Grâce aux luttes féministes des années 1960-1980, les femmes daujourdhui disposent de tous les droits civils et politiques. Elles peuvent exercer les mêmes activités que les hommes. Pour autant, elles ne renoncent pas à avoir des enfants, même si elles ont désormais le choix : la plupart veulent être à la fois mères et « actives ».
Cette revendication s'inscrit dans un nouveau système de représentations : chacune veut s'épanouir dans sa vie publique comme dans sa vie privée. Or la maternité pèse sur les femmes bien plus que la paternité ne pèse sur les hommes, dans la vie quotidienne, et aussi dans les mentalités.
Dans cet ouvrage qui sappuie sur son parcours de femme engagée, Yvonne Knibiehler milite pour que les femmes poursuivent un combat féministe dun nouvel âge où lamour maternel peut faire bouger les lignes.
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De nos jours [1977], on demande à la jeune mère de donner son lait un mois ou deux pour assurer à l’enfant un bon départ - et cette exigence minimale coïncide comme par hasard avec la durée du congé de maternité. Après, le biberon peut apparaître.
Ainsi la rivalité entre le sein maternel et les autres nourritures semble en voie d'apaisement; une organisation rationnelle semble trouvée, qui satisfait tout le monde. Pour combien de temps ? Voici que les pédiatres interviennent en force: toute considération diététique mise à part, ils soutiennent que, dans les premiers mois de la vie, c'est par l'alimentation que s'établissent les rapports entre la mère et l'enfant, si importants pour l'épanouissement ultérieur du petit homme.
Or le lait maternisé, diététiquement acceptable, ne tient pas compte des goûts du bébé. S'il ne l'aime pas, son rapport à sa mère deviendra conflictuel et il aura plus tard un caractère difficile. Farines et petits pots ne font qu'aggraver la situation, surtout s'ils interviennent avant le quatrième mois. Affaire à suivre !
Savoir s'informer est une exigence essentielle de la démocratie
C'est le biologiste Jacques Testard qui le dit : "Les gynécologues traitent les femmes
comme aucun garagiste n'oserait traiter les voitures".
Même apparemment désacralisée, désocialisée, la défloration garde encore, en ce début du XXIe siècle, les caractères d’un rite de passage
Ici, le lien avec le féminisme s'est peu à peu révélé : le concept de domination peut servir à décrire aussi bien la relation entre colonisateurs et colonisés que la relation entre les hommes et les femmes.
Une call-girl peut gagner en un week-end ce qu'une assistante maternelle gagne en trois mois.
Dans ce milieu encore assis sur des discriminations rigides, j'ai appris que la différence de classe surplombe de très haut la différence de sexe.
Les féministes elles-mêmes, sous la III° République, refusent pour la plupart l'indifférenciation des sexes ; elles ne veulent pas "perdre leur féminité". Elles repensent les rapports sociaux de sexe en termes d'égalité (juridique surtout) [...]. C'est en obtenant la connaissance de leurs services spécifiques, de leurs qualités spécifiques, qu'elles espèrent changer de vie.
La maternité pèse toujours sur les femmes bien plus que la paternité ne pèse sur les hommes.
Dans un grand hôpital parisien, tel médecin entrait dans la salle commune pour sa visite matinale en ordonnant paternellement : " Les papattes en l'air!" Et les jeunes femmes se mettaient en position gynécologique sans protester. Tel autre exprimait le souhait dérisoire qu'on lui présente ses patientes sur un plateau tournant. Les sage-femmes salariées se conformaient à ce modèle, oubliant qu'elles étaient des femmes. Elles devenaient souvent brutales : "des gendarmes", " des dragons".