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François Lasquin (Traducteur)
EAN : 9782226122117
266 pages
Albin Michel (07/03/2001)
3.88/5   12 notes
Résumé :
Rarement un recueil de nouvelles aura été salué par tant d'éloges, évoquant les plus grands noms de la littérature : Faulkner, Hemingway, Carver. Tom Franklin appartient à cette lignée d'écrivains dont la voix singulière est imprégnée de l'atmosphère sombre et violente du Sud profond. Son Alabama natal est peuplé de chasseurs, pêcheurs, braconniers et pochards, ouvriers d'usine et agriculteurs. Englués dans des marécages pourrissants ou des rivières polluées, tous b... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
De nombreux auteurs américains démarrent leur carrière par le biais de la nouvelle, et beaucoup s'en sortent très bien, malgré la difficulté de l'exercice.
C'est le cas de Tom Franklin que bizarrement je découvre par ce biais alors que je tourne depuis quelques années autour de ses romans publiés ultérieurement, "la culasse de l'enfer" notamment. Eh bien! au vu de ces nouvelles, il est maintenant sur que je les lirai!
Car ces nouvelles sont extrêmement bien troussées, et vous plongent avec réalisme et sensibilité dans l'envers du décor du rêve américain, au fon de l'Alabama du tournant des années 80 : dans une nature défigurée, on y boit, beaucoup pour tromper son ennui ou son mal de vivre on y chasse et on y braconne, le ciel est aussi bas que les illusions.
La nouvelle qui clôt le livre et donne son titre au recueil est particulièrement réussie, avec ses trois frères asociaux et demi-bêtes dont la course rappelle l'épopée sanglante de "Méridien de sang" de Cormac McCarthy ou encore la fratrie des Stampers de "Et quelquefois j'ai comme une grande iée" de Ken Kesey.
Une belle tranche d'Amérique, la vraie!
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Si la réédition de Braconniers, recueil de dix nouvelles initialement publié en France en 2001, est l'occasion de (re)découvrir celui qui n'était alors pas encore l'auteur de la Culasse de l'Enfer, elle est aussi certainement le signe d'un certain désamour français vis-à-vis des textes courts. Car sinon, ce livre n'aurait-il pas eu droit à une édition de poche ? Celle-ci aurait été d'autant plus méritée que les nouvelles de Franklin sont particulièrement belles et méritent amplement de rencontrer un bien plus large public. Même l'avant-propos de l'auteur, à sa manière, en est une. Peut-être même l'une des meilleures du livre, d'ailleurs, tant ce qu'il y dévoile de lui, de son travail, de son lien avec les lieux dont parlent ses histoires, y est décrit avec justesse et émotion.
Braconniers, donc, ce sont dix histoires ancrées dans l'Alabama de Tom Franklin, quelque part au sud de l'État, entre forêt, bayous et océan. Les neuf premières nouvelles de ce recueil voient s'entrecroiser les destins tristement banals mais toujours marqués par quelque drame que l'on n'a pas vu venir ou d'épiques et fugaces moments de grâce, de ceux qui font que, malgré toutes ses avanies, la vie vaut d'être vécue. Ce sont neufs nouvelles qui se répondent, se font écho, où l'on retrouve les mêmes femmes et les mêmes hommes occupant chacun leur tour le devant de la scène.
Histoires de beuveries qui tournent au ridicule ou à la tragédie, histoires aussi d'un monde qui semble s'enfoncer, entrainant avec lui ceux qui vivent encore là et ne semblent plus rien attendre de lui, si ce n'est de le quitter, chacun à sa manière. L'omniprésence dans les histoires de Franklin de ce kudzu, plante parasite qui étouffe peu à peu l'ensemble de la végétation et recouvre le moindre relief, est certainement la plus saisissante métaphore de cet effacement. Une réaction à cet état de fait, est le braconnage, le refus des règles, omniprésent ici, y compris chez les représentants de la loi… on prend des chemins de traverse pour essayer de fuir, on dérobe quelques instants de satisfaction ou la possibilité de renverser l'ordre établi, ne serait-ce que temporairement, on cherche une arme pour aider un ami… Alcoolisme, frustration sexuelle et rêves de grandeurs se mêlent et se heurtent. On retiendra particulièrement le terrible engrenage de l'ouvrier de la nouvelle « Granulat », payant pour ses errements et pour avoir cru à la possibilité de s'extraire un peu de sa condition en oubliant qu'il abandonnait un maitre pour entrer sous la coupe d'un autre, la très émouvante « Chevaux bleus », la dérangeante « Ballade de Duane Juarez » et le meilleur moyen d'acquérir un rhinocéros empaillé (« Dinosaures »).
Autant d'histoires qui nous mènent jusqu'à la longue nouvelle qui clos ce recueil et lui donne son titre : une éprouvante chasse à l'homme entre forêt et marais suite au meurtre d'un garde-chasse. On discerne aussi là comme les prémices littéraires de la Culasse de l'Enfer et on retrouve une grande partie des thèmes chers à Franklin : la transmission, la fin d'un monde que l'on peut parfois regretter parce que, tout simplement on y était habitué mais qui n'était pas particulièrement plus beau que ce que le nouveau propose (ce dernier ne suscitant par ailleurs pas forcément l'enthousiasme). Tout chez Franklin est ainsi ambivalent, bien loin de tout manichéisme et, surtout, toujours d'une grande justesse. Chaque mot est pesé, aucune scène n'est innocente et le diable, toujours, se cache dans les détails. C'est ce qui fait la grande richesse de ce formidable recueil.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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S'imaginer au coin d'un feu de cheminée dans une cabane de trappeurs et écouter ces nouvelles braconnées en Alabama, loin des lieux touristiques par un conteur, capable de plonger dans ses souvenirs pour nous offrir des histoires authentiques. 
Le sud profond de cette région, un cadre parfait pour cette atmosphère sombre et violente, où l'on devient un homme après son baptême de chasse, si l'on a fait couler le sang. 




" Ce soir- là, assis sur mon flanc de colline, j'étais un homme, qui avait déjà versé le sang et ne demandait qu'à en verser encore. " 



Tel un braconnier, l'auteur vole ces fragments de vies à ces gens au plus profond de leur intimité, en passant par leurs secrets bien enfouis, leurs rêves inaboutis, inavouables, ravagés parfois par la drogue et l'alcool et subissant une pauvreté pas toujours méritée.



" La pauvreté, je vais vous dire ce que c'est. C'est quand on se fait plaquer par sa femme parce qu'on n'a pas été foutu de dégoter un boulot vu que du boulot y'en a nulle part. " 



Entre ces lignes circulent des armes à feu, de la violence, des âmes perdues, des corps blessés en mal d'amour, des chasseurs, des pêcheurs, des animaux, des glandeurs, des ivrognes, des vivants, des morts, des pacifistes et des criminels. Tous ont une histoire, leur histoire, même si elles finissent mal en général.


 " (...) redoutant - tout en l'espérant du fond du coeur. "


En digne chasseur, Tom Franklin traque et reste à l'affût du moindre détail qui enrichit sa prose et la rends admirable. Une plume puissante qui fait rêver.



" Ça serait facile d'oublier tout ce qu'on sait de la vie en contrebas, de s'imaginer qu'on est au fond de quelque abysse marin, un gouffre où des silhouettes noires se meuvent entre les colonnes, où des bancs de créatures indécises flottent comme des nuages. "


Et finir en beauté, avec cette nouvelle " braconniers " qui à elle seule est un petit diamant noir. Une histoire tragique qui a obtenu une multitude de prix aux USA, et dont on rêve qu'elle grandisse et devienne un roman. 
Des braconniers dont il faut pourtant se méfier..

.

" Ils ont besoin que d'une chose, c'est qu'on leur foute la paix. Dans la forêt, ils sont chez eux. Les gens devraient savoir qu'il faut pas venir leur chercher d'emmerdes. " 



Déjà conquise par son magnifique roman Dans la colère du fleuve, co-écrit avec sa femme, Beth Ann Fennelly, une histoire passionnante de bootleggers, j'ai été ravie de retrouver la plume talentueuse de Tom Franklin. Un auteur qui rejoint mon palmarès des grands noms de la littérature américaine, et qui me donne envie de poursuivre ma traque en terres d'Amérique à travers cette prodigieuse collection des éditions Albin Michel. 
Si ça ce n'est pas de bonnes nouvelles ! 




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Dans les nouvelles de Tom Franklin la chaleur humide des marécages d'Alabama vous colle à la peau. Dans les nouvelles de Tom Franklin on se réveille au petit matin dans son pick-up avec une gueule de bois carabinée en se demandant ce qu'on a fait la veille. Dans les nouvelles de Tom Franklin le mâle blanc, pauvre et sans emploi, vient de se faire plaquer par sa nana ou va l'être incessamment sous peu. Dans les nouvelles de Tom Franklin on se retrouve dans un bar sombre et enfumé une bière à la main pendant que la voix pleine de gravillons de Calvin Russell sort d'un jukebox. Dans les nouvelles de Tom Franklin on pointe à l'usine, on pêche à la dynamite, on tue les chatons à la carabine, on offre un flingue à l'ami suicidaire ou on part vers l'Alaska.

Cet ouvrage, réédité pour la première fois vingt ans après sa première publication, vous cueille comme un uppercut à la pointe du menton. La qualité va crescendo et les premières nouvelles, plutôt courtes, sont suivies par des histoires plus longues, plus denses, plus intenses, jusqu'au feu d'artifice final offert par le texte éponyme (près de 100 pages à lui tout seul) qui clôt les débats en apothéose. Aucune fausse note donc, pour ce recueil impressionnant de maîtrise et de puissance.

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Braconniers est un recueil de nouvelles, parus en 1999 dont les histoires se déroulent en Alabama, dans le sud des Etats-Unis où Tom Franklin a passé son enfance. C'est d'ailleurs ce qu'il nous explique dans des avant-propos très instructifs, qui nous plonge déjà dans son univers et le climat de ce que l'on va découvrir dans les pages suivantes.

Dix nouvelles dont la dernière, Braconniers, est la plus conséquente (80 pages). Trois frangins chassent illégalement dans le bayou et ne s'encombrent pas à tuer un nouveau garde chasse dans la région, celui-ci ayant le malheur de ne pas fermer les yeux comme les précédents. Une chasse à l'homme va suivre. C'est sombre désespéré à l'image des différents tableaux des autres nouvelles.

L'Amérique de Tom Franklin est celle des laissés pour compte. Ça picole sévère, ça rêve de grandeur (ou du moins une volonté de gagner suffisamment d'argent pour vivre décemment). Mais les illusions de ses personnages, souvent des marginaux, sont à la hauteur d'une réalité cruelle.

Une Amérique en déliquescence, figée que Tom Franklin nous dépeint avec une écriture travaillée qui m'a bluffée. Car avec deux, trois mots bien choisis (je résume), un sens de la fluidité et des respirations dans ses phrases, il vous plante le décor, livre une émotion qui vous cueille, et vous fout en pleine gueule le tragique et la violence en pleine face.

C'est brillant. Des nouvelles que j'aurais le plaisir de relire dans quelques années pour les redécouvrir. Braconniers rejoint, sur nos étagères, les autres très beaux recueils de la collection Terres d'Amérique de chez Albin Michel qui sont tous, dans ce que j'ai pu lire jusqu'à présent d'une qualité constante.
Lien : https://fromtheavenue.blogsp..
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