AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Victor del Arbol (600)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Toutes les vagues de l'océan

Attention, critique superlative en vue ! Vous les sceptiques, les cyniques, ceux qui se méfient comme de la peste de l’ultra positivisme littéraire, de la critique au concentré de guimauve, passez votre chemin. Car je vais entamer le marathon du hyper/super/mega/giga et des superlatifs à gogo. Commençons : j’ai ADORE, j’ai surkiffé, j’ai surmegagigaaimé, Toutes les vagues de l’océan du catalan Victor del Arbol. La sentence est tombée, le couperet ne laisse plus de place au doute. Quelle claque ! Je suis restée en apnée, me trimballant ce lourd pavé de plus de 600 pages dans les transports en commun, entre deux RER, sur le quai, me calant bon gré mal gré parmi la foule que j’ai apparemment gêné avec l’objet de mon affection romanesque (soyez indulgents d’habitude je carbure au livre de poche).

Toutes les vagues de l’océan concentre tous les thèmes chers à Victor Del Arbol : quête du passé familial et poids des secrets, vengeance par-delà les décennies, fatalité (les fautes du passé se répercutant forcément sur le présent), spleen et désillusion, période sombre de l’histoire espagnole et faux-semblants. Tous ces thèmes s’imbriquent au fur et à mesure pour nous livrer une délectable sarabande qui va crescendo, jusqu’au dénouement forcément surprenant et qui vous laisse abasourdis (c’est toujours le cas avec les romans de Del Arbol).



Gonzalo Gil est un avocat quadragénaire plutôt mou (si ce n’est médiocre), englué dans un mariage morne avec une épouse à la fortune familiale indéniable. Acculé à s’associer à son beau-père, brillant avocat barcelonais qui le presse d’accepter en ne l’épargnant pas d’un mépris de classe, il tente tant bien que mal de mener sa barque. Jusqu’au coup de fil qui va tout changer : sa sœur ainée (avec qui il n’a quasiment plus de contact), effondrée d’avoir perdu son fils de 10 ans, Roberto, assassiné par un mafieux russe (sur qui elle enquêtait), s’est suicidée. Tout n’est pas clair dans cette histoire et Gonzalo Gil ne tarde pas à le découvrir à ses dépens. Trafic d’êtres humains, esclavage sexuel des enfants, pots de vins, magouilles immobilières, notre avocat se trouve vite empêtré dans les fils de la Matriochka, sorte d’organisation mafieuse aussi sombre qu’insaisissable. Parallèlement, nous suivons les jeunes années d’Elias Gil, le père de Gonzalo, jeune ingénieur idéaliste et communiste, parti visiter l'accueillante URSS stalinienne ; nous sommes en 1933. Convaincu d’avoir atteint en ce sol communiste la quintessence de l’idéal de partage, de fraternité et d’égalité, il perd très rapidement ses illusions en étant envoyé sans aucune forme de procès (et sur simple accusation de trahison) dans l’antre de l’enfer, aux confins des marges de la Russie civilisée. Il y rencontrera l’amour dans les bras de la belle Irina, mais aussi ce que l’être humain peut avoir de plus haineux en la personne d’Igor Stern, l’indicible aussi. Il en ressortira vivant mais ne sera plus jamais le même : quand on rencontre l’horreur, en sort-on soi-même épargné ? Ne devient-on pas finalement, poussé à des choix extrêmes, ce qu’on a toujours refusé d’incarner ? Ce lourd passé familial, qui sème sur sa route tant de drames, emportera avec lui toute une famille mais aussi des gens innocents, des camps staliniens au camp de réfugiés espagnols d’Argelès sur Mer, de la Barcelone républicaine à l’Espagne franquiste, et jusqu’à aujourd’hui.

Je pourrais écrire des pages entières tant j’ai aimé ce roman. Mais je préfère vous en laisser découvrir toutes les subtilités et vous laisser happer par la force des sentiments en jeu et cette imbrication de destins. Vous serez embarqués sur le grand huit de l’histoire, malmenés par des révélations successives qui vous feront douter. Vous serez émus et choqués tout à la fois, estomaqués par le talent de Victor Del Arbol qui nous livre un récit sombre et sans concession. Peu d’espoir dans ce roman mais tant de passion ! KO j’ai été, et KO je suis encore à l’heure où je rédige cette critique. Indéniablement mon énorme/mega/giga coup de cœur 2015 !
Lien : http://livreetcompagnie.over..
Commenter  J’apprécie          7013
Toutes les vagues de l'océan

Bien plus qu'un polar, une fresque immense et formidable (au sens premier du terme) de l'Espagne des années sombres. Des contrastes politiques inhumains, d'improbables profondeurs et autant de parcours d"hommes, la lecture de ce (long) roman devrait être obligatoire ! ;-)

Et puis ce titre...
Commenter  J’apprécie          30
Toutes les vagues de l'océan

Ce livre a reçu le grand prix de la littérature policière en 2015, le prix du polar SNCF en 2018 et a été nommé meilleur polar de l'année 2015 par la revue Lire.

Malgré ces distinctions je considère personnellement que le genre polar est plutôt secondaire. Cet ouvrage est avant tout une grande fresque familiale et historique.

Fresque familiale des Gil : Elias, le père, Laura sa fille et Gonzalo le fils,

Historique : sont abordés la déportation au camp de Nazino en Russie, le nazisme, la guerre d'Espagne, les réfugiés espagnols à Argelès, la deuxième guerre mondiale sur le front russe, la Russie de Staline.



Au début du roman nous sommes en 2002. Gonzalo Gil est un homme d'une quarantaine d'année, Il est avocat sans grand succès. Il est marié avec Lola, la fille d'un riche avocat franquiste. Ils ont deux enfants.Tous les dimanche il visite Esperanza, sa mère, dans un établissement pour personnes âgées. Ils se rendent tous les deux sur la tombe vide d'Elias (le corps n'a pas été retrouvé). Gonzalo avait cinq ans lors de sa disparition. Il a été élevé par sa mère dans le culte du héros.



Gonzalo apprend le décès par suicide de sa sœur Laura. Il n'avait plus de contact avec elle depuis plusieurs années, suite à un conflit entre elle et leur mère. Laura avait écrit un article sur son père cassant l'image du héros. Le décès de sa sœur va le conduire à enquêter sur son père.



De nombreux chapitres de cet ouvrage nous racontent l'histoire dramatique, tumultueuse et politique d'Hélias de son arrivée à Moscou en 1933 à sa disparition en 1967, nous parlent de ses rencontres, heureuse avec Irina et sa fille Anna lors de leurs déportation, brutale avec Igor Stern, homme violent et cruel, son ennemi pendant plus de 30 ans. Ils parlent également de l'enfance de Gonzalo et de sa grande sœur Laura auprès d'un père fatigué et malade psychologiquement.



Dans cet ouvrage on croise d'autres personnages et leurs histoires. Mais il est difficile de résumer 681 pages en quelques lignes.



J'ai beaucoup apprécié la lecture de cet ouvrage qui nous plonge dans une grande partie de l'histoire du vingtième siècle . Son contenu est noir et violent. Sont omniprésents l'angoisse, la peur, le bien, le mal , l'amitié et la haine.



j'ai découvert cet auteur au dernier Livres Paris, au stand des auteurs européens. "La Tristesse du Samouraï " est en attente dans ma PAL.
Commenter  J’apprécie          80
Toutes les vagues de l'océan

ATTENTION: Livre à lire quand vous aurez assez de temps libre pour le finir d'une seule traite.



Toutes les vagues de l'océan est une fresque incroyable au cours de laquelle le passé et le présent s'entremêlent. On suit l'histoire Gonzalo Gil qui apprend que la soeur avec laquelle il avait coupé les ponts s'est suicidée. A mesure qu'il cherche à faire la lumière sur cette histoire les secrets de famille ressurgissent, les traumatismes remontent et des connexions interpersonnelles se révèlent.



En parallèle de cette histoire c'est tout le XXème siècle en Europe qui est traversé, par les yeux (enfin, l'oeil) de Elias, jeune communiste espagnol qui va vivre les grandes tragédies de ce siècle les unes après les autres sans jamais renoncer à ses valeurs.



Toutes les vagues de l'océan est un magnifique roman sur la vie, sur l'humanité, sur la famille, sur l'amour, sur les regrets...



Difficile d'en dire plus sans rien dévoiler mais une chose est sûre c'est un véritable coup de coeur et un roman de grande qualité à recommander sans modération.
Commenter  J’apprécie          50
Toutes les vagues de l'océan

Belle plume. Mais ! Car il y a évidement un mais : que c'est long, que c'est lent.

Le sujet du roman me parait bien traité dans l'ensemble. Nous assistons cependant à un trop plein d'états d'âme, d'interrogations, de questions concernant la présence du mal et de la perversité.

Peu d'action, peu de dialogues ou alors assez brefs et n'apportant que peu d'éclaircissements.

Noir c'est noir !!

Vraiment trop long.



Mais ce n'est que mon humble avis.
Commenter  J’apprécie          30
Toutes les vagues de l'océan

"Toutes les vagues de l'océan" est un triller historique et choral. A partir du suicide de sa sœur Laura à Barcelone en 2002, Gonzalo son frère n'aura de cesse que d'expliquer son geste. Il va être confronté à l'histoire familiale replacée dans le contexte historique de l'URSS des années 30', de la guerre d'Espagne, de la seconde guerre mondiale, et de l'Espagne d'après guerre. Ses découvertes et ses recontres lui ouvriront les yeux et lui feront faire des choix de vie pour retrouver sa dignité. La question du choix l'individuel face au bien et au mal, qu'elles que soient les justifications notamment idéologiques est posée d'emblée. De même que celle du poids de l'histoire familiale sur les générations suivantes : subir ou se libérer..... mais à quel prix ?. Un très beau roman qui dépeint la nature humaine avec réalisme dans ce qu'elle a de meilleur et de pire.
Commenter  J’apprécie          70
Toutes les vagues de l'océan

De l’Espagne au goulag stalinien, un polar qui est beaucoup plus qu’un polar.



Sa sœur a été retrouvée morte dans son appartement. La police conclut qu’elle s’est suicidée après avoir assassiné l’homme qui avait tué son fils alors qu’elle menait une enquête contre le crime organisé. Si on s’arrête là, c’est déjà matière à un bon polar.



Mais ce n’est pas tout, on remonte aux années 1930, où un ingénieur idéaliste espagnol se rend en Union soviétique pour contribuer aux grands projets de construction du pays. Dans ce pays, c’est l’ère stalinienne, tout ce qu’on dit peut se retourner contre nous et les sanctions sont terribles…



Les époques s’entrecroisent au fil des chapitres. On revient en Espagne pour la Guerre civile, une autre dictature qui n’hésite pas à utiliser une répression sanglante. Un détour par les camps de réfugiés en France, puis retour au 21e siècle avec des avocats habiles et des promoteurs liés au crime organisé…



Et des liens de famille et des secrets enfouis feront surface…



Un excellent roman de plus de 600 pages bien remplies, qui oscillent entre cruauté humaine et grands idéaux. Un livre dur, quand même, car on y trouve des meurtres, des tortures, de l’exploitation sexuelle des enfants et même du cannibalisme.
Commenter  J’apprécie          380
Toutes les vagues de l'océan

♫ Je vais et je viens entre… ♪



Non pas "entre tes reins" bande de coquins, mais "entre différentes époques" !



C'est cette phrase qui vient de tourner dans ma tête au moment de prendre le clavier pour pondre une critique pas évidente sur un roman qui m'a boulversifiée (néologisme offert).



Putain de roman ! Putain de fresque historique qui, comme une toile d'araignée, est vaste, ramifiée, mais où tout ramène en un seul point : Elías Gil, figure mythique du père, nimbée de non-dits et de silences.



Par contre, il vous faudra attendre la fin pour découvrir la toile dans son entièreté et savoir ce qui s'est passé en juin 1967, jour de la disparition d'Elías Gil, ancienne figure importante du communisme.



Le roman n'est pas résumable, trop dense, sachez juste que vous allez voyager dans les époques troubles, voguant entre les années 30 et 2002.



Vous suivrez Elías Gil, jeune espagnol, et ses trois compagnons dans la Russie des années 30, vous serez torturé et déporté avec d'autres prisonniers, qui, comme vous, ne seront coupables que d'avoir été au mauvais endroit ou d'avoir critiqué le pouvoir.



Violez, tuez, tant que vous le faites avec patriotisme. Mais ne dites pas du mal du pouvoir ou de la mère à Staline…



Le pouvoir communiste a besoin de main-d'oeuvre pour creuser un grand canal ou pour coloniser la Sibérie. Allez hop, déporté, affamé, humilié, vous serez. Le passage sur l'île de Nazino, surnommée ensuite "Cannibal Island" est un des plus terribles.



Ce qu'un humain est capable de faire pour survivre… Jusqu'à devenir comme celui que vous haïssez…



Vous assisterez à l'arrivée de Franco au pouvoir en Espagne et vous ferez la guerre du côté des Russes, avant de revenir dans votre Espagne natale.



On voyage dans les époques, mais aussi dans les pays : Espagne, Russie, Sibérie et France.



Les personnages sont travaillés minutieusement : entre Gonzalo Gil, avocat et fils d'Elías, qui cherche à enquêter sur le suicide de sa soeur, son père, Elías, disparu quand le fils avait 5 ans, et dont il n'a plus beaucoup de souvenirs, sinon ceux qu'on lui a fait.



L'homme est-il bien comme son fils l'a toujours cru ? Sa soeur n'avait-elle pas raison lorsqu'elle avait dressé de lui un portrait au vitriol, se faisant répudier par son père en même temps.



Le flic véreux, les truands, le pédophile, le salaud, la mafia russe… Tout ça s'imbrique avec un réalisme qui donne des sueurs froides. De plus, il est des silences tout aussi meurtriers, aussi lâches, aussi violents que certains actes innommables. Surtout lorsqu'on ne veut pas voir la vérité.



On ne s'ennuie pas, on frissonne, on a peur, on tremble devant les pages sombres de l'Histoire (une de celles dont on parle trop peu) et on se rend compte que les plus salauds ne sont pas toujours ceux désignés comme tels.



— Tu en appelais à l'éthique pour torturer et tuer, lui, il appelait cela simplement du pragmatisme. Il était convaincu de l'inévitable nature corrompue de l'être humain et toi tu cachais tout cela sous la répugnante théorie de l'idéalisme.



Au final, on est sonné, estomaqué, lessivé, lavé ! On a beau critiquer nos politiciens, les trouver véreux, se plaindre du système qui est mal foutu, mais ce n'est rien comparé au communisme de Staline. Rien au regard de ce qu'un système politique peut faire à ses compatriotes. Rien à côté de cet illogisme qu'était la pensée de ces hommes qui en ont déshumanisés d'autre.



Un tout grand roman noir qu'il vaut mieux aborder en toute connaissance de cause car il ne vous laissera ni de marbre, ni indemne. Gardez tout de même un Tchoupi à côté pour lire ensuite. On n'est jamais trop prudent…


Lien : https://thecanniballecteur.w..
Commenter  J’apprécie          326
Toutes les vagues de l'océan

époustouflant de la 1ère à la dernière page
Commenter  J’apprécie          20
Toutes les vagues de l'océan

L’épilogue éclaire d’un jour nouveau le livre qu’on vient d’achever. Ce livre serait donc le résultat d’une commande de l’un des protagonistes.

Coquetterie de l’auteur ou vérité ?

Soyons bon public et admettons le second terme de l’alternative.



Au travers d’un roman, Víctor Del Árbol nous donne une magistrale leçon d’histoire du XXème siècle. De 2013 à 2012.

Une des perspectives couvre la révolution espagnole. La seconde, imbriquée, couvre des épisodes mal connus de la révolution bolchevique et de la seconde guerre mondiale.



Nous suivons donc le destin d’un personnage principal, Elias, autour duquel gravitent, entrecroisés, sa famille, ses amis, ses ennemis.

Il y a inévitablement beaucoup de gens dans chaque camp.

Irina, son amour de jeunesse et sa petite fille Anna.

Sa femme Esperanza, qui s’aveugle sur le viol incestueux.

Leurs enfants Laura et Gonzalo ; la famille de ce dernier. Et Tania, sa maîtresse.

Ses amis de jeunesse, tant en Espagne qu’en URSS, au goulag sous Staline et Beria.

Igor, son ennemi juré, un droit commun qui lui crève un œil au tout début.

Des comparses au rôle important, le mari de sa fille, son beau-père avocat, un mari vengeur.

Alcázar, un policier des plus énigmatiques.

Des épisodes de cruauté, l’assassinat d’un enfant, la torture d’un homme de main.

Des rancunes et des vengeances qui durent une vie.

Tout ça dans une trame policière où les surprises et les rebondissements sont nombreux.

On y retrouve l’ombre de la maffia Russe, la Matriochka.



Il faut s’accrocher pour suivre, parfois les personnages changent de nom.

La lecture oscille entre fastidieux et passionnant selon les épisodes.

Au total, ma découverte d’un auteur flamboyant.

Commenter  J’apprécie          20
Toutes les vagues de l'océan

Je viens de terminer, et enfin respirer, après un séjour en apnée dans le monde de Gonzalo Gil, personnage au coeur d'un incroyable roman, mais pas vraiment au centre.



Comme vous l'aurez compris, j'ai été happé par ce roman qui m'a avalé tout entier.

Il est référencé en tant que polar ou thriller, mais l'auteur nous fait naviguer, sans nous perdre, au travers de plusieurs périodes et plusieurs contrées,

Et il le fait vraiment avec Brio !

D'exactions sous l'époque stalinienne, à la Barcelone contemporaine, d'une mafia trafiquant des humains à la guerre sous Franco , le lecteur découvre que le crime qui semblait barbare mais banal prend ses racines dans une histoire qui l'est moins.



Bravo à l'auteur pour m' avoir tenu en haleine sans me perdre et avoir su conclure (ce qui n'est pas simple non plus et coûte souvent une étoile) un très bon roman palpitant !

Commenter  J’apprécie          60
Toutes les vagues de l'océan

Epopée de 595 pages qui porte le lecteur de 1933 à nos jours et lui fait découvrir une sombre histoire familiale dont les racines prennent corps dans les tragiques événements de l'Histoire contemporaine.

La passé d'Elias Gil, communiste espagnol, héros du parti, rescapé de l'enfer de Nazino rejaillit sur le destin de bon nombre de personnages dont son fils Gonzalo qui mène l'enquête pour découvrir les raisons du suicide de sa sœur Laura.

Descente aux enfers des camps bolchéviques, guerre civile et fratricide en Espagne, luttes de pouvoir au sein de la mafia "Matriochka", violences familiales... rien n'est épargné au lecteur qui suit impuissant mais curieux les méandres de la violence incarnée.

La construction du récit en tiroirs rend addict et éclaire peu à peu la compréhension du drame. Le puzzle de trahisons et de massacres se reconstitue jusqu'au final aussi noir que la destinée tragique des personnages, ballotés par les soubresauts de l'Histoire.

Magistral ! A recommander.
Commenter  J’apprécie          00
Toutes les vagues de l'océan



Toutes les vagues de l’océan.

Víctor del ÁRBOL



Espagne, Russie, France.

1930, 1960, 2000.



Elias Gil est un jeune ingénieur communiste espagnol qui part avec 3 camarades en Union Soviétique pour construire des routes et des ponts.

Sur place il découvre l’ horreur : la prison et surtout le camp de Nazino qui l’enfer sur terre (violence, faim, cannibalisme, froid, tortures…).

C’est là aussi qu’il rencontrera son seul et unique amour : Irina ainsi que la fille de celle-ci Anna dont il gardait le portrait dans un petit médaillon.

Et c’est là aussi qu’il rencontrera son ennemi éternel Igor Stern qui lui crèvera un œil pour un manteau.

Quand Elias sort de cet enfer c’est pour en rencontrer un autre : l’Espagne de Franco et la guerre civile où il n’aura pas une attitude exemplaire.

Puis le voilà en France au moment de la seconde guerre mondiale dans un camp de réfugiés à Argelès sur mer.

Ça c’est pour le passé du père.

Le présent de son fils Gonzalo c’est une lettre lui annonçant le suicide de sa sœur Laura avec laquelle il est en froid (depuis qu’elle a écrit un portrait au vitriol de leur père dans un journal).

Il faut dire que Laura a perdu son fils (assassiné), son mari (divorcée) et que son métier de policière lui était devenu insupportable.

Version à laquelle Gonzalo ne croit pas et pour laquelle il va décider de mener l’enquête.

Lui qui n’est pourtant qu’un avocat mollasson écrasé par son flamboyant beau-père avocat renommé.

Cette enquête va l’emmener très loin sur les traces du père faisant ressurgir un passé extrêmement difficile expliquant bien des comportements chez la fille morte, le fils apathique, la mère taiseuse et mystérieuse et bien d’autres encore…

Un très bon roman noir une fois de plus de cet auteur exceptionnel.

C’est extrêmement riche, c’est historique, c’est malin.

Les chapitres alternent entre le père et le fils, le passé et le présent.

Les rebondissements sont intelligents, imprévisibles et surtout ils sont crédibles.

Victor del Arból maitrise vraiment le roman noir !









Commenter  J’apprécie          60
Toutes les vagues de l'océan

« Je lui ai dit qu’elle ne pouvait pas lutter seule contre toute la méchanceté du monde, que ses efforts n’étaient qu’une goutte dans l’océan. Et tu sais ce qu’elle m’a répondu ? "L’océan, ce n’est jamais qu’un million de gouttes." »

Cette phrase qui donne son titre original au livre de Victor del Árbol – Un millón de gotas – est l’une des quelques lueurs d’espoir qui éclairent un récit d’une rare noirceur qui plonge dans les affres de l’histoire espagnole et, plus largement, européenne. Car le meurtre d’un enfant en 2001 puis celui quelques mois plus tard de l’assassin ne sont en fait, on le découvrira bien vite, que les dommages différés d’une onde qui prend sa source à la veille de la guerre civile espagnole.

Quand Gonzalo Gil apprend la mort de Laura, sa sœur, que la police soupçonne d’avoir tué le meurtrier de son enfant, l’avocat idéaliste se trouve dans l’obligation de soulever le couvercle d’une histoire familiale soigneusement réécrite puis oubliée et qui plonge ses racines dans la violence du siècle précédent. Qui était vraiment Elías, le père de Gonzalo et Laura ? Jeune communiste idéaliste plongé dans l’enfer de Nazino, l’île aux cannibales dont le régime stalinien s’est ingénié à effacer le souvenir, héros de la guerre civile, réfugié républicain parqué dans les camps de concentration érigés par le Front Populaire dans le sud de la France, soldat engagé contre la barbarie nazie en URSS, Elías ne porte-t-il pas aussi en lui un certain nombre de zones d’ombres ?

En remuant le passé, Gonzalo agite le présent. À moins que ce ne soit le présent qui mette à mal un passé reconstruit. Quoi qu’il en soit, ce sont les vies de Gonzalo et de ses proches qui vont être bouleversées par cette brutale remontée à la surface d’une vérité pas assez soigneusement enterrée.

Jouant une fois encore sur la façon dont l’histoire familiale se mêle à la grande Histoire, et surtout sur la manière dont les familles dissimulent les squelettes dans les placards au risque de les voir sortir un jour avec fracas, dont on crée des héros en gommant les aspérités ou en fermant les yeux sur les méfaits qui ne collent pas au mythe, Víctor del Árbol propose une fresque familiale violente et émouvante. Réflexion sur la résilience, et sur les conséquences néfastes de l’oubli volontaire, Toutes les vagues de l’océan est un récit ample et foisonnant, un roman policier dont certains côtés un peu trop tirés par les cheveux (on peine à croire au complot mené par certains personnages, qui paraissent bien trop vicieux pour être vrais, à quelques hasards un peu trop heureux… mais allez savoir) sont compensés par la richesse des personnages, bons ou méchants, toujours extrêmement complexes, agités par la difficulté qu’ils peuvent avoir à conjuguer leurs sentiments, leurs pulsions, et leurs idéaux ou, au contraire leur absence de conscience.

Plus abouti que La tristesse du samouraï, Toutes les vagues de l’océan, séduit par la richesse de ses personnages et l’ampleur que donne Víctor del Árbol au contexte historique.


Lien : http://www.encoredunoir.com/..
Commenter  J’apprécie          110
Toutes les vagues de l'océan

Une découverte extraordinaire, un roman noir mais pas seulement. Je viens de finir le livre et je n'ai pas de mots. L'auteur nous emmène à partir d'un fait divers sur les traces de l'histoire de l'Espagne et de l'URSS quand le communisme était un idéal pour tous les ouvriers. Une terrible leçon d'histoire et surtout d'hommes et de femmes face à leur conscience et à leur devoir. Un livre inoubliable, un auteur à découvrir et à suivre absolument.
Commenter  J’apprécie          70
Toutes les vagues de l'océan

Bien qu étant qualifiée de "roman policier", cette fresque dantesque mériterait de figurer dans une catégorie supérieure. C'est un véritable roman historique, bien documenté. L enquête menée par Gil n'est, à mon sens, qu'un prétexte. Elle va ouvrir les portes de son histoire familiale à partir de la figure mythique de son père Elias parti en Russie et qui a connu l enfer du goulag. Malgré cet épisode, il ira ensuite servir la révolution russe avant de nous plonger dans les affres de la révolution espagnole et plus largement dans l histoire de l Europe.

Nous allons le suivre dans la violence, dans le mal absolu et dans tout ce qu'il y a de plus abject chez l humanoïde... Un roman noir, fort, très fort, réaliste, bouleversant qui va me marquer pour longtemps et qui suscite bon nombre de réflexions sur l histoire et sa retranscription, sur la condition humaine, sur la résilience, sur la guerre et sur les pions que nous sommes dans les mains des dirigeants, sur les paradoxes de l homme capable du pire et du meilleur, sur la complexité des sentiments....
Commenter  J’apprécie          70
Toutes les vagues de l'océan

Très bon livre certes!

Mais 2 bemols = beaucoup de personnages et complexe.



Cet auteur fait parti des auteurs qui « n’aident pas » le lecteur et je trouve cela un brin arrogant.

Poser le livre une semaine et la reprise sera dure.



Commenter  J’apprécie          20
Toutes les vagues de l'océan

Grandiose ! Beaucoup plus qu'un polar. Comme les deux autres romans de Victor del Arbol, le livre nous transporte dans différentes époques et tisse une histoire, une intrigue, des personnages que je ne suis pas près d'oublier !



Le livre est d'une richesse incroyable et nous transporte dans la jeune république espagnole, la guerre civile, le franquisme, l'exil républicain, le stalinisme, le goulag, et j'en oublie certainement.



Les personnages sont riches, troubles, complexes. Nous accompagnons certains d'entre eux pendant plus d'un demi siècle, avec leurs blessures, leurs cicatrices. Il y a un cyclope, une tenancière de librairie, un barman, des avocats, des enfants, des adultes, des vieux. Ni bons, ni mauvais. Des "vrais" personnages.



Une richesse d'écriture fantastique, je pense qu'il doit y avoir un gros travail de traduction. Pour avoir échangé quelques mots avec Victor del Arbol lors d'un salon Polar du Sud à Toulouse, il parle très peu français et s'était excusé de me faire sa dédicace en espagnol.



Ses romans sont d'une noirceur profonde, mais c'est très difficile de poser ces livres, car ils sont d'une densité peu commune.



Pour ceux qui aiment les polars, mais pas seulement parce qu'on est au delà du polar, il ne faut pas hésiter à tenter l'aventure de passer 600 pages à Barcelone et dans son histoire.
Commenter  J’apprécie          244
Toutes les vagues de l'océan

excellents, vraiment excellent !
Commenter  J’apprécie          50
Un millón de gotas

Comment dire, on est aspiré par l'intrigue, on tente de deviner où le passé finira par rejoindre le présent, quels sont les liens qui unissent, parfois à leur insu, les différents personnages et les secrets plus ou moins bien gardés de leur vie.



Difficile d'en faire un compte-rendu fiable sans dévoiler certains ressorts de l'histoire tant celle-ci est dense. Le puzzle semble immense mais chaque pièce y trouve finalement sa place. Le suspens est parfaitement maîtrisé, les passages un peu gore n'y sont pas du tout présenté gratuitement et toujours dans une certaine retenue, une certaine pudeur.



On s'attache au personnage de Gonzalo, à cette croisade, pas tout à fait la sienne, dans laquelle il s'est lancé. On revit l'histoire, plutôt sombre, de son père et l'auteur nous amène à nous questionner sur la question du bien et du mal, de la nature humaine et de la survie dans des conditions historiques et de vie tout simplement extrêmes. L'horreur n'est jamais loin, elle plane, là, tout près, on la ressent sans jamais vraiment la voir en face.



Et puis, il ne faudrait pas oublier de saluer le travail de recherches de l'auteur : sur l'URSS, la période des purges, des déportations en Sibérie et de ce camp de Nazino, sur les camps de réfugiés espagnols en France après la Guerre Civile, bref sur une bonne tranche de l'histoire contemporaine européenne.



C'est donc un roman très riche à tout point de vue, dont le suspens vous coupera le souffle et qui est magnifiquement écrit.
Commenter  J’apprécie          30




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Victor del Arbol Voir plus

Quiz Voir plus

Que peut-on mettre en bouteille avec des SI et des SY ?

Le bavardage excessif est-il à l'origine de cette inflammation du parenchyme de toute glande salivaire ? Là n'est pas la question, choisissez la bonne orthographe de cet excès de production salivaire, la ...?...

sialorrhée
syalorrhée

12 questions
19 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}