AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Vincent Francis (55)


Un magistrat du parquet, pourtant dans la même situation que les magistrats A et B, affirme ne plus ressentir le besoin de se couvrir professionnellement. Voici l'extrait de son entretien ; je ne fais plus comme mes collègues, j'ai décidé de ne plus systématiquement faire appel au psy pour préparer ma défense en cas de récidive d'un délinquant sexuel que je prends en charge. J'ai fait un examen de conscience et je me suis dit que ce n'était plus humainement possible." A y regarder de plus près, ce cas négatif permet d'une part, d'affiner notre thèse puisqu'il révèle qu'une prise de position individuelle peut aller à contre sens d'une logique bien ancrée dans un milieu professionnel précis et, d'autre part, de conforter cette thèse. En effet, ce magistrat ne dit-il pas : "contrairement à mes collègues... j'ai décidé de ne plus... ce n'était plus humainement possible."
La rencontre de cas négatifs se faisant de plus en plus rare au fur et à mesure que nous progressions sur le terrain, laisse à penser que nous sommes arrivé à un degré satisfaisant de saturation de nos données. C'est-à-dire que l'apport ultérieur de données empiriques ne viendrait que confirmer notre modèle analytique. Ceci n'exclut pas qu'il puisse encore être enrichi, ou que dans des contextes politiques et sociaux différents, il doive être réaménagé.



Commenter  J’apprécie          10
"Lorsque je ne crois pas en une thérapie, je ne cherche pas à l'imposer, j'assume ce choix. D'ailleurs, je suis passé devant la commission, et je m'en suis bien tiré." (magistrat C, parquet de Y)
[...] renvoie[...] au concept de "risque professionnel" caractérisé [...] par [la dimension[...] : "assumé totalement".
Commenter  J’apprécie          10
"Les psy ? j'y crois pas trop, les abuseurs les abusent..." (magistrat A, parque de X)
"La thérapie ne peut le plus souvent rien faire pour ces gens-là" (magistrat C, parque de Y)
[...] [Ces] extraits [...] renvoient au concept "opinion des magistrats relative à l'efficacité thérapeutique" avec comme dimension la plis souvent rencontrée : "le pessimisme".

Commenter  J’apprécie          10
... "l'affaire Dutroux" [...] fut à l'origine de l'émergence d'un quatrième face à face : celui qui met désormais les professionnels chargés de la prise en charge de la problématique de l'abus sexuel devant la société civile et ses nouvelles attentes.

Commenter  J’apprécie          10
De l'ensemble du matériel recueilli, nous pensons que les formes que prennent les modes d'articulation entre les mondes - objets de notre recherche - ainsi que les diversités internes qui les habitent, ne peuvent se comprendre que si on les analyses comme des manières, chaque fois particulières, d'introduire un élément extérieur dans une relation de face à face problématique ou difficile à assumer.

Commenter  J’apprécie          10
... face à la stratégie du pénal, les thérapeutes ne peuvent que "prendre position" alors que face à celle des thérapeutes, les magistrats peuvent toujours décider d'imposer la leur. Le SAJ apparaît comme la promesse que cela ne se passera pas tant que le projet du thérapeute reste viable et acceptable.


Commenter  J’apprécie          10
Pour beaucoup de thérapeutes, le rappel de l'interdit n'implique pas pour autant la mobilisation de la loi pénale. Il fait davantage l'objet d'un travail avec le patient en puisant dans ses propres ressources et celles de son entourage. Il s'agit de restaurer ce qui fait défaut dans une cellule familiale. Le suivi doit permettre au patient de prendre conscience de son problème, d'assumer la responsabilité des relations qu'il établit avec les autres. Un thérapeute de premier rang ajoute : "Cette responsabilité implique qu'il reconnaisse les faits et qu'il soit prêt à les réparer." [...] Le recours à l'action pénale consiste ici en un substitut au manque de ressources familiales. Il autoriserait malgré tout, par la suite, un travail thérapeutique plus en profondeur.
Commenter  J’apprécie          10
Le fait de travailler en équipe fut, pour beaucoup, d'un grand secours. Le groupe permet, disent-ils, de réaffirmer le rôle des thérapeutes mis à mal lorsque se posent les questions relatives à l'attitude à tenir face aux multiples demandes d'aides concernant des allégations d'abus sexuels.
Commenter  J’apprécie          10
Effet [des suites de l'Affaire Dutroux], un repositionnement en matière de signalement : "l'affaire Dutroux" n'est pas seulement la source d'une augmentation des demandes, elle a également produit un climat social et politique qui n'autorise plus à prendre le moindre risque relativement aux enfants. Dans ce contexte, certains thérapeutes reconnaissent s'être repositionnés à l'égard du signalement des situations délicates aux autorités judiciaires ou au SAJ.
Commenter  J’apprécie          10
L'intervention [du SAJ] a [...] pour effet une redistribution des responsabilités: celles qui concernent exclusivement la prise en charge thérapeutique et celles qui concernent les préoccupations d'ordre social car, une fois le SAJ informé, c'est à lui qu'incombe la mission d'évaluer l'état d'une situation et d'éventuellement en informer la justice.
Commenter  J’apprécie          10

... les thérapeutes, dans leur souci d'éviter la judiciarisation, doivent trouver un équilibre entre le danger potentiel que représente la situation pour la victime et ce qu'ils pensent être capables d'assumer personnellement, c'est-à-dire de prendre comme risque dans le cadre de leur pratique thérapeutique. Cet équilibre implique que la situation de maltraitance ne perdure pas (enjeu qui peut entraîner la prescription d'un éloignement volontaire) ou du moins, qu'elle soit suffisamment supportable au regard des bénéfices espérés d'un suivi thérapeutique. [...] Autrement dit, un travail ambulatoire au sein de la famille est-il encore possible ?
Commenter  J’apprécie          10
... lorsqu'il s'agit de faits incestueux, nombreux sont les thérapeutes qui, comme celui-ci (d'inspiration systémique et travaillant dans un service SOS-Enfants), estiment que "l'intervention de la justice n'est jamais une bonne chose, même si cela s"avère parfois inévitable". L'expérience professionnelle leur a permis de prendre conscience des multiples "effets dévastateurs" de l'entrée en scène de la justice.

Commenter  J’apprécie          10
... la majorité des thérapeutes rencontrés estiment que le signalement judiciaire de faits d'abus sexuels extra-familiaux est toujours indiqué. Une telle attitude ne peut que rendre service à la victime actuelle, d'abord en la protégeant, ensuite parce qu'elle s voit, de ce fait, symboliquement reconnue comme non fautive? De plus, il leur paraît évident qu'une telle dénonciation participe à la protection d'autres victimes potentielles.

Commenter  J’apprécie          10
L'idéologie thérapeutique [..] aune incidence sur les pratiques de signalement de situations d'abus sexuels à des autorités judiciaires ou d'aide à la jeunesse. Elle peut amener certains thérapeutes (rarement) à dénoncer des faits pour des motifs, selon eux, exclusivement thérapeutiques. Plus généralement, le signalement (quand il a lieu) vise d'autres objectifs que la réalisation d'un projet thérapeutique.
Commenter  J’apprécie          10
Cette forme d'articulation entre justice et santé mentale que nous avons qualifiée de repositionnement s'inscrit dans "l'air du temps" qui veut que les modes d'approche de problématiques sociales soient pensés de manière "globale et intégrée". [...] Les psychothérapeutes adeptes de la position qualifiée de repositionnement laisseraient la question ouverte : "Nous ne savons où nous allons, mais nous faisons le pari que quelque chose de nouveau est possible."
Commenter  J’apprécie          10
Un thérapeute d'inspiration analytique travaillant dans un service nouvelle agréé indique son malaise : "[...] Rester en dehors du dispositif, c'est l'abandonner à d'autres et en tous les cas ne pas se donner l'opportunité d'en faire quelque chose de malgré tout acceptable."

Commenter  J’apprécie          10
Efficacité et fiabilité des techniques susceptibles de modifier le comportement semble être des éléments que pensent devoir mettre en avant la plupart des thérapeutes qui optent pour une collaboration avec la justice s’ils veulent, en quelque sorte, être pris au sérieux par les magistrats.


Commenter  J’apprécie          10
Le partage du secret professionnel, s’il peut s’expliquer par une relation de confiance entre thérapeutes et magistrats, repose plutôt sur une méfiance commune à l’égard du délinquant sexuel.
Commenter  J’apprécie          10
Alors que le secret professionnel est mobilisé par les thérapeutes adeptes du cloisonnement pour légitimer leur position, il n’est pas pour autant une entrave pour ceux qui ont choisi la position de coopération. Dans ce cas, ce secret est soit réinterprété (il devient l’objet de partage) soit sauvegardé : il devient […] le symbole de la confiance que les magistrats peuvent avoir en certains psychothérapeutes. Ainsi, le thérapeute qui opte pour la coopération ne considèrera pas la déontologie de sa profession comme un obstacle.
Commenter  J’apprécie          10
[Coopération]

[…] … la demande du patient –délinquant est-elle suffisamment forte que pour pouvoir engager une thérapie ? Pour certains, l’aveu des faits est la condition indispensable de l’engagement d’une relation thérapeutique véritable. Les patients qui, témoignant d’une distorsion cognitive, ne considèrent pas leur comportement comme problématique et qui dès lors ne ressentent aucune culpabilité sont plus difficilement traitables. Un thérapeute d’inspiration cognitivo-comportementale évoque ces patients : « Pour eux, c’est la société qui dit ça, … en fait, pour eux, il n’y a pas de problème. » Pour d’autres thérapeutes adeptes de la coopération, le constat, indépendamment des faits reprochés, que « quelque chose ne va pas » suffit à prendre en considération la demande.
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Vincent Francis (2)Voir plus

Quiz Voir plus

Molière

Qui est l’auteur de cette pièce de théâtre ?

Molière
Jean-Jacques
Michelle
Gertrude

25 questions
29 lecteurs ont répondu
Thème : Le Bourgeois Gentilhomme de MolièreCréer un quiz sur cet auteur

{* *}