Il s'agit certainement d'un des poèmes les plus célèbres de la langue française : "Liberté", écrit par Paul Éluard pendant l'occupation allemande, constitue une véritable ode à l'espoir pour la France en résistance.
Le journaliste Xavier Donzelli a souhaité revenir à la genèse de cette oeuvre, pour expliquer son impact, et pour mettre en lumière tous les acteurs de la scène artistique et littéraire qui ont participé à la diffusion du poème.
Pour plonger dans l'oeuvre de Paul Éluard, le Book Club reçoit également Anne Yanover, directrice du Musée d'art et d'histoire Paul Éluard de Saint-Denis, où le poète est né.
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Sur les maisons réunies
Mai 1942
(...)"Poésie involontaire et poésie intentionnelle ".Paul déclame à l'assemblée le texte de préface :
"Les véritables poètes n'ont jamais cru que la poésie leur appartint en propre. Les mots disent le monde et les mots disent l'homme, ce que l'homme voit et ressent, ce qui existe, ce qui a existé, ce qui existera, l'Antiquité du temps, le passé, le futur de l'âge et du moment, la volonté, l'involontaire, la crainte et le désir de ce qui n'existe pas, de ce qui va exister. Les mots détruisent, les mots prédisent. Ils participent tous à l'élaboration de la Vérité. "
( p.54)
Janvier 1943
(* Nush)
Du temps, elle n'a que ça devant elle, dans cette librairie, chez Lucien Scheler, où elle se cache avec Paul.Ce n'est pas drôle tous les jours.Elle regrette les années d'avant- guerre, où elle était libre de ses mouvements, libre de corps et d'esprit. Elle ne se plaint pas, non, elle ne se plaint jamais. Et si c'était à refaire, elle choisirait encore de s'exposer, de lutter, et s'afficherait fièrement au bras de son mari, le poète de " Liberté ".
(p.187)
Vous n'y êtes pas du tout..., intervient Lee. Levez les yeux et regardez donc autour de vous. Max Ernst ! dit-elle, le doigt tendu vers le salon. Giorgio De Chirico ! Paul Klee ! Pablo Picasso ! Surréalisme, les gars ! Une enveloppe qui voyage de nuit et nous apporte au réveil le dernier recueil d'Eluard ? Surréalisme. Des poèmes tombés du ciel, dans une enveloppe postée de Lisbonne ? Surréalisme. Une boite aux lettres complice, un journal, un tampon, et un postier reçu par un capitaine papou ? Surréalisme.
Roland sourit. « Et quelle sera la prochaine étape de tout ça ? Des cargaisons de poèmes chargées dans les soutes à bombes des avions ! Des obus de sonnets, des strophes grenades, des rimes crachées par la bouche des mitraillettes!»
Dans la nuit silencieuse, Paul, lui, ne trouve pas le sommeil. Il pense à Max-Pol et à sa femme disparue, à Jacques Decour et à ses compagnons, à Lucien et à ses camarades lycéens sous les verrous. Il se demande s’ils dorment en ce moment, et combien de jours, de nuits, de rêves, il leur reste à vivre. Ses pensées tournent dans le noir. Dans ces circonstances, se dit-il, la poésie ne peut rester lettre morte ; elle doit descendre de l’Olympe pour se répandre parmi les hommes, devenir une arme au service des consciences. La discussion avec Max-Pol l’a conforté dans la nécessité d’agir de concert, de répliquer, chaque fois que le bâillon supprime une voix discordante, par des strophes de combat.
Dans ses circonstances, se dit-il, la poésie ne peut rester lettre morte, Elle doit descendre de l'Olympe pour se répandre parmi les hommes, devenir une arme au service des consciences.
Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom
Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom
Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom
Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom
Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom
Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom
Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom
Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom
Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté.
Paul Eluard
***
Poésie et vérité 1942 (recueil clandestin)
Au rendez-vous allemand (1945, Les Editions de Minuit)
Ce poème a eu un écho considérable en France. Il est devenu un chant de résistance, un hymne de combat et d'espoir ;
(***la Revue " Fontaine")
Il (**Max-Pol Fouchet) saisit un volume de sa revue, le numéro 15, une carte s'en échappe et tombe à ses pieds.Il y reconnaît l'écriture familière de Louis Parrot, le traducteur de Lorca: c'est Louis qui l'a mis en rapport avec Eluard, car depuis la zone libre, il opère la liaison entre Alger et la zone occupée. Max-Pol et Louis s'écrivent de longues lettres où s'exprime généreusement leur passion des mots.Max-Pol pourrait en citer des passages de mémoire, tant il a lu et relu les lignes de cet homme si humble, autodidacte boulimique qui, une fois terminée sa besogne quotidienne, consacre ses soirées à tenir une correspondance profuse avec des auteurs, des éditeurs, des libraires ; Parrot, ce bourreau de travail qui empiète sur son sommeil pour poursuivre son oeuvre jusqu'aux premières lueurs de l'Aube.
C'est bien en juin 1941, dans ce numéro 15 de " Fontaine ", qu'Eluard est apparu pour la première fois comme contributeur, avec un long poème, "Blason des arbres".
( p.70)
" je veux que ce recueil passe de main en main, de bouche à oreille, qu'il circule et devienne le livre de chevet de la Résistance. Qu'il soit lu, appris, retenu, transmis à la tombée du jour, à l'aube revenue, jusqu'à la dernière nuit..."
Car la poésie, explique-t-elle, comme la musique, à cette immense vertu de donner des ailes à ce qu'il ne se voit pas...