeune fille disparaît, et le si calme Larry Ott est retrouvé une balle dans la poitrine, chez lui. Silas lui sauvera la vie, et ne pourra cependant empêcher, à nouveau, la police de le croire coupable – de cette balle dans sa poitrine, de la mort des deux jeunes femmes.

Le roman fait de constants aller retour entre le présent et le passé. Nous voyons ainsi l’enfance et l’adolescence de Larry et de Silas, comment ils ont tenté de se construire, sous l’égide du père de Larry. L’un blanc, l’autre noir, et une amitié rendue peu à peu impossible, pas tant à cause de leur couleur de peau qu’à celle de tous les secrets qui finissent par les enserrer.



Et le présent ? Ce sont de petits détails qui parfois font la différence – comme Silas qui, pendant que Larry est hospitalisé dans le comas, se rend chez Larry et nourrit ses poules, ramasse leurs oeufs, donne de leurs nouvelles au comateux Larry, se rend aussi au chevet de la mère de Larry, puisque lui ne peut plus le faire. Et tant pis si cela force Silas à se confronter à tout ce qu’il n’avait pas compris étant enfant. Il lui faudra du courage pour agir, et pour parler – parce que parler, révéler c’est aussi agir.

Faut-il mieux avoir eu un père maltraitant que de ne pas avoir de père du tout ? Tel est la question qui sous-tend le roman tout entier et ne trouve pas de réponses, si ce n’est que l’on peut lire les ravages que ce père – Carl Ott – trop présent ou trop absent a causé.
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Le retour de Silas Jones

Larry le pourri et ses deux amis.

Dans le Mississippi profond, Larry Ott, 41 ans, esseulé et désœuvré est à nouveau soupçonné de la disparition de la jeune Tina Rutherford, vingt-cinq ans après celle de Cindy Walker. Sans corps retrouvé et sans aveu concédé, Larry Ott n’a jamais été condamné par la justice mais il est devenu un paria, Larry le pourri pour les gens du comté. L’étudiante volatilisée aujourd’hui ravive les plaies toujours purulentes d’hier. Depuis peu, Silas Jones est revenu au pays. Ancien proche de Larry, Silas pourrait peut-être dénouer le nœud gordien étouffant Larry depuis tant d’années mais l’affaire s’est salement compliquée surtout quand Larry se fait visiter par les spectres du passé. La mauvaise réputation est un masque horrifique.

La collection « Terres d’Amérique » chez Albin Michel est riche d’auteurs époustouflants (Joseph Boyden, James Galvin, Richard Hugo, Louis Owens ou James Welch parmi tant d’autres). Tom Franklin ne dépareille pas le catalogue. Son récit, d’une belle unité malgré le va-et-vient constant entre passé et présent, est fluide et sans temps mort. Les personnages sont fouillés, attachants et troublants par leurs failles et leur humanité chahutée. Larry est la clé de voûte d’un fantasme collectif où s’agrègent la boue des turpitudes humaines. Il demeure le catalyseur d’une société en panne, abrutie de racisme, de sexisme et de rigorisme. Silas Jones fait avancer l’enquête à grands bonds mais il bute longtemps sur les non-dits de son enfance. Quant à Wallace Stringfellow, second ami de Larry, déjanté et pervers, ses apparitions mettent immédiatement le récit sous haute tension. En fin de course haletante, le roman demeure inoubliable et Larry hante longtemps les consciences.
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La Culasse de l'enfer

L'auteur nous plonge en plein "western". J'ai pu regretter le manque de profondeur des personnages, l'action prend progressivement le dessus, pour un résultat sans réelles surprise.
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La Culasse de l'enfer

C’est au début des années 1890 qu’a eu lieu, après des élections contestées, la guerre dite de Mitcham, dans le comté de Clarke en Alabama. Plus que d’une guerre, il s’agit en fait d’un conflit local entre des métayers pauvres de Mitcham Beat, partie rurale du comté, se sentant dépréciés et humiliés par les pontes locaux du parti démocrate et les notables locaux. Ayant fondé une société secrète – Hell-at-the-Breech, la Culasse de l’enfer – ces paysans s’en prirent à quelques noirs et, surtout, au représentant du parti démocrate qui fut assassiné, entraînant une violente riposte de la part des autorités.



C’est sur ce canevas que brode Tom Franklin, situant son action dans le comté de Clarke et plus particulièrement à Mitcham Beat, se servant des faits réels, mais les situant un peu plus tard et y ajoutant des personnages issus de son imagination qu’il mêlent à ceux qui ont réellement existé et participé à la Mitcham’s War. Partant de l’assassinat d’un épicier de Mitcham Beat, Tom Franklin démêle ainsi peu à peu l’enchaînement des événements qui vont amener à un inéluctable déferlement de violence dû autant aux circonstances particulières qui le permettent qu’à la vanité et à la soif de pouvoir des meneurs des deux camps qui, ajoutant régulièrement de l’huile sur le feu, entretiennent les craintes, la suspicion et, partant, la haine.



Mais le véritable tour de force de l’auteur, en s’attardant sur les personnages même secondaires pour conférer à chacun une ambiguïté qui va de pair avec l’humanité, est de ne jamais se laisser aller à porter un jugement définitif sur les actes des uns ou des autres. Ce faisant, il fait vivre un monde qui n’est certes pas idyllique mais dans lequel existent une réelle sociabilité et une vraie solidarité fut-elle seulement de caste. Au milieu de ce conflit, le shérif Billy Waite, homme droit vivant son travail de représentant de la loi comme un véritable sacerdoce et que les événements mènent à se poser la question de savoir jusqu’où son sens du devoir peut aller sans contrevenir à sa conscience de la justice, et de Mack Burke, adolescent tenaillé par la culpabilité, sont les figures qui émergent. Îlots d’honnêteté voire, dans un certain sens, de rectitude morale sans pour autant être des parangons de vertu, au milieu de la folie qui agite le comté, ils sont ceux qui, finalement, rachètent en partie les errements des autres.



Tom Franklin livre avec La Culasse de l’enfer, un de ces rares romans qui arrivent à concilier l’action, l’étude de mœurs et une véritable poésie dans l’écriture pour offrir au lecteur une oeuvre à la fois épique et intimiste. Voilà donc une lecture plus que recommandable.


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Le retour de Silas Jones

Ce roman de Tom Franklin, dont on m'a si souvent vanté les mérites depuis sa sortie, me faisait de l’œil depuis un bon moment déjà. Et c'est avec beaucoup de plaisir et de curiosité que je me suis lancée dans cette lecture du Retour de Silas Jones.



Après quelques années d'absence, Silas Jones revient dans son village du Mississipi, afin d'y occuper la fonction de constable (agent de police). Lorsqu'il découvre un homme, Larry, aux portes de la mort après s'être fait tirer dessus, Silas se rappelle son passé dans cette campagne ; son amitié secrète avec ce jeune garçon Blanc ; sa jeunesse en tant qu'enfant Noir vivant à une époque où les races s'acceptent mais ne se mélangent pas ; son départ pour la Marine, qui l'a éloigné pendant plusieurs années des événements de son village. Pendant son absence, Larry, déjà mal aimé de ses compatriotes, a été accusé de la disparition et du meurtre d'une jeune fille. Il est ainsi devenu un paria, détesté de tous. Un drame qui refait surface suite à une nouvelle disparition, peu avant que Larry se fasse tirer dessus. Y a-t-il un rapport entre ces deux faits ? Larry est-il coupable de ces crimes ? Entre enquête et souvenirs, Silas va tenter peu à peu de recoller tous les morceaux de ces tragédies et de lever le voile sur son passé...



Ce livre est un pur plaisir à lire. Certes, l'intrigue, tout en étant attrayante, n'est en rien originale. Mais l'intérêt de cette histoire ne réside pas dans son contenu, mais bien dans sa forme. Car Tom Franklin possède une plume magnifique qui donne vie à tout ce qu'il écrit... On s'attache sans difficulté aux personnages, aux paysages, aux petits moments de la vie de chacun. On vit cette lecture sans se presser, en prenant le temps de savourer cette prose. Et tout au long de cette narration, jamais on ne s'ennuie. Tom Franklin nous parle de la vie dans un petit village du Mississipi, des relations père-fils, de la violence, de la ségrégation, mais toujours avec beaucoup de justesse et de pudeur, et avec une telle poésie des mots que le message passe sans effort.



Un vrai régal, je vous conseille très fortement de lire Le retour de Silas Jones.
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Le retour de Silas Jones

Silas Jones est agent de police à Chabot, Mississippi, plus ou moins cinq cents habitants dont Larry Ott. On est à la fin des années 1990. Silas est revenu à Chabot, où il a passé une partie de son adolescence, près de vingt ans après son départ. À l’époque, une jeune fille, Cindy Walker, avait disparu juste après un rendez-vous avec Larry. Faute de preuves et faute de la découverte d’un corps, Larry n’a jamais été inculpé. Mais ce jeune homme étrange, renfermé, sans cesse absorbé dans les livres de Stephen King ou les films d’horreur vit depuis vingt ans dans un autre genre de prison, coupé du reste de la communauté, persuadée de sa culpabilité, vendant peu à peu les centaines d’hectares de forêts hérités de son père à la scierie Rutherford. Et, justement, c’est aujourd’hui une autre jeune fille, Tina Rutherford, qui a disparu. Naturellement, les soupçons se tournent vers Larry. Et si Silas Jones est convaincu de l’innocence de celui qui, l’espace de quelques mois, deux décennies auparavant, a été son ami, les circonstances de son propre départ l’empêchent de réellement l’épauler.

Passons vite sur l’intrigue elle-même, en grande partie cousue de fil blanc même si, par le jeu des allers-retours entre passé et présent et le passage d’un personnage à l’autre, Tom Franklin arrive à maintenir un certain suspense. L’intérêt du Retour de Silas Jones est ailleurs.

Dans la relation complexe qui unit Silas et Larry d’abord. Franklin arrive à rendre avec une grande sensibilité toute l’ambigüité de cette amitié qui se cantonne aux jeux des deux garçons dans les bois appartenant au père de Larry. Pas question pour Silas pour la plus grande part, mais aussi pour Larry d’afficher cette amitié au collège ou au lycée. Pour une question de couleur d’abord – Larry est blanc, Silas est noir – mais aussi parce que le très populaire Silas, excellent joueur de base-ball, ne tient pas à se montrer avec l’étrange Larry, véritable paria et par ailleurs souffre-douleur du lycée. L’un comme l’autre accumulent les petits griefs vis-à-vis de leur ami, se trouvent gênés par cette relation, mais c’est de loin Silas qui l’assume le plus mal et qui, vingt ans plus tard, malgré la honte qu’il éprouve à adopter cette attitude, se refuse à entretenir un quelconque lien avec un Larry de plus en plus isolé.

Dans le portrait que fait Franklin du Mississippi ensuite. S’il n’élude pas la question du racisme – lié autant à la couleur, d’ailleurs, qu’à la classe sociale – l’auteur ne la place pas au centre de son roman ou, plutôt, en montre toute la complexité : c’est bien Larry, issu d’une famille plutôt aisée et appréciée de la communauté qui se trouve mis à l’écart avant même d’être soupçonné du meurtre de Cindy Walker. Mis à l’écart par ses pairs, mais aussi par son propre père qui ne se reconnaît pas dans ce fils maladroit et trop passionné de lecture pour être honnête. Quant à Silas, s’il est pauvre, noir et obligé de vivre dans des conditions extrêmement précaires avec sa mère, s’il peut souffrir parfois du racisme, ses aptitudes en sport et son intelligence sociale le promettent à un bien meilleur avenir.

Si Tom Franklin réussit donc à éviter les pièges de la caricature ou du discours trop attendu, il a surtout cette formidable aptitude, déjà relevée dans ses autres ouvrages, à aller chercher le détail parlant – une phrase, la manière de se tenir d’un personnage, un dialogue a priori banal – qui va éclairer toute une situation ou toucher le lecteur au cœur. Cette économie, cette fausse simplicité de l’écriture confère au Retour de Silas Jones souffle et épaisseur et permet à Franklin de nous offrir une nouvelle fois un très beau roman qui, sans affèteries ni discours lénifiant, sait nous saisir et nous émouvoir.


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Dans la colère du fleuve

4.5/5 : La collection Terres d'Amérique des éditions Albin Michel est incontournable pour découvrir les grands monuments de la littérature américaine, en voici la preuve avec Dans la colère du fleuve : roman magnifique, rude et sublime (sans hyperbole promis !) !



L'auteur du Retour de Silas Jones s'allie ici avec sa femme -poétesse- pour nous dévoiler un roman d'une extrême beauté tant dans l'écriture que dans les caractéristiques intrinsèques aux protagonistes. J'ai retrouvé tout ce qui m'avait plu dans son autre roman mais en mieux, je trouve réellement que ce livre en duo a eu des effets bénéfiques, a amené une touche féminine, sensible et profondément humaine au tout.



En effet, les personnages sont vraiment attachants, ils sont marqués par la vie -le mariage, la guerre, la solitude, la peur, la faim- mais ils sont aussi remplis de valeur, du sens du devoir et de la moralité. Le personnage de Dixie est vraiment parfait : une femme a priori faible physiquement qui est devenue au travers de ses expériences, une femme réaliste, mature et forte. Une femme qui a repris le commerce de l'alcool, une femme qui maitrise les armes et qui sait avancer sans l'aide d'un homme. Il y aussi les agents du fisc et plus particulièrement Ted Ingersoll qui se rapproche progressivement de cette femme sans savoir qu'elle est celle qu'il traque.



Le lien qui unit progressivement les personnages donne une mise en perspective intéressante à l'ensemble, une nouvelle forme d'intrigue permettant de se demander tout le long ce qu'il va advenir d'eux. A côté de leur propre aventure, le lecteur découvrira une époque célèbre aux USA : celle de la Prohibition mais du point de vue des états du Sud, de même qu'il vivra l'une des plus grandes catastrophes naturelles de l'histoire américaine. Deux événements qui forment une métaphore : eau et alcool.



L'écriture est vraiment magnifique : on sent la patte de Tom Franklin mais avec un nouvel attrait, un aspect plus poétique qui est la trace laissée par Beth Ann Fennelly. Je félicite encore une fois la superbe traduction -comme toujours dans cette collection- signée ici par Michel Lederer.



En définitive, vous le savez je suis une grande adepte de la littérature américaine, si vous souhaitez commencer ou continuer dans votre lancée : Dans la colère du fleuve vous attend en librairie pour vous accompagner durant cet été !


Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Dans la colère du fleuve

Décidément, cette collection "Terre d'Amérique", chez Albin Michel, est une source de plaisirs ! Ce roman tout juste paru est une découverte et la quatrième de couverture tient ses promesses !

Je me suis laissée charmer par la prose de l'auteur où le romanesque côtoie la sauvagerie dans une histoire américaine comme je les aime.

Finalement, ce sont peut-être les auteurs qui en parlent le mieux, dans ce dernier paragraphe du roman :



"C'est une histoire pleine de meurtres et d'alcool de contrebande, pleine de digues et de sabotages, pleine de dynamite et de déluge. Un mari impitoyable, un oncle à l'esprit dérangé, une fille dangereuse, un coéquipier loyal. Une femme mal mariée qui semeurt à petit feu. Un homme qui a l'impression d'être invisible. Mais c'est surtout une histoire d'amour. C'est l'histoire de la famille que nous devenus."



J'ajouterai qu'on y parle d'abandon, de solitude, de rédemption et de renouveau, de la nature dans toute sa beauté et dans sa violence, de la cruauté des hommes et d'humour. Les personnages sont attachants et tout particulièrement Ingersoll, l'agent du fisc.

Une réussite !
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Dans la colère du fleuve

Tom Franklin, avec ce titre, fait une nouvelle fois la preuve de la diversité de son talent.

Avec son premier roman, La Culasse de l'enfer  et son deuxième Smonk, nous rappellent la plume d'un William Faulkner ou Cormac McCarthy. Philip Roth ne tarie d'ailleurs pas d'éloge au sujet de notre auteur  Avec ce titre, il fait encore plus fort. Surtout qu'ici il s'associe avec sa femme pour nous décrire une Amérique mythique. Ils nous offrent une fresque inoubliable du Sud, cette région des Etats-Unis où la question de l'identité, le poids de la ségrégation et la violence sont encore présents aujourd'hui.  Ils se font les chroniqueurs d'une humanité qui connait parfois la violence et le chaos, mais qui ne renonce pas à ses idéaux. Un roman prenant et impressionnant . Quand la rencontre entre la littérature noir et la blanche sonnent à l’unisson. Une lecture marquante, prégnante qui va vous secouer à n'en pas douter.
Lien : https://collectifpolar.com/
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La Culasse de l'enfer

C'est une très belle découverte que ce roman sorti il y a quelques années et qui m'a été conseillé par une personne de mon entourage. Noyé dans la masse de toutes les parutions, je n'en avais jamais entendu parler et, sans le “bouche à oreille”, je serais passée à côté d'une perle !

Ce roman inspiré de faits historiques, se déroule dans l'Alabama de la fin du XIXè siècle. Suite au meurtre de l'épicier du village de Mitcham Beat, Arch Bedsole, les métayers vont créer un confrérie secrète, la “Culasse de l'enfer”, sous l'impulsion du cousin d'Arch, Tooch Bedsole, et livrer une bataille sans merci aux habitants de la ville voisine, Coffeeville.

Cette alliance, sous couvert de justice et d'entraide mutuelle, n'est qu'un prétexte pour piller, tuer ou assouvir en toute impunité, les penchants les plus vils, d'hommes brisés par leurs rancoeurs et un dur labeur, “pauvres hères” victimes de leur ignorance et de la paupérisation, n'ayant d'intérêts que pour les armes et les beuveries. On trouve dans les rangs de “la culasse”, de pauvres bougres enrôlés de force, mais aussi des tueurs psychopathes comme Lev James, le plus inquiétant de la bande, assassin en puissance, susceptible, colérique, et assoiffé de sang. Voici d'ailleurs, un passage évocateur de la personnalité de Lev James :



«…L'erreur du colporteur fut de se mettre à rire.

- C'est la meilleure articula-t-il d'une voix sifflante.

- Qu'est-ce que t'as à te marrer comme ça ? lui demanda Lev.

Pressentant sans doute le danger, le colporteur fit de son mieux pour réprimer son hilarité. Mais lorsqu'il vit à quel point le visage de Lev était devenu inégal avec la moitié de sa barbe qui avait brûlé, le fou rire le reprit.

- Merde fit-il en s'assénant une claque sur la cuisse. Si je t'avais prêté un rasoir, mon pote, ça nous aurait épargné l'odeur.

Calmement, Lev reposa la bonbonne, se leva, descendit les marches et s'approcha du chariot du colporteur. Il déroula le fil de fer qui entourait les tenailles accrochées à côté de toutes sortes d'instruments - jougs, traits de harnais, balances et ainsi de suite - et tout en continuant à jouer des mâchoires, il remonta les marches d'un pas lourd en tenant les tenailles ouvertes comme une pince de crabe. Blêmissant, le colporteur esquissa un mouvement de retraite, la cendre de son cigare tombant sur sa chemise blanche, mais Lev lui referma brutalement les tenailles autour du cou…»



En parallèle, ce roman est aussi l'histoire de Billy Waite, shérif en fin de carrière, luttant contre l'arrivée galopante de la vieillesse et Macky, un jeune adolescent, qui fait ses premiers pas dans le monde des adultes, avec son lot d'espoirs et de désillusions. Tous deux devront faire face à leurs démons respectifs et faire des choix cruciaux au moment de l'affrontement final !

Vous l'aurez compris, j'ai été séduite par ce livre. J'ai aimé la prose tour à tour, sombre, poétique et réaliste de Tom Franklin et la richesse de ses descriptions. Je vais donc suivre cet auteur de très près. Je remercie Florence de m'avoir conseillé ce livre, mon opinion rejoint la sienne, c'est assurément un Grand roman !




Lien : http://leslecturesdisabello...
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