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Critiques de Volker Kutscher (98)
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Moabit



Moabit est le quartier résidentiel multiculturel au nord du Tiergarten (jardin zoologique) de Berlin, situé au bord de la rivière Sprée. Depuis la chute du mur, le 9 novembre 1989, de secteur frontalier entre les 2 Allemagnes, Moabit est devenu une partie centrale du Grand-Berlin.



Moabit est aussi un conte ("Erzählung") de Volker Kutscher, illustré par de merveilleux dessins de l’artiste Kat Menschik.



Il s’agit, en fait, d’une préquelle de la collection de livres autour du commissaire Gereon Rath, appelée également la collection Berlin Babylon, qui a résulté en une série télévisée de 28 épisodes.



Les 2 premiers volumes de la collection, à savoir "Le poisson mouillé" de 2010 et "La mort muette" de 2011 ont eu en France presque autant de succès qu’outre-Rhin, comme en témoignent les critiques favorables sur Babelio.



La nouvelle de 87 pages compte 3 parties :



- le monologue intérieur d’Adolf Wankler, patron du gang berlinois dominant, qui se trouve en taule et va bientôt être relâché ;

- le récit du surveillant en chef de la prison de Moabit, Christian Richter, qui sauve la vie de Wankler lors d’une agression brutale au mitard ;

- le récit de Charlotte Richter, 19 ans, fille du précédent, qui va rejoindre comme secrétaire la brigade criminelle et deviendra ultérieurement l’épouse du commissaire Gereon Rath.



Ce qui m’a plu tout particulièrement dans ce livre c’est l’évocation, par le mot et l’image, du Berlin de 1927 et ainsi de la vie des Allemands dans la République de Weimar d’après-guerre et avant l’avènement d’Hitler.



Les pubs d’époque pour la liqueur Kuemmerling, la bière Engelhardt, les coffres-forts Panzer, les appareils photo Leica, la boîte de nuit Bei (chez) Mathilde, l’eau de cologne 4711, etc. parlent leur propre langage et m’ont fait penser au mémorable film "Cabaret" de 1972, basé sur le roman de Christopher Isherwood "Adieu à Berlin" avec une inoubliable Liza Minnelli.



À cet égard, on ne peut qu’admirer la finesse des dessins de Kat Menschik, comme par exemple le portrait, en couverture de l’ouvrage, de la jeune Lotte (pour les amis) Richter.



Finalement, j’apprécie la qualité remarquable de conception de ce petit livre relié par l’éditeur Galiani de Berlin.

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Le poisson mouillé

"Le poisson mouillé "... Je le renomerais plutôt "Le petard mouillé", et très étiré avec quasiment 700 pages...

Je n'ai franchement pas accroché, mais ce n'est que mon retour.

J'adore ces polars imprégnés de l'histoire allemande pré per ou post seconde guerre mondiale ( particulièrement Kerr, Rademacher, Gilbers ...).

Mais là l'on recherche encore quel est l'apport du contexte historique au canevas du roman, si ce n'est l'appartenance au courant national-socialiste de l'un des inspecteur de la brigade des mœurs berlinnoise.



Bon d'accord, il n'est nullement obligé d'ancrer un roman au contexte historique dans lequel il est sensé se dérouler, mais alors on ne le vend pas comme tel !

Le fond historique est édulcoré, soit. Mais qu'au moins la trame policière soit solide.

Or là, l'on frise l'indigence : comment penser que la mutation d'un enquêteur suite à bavure puisse rester secrète au cœur même d'un système policier corrompu et clientéliste, quand bien même il dispose d'appuis solides ?

Quant à l'enquête elle même, linéaire et évolutive à coups de théatre factices, de coïncidences opportunes et faciles, elle reste plate mais calibrée pour offrir de réguliers rebondissements pour une série télé.

Quant à la romance développée, elle est d'un prévisible... Je n'en rajoute pas.



Et, coincidence, cet ouvrage et la série déclinante sont la base d'un feuilleton télévisuel à succès et que je n'ai pas vu. Bon je n'ai rien loupé si le scénario est calqué sur le roman.



Bref une (trop longuette...) déception, mais selon les retours, il s'agit du moins bon des ouvrages de la série. Donc, pris de remords quand à ce retour pour le moins mitigé, et bien que ceci ne soit pas mon habitude, je me promet de dézinguer le second tome dès le fin de la future lecture s'il n'est pas plus complexe que celui-ci.

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Goldstein

Gereon Rath a un talent inné pour s'attirer les ennuis en les cherchant, il est vrai.

Dans cet Opus de la série, Gereon est mis à l'écart par sa hiérarchie qui lui confie un travail de routine, surveiller un supposé membre de la mafia new-yorkaise, dont la venue est signalée par un cable du, FBI à la Kripo, dans des termes qui laissent peu de doutes.

"Rath parcourut des yeux la première page : Abraham Goldstein, lieu de naissance Brooklyn, NY. Un avis de recherche.

Nos collègues américains nous ont cablé ce document pour nous mettre en garde, poursuivit Weiss. le FBI pense qu'il s'agit d'un membre du syndicat du crime new-yorkais."

Gereon s'installe dans un couloir de l'hôtel où réside la supposé gangster, mais il se fait balader et bientôt, ce que gereon prenait pour une affaire de routine s'emballe et dépasse la simple filature.

En effet, Goldstein est juif, et il ne fait pas bon l'être dans le Berlin des années 1930.

Les personnages habituels de Kutscher sont présents dans le roman, notamment Charlotte Ritter la seule femme à faire carrière dans la police criminelle.

Rath parviendra-t-il à connaître les raisons de la venue de Goldstein à Berlin, ?

Vous le saurez en lisant Goldstein, un récit policier mais aussi une vision du Berlin de la République de Weimar plus vrai que nature.

La série de Kutschner tient la comparaions avec l'histoire de Bernie Gunther signée Kerr, même si les personnages de ce dernier ont plus de profondeur.

Ce qui relie les deux commissaires, outre les personnalités politiques qu'ils fréquentent, est la question de la Loi et de L'ordre dans un régime où des partisans de l'illégalité et du desordre sont en passe de conquérir le pouvoir par tous les moyens.

Qu'est la morale dans un régime qui professe l'absence de morale et d'éthique ?

Vaste question que nous nous posons toujours !

Pour ceux que ça intéresse, j'ai réalisé un quiz sur le roman Goldstein, qui vous en dira plus et vous incitera peut-être à lire ce récit captivant.

Merci.

https://www.babelio.com/quiz/50382/Gereon-Rath-commissaire-de-police-sous-la-republiq




Lien : https://camalonga.wordpress...
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Le poisson mouillé

Un commissaire Berlinois un poil borderline pris dans la tourmente des années 30, ça ne vous rappelle rien .....

Pourtant le contexte est bien différent du Berlin du commissaire Gunther.

L'action se déroule en Mai 1929 et une certaine insouciance règne encore sur cette ville.

Le commissaire Géréon Rath qui vient d'arriver de Cologne mène l'enquête. Des crimes visant la communeauté Russe sont commis. Il semblerait qu'une énorme quantité d'or soit la cause de tout cela.

Pour mettre la main sur cette mane, la lutte entre extrémistes de tout bord et mafia locale sera des plus féroces.

J'ai beaucoup aimé cette histoire, Volker Kutscher nous propose un roman très bien documenté sur cette période terrible mais O combien passionnante.

L'ambiance qui regne dans le Berlin des années 30 est assez bien décrite. D'un côté on a une ville qui s'amuse alors que l'orage gronde entre les milices rouges et noires.

De plus, je trouve qu'il a très bien retranscrit le désoeuvrement d'une partie du peuple Allemand.. Je pense ici à la police ou à l'armée qui ont du mal à accepter la défaite de 1918 et où le mythe du coup de poignard dans le dos persiste.



Cette période a été décrite dans de nombreux romans notament par Philip Kerr et bien d'autres auteurs Anglo-Saxons.

Volker Kutscher y apporte lui sa rigueur germanique et met en évidence un certain désenchantement du peuple Allemand.

Trois des aventures de Géréon Rath ont été traduites en Français. Dommage que les Editions du Seuil n'envisagent pas de publier la suite de cette histoire.

Peut être que le succès de la série Babylon Berlin diffusée récemment sur Canal Plus les fera changer d'avis.

Ce commissaire mérite d'être suivi.
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Le poisson mouillé

Berlin, 1929. Le jeune commissaire de la brigade criminelle de Cologne Gereon Rath arrive dans la capitale après une sombre affaire de bavure policière. Mais il est rétrogradé à la brigade des moeurs et les cabarets clandestins, la pornographie, la prostitution, ce n'est pas son truc. Gereon rêve d'intégrer la brigade criminelle et pour cela, il sait qu'il va devoir faire ses preuves. Quand on retrouve un cadavre non identifié dans un canal, il voit une occasion de taire les informations en sa possession, d'enquêter de son côté et de résoudre l'affaire.





Si par hasard une faille spatio-temporelle devait vous transporter dans le Berlin de 1929, pas d'inquiétude! Munissez-vous du Poisson mouillé et vous saurez vous orienter sans problèmes dans la ville. Volker KUTSCHER a dû se lancer pour défi de citer au moins une fois chaque avenue, rue ou venelle de la capitale allemande. Si c'est très utile pour le promeneur égaré, à la lecture, c'est plutôt indigeste.S'ajoutent à cela un héros assez antipathique et une intrigue alambiquée.

Ceci dit, tout n'est pas à jeter! La plongée de le Berlin interlope et cosmopolite de la fin des années 20 est passionnante et instructive. On découvre une ville en pleine mutation, les grands travaux, les idées politiques qui émergent. La communauté russe inquiète, qu'elle soit tsariste ou communiste. Il s'agit avant tout pour le pouvoir de combattre un mouvement de révolte qui prendrait exemple sur la révolution russe. Par contre, les nationalistes allemands, les S.A. sont perçus comme des guignols, nostalgiques d'une époque révolue, ce qui leur laisse les coudées franches.

A lire donc, surtout pour le contexte politique et historique.
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Babylon Berlin (BD)

Dans l'avant-propos de Le roman policier de Siegfried Kracauer, Rainer Rochlitz explique que « Les termes de « detective novel », de « roman policier », de « Kriminalroman » (chez Kracauer encore : « Detektiv-Roman ») indiquent que, sur ce plan, l'Angleterre privilégie la figure de l'intellect souverain (représenté en France par Rouletabille et Arsène Lupin), la France le représentant de l'ordre, et l'Allemagne (qui n'a produit aucun détective type) l'incarnation de l'obscur égaré : Holmes, Maigret et « M. le maudit » sont les archétypes des trois pays. » (p. 21)



Cette absence de « détective type », cette absence de Sherlock Holmes allemand ou de Maigret allemand, explique probablement que pendant longtemps « policier allemand » a rimé avec « Inspecteur Derrick », un sous-Columbo ne cassant pas des barils, Rex, chien flic - en allemand « Kommissar Rex » - ou « Alerte Cobra » - en allemand, « Alarm für Cobra 11 - Die Autobahnpolizei ». Il aura fallu un anglais, Phillip Kerr en l'occurence, pour donner à l'Allemagne un équivalent de stature internationale et germanique de Maigret ou Holmes avec Bernhard Gunther. Récemment, la curiosité « Commissaire Dupin » - en allemand « Komissar Dupin » qui emprunte son nom à un célèbre chevalier - a débarqué sur les écrans français : il s'agit d'une adaptation des livres de Jean-Luc Bannalec - pseudonyme de Jörg Bong - dont le héros, un commissaire de police parisien, est muté à Concarneau.



Adaptation du premier volume - « Le poisson mouillé » [« Der nasse Fisch »]* - des aventures du commissaire Gereon Rath de Volker Kutscher, Babylon Berlin de Arne Jysch est (a priori) un one shot et cela même s'il y bien plus qu'un coup (de feu) dans cette bande dessinée. Pour qui n'a pas lu les romans de Volker Kutscher, ni vu la série produite par Netflix, l'histoire est celle d'un policier muté de Cologne à Berlin et évoluant en eaux troubles : alors que Bernhard Gunther enquête en plein nazisme, son collègue natif de Cologne enquête sur des meurtres mêlant milieu politique, pègre, corruption policière pendant la montée du nazisme dans l'Allemagne de Weimar.



Plutôt bien dessiné, en noir et blanc, cette aventure de Gereon Rath est également plutôt plaisante à lire et confirme que « au fond, il est selon Kracauer plus pertinent de lire des romans policiers que de prétendre aujourd'hui rependre contact avec l'impulsion initiale de textes sacrés devenus intelligibles » (avant-propos d'Olivier Agard à L'ornement de la masse. Essais sur la modernité weimarienne, p. 10).



* À noter la transformation du titre original « le poisson mouillé » [« der nasse Fisch »] en un « Babylon Berlin » dans la traduction française - autant, le « poisson mouillé » qui fait référence à « une affaire de meurtre non élucidée » (p. 214) a du sens, autant ce Babylon Berlin nettement moins.
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La mort muette

Vous aimez les rompols aux énigmes finement ciselées , dans lesquels l auteur soumet votre intelligence aux énigmes les plus subtiles faisant bouillir vos petites cellules grises ?.................. Hé bien lisez un autre bouquin , dans ce pensum dés qu on l 'aperçoit on connait l identité et les motivations de notre tueur en série c est si évident que l'on se dit Meuh non je me trompe il va y avoir un rebondissement de dernière minute qui va m 'époustoufler. Bernique ! c est simplet du début à la fin , on suit la vie du commissaire Rath ( je vous dit pas comme c est passionnant ! ) dans le Berlin des dernières années de la République de Weimar avant l irruption de la peste brune

ses soucis professionnels, ses amours contrariés , ses investigations à peu prés inutiles comme celles d ailleurs de toute la police criminelle de la capitale teutonne , ses connexions politiques par l intermédiaire de son père et de Conrad Adenauer .Cela tourne tant en rond que pour débloquer la situation il faut faire intervenir vers la fin ( le pavé fait tout de même 720 pages ) sa chérie qui en 2 coups de cuillères à pots nous libère enfin de cette torture et il parait que ce truc est le préambule à une série ...heu non merci Remarquez j aurais pu me douter que c était nul au vu des téléfilms policiers goths si niais que vous connaissez le coupable au générique de début . J exagère ? pti' être mais alors à peine
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Babylon Berlin (BD)

Je ne connais ni les romans de Volker Kutscher (qui sont pourtant dans ma longue liste de livres à lire depuis un moment !), ni la série télévisée basée sur les romans en question. Cette BD est donc pour moi une découverte des aventures de Gereon Rath. Ce dernier, muté en début d’année 1929 de Cologne à Berlin suite à une malheureuse affaire, est affecté à la Brigade des mœurs. Il va se retrouver mêlé à une drôle d’affaire…



J’ai apprécié cet album principalement pour son atmosphère, le dessin en noir et blanc, au trait précis, restituant admirablement le contexte de Berlin de cette fin des années 20, mélange de décadence et de troubles politiques. La couverture est d'ailleurs assez remarquable ! J’ai également aimé l’histoire, découpée en plusieurs chapitres, même si celle-ci ne s’est pas toujours avérée évidente à suivre. Paradoxalement, le personnage central, un brin égoïste et carriériste, ne m’est pourtant pas apparu particulièrement sympathique…

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La mort muette

Seconde enquête du commisaire Rath dans le Berlin des années 30.

Autant j'avais aimé la 1ère enquête, autant celle ci m'a laissé sur ma faim.

Bien sûr Volker Kutscher maitrise son sujet, le récit est parfaitement mené.

Il s'agit ici d'une histoire qui a pour cadre, le milieu cinématographique berlinois.

Des actrices sont mystérieusement assassinées. le commissaire Rath mène une enquête difficile. Pourtant, je trouve qu'il s'humanise un peu par rapport au volume précédent. Bien que très éloigné d'un Bernie Gunther, tout en auto-dérision, il progresse un peu dans ce domaine.

J'ai été plus gèné par l'histoire en elle même. Celle ci aurait pû se dérouler à Hollywood ou ailleurs, et même de nos jours.

Je trouve dommage que l'auteur n'exploite pas davantage le contexte historique. Nous sommes en Mars 1930 à Berlin : la crise économique et la montée du Nazisme sont les deux grands absents de ce roman. Quelques allusions ici ou là, rien de plus.

L'évoquer n'aurait peut être rien apporter à ce roman.

Pas sûr que cela soit suffisant comme argument, il y a tant à dire sur cette époque.
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Le poisson mouillé

Un très bon polar qui nous plonge dans le Berlin des années 20, une ambiance particulière, un auteur qui connait bien la ville, on s'y croirait et c'est intéressant!
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Le poisson mouillé

Suite à une bavure policière le jeune commissaire Gereon Rath a été muté de la criminelle de Cologne aux mœurs de Berlin, on est alors en 1929, à Berlin et la révolte communiste gronde. Un soir alors qu’il était énervé d’avoir dû planquer une partie de la journée avec son collègue Tonton, pour prendre en flagrant délit un photographe porno. Un russe complètement ivre vient faire le ramdam chez lui à la recherche de l’ancien locataire de l’appartement qu’il occupe actuellement. Or quelques jours plus tard, une voiture est repêchée dans le Landwehrkanal avec à l’intérieur un cadavre mutilé. Personne ne connaît l’identité de la victime sauf Gereon Rath qui reconnaît le russe qui a frappé à sa porte quelques jours plus tôt. Il se garde bien de le dire et en profite pour enquêter en solitaire afin que cette affaire ne finisse pas « aux poissons mouillés » ou affaires non résolues, mais surtout parce qu’il veut à tout prix redorer son blason pour réintégrer la criminelle. Flics véreux, mafia, trafic d’armes, groupe d’extrême droite entouré d’un contexte historique et politique d’entre deux guerres tendu, ce polar a tout pour accrocher son lecteur, si l’on passe outre les noms de rues et quartiers berlinois un peu rébarbatif pour qui ne connaît pas la ville ! Nous devrions retrouver prochainement les aventures de ce commissaire, trois autres titres sont déjà parus en Allemagne.
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La mort muette

Berlin, 1930, trois ans avant la fin de la République de Weimar et l’arrivée d’Hitler au pouvoir. Le commissaire Gereon Rath, incontrôlable aux yeux de sa hiérarchie, enquête avec ses méthodes borderline bien à lui et arrondit ses fins de mois en acceptant sans rechigner des missions d’ordre privé, flirtant avec le conflit d’intérêt. On pense immédiatement à Bernard Gunther, le flic berlinois iconoclaste de Philip Kerr, alternant au gré des romans les rôles de commissaire et de détective privé (cf. La Trilogie Berlinoise). Même lieu, même époque, même ambiance.

Brièvement esquissée, la toile de fond historique est cependant peu exploitée. Les nazis et les communistes sont évoqués comme deux partis d’opposition, extrémistes et minoritaires, à renvoyer dos à dos et à surveiller lors des manifestations. Le chômage frappe durement après la crise de 29, mais les usines Ford embauchent et l’industrie du cinéma allemand, l’une des meilleures au monde, est en plein essor. Le modèle américain semble avoir le vent en poupe : Gereon Rath roule en Buick et écoute du jazz de la Nouvelle Orléans.

Certes, nous sommes en 1930, personne ne peut encore prévoir l’ascension d’Hitler et l’arrivée de la barbarie nazie, semble nous dire Volker Kutscher. Les citoyens allemands, du magnat au concierge d’immeuble, du flic au voyou, sont des êtres policés et extrêmement courtois, tout juste laisse-t-on échapper ça et là le mot juif dans une saute d’humeur. Le seul personnage dangereux de l’histoire est un malade mental assassinant les actrices et qui se fera justice lui-même !

Il sera donc intéressant de voir l’évolution des personnages dans les prochains romans. En 1933, qui se ralliera aux thèses hitlériennes ?

Dans ce deuxième roman situé en 1930, les personnages récurrents sont installés : Gereon Rath, son père, son copain, sa petite amie, ses supérieurs, ses collègues et ses sources. Les 667 pages de La Mort muette sont émaillées de références au Poisson mouillé, premier roman de Volker Kutscher. L’idéal serait de lire en premier celui-ci, susceptible d’éclairer certains comportements. La trajectoire de Gereon Rath est en effet dictée par ses amitiés et ses inimitiés, il n’hésite pas à larguer sa petite amie, à tenter de récupérer la précédente, à négliger les ordres de ses supérieurs, à envoyer l’un de ses collègues au tapis, à divulguer des informations à la presse, à cacher certains éléments de l’enquête, à copiner avec les suspects, à utiliser ses relations maffieuses, et contre toute attente, à adopter un chien pour tromper sa solitude. Gereon Rath est un personnage complexe. Tout ceci m’incite donc à lire prochainement Le poisson mouillé (depuis hier dans ma PAL).

L’intrigue policière de La mort muette est classique et sans réelles surprises. Tueur en série, chapitres intermédiaires dédiés au criminel, enquête poussive et minutieuse. L’enquête évoluant dans le milieu du cinéma qui aborde son passage du muet au parlant, on pourra regretter l’absence de références aux maîtres allemands des années 20 (Fritz Lang, Murnau, Pabst) qui ont inévitablement marqué cette époque. Volker Kutscher choisit de nous dévoiler l’identité de l’assassin à mi-parcours, donnant ainsi un avantage inutile au lecteur, revendiquant peut-être un style plus mankellien qu’agatha-christien (si j’ose dire) et favorisant le poids de l’ambiance à la profondeur du mystère. Lorsque le rythme s’accélère enfin, dans les toutes dernières pages, Gereon est curieusement mis hors circuit et ne peut participer au dénouement final qui lui sera raconté sur son lit d'hôpital, parachevant ainsi son image d’antihéros non conventionnel.

Malgré une intrigue plutôt faiblarde dans un pourtant volumineux polar, on parvient facilement au bout du récit, avec l’envie d’en savoir plus sur les réactions et l’avenir des différents protagonistes, car ceux-ci seront bientôt confrontés (peut-être dès le prochain roman) à la montée du nazisme et à la seconde guerre mondiale. Auteur et série à suivre, donc.
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Le poisson mouillé

Voilà un bon polar comme je n'avais pas eu le plaisir d'en lire depuis longtemps! Cette lecture m'a vraiment enthousiasmée!



L'auteur nous plonge dans l'Allemagne de l'avant deuxième guerre mondiale. Nous suivons le jeune commissaire Gereon Rath qui a du quitter "incognito" la police de Cologne où il était promis à un brillant avenir pour intégrer la brigade des moeurs à Berlin. Arrivé à Berlin, Rath va tout faire pour accéder à la prestigieuse brigade criminelle. Mais pour cela, il doit se faire remarquer sur une affaire. Et tout semble réunit pour lui faciliter la tâche. Ses collègues de la brigade criminelle font du sur place dans une affaire. Un homme a été retrouvé mort dans une voiture au fond d'un canal et personne ne le connaît. Sa photo circule dans tous les journaux de la ville, sans résultat. Mais Rath connaît ce visage. Par le plus grand des hasards, cet homme est venu frapper à sa porte quelques jours avant d'être retrouvé mort. Rath va donc se lancer dans une enquête officieuse, persuadé que s'il trouve le fin mot de l'histoire, il sera couvert de gloire. Mais les choses ne sont pas si simples et il va devoir faire attention à tous les pièges qui se dressent sur son chemin.



Je me suis très vite trouvée plongée au coeur de cette histoire avec une seule envie : en connaître le fin mot. Le rythme est rapide et les rebondissements donnent de l'épaisseur à l'intrigue.



J'ai littéralement dévoré ce roman et c'est avec plaisir que je compte retrouver le commissaire Rath dans ses prochaines enquêtes!
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Babylon Berlin (BD)

Berlin, années 1920. L'inspecteur Gereon Roth est muté de Cologne aux mœurs berlinoises, même plutôt rétrogradé suite à une affaire qui a mal tourné. Dès son arrivée, et un première affaire des plus louches, le jeune homme aux dents longues, qui rêve de faire partie de la Criminelle, met parfois de côté des méthodes plus conventionnelles, mais à aucun moment son intégrité. Ce qui ne tombe pas plus mal, comme il le découvrira au fil de son enquête...



Ayant eu connaissance et des romans, et de la série qui en était adaptée en découvrant cette même adaptation BD à la médiathèque, je ne savais pas spécialement à quoi m'attendre, mais j'appréciais particulièrement les graphismes en feuilletant, d'où l'emprunt.



Et je n'ai pas été déçue, car l'ambiance noir et blanc réaliste, tout à fait polar des années 1920-1930 qui avait attiré mon regard, s'est confirmée au fil de l'intrigue, menée intelligemment, de manière vraisemblable, alternant parfaitement scènes d'action et scènes d'enquête, pour nous dépeindre une Allemagne de l'entre-deux-guerres se remettant de la défaite à grands coups d'ultranationalisme et de corruption, qui mèneront à ce que l'on sait quelques années plus tard, et un inspecteur toujours à la limite, mais toujours, finalement, du bon côté de la barrière.



Une découverte tout à fait appréciable : peut-être qu'un jour, lorsque ma PAL me le permettra un peu plus, tenterai-je un des romans.
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Babylon Berlin (BD)

Gereon Rath intègre la brigade criminelle de Berlin et il va vite être confronté à une affaire criminelle qui va mettre sa carrière dans la balance.



Cette bande dessinée, adaptation d'un roman policier, est vraiment prenante.

Elle se passe à Berlin dans les années 20 et l'on sent l'atmosphère particulièrement tendue de cette époque. Ca a été pour moi son principal défaut. C'est qu'il y a pas d'éléments politiques et je connais mal ce qu'il se passe en Allemagne à cette époque. Du coup, ce n'était pas toujours très clair dans les différents partis politiques, les revoltes, ou le contexte en général.

L'enquête, quant à elle, est bien menée. Distillation des indices, suspense, avancées progressives et rebondissements. On ne s'ennuie pas et il n'y a pas de longueur malgré les 215 pages.

Le dessin a un trait simple, en noir et blanc. Plutot agréable bien que parfois les personnages ne soient pas facilement identifiables.
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Goldstein

Troisième volet des aventures du commissaire berlinois Gereon Rath, affecté à la surveillance d'un gangster américain fraîchement débarqué dans la capitale prussienne en ce printemps 1931 particulièrement agité.



Les violences sont monnaie courante et la République de Weimar ne fait plus face. La crise financière a gagné l'Allemagne prise à la gorge par les réparations imposées par le traité de Versailles, les groupuscules tiennent la rue : les communistes du KPD, les SA qui traquent les Juifs et les rouent de coups en pleine rue, les groupes d'anciens combattants, les chômeurs qui réclament du pain. Même les fonctionnaires voient leur traitement diminuer …



La belle étudiante en droit qui rêve de devenir magistrate Charlotte Ritter est mise à contribution par les pontes de la police criminelle. On recherche une jeune cambrioleuse du grand magasin KaDeWe, enfuie après que son comparse se soit écrasé pour échapper à un policier. Elle a juré de venger son jeune ami car elle a été témoin du drame : le Schupo a écrasé les doigts du gamin pour le balancer du quatrième étage …



Des policiers criminels ? Alors que plusieurs d'entre eux sont retrouvés assassinés, de même que deux caïds de la pègre : serait-ce le prélude à une guerre des gangs, les sinistres Ringvereine ?



Plusieurs enquêtes entrelacées, un tueur à gages au grand coeur qui reste introuvable, une histoire d'amour entre deux héros compliquée, des flics comploteurs, un final époustouflant … Une construction précise, des chapitres courts, une fine analyse psychologique : bref, un polar qu'on ne lâche plus.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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La mort muette

Ce deuxième épisode des aventures du commissaire Gereon Rath se déroule entre le 28 février et le 13 mars 1930.



Berlin enterre le jeune héros des SA Horst Wessel dont le poème va devenir l'hymne nazi, l'ambiance au Château Fort, le siège de la police prussienne sur Alexander Platz, toujours aussi lourde entre Rath et son supérieur, le commissaire principal Böhm. Mais le Divisionnaire Gennat l'a à la bonne. Il faut dire que Rath ne laisse pas passer une occasion d'enquêter hors limite. Mais son instinct le trompe rarement.



L'enquête qui lui est confiée porte sur la chute d'un projecteur de cinéma causant la mort de la jeune vedette, en plein tournage d'un film parlant, la grande innovation technologique du siècle. Il s'agit d'un sabotage. Qui avait intérêt à retarder la sortie de cette comédie romantique ? Est-ce un énième épisode de la rivalité farouche que se livrent à coup d'avocats deux producteurs ?



Car Berlin est alors le lieu où il faut tourner : Babelsberg, UFA, Klangfilms, Tobis … Il est question d'un bouleversement artistique majeur qui implique de lourds investissements aussi bien pour les réalisateurs que pour les exploitants de salles et les comédiens (on est loin du film « Chantons sous la pluie » de Stanley Donen), d'affaires de brevets et de licences … alors que dans quelques mois, une grande partie de ces artistes émigreront aux Etats-Unis – mais ça, c'est une autre histoire.



Gereon Rath ne se console pas d'avoir perdu l'amour de Charly, la belle étudiante en droit qui venait faire des extras de sténographie à la Criminelle. Il ne veut pas croire à la version facile d'un éclairagiste criminel. D'autant que de nouvelles victimes sont découvertes : jeunes actrices maquillées et habillées comme pour un tournage, apparemment mortes de mort naturelle mais dont on a retiré les cordes vocales. Cependant, pour le pas affoler la population, la police refuse de parler d'un tueur en série.



Cette enquête où l'on patauge entre culs-de-sac et fausses pistes - va encore coûter cher à Gereon Rath … Comme c'est la loi du genre, il s'en tirera de justesse … mais se fera rattraper par la patrouille et ne coupera pas à une sanction disciplinaire pour avoir joué une fois encore en solo.
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Goldstein

Dans le Berlin des années 1930, le policier Gereon Rath enquête sur les agissements d'Abraham Goldstein, un tueur à gages new-yorkais, et découvre des comportements condamnables au sein de la police du Reich.

Après Le Poisson mouillé et La mort muette, Goldstein est la 3ème enquête du commissaire Gereon Rath. L'auteur, avec sa précision historique et une connaissance approfondie des lieux, nous dresse un roman mosaïque de la société allemande sous la République de Weimar. Il mêle habilement de front deux intrigues en un rythme soutenu. Un beau moment de lecture.


Lien : https://collectifpolar.com/
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La mort muette

Si vous aimez les romans de Philip Kerr, vous serez probablement déçus par Volker Kutscher



En manque de Philip Kerr, manque qui ira croissant vu le décès de cet inestimable auteur, je me suis rabattu sur un roman policier se déroulant dans un univers berlinois de 1930. Malheureusement, le commissaire Rath n'a pas l'humour de Bernie Gunther. L'histoire comporte beaucoup de longueurs qui ont failli me faire renoncer à sa lecture. Mais, bon, ce sont les grandes vacances, il fait chaud et n'ayant pas plus intéressant à lire, j'ai lu l'ouvrage jusqu'au bout.

En dehors du contexte germanique, j'ai plus eu l'impression de lire un roman noir américain qu'une oeuvre policière européenne.



L'intrigue:

Le commissaire Rath enquête sur la mort "accidentelle" d'une actrice connue en passe de devenir une star, Betty Winter, au moment où un bouleversement technologique majeur frappe le cinéma: le passage des films muets aux films parlants. L'accident se révèle être un meurtre. Qui en est l'auteur? Qui en est le commanditaire? Rath enquête. Il est officieusement contacté par un autre producteur qui lui demande de retrouver son actrice vedette, Vivian Franck, qui par ailleurs est aussi sa maîtresse, bien qu'elle ait un petit-ami acteur. Le cadavre de Vivian sera retrouvé dans un cinéma désaffecté. Particularité: elle a subi l'ablation de ses cordes vocales !

Le commissaire Rath est également chargé par son père de retrouver, en toute discrétion, un maître chanteur qui s'en prend au maire de Cologne, Konrad Adenauer.
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Le poisson mouillé

Je connais peu la littérature allemande. Il m'a plu de découvrir un roman qui, par certains côtés, sort des sentiers battus. Au départ, l'enquête paraît classique. Cependant, Volker Kutscher complique les choses. Par exemple, l'enquête conduit Rath dans des milieux auxquels il ne vaut mieux pas se frotter. En outre, si le roman démarre lentement, l'auteur place habilement quelques rebondissements que je n'ai pas vus venir. J'aurais sûrement dû, car ils ne sont pas si complexes, mais cela montre que j'étais assez immergée pour ne pas m'amuser à tout décortiquer.

J'ai également apprécié que certaines informations finissent par être connues par hasard.

[...]

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