Citations de Yvonne Knibiehler (16)
De nos jours [1977], on demande à la jeune mère de donner son lait un mois ou deux pour assurer à l’enfant un bon départ - et cette exigence minimale coïncide comme par hasard avec la durée du congé de maternité. Après, le biberon peut apparaître.
Ainsi la rivalité entre le sein maternel et les autres nourritures semble en voie d'apaisement; une organisation rationnelle semble trouvée, qui satisfait tout le monde. Pour combien de temps ? Voici que les pédiatres interviennent en force: toute considération diététique mise à part, ils soutiennent que, dans les premiers mois de la vie, c'est par l'alimentation que s'établissent les rapports entre la mère et l'enfant, si importants pour l'épanouissement ultérieur du petit homme.
Or le lait maternisé, diététiquement acceptable, ne tient pas compte des goûts du bébé. S'il ne l'aime pas, son rapport à sa mère deviendra conflictuel et il aura plus tard un caractère difficile. Farines et petits pots ne font qu'aggraver la situation, surtout s'ils interviennent avant le quatrième mois. Affaire à suivre !
Savoir s'informer est une exigence essentielle de la démocratie
C'est le biologiste Jacques Testard qui le dit : "Les gynécologues traitent les femmes
comme aucun garagiste n'oserait traiter les voitures".
Même apparemment désacralisée, désocialisée, la défloration garde encore, en ce début du XXIe siècle, les caractères d’un rite de passage
Une call-girl peut gagner en un week-end ce qu'une assistante maternelle gagne en trois mois.
Ici, le lien avec le féminisme s'est peu à peu révélé : le concept de domination peut servir à décrire aussi bien la relation entre colonisateurs et colonisés que la relation entre les hommes et les femmes.
La maternité pèse toujours sur les femmes bien plus que la paternité ne pèse sur les hommes.
Dans ce milieu encore assis sur des discriminations rigides, j'ai appris que la différence de classe surplombe de très haut la différence de sexe.
Les féministes elles-mêmes, sous la III° République, refusent pour la plupart l'indifférenciation des sexes ; elles ne veulent pas "perdre leur féminité". Elles repensent les rapports sociaux de sexe en termes d'égalité (juridique surtout) [...]. C'est en obtenant la connaissance de leurs services spécifiques, de leurs qualités spécifiques, qu'elles espèrent changer de vie.
les premières définitions de la virginité féminine ne relevaient pas de l’anatomie, mais de la religi
On ne nait pas vierge, on le devient
Dans un grand hôpital parisien, tel médecin entrait dans la salle commune pour sa visite matinale en ordonnant paternellement : " Les papattes en l'air!" Et les jeunes femmes se mettaient en position gynécologique sans protester. Tel autre exprimait le souhait dérisoire qu'on lui présente ses patientes sur un plateau tournant. Les sage-femmes salariées se conformaient à ce modèle, oubliant qu'elles étaient des femmes. Elles devenaient souvent brutales : "des gendarmes", " des dragons".
Le mot "maternas" n'a existé ni en grec ni en latin. Il apparaît tardivement, au seuil du XIIè siècle, désignant la maternité de l'Eglise, épouse du Christ.Cela au moment où se répand le culte de Notre-Dame, si chère à Saint Bernard. Le mot est donc inventé par des clercs, à leur propre usage,pour signifier qu'il existe dans la maternité une dimension spirituelle, accessible aux hommes, alors que les filles d'Eve en sont exclues.
Louise Bourgeois a un véritable talent littéraire. Elle sait marier les styles et jouer des contrastes, concilier les conseils pédagogiques et la narration humoristique de microrécits, comme celui de la sage femme qui a attrapé la vérole dans l'exercice de ses fonctions.
Les bouleversements sociaux et culturels qui ont marqué les deux derniers siècles justifient que Les Mots des mères soient présentés dans un ordre diachronique.
Pour donner à voir les rapports subtils entre Histoire et Littérature, chacun des chapitres qui suivent est composé de deux parties : la première pose les repères historiques, la seconde déploie les richesses de l'expression maternelle.