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Citations de Xavier Grall (139)


J'ai aimé tout ce qu'il était possible d'aimer.
J'ai aimé l'amitié, j'ai aimé l'amour.
Je les ai aimés aussi sauvagement que la mer aime la rive. Comme le vent aime l'arbre. Je ne regrette pas cette avidité tremblante.
J'ai donné, j'ai jeté ma vie, dans les bars et dans les cœurs. Je fus comme une auberge jamais fermée. J'ai jeté ma vie dans les rhapsodies, les sagas, les ballades.
J'ai aimé les matins et les soirs. Et les arbres. Et les bergeries. Et toutes les demeures humaines plantées dans l'éternel poème de la création.
J'ai tout aimé de ce qu'il est possible d'aimer.
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Terre dure de dunes et de pluies
c'est ici que je loge
cherchez, vous ne me trouverez pas
c'est ici, c'est ici que les lézards
réinventent les menhirs
c'est ici que je m'invente
j'ai l'âge des légendes
j'ai deux mille ans
vous ne pouvez pas me connaître
je demeure dans la voix des bardes
O rebelles, mes frères
dans les mares les méduses assassinent les algues
on ne s'invente jamais qu'au fond des querelles

Allez dire à la ville
que je ne reviendrai pas
dans mes racines je demeure
Allez dire à la ville qu'à Raguénès et Kersidan
la mer conteste la rive
que les chardons accrochent la chair des enfants
que l'auroch bleu des marées
défonce le front des brandes

Allez dire à la ville
que c'est ici que je perdure
roulé aux temps anciens
des misaines et des haubans
Allez dire à la ville
que je ne reviendrai pas

Poètes et forbans ont même masure
les chaumes sont pleins de trésors et de rats
on ne reçoit ici que ceux qui sont en règle avec leur âme sans l'être avec la loi
les amis des grands vents
et les oiseaux perdus
Allez dire la ville
que je ne reviendrai pas

Terre dure de dunes et de pluies
pierres levées sur l'épiphanie des maïs
chemins tordus comme des croix
Cornouaille
tous les chemins vont à la mer
entre les songes des tamaris
les paradis gisent au large
Aven
Eden
ria des passereaux
on met le cap sur la lampe des auberges
les soirs sont bleus sur les ardoises de Kerdruc
O pays du sel et du lait
Allez dire à la ville
Que c'en est fini
je ne reviendrai pas
Le Verbe s'est fait voile et varech
bruyère et chapelle
rivage des Gaëls
en toi, je demeure.

Allez dire à la ville
Je ne reviendrai pas.
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O femme, ma bourgade de gamines
Mon dimanche d’écolier, ma chaumine
Mon amour mauve, mon beau gilet
Brode des bleuets sur le lin des détresses
Et couvre-moi de la liesse des grands arbres
Afin que je t’aime encore, une prochaine fois.
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MENHIR

Tout est bien de ce qui est
Tout est bien de ce qui sera
J’ai vécu mes journées
Viendra ma nuit
La mort ailleurs continue les songes de la vie
Le soleil ne se lasse
De caresser le menhir funéraire
Sans que la terre en tire ombrage
Et les pluies adoucissent la rigueur ossuaire.

Menhir
Tout ce qu’il est possible d’aimer
Je l’aime
J’ai fait aller le mythe avec la théologie
Et le rêve toujours épousa ma raison
Ainsi par les chemin d’Argol
La pierraille chante avec l’ancolie

Menhir
Je veux ma mort verticale
Parmi les ronces paysannes
Que nul féalement ne grave mon nom
Nulle épitaphe sur la pierre
Nulle dédicace au granit
Je veux seulement des vocables de lichen
Et la jaune écriture que silencieusement burinent
Les brunes hivernales et les vents d’océan.
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Seigneur me voici c’est moi
je viens de petite Bretagne
mon havresac est lourd de rimes
de chagrins et de larmes
j’ai marché
Jusqu’à votre grand pays
ce fut ma foi un long voyage
trouvère
j’ai marché par les villes
et les bourgades
François Villon
dormait dans une auberge
à Montfaucon
dans les Ardennes des corbeaux
et des hêtres
Rimbaud interpellait les écluses
les canaux et les fleuves
Verlaine pleurait comme une veuve
dans un bistrot de Lorraine


Seigneur me voici c’est moi
de Bretagne suis
ma maison est à Botzulan
mes enfants mon épouse y résident
mon chien mes deux cyprès
y ont demeurance
m’accorderez vous leur recouvrance ?
Seigneur mettez vos doigts
dans mes poumons pourris
j’ai froid je suis exténué
O mon corps blanc tout ex-voté
j’ai marché
les grands chemins chantaient
dans les chapelles
les saints dansaient dans les prairies
parmi les chênes erraient les calvaires
O les pardons populaires
O ma patrie
j’ai marché
j’ai marché sur les terres bleues
et pèlerines
j’ai croisé les albatros
et les grives
mais je ne saurais dire
jusqu’aux cieux
l’exaltation des oiseaux
tant mes mots dérivent
et tant je suis malheureux


Seigneur me voici c’est moi
je viens à vous malade et nu
j’ai fermé tout livre
et tout poème
afin que ne surgisse
de mon esprit
que cela seulement
qui est ma pensée
Humble et sans apprêt
ainsi que la source primitive
avant l’abondance des pluies
et le luxe des fleurs


Seigneur me voici devant votre face
chanteur des manoirs et des haies
que vous apporterai-je
dans mes mains lasses
sinon les traces et les allées
l’âtre féal et le bruit des marées
les temps ont passé
comme l’onde sous le saule
et je ne sais plus l’âge
ni l’usage du corps
je ne sais plus que le dit
et la complainte
telle la poésie
mon âme serait-elle patiente
au bout des galantes années ?


Seigneur me voici c’est moi
de votre terre j’ai tout aimé
les mers et les saisons
et les hommes étranges
meilleurs que leurs idées
et comme la haine est difficile
les amants marchent dans la ville
souvenez-vous de la beauté humaine
dans les siècles et les cités
mais comme la peine est prochaine !


Seigneur me voici c’est moi
j’arrive de lointaine Bretagne
O ma barque belle
parmi les bleuets et les dauphins
les brumes y sont plus roses
que les toits de l’Espagne
je viens d’un pays de marins
les rêves sur les vagues
sont de jeunes rameurs
qui vont aux îles bienheureuses
de la grande mer du Nord


Je viens d’un pays musicien
liesses colères et remords
amènent les vents hurleurs
sur le clavier des ports
je viens d’un pays chrétien
ma Galilée des lacs et des ajoncs
enchante les tourterelles
dans les vallons d’avril
me voici Seigneur devant votre face
sainte et adorable
mendiant un coin de paradis
parmi les poètes de votre extrace
si maigre si nu
je prendrai si peu de place
que cette grâce
je vous supplie de l’accorder
au pauvre hère que je suis


ayez pitié Seigneur
des bardes et des bohémiennes
qui ont perdu leur vie
sur le chemin des auberges
nulle orgue grégorienne
n’a salué leur trépas
pour ceux qui meurent
dans les fossés
une feuille d’herbe dans la bouche
le cœur troué d’une vielle peine
de lourdes larmes dans le paletot
et dans les veines des lais et des rimes
Seigneur ayez pitié !



© Xavier GRALL
Extrait de Solo et autres poèmes, 1981
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allez dire à la ville

Terre dure de dunes et de pluies
c'est ici que je loge
cherchez,vous ne me trouverez pas
c'est ici,c'est ici que les lézards
réinventent les menhirs
c'est ici que je m'invente
j'ai l'age des légendes
j'ai deux mille ans
vous ne pouvez pas me connaitre
je demeure dans les voix des bardes
o! rebelles,mes frères
dans les mares des méduses assassinent les algues
on ne s'invente jamais qu'au fond des querelles
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Cromwell peut bien cracher ses dents pourries dans le sang de l'Irlande

(Tombeau pour Bobby Sands, derniers poèmes)

https://youtu.be/87E-6CLycck
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Nous te ferons, Bretagne
avec des mots drus comme des grêles
avec des mots tranchants comme les faux
Nous te ferons, Bretagne

X. Grall
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Roi des eaux et des mondes
Au revoir et kenavo
Saluez pour moi
François Villon Arthur Rimbaud
Les anciens et les nouveaux
Les voyous et les voyants
Les croyants et les fous
Max Jacob et Verlaine
Perros et Guillaume de Machaut
Je leur offre mon solo
Avec un brin de marjolaine
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Eh oui, il fut un temps où les harpeurs bretons émouvaient l'Europe dans un ruissellement de musique que l'aristocratie la plus raffinée ne détestait pas. Ils allaient, ils chantaient, ils enseignaient. Ils étaient les fils de ces grands rêveurs qui ne séparaient pas la marche de la vie et la vie de l'épopée. Ils étaient les bardes derniers du monde enchanté. Ils avaient débarqué au Ve siècle en Armorique, tenant la harpe au-dessus de la mer, et la faisant frémir pour le ravissement des clans qui allaient féconder ces terres et créer cette patrie qui allaient devenir la Bretagne historique. Ils purent pendant six cents ans se livrer à leur art, charmer les cours et les peuples. La poésie était leur royaume et le royaume de Bretagne s'affaissa dès lors qu'il fut contraint, en grande partie sur l'ordre du clergé, de cacher ses harpes et de mettre une sourdine à sa voix magique. Les druides avaient été tués. Ce n'étaient pas assez. Il fallait étouffer les bardes, comme si le métier de poésie poussé jusqu'à sa plénitude avait porté les tenants du pouvoir à le considérer comme factieux, voire hérétique. Les premiers poètes maudits d'Occident sont les poètes bretons. La harpe disparut des manoirs et des fêtes. Et ce fut aussi triste qu'un saule qui meurt de n'entendre plus le vent chanter dans ses feuilles.

Chapitre V, le chant du monde, p172-173.
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J’ai tout aimé de ce qu’il est possible d’aimer. Et si de secrètes larmes ont buriné mes joues, je les bénis tout de même puisqu’il est dit que ceux-là qui ont pleuré recevront la grâce de la consolation.
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- Jean, nous nous dissoudrons dans l’amour et à la fin des temps, nous ressusciterons avec notre corps de jeunesse. Etrange sensualité du christianisme : ces noces éternelles, cette éternité de mai.
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Je me dirige vers le porche et tente d’ouvrir la porte. Elle est fermée à clef. On a fermé la porte de la Maison-Dieu. Je ne comprends pas. On ne devrait jamais fermer la porte d’une église. Et même si les hommes légers n’y viennent jamais, encore faudrait-il la laisser ouverte afin qu’y rentrent le soleil, l’oiseau blessé, le chien perdu, le fugitif et l’âme errante…
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Sur ces dalles, vous mettrez vos pas dans les miens et vous verrez comme il est doux d’y murmurer quelques paroles de grâce quand souffle dehors le grand vent fou du Finistère.
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Mais, mes filles, j’aimerais que dans nos cités, ces lieux de consolation et de joie que sont les églises chrétiennes, s’élèvent crânement, sans honte, et qu’elles soient belles à regarder et que leurs portes soient ouvertes au passant. Une église fermée, c’est une cœur qui se refuse.
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Mes Divines, permettez-moi de vous parler des grands pardons de Bretagne. Nous allions régulièrement en pèlerinage au Folgoët et à Rumengol. C’était des ces grands temps obscurs où il n’y avait pas de prolétariat, mais seulement des pauvres. Comment, mes Divines, vous dire cela ? On marchait longtemps dans le Bretagne d’été. L’on partait tôt le matin. L’on croisait de ces hommes splendides, noir et blanc vêtus, et qui allaient vers les chapelles comme l’on va au paradis. […] Et tout cette nature, avec le bruit des arbres et la rumeur de la mer. Et les saints touchés par toutes ces paysannes mains, et les fontaines aux vertus magiques où avec plus de ferveur qu’à Lourdes venaient boire l’eau, des troupeaux de femme. Quelle allégresse ! Quelle confiance ! Ô Celtes, pour qui la croyance est aussi naturelle que le vent, et qui, sans façon, aviez tenté d’instaurer la démocratie dans une église trop romaine en élisant vous-même et vos pasteurs et vos saints. Ô Moyen-Âge heureux de mon pays ! Mais aujourd’hui les lampes dans les sanctuaires se sont éteintes et c’est tout juste si quelque vénérable chrétienne vient balayer les fientes des oiseaux sur le granit des autels. Ô trésor perdu ! Ô innocence perdue !
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La liturgie est expression. Le rite vaut ce que vaut la foi. Il me semble que l’on a chassé des églises et le mystère et la poésie. Le clergé a voulu être moderne. Et compréhensible. A croire que naguère les temples ne furent fréquentés que par le gratin des sots et des imbéciles ! A présent, tout est clair. L’officiant s’offre en spectacle avec une impudeur dont il n’a même pas conscience.
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Cette allégresse, cette assurance impériale, cette jouissance, il vous suffira de lire l’Ecriture sainte pour les découvrir. Lisez la Genèse. Elle est le livre de l’établissement de notre royauté. Les esprits forts diront que tout là n’est que symboles. Et après ? Pauvres hommes, ils n’accordent valeur aux symboles que lorsqu’ils sont chimiques.
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Mes filles, mes Divines, c’est une révélation. J’ai eu ma préhistoire, mes millénaires de cavernes. Et puis mon temps de poèmes et de bibles. Et voici venue mon ère chrétienne et les lacs de Samarie comment pourrai-je vous les donner à voir ? Et la douceur de Christ quand il a touché Lazare de ses humaines mains ? Et les larmes qui coulaient de ses yeux quand il avait appris que son ami s’était abîmé dans la mort. Vous aurez vous ténèbres et vous posséderez votre matin. Chaque être recommence pour son propre compte le cycle de l’humanité. En raccourci.
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J’ai tout aimé. C’est mon honneur. Vous ne me retirerez pas cela. Non pas cela. Pas cette faim en moi des autres jusqu’à m’enivrer, pas cette gourmandise-là. Tous les chemins courent entre les haies d’été vers la rencontre heureuse d’Emmaüs. Et nous sommes sauvés et nous ne le dirions pas ?
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