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Citations de Tristan Corbière (109)


Le crapaud

Un chant dans une nuit sans air…
– La lune plaque en métal clair
Les découpures du vert sombre.

… Un chant ; comme un écho, tout vif
Enterré, là, sous le massif…
– Ça se tait : Viens, c’est là, dans l’ombre…

– Un crapaud ! – Pourquoi cette peur,
Près de moi, ton soldat fidèle !
Vois-le, poète tondu, sans aile,
Rossignol de la boue… – Horreur !

…– Il chante. – Horreur !! – Horreur pourquoi ?
Vois-tu pas son œil de lumière…
Non : il s’en va, froid, sous sa pierre.

Bonsoir – ce crapaud-là c’est moi.
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Tristan Corbière – Ça ?


What ?...

Shakespeare

Des essais ? — Allons donc, je n’ai pas essayé !
Étude ? — Fainéant je n’ai jamais pillé.
Volume ? — Trop broché pour être relié...
De la copie ? — Hélas non, ce n’est pas payé !

Un poëme ? — Merci, mais j’ai lavé ma lyre.
Un livre ? — ... Un livre, encor, est une chose à lire !...
Des papiers ? — Non, non, Dieu merci, c’est cousu !
Album ? — Ce n’est pas blanc, et c’est trop décousu.

Bouts-rimés ? — Par quel bout ?... Et ce n’est pas joli !
Un ouvrage ? — Ce n’est poli ni repoli.
Chansons ? — Je voudrais bien, ô ma petite Muse !...
Passe-temps ? — Vous croyez, alors, que ça m’amuse ?

— Vers ?... vous avez flué des vers... — Non, c’est heurté.
— Ah, vous avez couru l’Originalité ?...
— Non... c’est une drôlesse assez drôle, — de rue —
Qui court encor, sitôt qu’elle se sent courue.

— Du chic pur ? — Eh qui me donnera des ficelles !
— Du haut vol ? Du haut mal ? — Pas de râle, ni d’ailes !
— Chose à mettre à la porte ? — ... Ou dans une maison
De tolérance. — Ou bien de correction ? — Mais non !

— Bon, ce n’est pas classique ? — À peine est-ce français !
— Amateur ? — Ai-je l’air d’un monsieur à succès ?
Est-ce vieux ? — Ça n’a pas quarante ans de service...
Est-ce jeune ? — Avec l’âge, on guérit de ce vice.

... ÇA c’est naïvement une impudente pose ;
C’est, ou ce n’est pas ça : rien ou quelque chose...
— Un chef-d’œuvre ? — Il se peut : je n’en ai jamais fait.
— Mais, est-ce du huron, du Gagne, ou du Musset ?

— C’est du... mais j’ai mis là mon humble nom d’auteur,
Et mon enfant n’a pas même un titre menteur.
C’est un coup de raccroc, juste ou faux, par hasard...
L’Art ne me connaît pas. Je ne connais pas l’Art.

Préfecture de police, 20 mai 1873.
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-Chercheur infatigable : Ici-bas où l'on rame,
il regardait ramer, du haut de sa grande âme,
Fatigué de pitié pour ceux qui ramaient bien...
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J’ai fait des ricochets sur son cœur en tempête.
Il regardait cela… Vraiment, cela l’usait ?…
Quel instrument rétif à jouer, qu’un poète !…
J’en ai joué. Vraiment -moi- cela m’amusait.
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L’œil tué n’est pas mort
Un coin le fend encor
Encloué je suis sans cercueil
On m’a planté le clou dans l’œil
L’œil cloué n’est pas mort
Et le coin entre encor.
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[Épitaphe]

Il se tua d’ardeur, ou mourut de paresse.
S’il vit, c’est par oubli ; voici ce qu’il laisse.
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La cigale et le poète

Le poète ayant chanté,
Déchanté,
Vit sa Muse, presque bue,
Rouler en bas de sa nue
De carton, sur des lambeaux
De papiers et d’oripeaux.
Il alla coller sa mine
Aux carreaux de sa voisine,
Pour lui peindre ses regrets
D’avoir fait — Oh : pas exprès ! —
Son honteux monstre de livre !…
— « Mais : vous étiez donc bien ivre ?
— Ivre de vous !… Est-ce mal ?
— Écrivain public banal !
Qui pouvait si bien le dire…
Et, si bien ne pas l’écrire !
— J’y pensais, en revenant…
On n’est pas parfait, Marcelle…
— Oh ! c’est tout comme, dit-elle,
Si vous chantiez, maintenant !
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RACCROCS

LITANIE DU SOMMEIL
« J’ai scié le sommeil ! »
(Macbeth.)


Vous qui ronflez au coin d’une épouse endormie,
Ruminant ! savez-vous ce soupir : l’INSOMNIE ?
— Avez-vous vu la Nuit, et le Sommeil ailé,
Papillon de minuit dans la nuit envolé,
Sans un coup d’aile ami, vous laissant sur le seuil,
Seul, dans le pot-au-noir au couvercle sans œil ?
— Avez-vous navigué ?... La pensée est la houle
Ressassant le galet : ma tête... votre boule.
— Vous êtes-vous laissé voyager en ballon ?
— Non ? — bien, c’est l’insomnie. — Un grand coup de talon
Là ! — Vous voyez cligner des chandelles étranges :
Une femme, une Gloire en soleil, des archanges...
Et, la nuit s’éteignant dans le jour à demi,
Vous vous réveillez coi, sans vous être endormi.

p.103
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Je voudrais être un point épousseté des masses,
Un point mort balayé dans la nuit des espaces,
...Et je ne le suis point !
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Trop Soi pour se pouvoir souffrir,
L'esprit à sec et la tête ivre,
Fini, mais ne sachant finir,
Il mourut en s'attendant vivre
Et vécut, s'attendant mourir.
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Ma pensée est un souffle aride :
C'est l'air. L'air est à moi partout,
Et ma parole est l'echo vide
Qui ne dit rien _ et c'est tout.
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Petit mort pour rire
Va vite, léger peigneur de comètes!
Les herbes au vent seront tes cheveux;
De ton œil béant jailliront les feux
Follets, prisonniers dans te pauvre tête...

Les fleurs de tombeau qu'on nomme Amourettes
Foisonneront plein ton rire terreux...
Et les myosotis, ces fleurs d'oubliettes...

Ne fais pas le lourd: cercueils de poètes
Pour les croque-morts sont de simples jeux,
Boîtes à violon qui sonnent le creux...
Ils te croiront mort - Les bourgeois sont bêtes-
Va vite, léger peigneur de comètes!
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Tristan Corbière
Rondel



Il fait noir, enfant, voleur d'étincelles !
Il n'est plus de nuits, il n'est plus de jours ;
Dors… en attendant venir toutes celles
Qui disaient : Jamais ! Qui disaient : Toujours !

Entends-tu leurs pas ?… Ils ne sont pas lourds :
Oh ! les pieds légers ! — l'Amour a des ailes…
Il fait noir, enfant, voleur d'étincelles !

Entends-tu leurs voix ? … Les caveaux sont sourds.
Dors : Il pèse peu, ton faix d'immortelles ;
Ils ne viendront pas, tes amis les ours,
Jeter leur pavé sur les demoiselles…
Il fait noir, enfant, voleur d'étincelles !

                    Rondels pour après
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"Sans avoir été, — revenu ;
Se retrouvant partout perdu."
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FLEUR D’ART


Oui — Quel art jaloux dans Ta fine histoire !
Quels bibelots chers ! — Un bout de sonnet,
Un cœur gravé dans ta manière noire,
Des traits de canif à coups de stylet. —

Tout fier mon cœur porte à la boutonnière
Que tu lui taillas, un petit bouquet
D’immortelle rouge — Encor ta manière —
C’est du sang en fleur. Souvenir coquet.

Allons, pas de pleurs à notre mémoire !
— C’est la mâle-mort de l’amour ici —
Foin du myosotis, vieux sachet d’armoire !

Double femme, va !... Qu’un âne te braie !
Si tu n’étais fausse, eh serais-tu vraie ?...
L’amour est un duel : — Bien touché ! Merci.

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Mes yeux, deux bénitiers ardents
Le diable a mis ses doigts dedans
Pardon de crier fort
Seigneur contre le sort.
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Trop-plein de l’existence, et Torchon neuf qu’on passe
Au CAFE DE LA VIE, à chaque assiette grasse !
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Guitare

Je sais rouler une amourette
En cigarette,
Je sais rouler l’or et les plats !
Et les filles dans de beaux draps !

Ne crains pas de longueurs fidèles :
Pour mules mes pieds ont des ailes ;
Voleur de nuit, hibou d’amour,
M’envole au jour.

Connais-tu Psyché? - Non ? - Mercure ?…
Cendrillon et son aventure ?
- Non ? -… Eh bien ! tout cela, c’est moi :
Nul ne me voit.

Et je te laisserais bien fraîche
Comme un petit Jésus en crèche,
Avant le rayon indiscret…
- Je suis si laid ! -

Je sais flamber en cigarette,
Une amourette,
Chiffonner et flamber les draps,
Mettre les filles dans les plats !
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Bohême de chic

Papa, — pou, mais honnête, —
M’a laissé quelques sous,
Dont j’ai fait quelque dette,
Pour me payer des poux !


Son habit, mis en perce,
M’a fait de beaux haillons
Que le soleil traverse ;
Mes trous sont des rayons

Dans mon chapeau, la lune
Brille à travers les trous,
Bête et vierge comme une
Pièce de cent sous !
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Matelots (Gens de mer)

Tel qu’une vieille coque, au sec et dégréée,
Où vient encor parfois clapoter la marée :
Âme-de-mer en peine est le vieux matelot
Attendant, échoué… — quoi : la mort ?
— Non, le flot.
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