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Citations de Vincent Francis (55)


Alors que le secret professionnel est mobilisé par les thérapeutes adeptes du cloisonnement pour légitimer leur position, il n’est pas pour autant une entrave pour ceux qui ont choisi la position de coopération. Dans ce cas, ce secret est soit réinterprété (il devient l’objet de partage) soit sauvegardé : il devient […] le symbole de la confiance que les magistrats peuvent avoir en certains psychothérapeutes. Ainsi, le thérapeute qui opte pour la coopération ne considèrera pas la déontologie de sa profession comme un obstacle.
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[Coopération]

[…] … la demande du patient –délinquant est-elle suffisamment forte que pour pouvoir engager une thérapie ? Pour certains, l’aveu des faits est la condition indispensable de l’engagement d’une relation thérapeutique véritable. Les patients qui, témoignant d’une distorsion cognitive, ne considèrent pas leur comportement comme problématique et qui dès lors ne ressentent aucune culpabilité sont plus difficilement traitables. Un thérapeute d’inspiration cognitivo-comportementale évoque ces patients : « Pour eux, c’est la société qui dit ça, … en fait, pour eux, il n’y a pas de problème. » Pour d’autres thérapeutes adeptes de la coopération, le constat, indépendamment des faits reprochés, que « quelque chose ne va pas » suffit à prendre en considération la demande.
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Un thérapeute systémicien […] : « Il y a des demandes qui nous arrivent simplement parce que, par exemple, une assistante sociale a paniqué et a mis en branle toute une procédure au lieu simplement d’examiner la situation d’un peu plus près pour se rendre compte que cette situation pouvait être gérée autrement… Ne considérant pas convenir, nous n’acceptons plus… »
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Une personne dont l’état psychique laisse à penser qu’elle représente un risque pour autrui ne peut plus faire exclusivement l’objet d’une lecture psycho-médicale. Elle doit également faire l’objet d’une lecture que nombre de thérapeutes rencontrés appellent « lecture citoyenne ». Cette lecture est très proche de celle que nous avons relevée dans les discours des magistrats en ce sens que la question de la dangerosité y devient centrale dans la manière d’appréhender un individu.
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Lorsque le thérapeute entrevoit la possibilité de mettre en place un suivi thérapeutique, il n’est pas question de répondre aux attentes de la justice mais plutôt de prendre en compte une démarche individuelle qui entre manifestement dans son champ de compétence.

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" On prend toutes les demandes au sérieux. Mais liberté nous est donnée de répondre comme nous l’entendons. La question à se poser c’est : pourquoi cette demande m’est-elle adressée et, est-ce à moi, thérapeute d’y répondre ? »

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Soustraction
[...] ... Le comportement est considéré comme symptôme d'une souffrance prose en charge par le psychothérapeute qui se propose d'en être le réceptacle, et ce indépendamment du fait que ce symptôme pose, au point d'être criminalisé, un problème à la société.


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Si la contrainte concerne toujours le patient probationnaire, elle n'implique pas systématiquement, aux yeux de tous les thérapeutes, l'acceptation de rendre des comptes à la justice.
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... si souvent les invitations du monde pénal semblent participer au développement de la cancérisation du contrôle social, les acteurs qui font partie du monde de la santé mentale semblent être tout à fait capables de mettre en œuvre des tactiques en guise de réponses.
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... les erreurs humaines d'appréciation dans le traitement de dossiers si délicats sont inévitables et [...] en aucun cas le magistrat ne peut être considéré comme fautif, tant qu'il n'a pas commis d'erreurs techniques (de procédure).
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En exacerbant cette exigence du risque zéro [...] dans le travail judiciaire, "l'affaire Dutroux", dans sa dimension sociale et politique, a donné le jour à une logique toute pragmatique : celle qui consiste à se prémunir des critiques de son inefficacité. [...] Ce qui importe, c'est de "se couvrir" en cas de récidive, c'est-à-dire, selon l'expression maintes fois entendue dans les couloirs des palais de justice, "ouvrir le parapluie". La pénalisation de l'abus sexuel a aussi sa politque de réduction des risques : celui que court le magistrat dans la prise en charge d'un délinquant sexuel.
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Certains substituts qui, bien que non convaincus de l'efficacité des thérapies sous contrainte (au regard de la plupart des dossiers qu'ils traitent), sont amenés à ce paradoxe qui consiste à les requérir comme jamais ils ne l'avaient fait auparavant. Ils expliquent cette attitude non par leur souci d'éviter la récidive mais par celui de se donner, en cas de récidive, la possibilité d'affirmer avoir "tout essayé" c'est-à-dire n'avoir négligé en quelque sorte, aucune des ressources qu'offre la société pour prévenir la récidive.
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Pour certains magistrats, "une bonne condamnation, c'est le meilleur moyen de les secouer" non pas seulement en vue de produire un effet dissuasif ou incapacitant [...] sur les auteurs d'abus sexuels, mais pour que ces derniers acceptent l'idée d'un suivi thérapeutique après la peine. C'est "l'espoir d'un déclic" qui est ici mis en avant pour justifier le processus.
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Il y a [...] aux yeux de la plupart des magistrats rencontrés, "les bons et les mauvais psychothérapeutes" : ceux qui font de la dangerosité et de la protection de la société une priorité et ceux qui ne comprennent pas ce langage préférant parler de pathologie et de bien-être. Partageant les mêmes préoccupations que la justice pénale, le "bon psychothérapeute" ne peut que participer au contrôle des individus en communiquant les informations relatives àc es préoccupations.
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... un juge du fond nous signifiera clairement que "le pervers ne fait que simuler une demande [d'aide thérapeutique]".

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Face à ce type de personnalité, les magistrats dans leur ensemble disent se sentir fort démunis. Seules ce qu'on pourrait appeler les psychothérapies "subies" laissent entrevoir un petit espoir. Il s'agit des techniques thérapeutiques médicamenteuses et des techniques d'apprentissage d'inspiration cognitivo-comportementale. Qu'il soit sous contrainte judiciaire ou non, qu'il le veuille ou non, le délinquant, dans ce cadre thérapeutique, ne pourra pas manipuler la chimie et les effets du conditionnement qu'elle produit sur ses pulsions comme il ne pourra pas manipuler un apprentissage conçu selon la mécanique stimulus/réaction. Il ne pourra que subir passivement la modification de son comportement.
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... constat de son incapacité à se comporter rationnellement. Il est le plus souvent incapable de tenir compte du coût personnel probable (causé par la réaction sociale à de son comportement. Il est tout entier objet de pulsion. La menace d'une réponse pénale n'a donc que peu d'incidence sur son comportement. "Comment avoir une quelconque emprise sur lui puisque lui-même n'en a aucune ?" s'interroge un substitut du procureur du Roi.
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... face au "pervers", le sentiment de maîtrise des magistrats sur l'individu pourrait bien n'être qu'une illusion.
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Un autre mécanisme proposé par certains magistrats renvoie à une fonction plus "thérapeutique" de la peine d'emprisonnement. La prison pourrait, selon eux, dans certains cas, inciter l'auteur d'abus sexuels intérioriser ses fantasmes. Privé de sa victime potentielle, il pourrait développer une capacité d'imagination qui lui permettrait "d'apprendre à jouir différemment". La prison aurait cette vertu d'apprendre au délinquant à faire le deuil du passage à l'acte. Abuseur, il le resterait mais seulement dans sa tête.
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... lorsque la peine est confondue avec l'emprisonnement, ce qui semble être très courant dans l'esprit des magistrats, du moins lorsqu'il s'agit d'auteurs d'infractions à caractère sexuel, elle empêche sans conteste, tant que dure la peine, que ne se reproduisent les mêmes comportements problématiques. L'incapacitation produite par la peine de prison est considérée comme la plus efficace des techniques, mais aussi la plus temporaire.
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