Wendy Donella

Pour moi, ce sont les rêves qui nourrissent notre âme, et non une vie toute tracée. Si tu suis un chelin dont tu ne veux pas, l'étincelle en toi finira par s'éteindre totalement, et lorsque tu t'en rendras compte parce que tu seras malheureux, il sera trop tard.

Je quitte mon corps et mon âme pour devenir une partie de lui.

Ce que je ressens en ce moment même est comparable à ces petites guimauves en forme de nounours enrobés de chocolat. J’adore ces petites sucreries, c’est mon péché mignon. Dorénavant, il y aura « les guimauves » et les « baisers de Monsieur Connard ». J’ai l’impression d’enfin éprouver ce que vivent toutes ces héroïnes dans mes bouquins. De la passion et du désir à outrance, et je n’arrive pas à croire que c’est bel et bien ce type blindé d’arrogance qui me le fait ressentir !

L’homme parfait. Définition : Créature inconnue uniquement disponible dans les livres et les films.

« Il n’y a rien à comprendre, il y a juste des évidences qui ne s’expliquent pas. »

Un trou béant viens de remplacer l'endrois où se trouvait mon cœur. L'envie de hurler ma peine me submerge, mais je m'abstiens. Je suis complètement perdue

-Alors, sache que c'est la seule chose qui compte pour moi. Tu n'es pas une mauvaise personne, je le sais, et tu le prouves encore à cet instant, Mady. Tu es une nana incroyable, douce, belle, intelligente: je me fiche donc de la Mady d' avant. Moi, celle qui m'importe, c'est ma Petite Chose d'aujourd'hui , celle qui se tient devant moi, d'accord?

Si avec le temps, il semblerait que les blessures finissent par s’estomper, on dirait que celles que ses monstres ont laissées en moi ne pourront jamais se soigner. Elle est si profonde et vive que rien ne pourrait aider à la cicatriser. J’aurais pu me raccrocher à l’amour de Rayen, il aurait pu être ma force, mais tout cela a été balayé le jour où il a décidé de me planter un couteau dans le dos.

Soutenir son regard est un vrai supplice, mais je veux qu’il perçoive toute la haine que j’ai en moi à leur égard, c’est ce qui me motive à tenir bon.

Ce que nous partagions était un amour véritable, rare et unique comme très peu de gens ont la chance de le connaître un jour. Si nous étions des amis depuis toujours, c’est à l’âge de quinze ans que nous avons compris que ce que nous ressentions dépassait le stade de l’amitié. Lorsque Rayen m’a embrassée pour la première fois sur ce rondin en bois au bord du lac, je ne me suis jamais sentie aussi vivante que ce jour-là.

Je me sens comme Moïse, sauf que ce ne sont pas les eaux qui se divisent pour me laisser le passage dans ce couloir du lycée, mais bel et bien les élèves ! Chaque pas que je fais me donne envie d’en faire dix autres en arrière. Je prends sur moi et me concentre sur la main de Kristen qui se glisse dans la mienne et non sur tous ces chuchotements fâcheux qui me parviennent. Sans parler des regards insistants braqués dans ma direction.
Bref, pour résumer, c’est une vraie torture !

Mon frère ayant compris que les études n’étaient pas faites pour lui, il a tout plaqué il y a deux ans de cela. Aujourd’hui, son souhait le plus cher est de vivre de la danse. Il est très doué et j’aspire de tout cœur à sa réussite. Il le mérite amplement.

Les mots de ma mère sont comme la lame d’un couteau qui viendrait me lacérer le cœur. Ma gorge se resserre, l’air semble peiner à arriver jusqu’à mes poumons. Ce n’est que de longues respirations plus tard que j’arrive à me calmer légèrement et à respirer à nouveau correctement. Lorsque je m’en sens capable, je réponds à ma mère, puis je rejoins Kristen dans l’habitacle de sa voiture.
 

Rayen peut aller se faire voir ! Il pourrait lui arriver la pire des atrocités que je ne bougerais même pas le petit doigt. Parce qu’en réalité, c’est ce que je souhaite. Je veux qu’il souffre comme c’est mon cas à cet instant. Je veux que sa vie devienne douleurs et cauchemars, qu’il ne perçoive plus jamais la chaleur, qu’il soit dépouillé de son âme. Même si je me doute qu’il l’a déjà vendue au Diable !
L’idée de le retrouver bientôt m’angoisse, et encore, ce mot est faible pour décrire ce que je ressens en pensant à lui. L’idée de respirer le même air que lui me débecte, tout comme le fait que nous nous retrouvions dans la même salle de cours. Si un jour je l’ai aimé, aujourd’hui je voudrais ne l’avoir jamais connu !

Nous sommes devenus, mes parents et moi, l’ombre de nous-mêmes. Il y a peu encore le bonheur régnait dans notre maison, mais depuis que nous ne sommes plus que trois, notre famille est devenue bancale, fragilisée par le manque de notre quatrième pilier. Enlevez l’un des pieds d’une chaise et celle-ci ne servira plus à rien. Voilà le sort qui nous est réservé aujourd’hui…

Son regard passe de l’envie à la voracité en une fraction de seconde. L’instant suivant, Rayen bondit enfin sur moi pour m’embrasser. Dès que nos bouches rentrent en contact, une partie de moi se sent satisfaite, tandis qu’une autre ne peut s’empêcher de me hurler que ce n’est pas assez. C’est bien cette dernière qui l’emporte sur tout le reste, elle est bien décidée à le montrer à Rayen. Mes mains s’agrippent à lui de toutes leurs forces, ma langue joue avec la sienne jusqu’à nous rendre hors d’haleine, mon corps se plaque contre le sien. Mais ce n’est encore pas suffisant.

Dès que mon regard se pose sur cet homme dont je rêve tant, tout mon corps se met en alerte, ce dernier anticipe déjà ce qui va suivre lorsque Rayen est à mes côtés. Il n’a pas besoin de me toucher pour me faire frissonner, rien que ses yeux sur moi font naître ces petits papillons dans mon bas ventre. Sa silhouette qui se tient à quelques centimètres de la mienne et son odeur qui afflue jusqu’à moi m’étourdissent quelque peu.

Un petit coup d’œil dans le miroir de ma coiffeuse et ce que mon reflet me renvoie me fait légèrement sourire. C’est très rare que j’éprouve un tel sentiment à mon égard, mais je me trouve assez jolie. Je ramène ma longue chevelure auburn sur le côté, dévoilant une partie de ma nuque, cet endroit si sensible qu’aime tant embrasser Rayen.

« L’amour, c’est ça… en une heure, cela s’effondre… cela se brise, comme une barre d’acier se brise quand l’acier n’est pas dur. »
Sacha Guitry

— Les ravages de l’amour, c’est la vie mon pauvre vieux, ris-je en sentant malgré ça, une boule se former au niveau de ma gorge.
Je réalise que c’est la première fois que je prononce le mot « amour » en ressentant de la mélancolie plutôt que du dégoût. Est-ce que j’aurai de la fièvre ? Machinalement, je lève ma main pour venir la poser sur mon front afin de vérifier que je ne suis pas en train de délirer.