Citations de Xavier Emmanuelli (27)
Le sens que l'on attribue aux choses ou aux événements modifie la manière dont on les ressent. Si cet effort a du sens, on le fait. Si un effort n'a pas de sens, ce n'est que de la fatigue.
"Vous avez eu à choisir entre la guerre et le déshonneur ; vous avez choisi le déshonneur, et vous aurez aussi la guerre", avait déclaré Winston Churchill, le 13 mai 1940, à propos des accords de Munich. L'histoire bégaye toujours...
De mutation en mutation, le virus arrivera à un stade plus ou moins stable d'équilibre, et ce ne sera pas l'immunité collective mais une installation durable chez nous. Il faut que les gens s'habituent à côtoyer le danger ; nous ne pouvons pas nous protéger tout le temps de tout. Et nous apprendrons à vivre avec !
Un homme, c'est d'abord un être qui se sait mortel et qui produit quelque chose de particulier : du sens et de l'amour, de la sociabilité, de la compassion, de la transcendance.
Les jours heureux ne reviendront pas : ce seront d'autres jours, le bonheur sera à reconstruire.
La peur a un objet, on peut fuir, on peut se protéger, on peut affronter, mais on se débrouille. Avec l'angoisse, on ne sait pas d'où vient le danger. On ne peut pas lutter. Et pour ce virus, c'est ce qui s'est passé : on ne sait pas d'où vient le danger. C'est une angoisse diffuse.
L'écran, ce n'est pas une interaction porteuse d'affects, ce n'est pas une relation à l'autre.
Donner de la confiance aux enfants est bien la première mission de l'école. Et cela ne peut se produire que si l'on accepte de sortir d'un sprint scolaire qui laisse sur le bas-côté tous ceux qui ne peuvent pas suivre cette course.
Mais, contrairement à ce que voudraient croire les partisans de la fermeture des frontières, prendre la route n'est jamais un choix aisé, jamais une solution de facilité. Partir dans un autre pays signifie tout recommencer à zéro, renoncer à ce que l'on possède. Lorsqu'un paysan abandonne son champ, il sait qu'il ne reviendra pas. Nul n'abandonne sans raison profonde le bien qui nourrit sa famille, qui a nourri des générations et des générations, et qui devait nourrir ses enfants après lui.
Qui sont les gens qui vivent dans la rue ? Pourquoi y a-t-il autant de pauvres dans notre pays ? Est-ce qu'il y a des clochards qui ont des enfants ? Comment résistent-ils au froid l'hiver ? Comment se font-ils à manger ? Où font-ils leurs besoins ? Pourquoi certains sont agressifs ? Pourquoi certains préfèrent mendier plutôt que de travailler ? Comment faire pour les aider ? Pourquoi ça fait peur de voir des gens pauvres dans la rue ? Est-ce qu'ils resteront toujours pauvres ?
"Il va venir avec un bouquet de fleurs, je ne sais pas où mettre les fleurs, mais c'est gentil". Si ce minuscule signal affectif est arrêté par le virus comme cela s'est passé, les personnes âgées cesse de manger et de boire et on dit : il, ou elle, est mort de déshydratation. C'est faux. Ils sont morts de carences affectives.
Notre tranquillisant naturel, c'est la relation.
Les nouveaux virus - qui sont en fait aussi anciens que l'humanité - sont nouveaux dans la mesure où ce sont nos comportements, notre culture, nos manières de vivre qui leur donnent la chance d'entrer en scène.
Parce que l'interdit, ce n'est pas l'empêchement, c'est une structure affective.
Il faut aujourd'hui sortir de l'angoisse, pour se libérer des discours autoritaires ou populistes qui nous tirent vers un repli délétère.
Si on administre aujourd'hui des tranquillisants aux personnes qui souffrent, c'est parce que notre culture ne sait plus entourer les gens qui sont dès lors condamnés à souffrir seul. Notre culture donne des médicaments efficaces sur les symptômes là où le lien social fait défaut.
L'homme n'est ni bon ni mauvais, et certainement pas sauvage. Mais c'est à lui de conquérir sa divinité...
Je crois que parmi nous se trouvent de nombreuses personnes qui conservent toujours une liberté intérieure. Quand la télé ou la radio annonce quelque chose à ces gens-là, ils écoutent, ils cherchent à vérifier, ils multiplient les sources par des lectures ou des discussions. Ceux-là sont souvent des gens qui ont acquis un attachement éscure, confiant. Ils ne se laissent pas forcément embarquer. A l'inverse, d'autres personnes ont besoin de certitudes. Elles sont des proies pour les gourous ou les partis extrêmes. (...) Ceux qui aiment le doute, le débat et la recherche philosophique ont apprécié ce temps de recul pour mieux juger. J'en fais partie. Pour moi, le doute, c'est le premier pas vers la liberté. En revanche, ceux qui aiment les certitues ont été agressés par ces changements brutaux et ont très mal vécu ces hésitations.
Nous entretenons la nostalgie du terroir, alors que notre mode de vie est devenu américain, comme le dit Régis Debray. Nous nous glorifions de notre gastronomie, alors que nous nous nourrissons de pizzas et de sushis. Nous prétendons défendre la main-d'oeuvre française, alors que nos vêtements viennent de Chine ou d'Inde. Même dans le football, notre conception du jeu qui faisait notre fierté a sombré puisque les meilleurs clubs de la Ligue 1 sont désormais dirigés pas des entraîneurs étrangers. Cela fait bien longtemps que nous ne rompons plus le pain en faisant le signe de croix. La paysannerie et les petits villages d'antan ont disparu. Nous conservons nos légendes sans comprendre qu'elles ne sont plus que des reliques. Nous sommes les gardiens d'une époque défunte.
Inutile de sortir les mouchoirs : tout ne meurt pas pour autant dans notre pays ; beaucoup de choses sont préservées. Mieux, même lorsque le principe de réalité nous rattrape, nous sommes capables de perpétuer la grandeur de notre pays.
C'est toute une aventure, l'altérité, et un médecin ou un infirmier doit pouvoir la comprendre. Il faut écouter chacun, non pas avec ses oreilles, mais avec sa compassion.