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Critiques de Victor del Arbol (602)
Toutes les vagues de l'océan

Quelle magnifique livre ! Fascinant, dense, écrit avec justesse dans une langue sauvage et brute. Le genre policier n'étant que le prétexte pour nous narrer l'histoire de plusieurs familles ennemies, différentes et tellement semblables à la fois. Il est question de la guerre d'Espagne, des camps en URSS, de vengeances et de quêtes, de la noirceur de l'âme humaine. Un livre magistral qui hériterait d'une sixième étoile si je pouvais le faire. Mon coup de coeur 2015.
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Toutes les vagues de l'océan

MAGISTRAL ! Un roman noir, certes. Mais aussi et surtout un magnifique roman historique, sur près de 70 ans qui démarre en 1933 et nous amène jusqu’à nos jours, une fresque dont le point de départ est l’idéalisme des jeunes européens communistes partis à Moscou avec une bourse d’étude pour aider la Russie à se développer et qui ont découvert un pays qui n’avait pas grand-chose avec ce qu’ils s’attendaient à trouver.. Une histoire à deux voix, celle du passé et celle du présent qui rappelle la construction du roman « la tristesse du samouraï ». Et une fois encore, les actes du passé génèrent haine et vengeance qui impliquent des acteurs qui ne savent pas quels sont les fondements sur lesquels ils ont bâti leur vie. Les secrets des anciens pèsent lourd.. très lourd.. et même si ils sont morts ou si les survivants ont scellé à jamais leurs souvenirs et leurs blessures au fond de l’oubli ou de leur mémoire, les actes ne s’effacent jamais et leurs conséquences finissent toujours par remonter à la surface… Le passé, ici, c’est la figure du père, Elias. Le présent, c’est Gonzalo. Et autour des personnages qui sont rattachés, soit à l’un soit à l’autre, et de fait aux deux par les fils qui se tissent entre les histoires du passé et du présent. Pour le reste, c’est un voyage entre deux époques et plusieurs générations des mêmes familles, dont les vies se croisent et s’imbriquent. Une fois encore l’importance des racines, de l’endroit d’où l’on vient, du passé est un thème primordial pour l’auteur. Il faut regarder en arrière, chercher pourquoi et comment on en est arrivé là. Retrouver les racines des haines et des rancœurs qui lient les êtres, pénétrer au cœur de la souffrance et de la douleur, aller au-delà des apparences, faire fi des actes pour pénétrer au plus profond des motivations cachées et des blessures enfouies. Casser la gangue pour arriver au noyau. Un livre qui nous montre qu’il ne faut pas se fier aux apparences, qui nous montre à quel point il est facile de se faire manipuler, et combien patience et ténacité sont importantes pour remonter le cours du temps et tenter d’entrevoir la vérité. Et aussi l’importance d’être acteur et non spectateur de sa propre vie. Un vrai héro ne subit pas ; il agit, prend des décisions, au risque de se tromper. Un exemple parfait de ce type de personne est un personnage fascinant dans le livre, Igor Stern, parti de rien et qui devient un des rouages les plus importants du pouvoir soviétique, à la tête d’un empire fondé sur la peur et la haine. C’est aussi un roman de société ; sur l’évolution des personnages et la progression de la société. Un roman sur les utopies et la lutte, la lutte pour survivre, sur les convictions. C’est aussi une peinture des années « paraitre », le fossé entre les gens qui ont de l’argent et du pouvoir et ceux qui privilégies les vraies valeurs et la culture. Et une fois encore l’auteur nous présente ses personnages de telle manière qu’on a l’impression de faire leur connaissance ; il les rend vivants avec un soin du détail qui permet de les recentrer dans un contexte ; l’auteur met un tel soin à décrire l’environnement affectif des personnages qu’on jure qu’ils sont réels et non inventés. Nous sommes dans du concret et pas dans de la reconstitution. On pourrait croire qu’il y était ; qu’il décrit des situations qu’il a vécues et de ce fait qu’on y est aussi. Que ce soit les deux personnages « clés » ou les autres (morts ou vivants) ils ont tous une vie propre, un caractère, qui les rend attachants ou détestables – (même si ils sont détestables il leur reste toujours une petite étincelle d’humanité salvatrice qui fait que leur vie nous intéresse.) J’ai beaucoup aimé que Catherine change son prénom pour prendre celui d’Esperanza le jour où elle quitte la Russie pour commencer une nouvelle vie. (le choix du prénom de Catherine comme héroïne du roman ne peut pas me laisser indifférente   et de plus -petite note personnelle – il semble que l’héroïne du premier roman de l’auteur se prénomme Gilda, comme ma Maman) J’ajoute que j’aime aussi le style de l’auteur. C’est un roman historique extrêmement bien documenté, un roman noir, mais mâtiné de poésie. (le poète Maïakovski entre autres) Dans une interview, l’auteur a dit que la phrase qu’il préfère est la suivante : “Il m’a dit qu’on ne peut pas aimer une personne qu’on ne connait pas, que le véritable amour dépend de la vérité, et que le silence ne sert qu’à tromper».
Lien : http://www.cathjack.ch/wordp..
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Toutes les vagues de l'océan

Très bonne découverte de cet auteur ! Grande amatrice, et par conséquent lectrice, de thriller, j'ai trouvé que celui -ci renouvelait bien le genre. Moins centré sur les maladies psychologiques des criminels que les romans noirs nordiques ou sur les enquêtes policières que les romans américains, l'ouvrage tire son suspense de l'Histoire elle - même. Nous suivons ainsi les dérives du communisme en Espagne et en URSS et l'influence de ces dérives sur les personnages. Les aller - retour entre le passé et le présent peuvent parfois rendre la lecture difficile, mais confèrent une réelle richesse à l'ouvrage. Je suis en accord avec un des critiques déjà parues, selon laquelle les caractères des personnages du passé sont mieux développés que ceux des personnages du présent. En filigrane, une réflexion sur le poids de la culpabilité et le sens de l'honneur. Le livre dépeint quelques passages très difficiles (cannibalisme, viol d'enfant), mais ne tombe jamais dans le gore. A recommander aux amateurs du genre.
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Toutes les vagues de l'océan

Bon avec celui ci cela fera 3 thrillers de cet auteur que je dévore avec un plaisir toujours renouvelé ! à découvrir pour les heureux chanceux qui ne le connaissent pas !
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Toutes les vagues de l'océan

Que dire de ce livre? Il met relativement mal à l’aise. J’ai failli plusieurs fois le mettre de côté non pas que je n’aimais pas, bien au contraire, mais parce qu’il aborde des sujets corsés comme la vengeance, la mort etc d’une facon agressive, ...et ça prend les tripes. À la fin du roman, je suis restée longtemps à regarder la page de couverture en me posant des questions sur l’humanité. Et moi, si javais été à la place des personnages, qu’aurais je fait?

En définitive, il en ressort une vision bien noire du monde. Si on est déprimé, il vaut mieux éviter de le lire. Sinon, À LIRE ABSOLUMENT.
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Toutes les vagues de l'océan

Un millón de gotas; le titre espagnol me semble mieux correspondre au poème russe auquel il fait référence mais vu que je ne parle pas le russe... bref, c'est un roman que j'ai à la fois adoré et détesté.

J'ai détesté parce que, quoi qu'on en dise, c'est un polar et je déteste les polars, ces histoires abracadantesques et alambiquées où chacun est "le fils caché" de l'autre et cherche à se venger des blessures du passé. Bon ben là c'est ça. Les 2 ennemis jurés, Igor et Elias, ne cessent de se retrouver (Tataannn !) durant 60 ans et de se blesser par personnages interposés. C'est chiant et absolument pas crédible. De plus, les histoires de mafias ne m'intéressent absolument pas, sauf quand elles sont filmées par Coppola. J'ai mis un mois à lire les 200 premiers pages, baillant d'ennui aux chapitres intitulés "Barcelone 2002".

Pourtant, je suis allée au bout parce que je me suis laissée happer par les chapitres russes. Alors, même si le roman ne commence pas par ça, l'histoire commence véritablement quand 4 jeunes communistes européens (deux Britanniques, un Français et un Espagnol) débarquent à Moscou, en 1933, pour un stage professionnel, une sorte d'Erasmus avant l'heure. Ils ont 20 ans; ils sont pleins de fougue et vont participer de leurs mains à l'édification du socialisme radieux. Évidemment, sous Staline, ça tourne vite au cauchemar et nos joyeux drilles se retrouvent accusés de sabotage et déportés à Nazino. Le récit de cette déportation est tellement atroce que j'ai cru que c'était une invention de l'auteur. Mais en fait non, c'est vrai ! Ensuite, je ne spoile pas mais il faut comprendre que tout part de là et notamment de la rencontre entre Igor et Elias dans un train de déportés.

Ce roman nous emmène ensuite au cœur du goulag, de la guerre civile espagnole, de la retirada, de la seconde guerre mondiale, de la Guerre froide, jusqu'à l'affairisme mafieux des années 80 quand l'Espagne est entrée dans la CEE et que l'argent a coulé à flots. Ça, j'ai adoré, notamment parce qu'on est loin du mythe romantique des héros-martyrs de la République espagnole. De plus, la construction du roman est parfaite: un puzzle dont les pièces s'agencent lentement et dont on ne distingue le motif qu'à la fin.

Encore une dernière critique: si vous êtes plutôt thé anglais, porcelaine à fleurs, cottage et chien-chien, passez votre chemin; Toutes les vagues de l'océan c'est meurtres, tortures, déportations, famine, cannibalisme, viols et trahisons. Quelques pages de joie auraient été bienvenues pour respirer un peu.
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Toutes les vagues de l'océan

Pour son troisième livre Victor del Arbol a tapé dans le milles avec moi , ce roman et captivant, surprenant , super bien écrit !







Il parle de la guerre , des camps et tout y ai expliqué .





Mon grand-père espagnol à moi m'avait déjà parlé de la guerre d'Espagne avec Franco et son franquisme qui s'appuie sur une idéologie conservatrice et nationale catholique alors qu'en fait son nom et tiré du non général Franco et repose plutôt sur la personnalité d'un dictateur qui a une idéologie bien définie , comme Staline dans le livre .





Tout ça pour dire que ce roman m'a rappelé tout ce que mon grand-père m'avait raconté et fui l'Espagne pour éviter la guerre qui fessait des ravages et se livre du coup, je l'ai dévoré page par page .







J'ai eu le coeur accroché quand on a parlé des camps sibériens ça ma fait mal de me dire que l'homme et capable de faire des endroits pour le peuple parce qu'il ne partage pas le même point de vue qu'eux alors on prône la censure et on les enferme , du coup même s'il arrive à sortir de là, ils ont vécu quelque chose qui va les traumatiser et leur vie et détruite à jamais .







" Je peux dire que se livre m'a interpellé , ah ! mon grand-père qui repose en paix était encore parmi nous j'aurais aimé lui dire ce que j'ai lu et je sais que l'on en aurait reparlé pendant des heures ."







Avec le régime de Staline qui fait froid dans le dos . On y lit une histoire qui rend le lecteur accro de vouloir savoir ce qui va se passer à la fin du roman .





Je le recommande, c'est un bon pavé de 500 pages et en plus ou ne s'ennuie pas du tout , mais pour ma part, je l'ai savouré d'une traite, c'est un sacré polar noir .





"Victor del Arbol,tù livro es una bomba entre las manos de los lectores " .



Bonne lecture ^^.
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Toutes les vagues de l'océan

Arbol Victor del (1968-) – "Toutes les vagues de l'océan" – Actes Sud / Babel-noir, 2015 (ISBN 978-2-330-07281-0)

– traduit de l'espagnol par Claude Bleton, titre original "Un millon de gotas" publié en 2014 – 684 p.



Cet auteur espagnol – certes historien de formation – nous donne ici un grand roman ... russe : une vaste fresque historique, peinte à grands traits par le biais de destins individuels, plongeant dans les horreurs du communisme stalinien triomphant dans ce qui fut l'URSS, tout autant que dans la guerre civile espagnole, par le biais du couple formé du communiste "Elias Gil Vila, né à Mieres, de Martin et Rocio, le 12 mai 1912" (p.474) et de son épouse ramenée de Russie, Katerina Esperanza Orlovska (p. 380).



Mais l'auteur ajoute un tour de force littéraire : le récit est centré sur les descendants de ce père mythifié, lesquels entreprennent en 2002 d'éclaircir le passé : la survivante Esperanza ne leur est pas d'un grand secours, sa fille Laura se suicide, Gonzalo semble démuni, mais Tania et sa mère entrent en scène : elles aussi connaissent une part de la vérité...



Le souffle épique fait penser aux grands classiques du roman russe, que ce soit "Guerre et paix", le "Docteur Jivago" ou plus encore "le Don paisible", tandis que le côté plus que sombre de la plupart des personnages renvoie à Dostoïevski.



Autre tour de force : l'auteur tisse les deux intrigues (le destin des parents dans les années 1930-1960, celui de leurs enfants au début des années 2000) étroitement l'une dans l'autre, ce qui confère à ce roman un souffle aiguillonnant la lecture : une fois commencé, on ne le lâche plus jusqu'à la fin, soit tout de même six-cent quatre vingt pages plus loin.

Chapeau bas !

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Toutes les vagues de l'océan

Victor del Arbol bâtit des romans comme un architecte, toujours selon le même modèle, et de façon virtuose : par des va-et-vient entre passé et présent, il nous plonge dans les épisodes les plus noirs de l'histoire, ici, la terreur stalinienne des années 30, avec des personnages victimes, d'autres bourreaux, et leurs descendants, qui ne découvrent leur point commun qu'au fil de l'enquête et de l'horreur, cette fois-ci dans une Espagne contemporaine gangrénée par la corruption. Le style est fluide, il nous donne à lire des mots qui deviennent images, et qui restent. L'horreur bien sûr est partout présente, mais aussi la grandeur des hommes, parfois, face au tragique de l'existence.
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Toutes les vagues de l'océan



Une écriture d'une rare beauté qui nous donne des moments de clarté qui nous donne l'impression d'avoir tout compris. La guerre civile espagnole le jeu des puissants le goulag des faits pas si vieux devant l'histoire mais vite oubliés et je me permet de faire un parallèle avec ce qui se passe en Syrie présentement seul les lieux et les noms ont changés mais la donne est la même. Un bouquin que j'ai adoré lire et que je regrette de l'avoir lu.

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Toutes les vagues de l'océan

Ma critique sera succincte, étant donné les nombreuses critiques déjà très élogieuses, mais méritées. J'avoue avoir été moins sensible au style qu'au fond, cette histoire qui s'étire du début des années 30 (XXème siècle!) jusqu'au début du XXIème siècle, qui nous emmène dans la folie de l'URSS de l'avant-guerre, lors des déportations massives des "ennemis du peuple" jusqu'en Sibérie, au-delà même de ce qu'imaginaient les exécutants de ces ordres improbables. C'est là qu'Elias Gil naît une seconde fois, dans cet enfer où pour survivre, l'homme devient un loup pour l'homme...Et de ces mois d'horreur s'ensuit une vie de vengeance et de recherche de ce qu'il a été.

J'avoue avoir attendu avec impatience les pages qui replongeaient dans la genèse de l'histoire familiale, les mieux écrites selon moi. Le présent est moins bien traité, les personnages perdent de cette épaisseur qui est pourtant donnée à Elias, ou Martin, Mickael, Claude et Igor....

Un détail qui m'a étonnée : les chapitres font quasiment tous le même nombre de pages...J'avoue là encore ne pas forcément apprécier cette écriture "mécanique" alors que l'auteur aurait pu jouer sur le passé et le présent en ne donnant pas la même épaisseur" à ses excursions dans les temps différents......

Mais une lecture intéressante à n'en pas douter!
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Toutes les vagues de l'océan

Profitant de la trêve des confiseurs, je me suis attaquée à pavé de 600 pages qui m'avait été offert et que j'avais relégué en bas d'une pile depuis 2 ans, trop gros, trop lourd (et de lourdeur il sera question).

Et puis j’ai peu d'affinités avec l'écritures hispanique, ou sud américaine: trop ampoulée, trop imagée, trop.

C'est quoiqu'il en soit encouragée par les éloges faits à ce roman historique ambitieux que je me suis lancée dans cette lecture qui me laisse au final un peu perplexe.



Un roman qui patauge dans l'histoire

Toutes les vagues de l'océan a l'ambition de dérouler l'Histoire sur une vaste période du XXème siècle.



Ce XXème siècle qui fut un foisonnement d'utopies dont la plupart a péri dans le sang et les larmes.



Et c'est précisément ce qui intéresse Victor Del Arbol: le passage de l'utopie à la dévastation.



Pour l'illustrer il inscrit ses personnages dans l'histoire du communisme, dont les espagnols ont déjà tiré de grandes figures romanesques.



L'idée est belle et bonne, mais son traitement laisse un peu frustré en raison des approximations historiques de l'auteur, dont on nous dit qu'il serait historien de formation, et qui, pour ne citer que cet exemple, situe la drôle de guerre après la capitulation française de juin 1940, ce qui entâche légèrement la crédibilité des propos avancés...



Cette frustration résulte aussi du fait que chaque événement abordé n'est que survolé. La quatrième de couverture invoquait la terrible Nazino, l’île des cannibales, dont on ne saura finalement que peu de choses, si ce n'est qu'elle a été le théâtre d'une barbarie difficilement nommable. On aurait également aimé en apprendre plus sur les camps de réfugiés d'Argelès...



Le roman a quoiqu'il en soit le (grand) mérite d'évoquer ces événement et de donner l'envie d'en savoir plus au lecteur.



Des personnages à l'amer noir

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Victor Del Arbol n'est pas un optimiste! Si vous cherchez de la lumière dans les personnages, passez votre chemin, ils sont tous noirs, mauvais ou au mieux médiocres, parfois à deux doigts de la caricature.



Le véritable propos du roman c'est de démystifier l’héroïsme, de ramener notre faible humanité au centre de toute histoire.



Il n'est pas de héros sans zone d'ombre, parce qu'au final, chaque homme poursuit le même but: survivre (thèse développée avec une limpide splendeur par Henri Laborit dans son Éloge de la fuite, mais c'est une toute autre histoire...).



Le protagoniste, Elias, est la figure paternelle du héros, idéaliste à la recherche d'un avenir meilleur. Boursier de Staline il rejoint l'URSS pour s'y former comme ingénieur et se heurte d'emblée au délire paranoïaque du régime bolchevique: la calomnie, les aveux sous la torture, la déportation, dont Elias reviendra, au prix de son intégrité.



C'est peu ou proue ce que certains auteurs comme Primo Levi, en peu de mots, ont déjà évoqué: les meilleurs d'entre nous sont morts, les autres ont survécu... Survivre n'est pas un mérite, mais un instinct, une lutte.



La thèse une fois de plus est très intéressante, mais assénée à coups de burin sur 600 pages, elle finit par peser et, paradoxalement, devenir presque moralisatrice.



Avec Elias, Del Arbol a réussi a créer un personnage des plus ambigus, synthétisant parfaitement sa thèse: à la fois victime et bourreau d'un même système à broyer les individus, capable de l'intransigeance aveugle que seule permet la certitude d'avoir raison, et en même temps de trahir sa cause pour tuer ses propres démons...



Et c'est alors que tout est parfaitement en place, que l'auteur se fourvoie en faisant d'Elias, jusque là humain faillible, un monstre abject et répugnant,



immonde alcoolique pathétique violeur de sa propre fille.



En jouant la surenchère, l'auteur brise ce qui faisait la justesse de son analyse: l'humanité. Tous ses actes sont désormais compréhensibles et "acceptables", car c'était un monstre, ce n'était pas vous, ce n'était pas moi.



Retour au manichéisme, 500 pages pour en arriver là, quel dommage.



L'intrigue principale n'a quant à elle rien de très original: un vaste complot où tout est joué d'avance, tenu par une organisation mafieuse russe, avec à sa tête un individu lambda...



Reconnaissons néanmoins que l'affaire est bien menée et que Del Arbol sait tenir son lecteur pour ménager le suspens.



Trop d'encre sous les ponts

Un peu comme cette critique, Toutes les vagues de l'océan est long, très long... C'est pas tellement qu'on s'ennuie au demeurant, le roman est, côté suspens, plutôt bien construit, mais tant de pages ne sont que la redite des précédentes ...



Pour le coup, c'est comme les rouleaux sur la plage, quand on a l'impression d'en sortir on est ravalé vers le fond...



Le style est épuisant à force d'insistance, comme si l'auteur avait besoin de s'assurer que le lecteur a bien compris tel ou tel point, et la manœuvre est parfois très, très grossière, comme celle consistant à ouvrir une parenthèse après une affirmation pour rappeler qu'elle fait référence à un événement précédemment évoqué...



Exemple (divulgâcheur)



"Étrangement, la révélation de Gonzalo (il savait qu'elle avait eu une aventure et que Javier n'était pas son fils) ne lui avait fait honte que sur le moment."



POUAH! ON VIENT DE LIRE LIRE 3 PAGES PLUS HAUT!



Le texte est en outre parsemé ça et là de tournures de phrases approximatives, parfois assez pénibles, dont je ne parviens pas à déterminer si elles proviennent du style de l'auteur ou de la traduction, tant parfois elles virent au ridicule.



La traduction française du titre laisse d'ailleurs perplexe, l'original étant Un million de gotas, titre qui pour le coup faire référence directe et explicite à un poème qui sera au cœur de tout le roman.



L'auteur s'égare par ailleurs en ajoutant sans cesse de nouveaux sujets de détresse à ses personnages: la pédophilie, le trafic d'êtres humains, les violences conjugales, la corruption, les enfants guerriers africains, le viol... alourdissant son récit de manière parfaitement inutile.



Au final, Toutes les vagues de l'océan est un roman tout à fait honorable, et quoiqu'il en soit toujours au dessus de la masse, mais qui pêche de cette ambition démesurée qui, incontrôlée, devient prétention, laquelle est parfaitement illustrée par l'imbécile épilogue qui vient gâcher ce qui aurait pourtant été une fin à couper le souffle.



A toutes fins, si le sujet vous intéresse vraiment, allez lire L'homme qui aimait les chiens de Leonardo PADURA, auteur cubain qui lui, a réussi une PURE MERVEILLE de littérature et de suspens en traçant les destins parallèles de Trotski et de son assassin, l'espagnol Ramon Mercader, couvran ainsi la même période que Del Arbol, mais de manière on ne peut plus flamboyante.



RESUME

2002, Gonzalo Gil apprend le suicide de sa sœur Laura, quelques mois après que son fils a été assassiné, avec laquelle il n'avait plus de contact depuis que cette dernière s'était rebellée contre le mythe paternel : Elias Gil, héros de la résistance communiste, dans une Espagne déchirée une bonne partie du XXéme siècle.



Un peu malgré lui, Gonzalo, en se penchant sur les incohérences dans la mort de sa sœur, va rouvrir les portes d'un sombre passé familial qu'il avait oublié et qui le mènera sur les traces de son père depuis son départ pour l'URSS en 1933 jusqu'à son retour définitif en Espagne, bien des années plus tard.



Comme une renaissance, Gonzalo va s'extirper de la médiocrité de son existence et découvrir un monde de douleurs, de rancœurs et de manipulations dirigé d'une main de fer par une énigmatique organisation mafieuse russe délicieusement appelée la Matriochka...



Traduction: Claude BLETON
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Toutes les vagues de l'océan

Ce roman est un véritable coup de maître. L'histoire est remarquablement bien menée et l'auteur mène parfaitement en parallèle le passé des personnages et leur ancrage dans le présent . Les personnages, tous torturés par le poids des actes passés, sont particulièrement bien travaillés. Les émotions que les personnages créent chez le lecteur évoluent au fur et à mesure du roman. Un final en apothéose parachève ce roman à lire absolument.
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Toutes les vagues de l'océan

J’ai commencé « Toutes les vagues de l’océan » en pensant me plonger dans la lecture d’un polar classique. Certes il y a tous les composants : trafics, mafia russe, blanchiment d’argent, quelques cadavres mais c’est aussi un roman politico-historique.



Victor Del Arbol, nous fait réviser une partie de l’histoire européenne qui va de la guerre d’Espagne jusqu’à l’installation du régime totalitaire de Staline et les travers du communisme en passant par la seconde guerre mondiale.



Nous suivons Elias Gil, jeune étudiant espagnol convaincu par l’idéal socialiste, qui va déchanter petit à petit quand le communisme passera de l’idéal à l’enfer. Il va devoir survire à la déportation, au goulag et rapidement s’adapter devant un avenir qu’il ne maitrise pas. Il va devoir faire des compromissions pour sauver sa vie ou assouvir une vengeance.



Le roman est plus centré sur les nombreux personnages complexes que sur l’enquête. Elle est juste le fil conducteur d’une sombre histoire de famille avec ses non-dits et ses trahisons.

« Toutes les vagues de l’océan » est un très bon roman sur les travers et parts d’ombre de l’humain à la suite d’une tragédie.
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Toutes les vagues de l'océan

Beaucoup plus qu'un roman policier. Une riche fresque historique retraçant les atrocités staliniennes, franquistes, la cécité des communistes espagnols, habilement imbriquée dans une trame policière contemporaine. Un grand roman que je n'ai pas lâché (en dépit de son poids). Quel talent, Monsieur del Arbol !
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Toutes les vagues de l'océan

Ancien policier, historien de formation, Víctor Del Arbol (né en 1968) reste fidèle à l'école du roman noir, tendu et mu­sical.
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
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Toutes les vagues de l'océan

On s'attend à un thriller mais non, c'est autre chose. Ce livre est sombre. Elias, Anna, Esperanza... traversent les conflits, les dictatures. Aucun d'entres eux n'est lisse. Leurs passions, leurs illusions, leurs travers, leurs espoirs s'entrechoquent. A quel prix?



Il y a parfois quelques longueurs mais on est happé par le destin tragique des personnages
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Toutes les vagues de l'océan

Vous recherchez un roman policier plein d’actions et de rebondissements dans l’enquête : passez votre chemin.



Ici, Toutes les vagues de l’océan est avant tout une aventure histoire, une saga de personnages, de familles, tout au long du XXème siècle. Et ce n’est qu’en parcourant leur histoire que l’on découvre, au final, l’origine, les racines, des crimes perpétrés et racontés au début de ce gros livre.



Même si comme moi vous n’êtes pas particulièrement attiré par l’histoire et la politique de l’Europe du XXème siècle, Victor Del Arbol a un talent de conteur pour nous la faire découvrir de manière plaisante. Il se sert des aventures d’Elias Gil pour nous amener dans l’URSS stalinienne, de la déportation massive vers l’enfer des goulags, puis de la guerre civile espagnole, la fuite vers la France (l’histoire se répète malheureusement en 201 avec d’autres réfugiés) le tout sur fond d’engagement envers le communisme et d’espionnage.



L’écriture est impeccable (et la traduction aussi de fait), elle nécessiterait peut être un peu plus de fluidité, mais rares sont les livres qui me demandent de compulser un dictionnaire à plusieurs reprises. Merci Mr Arbol pour cette écriture précise digne des grands romanciers de la fin du XIXème siècle, sans la lourdeur des descriptions alambiquées et sans fin.



Un roman qui mérite qu’on lui consacre du temps pour être lu à sa juste valeur.


Lien : https://quoilire.wordpress.c..
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Toutes les vagues de l'océan

proche de la perfection.....bon ,j exagère peu être un peu ;mais très peu
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Toutes les vagues de l'océan

Il y a des polars qui sont bons et d’autres qui sont carrément du bonbon. Celui-ci, qu’on a dévoré et savouré de la première à la dernière page, appartient à la seconde catégorie.
Lien : http://www.journaldequebec.c..
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