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Critiques de Zora Neale Hurston (68)
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Mais leurs yeux dardaient sur Dieu

" Elle savait maintenant que le mariage ne faisait pas l'amour. Ainsi mourut le premier rêve de Janie, ainsi devint- elle femme."

C'est l'histoire d'une descendante d'esclaves dans le Sud des Etats- Unis.

Le récit d'une femme libre paraissait en 1937. Née en Alabama ( 1891- 1960) l'auteur : Zora Neale Hurston fut une pionnière de la littérature afro - américaine , l'une des figures de proue du mouvement" Harlem Renaissance" , considérée par la grande Toni Morrison comme "l'un des plus grands écrivains de notre époque ."

Redécouverte par Alice Walker, Zadie Smith ou Maya Angelou, cet ouvrage reparait dans une toute nouvelle traduction française.

Au fil de ce récit , raconté par Janie dans un très long flash- back, se dessine le portrait d'une femme entiére animée par la force de son innocence .

Sa spécificité c'est d'être en "Back - English ", une sorte d'argot ou de patois , auquel le lecteur doit s'habituer .



La belle Junie , encore adolescente épouse Logan Kilicks , un homme plus âgé, qu'elle qui------ selon sa grand- mére saura lui assurer reconnaissance sociale et stabilité ---

Elle a élevé sa petite fìlle tout en travaillant comme gouvernante dans une famille de blancs en Floride...

Trés vite, Janie s'ennuie et son mari la trouve capricieuse ....

Elle se laisse charmer par " Un citadinisé, un homme d'élêgance ----- " Rien que la chemise et les tours - de - bras de soie suffisaient à éblouir le monde..."

Mais cet ambitieux devenu maire d'Eatonville , en Floride n'aura de cesse d'utiliser la beauté et l'intelligence de Janie.

Bîentôt , elle se sentira à l'étroit ....N'en disons pas plus....

C'est un roman féministe qui remet en question l'identité féminine noire. Il brosse le portrait d'une femme entière, forte, indépendante, désireuse de prendre la vie à bras le corps.



C'est une ode passionnée, impressionnante, à la réalisation de soi, à la liberté de choisir son destin , à un grand amour, surtout dans la derniére partie.



Une promesse d'égalité dans un élan d'amour et de fierté !

Je mets en garde les futurs lecteurs , il faut s'habituer ---ce n'est pas facile,----aux dialogues en argot , j'ai eu beaucoup de peine à entrer dans le roman ....







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Barracoon

Barracoon est le récit biographique du dernier survivant esclave qui a connu le passage du milieu. Malgré l'abolition de la traite négrière promulguée en 1808 en Amérique, certains contrebandiers n'hésitent pas à violer ce traité et c'est Foster, un capitaine de navire commandité par la fratrie Meaher, qui va entreprendre la dernière expédition qui verra plus de cent Africains, enlevés et transportés à bord du Clotilda jusqu'à Mobile - Alabama.

C'est en 1927 que Zora Neale Hurston, alors encore étudiante en anthropologie, rencontre Kossola devenu Cudjo Lewis, à plusieurs reprises à la fin de sa vie. Il est le dernier survivant à avoir connu en 1859, le passage du milieu, un terme qui caractérise le deuxième parcours du commerce triangulaire (le premier étant le cabotage entre l'Europe et les comptoirs africains et le troisième étant le retour des navires chargés des richesses d'Amérique). Arraché à sa famille à l'âge de dix neuf ans, il reste quelques semaines enfermé dans un barracoon (baraquement de transit) à Ouidah sur la côte occidentale du Dahomey (actuel Bénin) et sera esclave pendant cinq ans et demi. Au fil des rencontres avec la jeune anthropologue, se dessine le destin d'un homme qui n'a jamais compris pourquoi il avait été amené en terre étrangère, qui a gardé l'espoir du retour, qui a dû accepter une liberté chèrement acquise.



Barracoon est un texte composite - deux préfaces, l'une permet de contextualiser et resituer la trajectoire historique de la traite atlantique négrière, la deuxième préface permet à Zora Neale Hurston d'expliquer sa démarche, celle de privilégier l'échange et la transcription des souvenirs favorisant l'aspect humain plutôt que le travail universitaire et distancié, puis le récit de Kossola, devenu Cudjo Lewis à son arrivé en Alabama, enfin une postface et un glossaire.

Le récit en lui-même reste celui d'un destin individuel et au fil des échanges, on apprend à connaître cet homme, sa vie de famille, ses malheurs mais il y a peu de contextualisation. En revanche, la première préface et la postface sont beaucoup plus intéressantes, en resituant la problématique de la traite atlantique, le texte devient plus universel et éclaire beaucoup mieux la situation des derniers esclaves, victimes de contrebandiers hors la loi.

Barracoon est un récit humain intéressant, recontextualisé grâce aux informations complémentaires qui l'enrichissent et lui donnent son intérêt.
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Mais leurs yeux dardaient sur Dieu

Deux manières de réagir à la lecture de Mais leurs yeux dardaient sur Dieu, de Zora Neale Hurston, traduit par Sika Fakambi : la première serait la déception de ne pas avoir lu « l’immense chef d’œuvre » annoncé en 4e de couverture ; la seconde de se dire que ce roman culte complète utilement les autres récentes lectures repérées chez Céline ou Nathalie pour recontextualiser par la littérature les débats en cours sur les questions raciales aux États-Unis et ailleurs. Et là le livre fait sens.



Écrit en 1937, ce livre dresse le portrait d’une femme noire fière et forte, élevée par sa grand-mère dans le culte de l’anti-résignation. Il faudra à Janie Mae Crawford passer par le joug d’un premier mariage arrangé, puis d’un deuxième décevant, pour retrouver la voie de cette éducation, s’enfuir et se promettre de ne jamais s’en tenir à la place de figurante réservée à la femme noire en Floride au début du siècle dernier.



Dans un patois reprenant le langage parlé qui surprend puis séduit, Zora Neale Hurston nous parle d’amour, de lutte, d’identité, de combats finalement menés plus durement contre les préjugés de son propre camp que contre les blancs eux-mêmes. C’est une histoire d’autonomie, une invitation à l’action et le témoignage féministe de batailles d’une époque dont certaines résonnent encore d’une détestable actualité aujourd’hui…

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Mais leurs yeux dardaient sur Dieu

Je suis perplexe devant ce livre désormais célèbre paru aux USA en 1937

Je ne sais pas si je dois parler du récit lui-même, du choix de l’ écriture ou de la valeur de la traduction

Je m’explique

Zora Neale Hurston , d’ origine afro-américaine, née en 1891,était anthropologue et surtout, une grande écrivaine

Pour se en convaincre , il suffit de lire l’incipit de ce livre au titre un peu étrange. En anglais,Their eyes we’re watching God , en français, Une femme noire ou dans une traduction plus récente Mais leurs yeux dardaient sur Dieu, titre qui dénote déjà un choix lexical particulier

Car le problème se situe à ce niveau. À côté de pages remarquablement écrites , nous trouvons des dialogues en langage populaire

Exemples:

« Tu parles c’est juste pour te consolater toi-même par les mots de la bouche »

« Un plein tas d’hommes y ont vu les mêmes choses que toi t’as vues mais y ont plusse de bon sens »

Moi, je veux bien quelques pages de ce style mais tout le roman est comme cela.La lecture en devient tout à fait fastidieuse , on bute sur les phrases et les mots(les tizenfants à longueur de pages)

Harassant , d’ autant plus que ce récit est passionnant.Celui de l’errance d’une jeune femme noire, élevée par sa grand-mère, puis mariée très jeune , qui aura la force de se battre pour échapper à la vie pas bien glorieuse promise à toutes les femmes de sa couleur et de sa condition

J’ aimerais bien savoir ce que les lecteurs et lectrices anglophones peuvent penser de ce livre en texte original

Pour moi, le choix de ce style «  langage parlé transcrit à l’ identique «  a été rédhibitoire et m’a empêché d’aller au bout du livre
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Des pas dans la poussière

DES PAS DANS LA POUSSIERE est le titre du récit autobiographique de Zora Neale Hurston écrit dans en 1942 par cette Afro-Américaine qui s'avère être la première femme Noire à avoir été diplômée en Anthropologie.

Il débute au début du XXème siècle, dans une petite ville de Floride qui présente la particularité d'être composée uniquement de Noirs aussi bien en terme d'habitants que de représentants des différents pouvoirs (Mairie – Police - …..).



Contre toute attente dans cette partie du Sud, Blancs et Noirs vivent en excellents termes dans les écrits de Zora Neale et la couleur de sa peau ne lui posera – à priori – jamais de problèmes et ne lui causera pas de torts. Elle est sudiste jusqu'au bout des ongles.



Dès l'enfance elle pose sur le monde qui l'entoure un regard observateur. Elle fait preuve d'une vive intelligence et de beaucoup d'humour bien qu'il frise régulièrement l'insolence. Elle se mêle aux adultes, écoute toutes les conversations, s'en imprègne. Elle utilisera tous ces souvenirs et en fera des matériaux, lorsqu' adulte, elle sillonnera-voyagera notamment pour Franz Boas, son professeur (Il est considéré comme étant le père fondateur de l'anthropologie américaine : né en Allemagne en 1859, décédé en 1942, selon la légende dans les bras de Lévi-Strauss lors d'un dîner à New-York, il avait émigré aux États-Unis à la fin des années 1880, où il était devenu le directeur de la section d'anthropologie du musée d'Histoire naturelle de New York puis professeur à l'université Columbia – Source France Culture).



Dans le livre de Zora Neale, nul conflit sanglant entre Blancs et Noirs mais une farouche détermination à défendre le Sud qui l'a vu naître.

En revanche, elle porte un regard honnête sur la société noire qui l'entoure notamment sur les rapports entre hommes et femmes et en fera son cheval de bataille. Elle utilisera sa perspicacité en écrivant de nombreux ouvrages qui n'ont pas été traduits en français.



Amoureuse des cultures, elle s'impliquera dans plusieurs domaines artistiques Afro-Américains principalement et intègrera le mouvement Harlem Renaissance des années 1930.



J'ai apprécié le fait qu'elle énonce clairement qu'elle était américaine, que la couleur de sa peau n'avait jamais été un problème ou un poids pour elle. De fait, ce qui transparait à travers ses textes n'est ni culpabilisant, ni accablant, mais n'entrave en rien la réflexion quant à la place des individus dans la société, quelque soit la couleur de leur peau. C'est un regard humain, très féminin et également un regard de sudiste, ce qui signifie certains codes surannés. En même temps, elle fait preuve d'une grande finesse d'analyse et d'une immense perspicacité.



Une grande Dame, un peu mystérieuse, à qui Alice Walker, l'auteure de l'inoubliable « Couleur Pourpre » a rendu un vibrant hommage, expliquant qu'elle avait marché sur ses traces. C'est tout à fait vrai. Zora Neale Hurston a utilisé ses propres couleurs pour peindre la société Noire dans l'Amérique ségrégationniste et a créé des oeuvres magnifiques.



Une auteure engagée que j'ai découverte en lisant un autre homme engagé, j'ai nommé Howard Zinn.

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Spunk

Il est plus aisé pour aborder ce recueil composé de huit nouvelles d'avoir auparavant lu "Des pas dans la poussière" le livre autobiographique de Zora Neale Hurston. Ainsi on est familiarisé avec l'environnement de l'auteure, on connaît son enfance, on a quelques repères quant à la société telle quelle la perçoit.

Sur ces huit nouvelles, toutes sauf deux se déroulent dans des petites bourgades ressemblent à celle dans laquelle elle a passé son enfance et une partie de son adolescence. Une est située à Harlem. L'autre, surprenante concerne Hérode.

Un glossaire se rapportant à l'argot de Harlem est en bonne place.

Ici encore, une belle analyse de la société Noire qui évolue en parallèle de la société Blanche et essentiellement de la condition des rapports entre hommes et femmes.

La plume de Zora Neale se fait enfantine, superstitieuse, ironique, compatissante, joyeuse, selon les tableaux brossés et les situations narrées

Certaines m’ont conquise dès la première lecture, d’autres – si peu – me demanderont d’y revenir et j’y reviendrai.

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Mais leurs yeux dardaient sur Dieu

Ce roman a été publié pour la première fois en 1937. La romancière Zora Neale Hurston, aux nombreux talents artistiques, a été remise à l’honneur par Alice Walker, auteur de La couleur pourpre.



Janie Craford, née d’un viol, a été élevée par sa grand-mère, celle-est née esclave, a connu l’abolition, a émigré en Floride tout en continuant à vivre au service de maîtres blancs.



Janie est belle, sans le savoir, elle possède une chevelure remarquable. Elle aspire au bonheur sans parvenir à l’exprimer clairement, depuis qu’elle a passé un après-midi de printemps sous un poirier en fleurs. C’est le sentiment de plénitude des fleurs et des abeilles chargées de pollen qu’elle appelle confusément de ses voeux. Mais son premier mariage, de raison, arrangé par sa grand-mère, ne comblera pas ses rêves.



« Janie avait seize ans. Un feuillage vernissé et des bourgeons tout près d’éclore et le désir de prendre à bras-le-corps la vie, mais la vie semblait se dérober. Où donc étaient-elles, ses abeilles chanteuses à elle ?… Du haut des marches elle scruta le monde aussi loin qu’elle put, et puis elle descendit jusqu’à la barrière et s’y pencha pour contempler la route de droite et de gauche. Guettant, attendant, le souffle écourté par l’impatience. Attendant que le monde vienne à se faire. »



A la barrière, passe un homme séduisant et entreprenant, Joe Starks, avec qui Janie partira d’abord le coeur léger. L’homme a un ascendant puissant sur les autres, et il s’autoproclamera premier maire de la première ville exclusivement peuplée par des Noirs. Il est aussi très jaloux et cantonne Janie dans le rôle de vendeuse de son magasin, l’obligeant à cacher ses cheveux et surtout la rabaissant sans cesse, la coupant du contact amical avec d’autres habitants de la ville.



C’est Tea Cake, qui ne possède rien à part son courage et son intelligence, qui va faire connaître l’amour, le vrai, à Janie. Il l’aime pour elle-même, il ne lui impose rien mais prend vraiment soin d’elle, il lui rend l’estime d’elle-même, à travers une existence nomade, pleine d’humour et de fantaisie. C’est en participant à une campagne de cueillette des haricots dans les Everglades, au sud de la Floride, que Janie et Tea Cake affronteront un ouragan aux conséquences dramatiques.



« Ils se retournèrent. Virent des gens qui essayaient de courir dans les eaux rageuses et qui hurlaient en s’apercevant qu’ils n’y parvenaient pas. Une gigantesque barrière provenant du bâti de la digue et à laquelle les cabanons avaient été adossés se trouvait à déferler et crouler devant eux. Dix pieds plus haut et aussi loin que portait leur vue, le mur grommelant ouvrait la voie à ces flots formidables comme un concasseur e routes aux dimensions cosmiques. La bête monstruopulente avait quitté son lit. Un vent à deux cents miles de l’heure venait de lui rompre ses chaînes. Elle s’était emparée de ses propres digues et s’élançait droit jusqu’aux quartiers ; les déracinait comme de l’herbe puis s’en allait courser ses soi-disant conquérants, renversant les digues, renversant les maisons, renversant les gens dans les maisons et du même élan le reste de bois d’oeuvre. La mer foulait la terre d’un pas pesant. » (p. 256)



Dans ce roman à la fois lucide et poétique, Zora Neale Hurston raconte la transition de l’après esclavage, où les Noirs commencent à peine à prendre de l’autonomie et subissent évidemment la ségrégation. C’est aussi le roman de l’émancipation d’une femme : le roman débute par le retour de Janie des Everglades et elle a sacrément du courage, du culot pour assumer son destin et affronter le regard de ses voisins. Le livre fait évidemment la part belle aux traditions des Noirs américains, les palabres, les danses, les chants, la langue aussi, à la fois créative et authentique (les dialogues sont écrits dans la langue qu’ils parlent vraiment, ça a été un peu pénible de l’y habituer pendant un bon quart du roman mais je ‘y suis heureusement habituée) Le tout est vécu par des personnages savoureux, bien campés, un peu horripilants comme Joe Starkx ou attachants comme Janie et Tea Cake.



Un beau roman puissant.
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Barracoon

Vous avez peut-être entendu parler de Zora Neal Hurston, écrivaine et anthropologue afro-américaine, née en 1891. Un de ses romans, écrit en 1937, titré Mais leurs yeux dardaient sur Dieu, est paru récemment chez Zulma, dans une nouvelle traduction.

Dans le présent livre, elle recueille un témoignage, celui de Cudjo Lewis, qui fut capturé en 1859 au Dahomey et conduit en Amérique par ce qui s'avérera être le dernier bateau négrier. Lorsque Zora Neale Hurston l'interroge en 1927, il a 86 ans, et est le dernier à vivre encore parmi tous ceux qui ont effectué cette traversée. Ils deviennent amis, Zora lui rend de nombreuses visites, partage des pèches et des pastèques avec lui et note scrupuleusement ce qu'il raconte, les jours où il a envie de parler.

Kossoula, de son nom africain, a des souvenirs encore très vifs de sa capture, de son voyage dans les cales du Clotilda, de sa liberté retrouvée. La vie qu'il mène ensuite est tout aussi passionnante, tristement passionnante toutefois, et m'a rappelé Les moissons funèbres de Jesmyn Ward. À un siècle d'intervalle, les temps sont restés tout aussi meurtriers pour les jeunes noirs du Sud, parmi lesquels les enfants de Cudjo Lewis.

J'ai été touchée par la manière de raconter de cet homme qui a vécu des expériences terribles, et n'a jamais pu retourner en Afrique. Ses paroles, retranscrites sans déformation ou interprétation ne peuvent qu'émouvoir. Le travail de la jeune anthropologue consiste à noter, sans presque parler d'elle-même. La langue très chantante de Cudjo a été magnifiquement traduite. (Il est aussi intéressant de trouver des extraits en anglais pour pouvoir apprécier l'aspect linguistique.)

Il faut toutefois savoir que, entre l'avant-propos, les différentes introductions et notes, le récit lui-même va de la page 57 à la page 145. Ce sera mon seul bémol, car même si les annexes ne manquent pas d'intérêt, cela reste assez court.

À noter pour la sincérité et l'aspect unique du témoignage !
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Mais leurs yeux dardaient sur Dieu

"Tellement j'en ai passé du temps avec eux les ptis blancs que  jusqu'à mes six ans par là j'ai jamais su que j'étais pas blanche."

Janie est une jeune femme qui a été élevée par sa grand-mère. Tout le monde l'appelle Alphabet. Elle a découvert qu'elle était noire en regardant une photo!

Quant à moi, j'ai découvert cette auteure et Janie en flânant devant des boites à livres...Le livre était abandonné là, ou offert au bonheur d'un autre lecteur....Qui sait?

Abandonné peut être car il avait peut-être dérouté un autre lecteur n'ayant pas été séduit par cette écriture, en "petit nègre" souvent, sans aucun racisme de ma partbien entendu.... Mais comment donc faire vivre Janie Mae Killicks, personnage principale du livre, une "petite femme nègre" en lui donnant une langue ne correspondant pas à son milieu, à son époque, la Guerre de Sécession, à l'âge du livre qui a plus de 70 ans ?

Mais ce lecteur a peut-être voulu offrir quelques heures de bonheur à un cet lecteur que je suis, lecteur qui plongea au cœur des années de la fin de cette guerre, cette époque où les "nègres" comme on disait n'avaient pas encore le droit à un enseignement scolaire.

Janie a épousé Logan. Ensemble ils ont créé un commerce dans lequel elle fait une grande partie du travail et surtout des taches lourdes et difficiles. Malgré toute sa bonne volonté, elle n'arrive pas à aimer Logan..Jusqu'au jour où passe Joe Starks. Il est Noir.

Il se rend en Floride, parce que là-bas, ils construisent une ville destinée aux Noirs. Elle quitte son mari qui lui faisait faire tous les sales boulots et s'en va avec Joe sur sa charrette vers Eatonville, une "ville" ne rassemble en fait que quelques bicoques. Janie devient Broda Starks..une nouvelle vie de commerçant débute...ce n'est pas la dernière.. ce n'est pas non plus une vie de grand bonheur, ni le grand amour promis...

Patience,  Tea Cake..jeune homme un peu bohème, lui fait découvrir une autre vie, plus insouciante, plus libre. Un autre amour !

Oui, l'écriture est déroutante, servie sans aucun doute par une traduction qui fait vivre, avec réalisme, ces personnages humbles qui n'ont pas ou peu fréquenté l'école. On "pédale un peu" au début avec cette langue, cette gouaille , puis progressivement le charme opère, et cette langue devient naturelle, évidente.

On s'attache à cette femme travailleuse, délaissée, négligée par certains qui croisent sa vie, aimée par d'autres. Presque esclave, en tout cas bonniche de certains, elle fait briller l'âme d'autres compagnons qui lui permettront de s'émanciper, de devenir femme libre.

Oui, c'est un titre qui sort des sentiers battus, un regard nouveau, comparable par bien des points avec celui de Toni Morrison. un regard qui ne m'a pas laissé indifférent. Loin de là!

Une belle découverte. Un beau livre d'amour de la vie, de la liberté ...

"L’amour c’est comme la mer. C’est une chose ça bouge, mais n’empêche même à la fin, ça s’en va prendre forme aux rivages que ça touche, et ça change à chaque rivage" (P. 303)
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Barracoon

C'est l'histoire d'une anthropologue, Zora Neale Hurston, qui veut rendre témoignage du parcours de Cudjo Lewis, connu sous le nom de Kossoula.

Cudjo a plus de 80 ans quand Zora recueille les propos de cet esclave américain. Ce témoignage a cela d'original que l'anthropologie a décidé de garder tels quels les propos de Cudjo rendant ainsi le témoignage plus authentique, plus poignant. C'est un sacré défi car les éditeurs ont longtemps boudé son travail.

Le fait qu'il ait été publié rend justice à cet énorme travail car il ne s'agit pas seulement de retranscrire patiemment le témoignage de Cudjo mais c'est aussi, avec la préface et la postface, des informations sur l'histoire de l'esclavage.

Cette approche originale est intéressante mais j'ai trouvé bien trop court l'histoire de Cudjo en tant qu'esclave. Il obtient, en effet, très rapidement la liberté même si ses souffrances ne se terminent pas pour autant.

Merci à Netgalley et aux éditions JCLattés pour cette découverte.
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Barracoon

En 1927, l’anthropologue Zora Neale Hurston a recueilli le témoignage de Kossoula, renommé Cudjo par son maître américain. Cet homme était le dernier survivant du dernier navire négrier. Il vivait en Afrique, dans un peuple d’agriculteurs pacifiques, mais le roi du Dahomey gagnait gros à vendre ses compatriotes aux trafiquants d’êtres humains. La traite était interdite depuis 1802, mais continuait grâce de nombreux contrebandiers. Le roi du Dahomey était constamment en guerre avec ses voisins, à la fois pour fournir des esclaves aux négriers, mais aussi pour trouver des victimes pour les très nombreux sacrifices humains qu’il pratiquait lors des fêtes. Cudjo sera capturé en 1859 à l’âge de dix-neuf ans, emprisonné quelques semaines dans un barracoon (une prison où étaient enfermés les victimes en attendant l’arrivée des navires). Après septante jours de mer, il arrive en Alabama où il sera esclave durant cinq ans et demi, avant d’être libéré par les Yankees en août 1865. La vie d’après est loin d’être facile et les Africains comprennent qu’ils n’arriveront jamais à retourner chez eux. Cudjo raconte sa vie à Zora, il parle un peu de sa jeunesse en Afrique, pratiquement pas de sa période d’esclavage, la majeure partie de son témoignage concerne les années qui ont suivi sa libération où la vie ne l’a pas ménagé, sa famille a été durement frappée par le sort.



Il s’agit bien entendu d’un document de premier plan au niveau historique. L’auteur a choisi de retranscrire littéralement et sans intervention le témoignage de Cudjo. D’un point de vue ethnologique et scientifique, ce choix est vraiment justifié, mais pas d’un point de vue littéraire. Comme le livre comprend une grande quantité de notes et d’annexes, sans oublier une longue préface, je trouve qu’il aurait été préférable de mettre le texte dans une annexe supplémentaire et de le retranscrire en anglais. Le témoignage de Cudjo est rédigé dans sa langue vernaculaire, ce qui donne un sabir vraiment très très indigeste qui m’a enlevé tout plaisir de lecture. J’ai eu l’impression de me retrouver devant un morceau d’archive qui n’aurait pas dû être publié tel quel. Peut-être qu’un récit « récrit » par Zora aurait pu paraître moins authentique, mais nettement plus lisible. J’ai lu un jour un polar marseillais où l’auteur voulait retranscrire le parler local avec le vocabulaire et surtout l’accent, j’ai complètement oublié l’histoire, mais je me souviens d’un texte particulièrement illisible et désagréable. Je sais bien qu’on ne peut pas comparer un document historique et un polar, mais je pense que les scientifiques ont à retransmettre leur connaissance dans une langue claire et agréable, du moins s’ils écrivent un livre grand public. Malgré le grand intérêt historique du texte, j’avoue que cette lecture s’est apparentée pour moi à une corvée, heureusement que le texte est court.



La préface est tout aussi intéressante que le texte lui-même, on y apprend l’histoire du manuscrit, proposé à de nombreux éditeurs et refusés durant presque un siècle, d’une part à cause de la langue utilisée (je ne pas la seule à ne pas l’apprécier apparemment !) mais surtout parce qu’il révèle que les Africains n’ont pas été seulement opprimés par les Blancs mais que leurs compatriotes avaient une part très actives dans la traite humaine, et cela la population afro-américaine ne pouvait pas l’entendre. Cudjo souligne d’ailleurs que les Noirs américains, à l’exception d’un seul de sa connaissance se montraient particulièrement racistes envers Les Noirs venus directement d’Afrique et les qualifiaient de sauvages.



Pour moi ce livre a une grande valeur historique mais il n’est pas agréable à lire. Un grand merci à Netgalley et aux Editions JC Lattes de m’avoir permis de le découvrir.

#BarracoonLhistoireDuDernierEsclaveAméricain #NetGalleyFrance
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Mais leurs yeux dardaient sur Dieu

Un magnifique personnage de femme que Janie, forte dans ses choix, déterminée à vivre avec un homme qu’elle aimera et qui prendra soin d’elle.



L’histoire se passe dans la première moitié du XXème dans le sud des Etats-Unis. Janie vit avec sa grand-mère, modeste femme qui n’a pour unique ambition pour sa petite fille qu’elle trouve rapidement un mari avant que la jeune fille ne succombe aux charmes du premier venu. Alors, tout en lui promettant qu’elle découvrira l’amour aussitôt mariée, elle arrange une union avec Logan, fermier plutôt aisé.



Les semaines passent, l’amour ne vient pas et Janie ne peut se résoudre à passer une vie aux champs, à partager la couche d’un homme qui, au fil du temps, oublie qu’elle est désirable. Alors, lorsque Jody passe sur la route et lui promet un avenir plus radieux, elle n’hésite pas et le suit. Jody est charismatique et ambitieux. La petite ville dans laquelle il s’installe devient rapidement un terrain de jeu pour lui, il se proclame maire, ouvre un commerce florissant et relègue Janie derrière le comptoir. Et voilà le couple qui prospère. Ce qui ne correspond pas complètement aux attentes de Janie : sa bourse est pleine, son cœur est sec…



Dans une langue riche qu’il faut apprivoiser, l’anglais afro-américain, qui donne une couleur originale au récit, l’auteur crée un personnage de femme inoubliable. Libre de toute entrave, guidée par la conviction que seul l’amour peut combler ses attentes, Janie affronte une société emplie de préjugés raciaux mais pas seulement : c’est également une société d’hommes qui essaie d’imposer la place qu’elle devrait y tenir.

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Mais leurs yeux dardaient sur Dieu

Silence. C'est ce que je voudrais écrire pour cette note de lecture. Juste du silence, pour laisser toute la place aux mots de Janie et à la langue de Zora Neale Hurston. Je suis entrée progressivement dans ce livre. Le premier soir, il paraît que j'avais ma figure fâchée de quand je suis très concentrée sur ma lecture, puis le deuxième jour, j'ai commencé à m'habituer à la langue, et à partir du quatrième jour, je me suis sentie portée par cette même langue qui m'avait parue si compliquée au début et dont j'avais peur qu'elle me rebute. J’ai ralenti ma vitesse de lecture pour continuer à l’apprécier le plus longtemps possible, et je me suis laissée happer par ce superbe livre.

Janie est un sacré bout de femme. Femme, noire, pauvre, peu éduquée dans la Floride du début du XXème siècle, elle n'a pas tiré les meilleures cartes. Mais ce sont les siennes, et à aucun moment elle ne s'en plaint. Elles les jouent en voulant en tirer tout le parti qu'elle peut. Janie vit intensément. Lorsqu’elle revient chez elle et se met à raconter sa vie, elle en a déjà eu plusieurs, au moins trois, comme le nombre de maris qu’elle a eus. Trois maris, comme trois trajectoires différentes, et comme trois tentatives d’émancipation. Car Janie veut être elle-même, c'est tout ce à quoi elle aspire. En cela, elle est peut-être féministe avant le féminisme, ou au moins féministe sans le savoir, comme M. Jourdain fait de la prose, parce que c'est naturel, c'est évident.

Avec ce personnage et toutes ses vies, Zora Neal Hurston nous fait découvrir plusieurs facettes de la vie des femmes noires de l’époque. On traverse les classes, les contextes, les événements, ce qui rend le livre par moment peut-être un peu trop didactique, mais cette réserve est vite balayée par la force de ce roman : son personnage, ce qu’il dit et surtout, probablement, la façon dont il le dit.

Car une des particularités de ce roman est sa langue, le parler des Noirs de Floride. Et la traduction en est superbe. C’est la première fois, je crois, que je cite une traductrice dans une note de lecture, mais c’est ici indispensable. Sika Fakambi, qui a traduit la version de ce roman parue chez Zulma en poche en janvier 2020, est une traductrice habituée des langues vernaculaires. Je ne sais pas comment elle a travaillé pour ce roman, mais semble s’être inspirée d’un parler cajun, avec des mots comme « gal » pour une jeune fille ou une petite copine, « une djob » pour un boulot d’ouvrier ou de journalier sans qualification. Cela crée une distance entre le lecteur et le personnage principal, une distance à apprivoiser d’où le temps qu’il m’a fallu pour entrer dans le livre (mais le premier chapitre étant un chapitre d’exposition, cela tombe bien, ce temps d’adaptation est donné au lecteur), mais aussi une personnalité et une force au récit, une singularité, même.

Il est question de féminisme, donc, de relation Noirs-Blancs ou Noirs-Noirs, d’aspirations, d’amour, de réalisation de soi. Je comprends que ce livre si complet et si dense soit cité par de nombreuses personnalités afro-américaines, mais ce serait une erreur que d’en faire un roman destiné à un seul segment de la population. Je ne suis pas noire, pas américaine, pas pauvre. Certes je suis une femme, c’est mon principal point commun avec Janie, mais son histoire et le récit qu’elle en fait m’ont touchées, j’ai bu ses mots, j’ai écouté la poésie de ses phrases et, pendant un moment, j’ai partagé son quotidien.



Premier roman publié par une femme noire aux Etats-Unis, ce livre, dans lequel Zora Neale Hurston a sans contexte mis beaucoup de son expérience personnelle et de ce qu’elle a appris en tant qu’anthropologue, n’est pas seulement intéressant pour son importance dans l’histoire littéraire américaine. Il est intéressant pour lui-même, pour son fond comme pour sa forme. Je suis très heureuse d’avoir découvert ce livre et de l’avoir lu. C’est une superbe lecture, qui accompagnera longtemps mes pensées.
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Barracoon

Un livre témoignage, celui du dernier survivant du dernier navire négrier qui traversa l’Atlantique pour rejoindre les États du Sud. Cudjo Lewis, esclave libéré par la guerre de Sécession cinq ans plus tard et qui vécu jusqu’à l’âge 86 ans aux États-Unis.



Un des rares témoignages de première main, sur sa capture par le peuple du Dahomey, son passage dans les Baraccoon, sa vente, le transport, son arrivée et sa vie en Amérique.



Un livre dont les atrocités sont atténuées par la douceur nostalgique de leur conteur.
Lien : https://www.noid.ch/barracoon/
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Barracoon

Barracoon , l'histoire du dernier esclave américain, raconte le parcours incroyable et terrible de Cudjo Lewis, connu aussi sous le nom de Kossoula, son nom d'Affriki, le dernier homme noir d'Afrique vivant a avoir été enlevé à son village pour être vendu sur une plage d'Ethiopie, au Dahomey.

Mais ce livre raconte aussi l'histoire en filigrane de Zora Neale Hurston, jeune anthropologue afro-américaine qui tente de se faire une place et un nom dans l'Amérique raciste de 1927.

Un témoignage intense et prenant, qui souffre un peu des trop nombreuses notes et références parfois obscures pour le lecteur profane.

Merci aux Masses critiques de Babelio qui nous permettent de découvrir de tels livres.

Merci aux éditions Jean-Claude Lattès pour leur envoi.
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Mais leurs yeux dardaient sur Dieu

Un livre nord-américain salué par Toni Morrison en personne ? Il n'en fallait pas plus pour me convaincre de lire ce roman !



Je tiens à remercier les éditions Zulma car ce livre est une très belle découverte, un titre qui date de 1937 ! Heureusement les éditions Zulma ont permis de remettre en lumière cette romancière saluée par les plus grands et dont le livre est qualifié par Oprah Winfrey comme "le plus beau roman d'amour de tous les temps".



Pour moi ce livre est avant tout l'histoire d'une femme. C'est une magnifique histoire de liberté, de féminisme, de volonté, de courage, de quête de soi et d'émancipation.



Janie Mae Crawford fait partie de ces héroïnes inoubliables de la littérature, celles qui nous donnent des ailes et la force de continuer, de s'affirmer, de se battre. C'est une héroïne tout simplement inoubliable.



Mais leurs yeux dardaient sur Dieu est un grand roman, un roman qui frappe encore par son actualité, qui résonne en nous.



En définitive, voici une lecture incontournable pour tous les amoureux de littérature nord-américaine, dans la lignée de l'œuvre de Toni Morrison !
Lien : https://leatouchbook.blogspo..
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Mais leurs yeux dardaient sur Dieu

Attention….chef d'oeuvre !!! (le mot n'est pas trop fort !!)

Une fois intégré l'argot du black people de Floride on est complètement dans les Everglades, on patauge dans le Muck (boue) comme dans un bain de jouvence avec Janie, petite fille d'esclave née d'un viol et élevée par Nanny.

Janie, femme entre toutes les femmes, Belle sans le savoir au caractère trempé, à la tendresse larvée, à l'humour contagieux, pétrie de bon sens, éperdue de liberté, si désireuse de briser les chaînes d'une éducation qui ligotent son existence et tue dans l'oeuf tout désir d'épanouissement personnel. Elle partira, brisant les tabous, pour se choisir un destin à son image et assumera avec courage et intelligence ses échecs pour rebondir et se reconstruire, au coeur d'un univers ségrégationniste empêtré dans ses propres contradictions.

Et quelle magnifique histoire d'amour entre Janie et Tea Cake ! L'une des plus belles qu'il m'ait été donné de lire ! Roméo et Juliette au langage fleuri dont l'amour fou trace un sillon d'éternité dans la mémoire. C'est raconté sans grandiloquence mais avec une telle authenticité que ça vise directement le coeur.

Chaque page de ce roman est une pépite, un inestimable cadeau littéraire que nous fait Zora Neale Hurston à travers une histoire exubérante et poétique où le rire se mêle aux larmes et où le rêve côtoie le drame, une histoire simple d'humanité et de liberté, écrite dans une langue d'exception qui a traversé le siècle sans une ride.

Avec en prime une traduction extraordinaire ! un grand bravo à Sika Fakambi !

Babelio ne propose que cinq étoiles !... J'en aurai bien coché 10…..

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Mais leurs yeux dardaient sur Dieu

Après de longues années d’absence, Janie revient dans sa ville natale, Eatonville (en Floride) sous les yeux curieux des commères du quartier qui la jalousent un peu. Elles donneraient cher pour savoir ce qu’a vécut Janie durant tout ce temps … Phoebe, son amie de toujours, va lui souhaiter la bienvenue et recevoir ses confidences.



Petite fille d’esclave, sa mère (qui a disparu depuis sa naissance) fut le fruit d’un viol perpétré par le maitre de la plantation où sa grand-mère (Nanny) vivait, juste avant la guerre de sécession. Dix-sept ans plus tard, Jamie fut à son tour le fruit d’un viol subi par sa mère (le coupable en étant le maitre d’école)



Élevée avec des enfants blancs dont sa grand-mère était la nourrice, Janie n’a compris qu’elle était noire qu’à l’âge de six ans, en se voyant pour la première fois sur une photographie prise en leur compagnie …



Trois hommes traverseront sa vie d’adolescente puis de femme. Seul le dernier, Tea Cake, lui apportera l’amour et une indépendance tant désirée.



Malgré un sujet touchant, j’avoue volontiers avoir éprouvé ça et là quelques légères difficultés de compréhension, dues à la phraséologie permanente du récit. Probablement la raison pour laquelle je n’ai pas eu le coup de coeur tant attendu pour le roman culte de Zora Neal Hurston … Une belle histoire toutefois.
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Barracoon

Zora Neale-Hurston est une anthropologue et une « folkloriste » afro-américaine aujourd’hui reconnue mondialement. L’essai qu’elle écrit en 1925 (qui donnera lieu dans un premier temps à une publication sous forme d’article en 1927), son premier ouvrage, est resté inédit pendant 90 ans, du fait du langage utilisé, peu commode à la compréhension et aussi, par peur d’accusations racistes : Le fait que les africains aient participé activement à la traite négrière est un fait que les esclaves et globalement la population noire née en exil n’ont jamais pu comprendre et qu’à l’intérieur même du continent africain, la ségrégation existait elle aussi bel et bien du fait des guerres de clan et des dissensions tribales.



Pour cet ouvrage, il s’agit de la transcription des conversations qu’elle a eu avec Cudjo Lewis (de son nom africain, Oluale Kossola, il choisira « Cudjo » pour sa signification en yoruba qui veut dire « lundi ») considéré alors comme le dernier survivant de la traite transatlantique aux Etats-Unis (Redoshi fut « découverte » bien plus tard, en 2019) qui fut convoyé illégalement sur le « Clotilda », dernier navire négrier à aborder en terre américaine en 1860.



Pour conserver la véracité de ce témoignage, l’auteure choisit d’employer le langage dit « vernaculaire » (définition Larousse : Langue locale parlée à l’intérieur d’une communauté, par opposition au langage « véhiculaire » qui sert à communiquer dans le monde – Vernaculus = indigène et Verna = esclave).



Elle transcrit fidèlement ces entretiens pour en garantir l’authenticité en se défendant de toutes interprétations personnelles qui pourraient interférer avec les déclarations de Cudjo. Elle le présente comme un texte « brut », factuel et impartial pour ce qui la concerne.



De la parole directe de Kassola, il en ressort un récit puissant et parlant qui retrace le cauchemar collectif vécu par des millions d’Africains déracinés et déportés vers l’Europe ou l’Amérique. Tout y est dit de façon subtile mais sans détour. La simplicité de Kossola est touchante ; il « raconte » naturellement, avec fatalisme, sans haine ni rancœur : il constate.



Alors âgé de 86 ans, Cudjo livre une histoire somme toute très parcellaire qui engendre des « raccourcis » sur des choses, soit dont il ne se rappelle pas bien, soit qu’il ne comprend pas (comme la mort de sa femme par exemple où l’on déduis qu’il n’en a pas saisi la raison, qu’il n’appréhende pas vraiment ce qu’il lui est arrivée – il évoque vaguement une « maladie »…) ; une mémoire hésitante qui laisse apparaitre des « trous » et des approximations.



Plus tard, il raconte que les esclaves libérés fonderont Africatown USA et Plateau (endroit nommé Magazine Point autour de Mobile, Alabama) lorsqu’ils comprendront que malgré toutes les « économies » qu’ils pourront rassembler ne suffiront pas pour retourner en Afrique. Cette ville constituera un dernier « rempart » contre les américains : les blancs, mais aussi les noirs de deuxième ou troisième générations qui considèrent leurs frères africains comme des « sauvages ». La ségrégation raciale bat alors son plein même après l’abolition de l’esclavage en 1865.



Le livre est non seulement composé du (court) témoignage livré par Zora Neal-Hurston mais il est étoffé par une préface d’Alice Walker (précieuse pour ses précisions et explications nécessaires à la compréhension du texte qui suit) et des notes en fin de récit écrites par son biographe Robert E. Hemenway.



Emma Langdon Roche, Zora y fait brièvement allusion lorsqu’elle cite ses sources. Emma est une écrivaine et artiste américaine qui a été en fait la première à interviewer les habitants d’Africatown et à avoir rencontré Kazoola (Kossola, bref, Cudjo ). Elle fut la première à écrire sur l’Histoire de ces anciens esclaves. Son livre « Historic Sketches of the South » n’a à ce jour, pas été traduit en français. Zora rencontrera elle aussi Cudjo par la suite ainsi que différents habitants de la région de Mobile.







Pour ma part, j’ai beaucoup aimé le récit de Kossola en lui-même avec son langage particulier par contre les commentaires après beaucoup moins. Si comme le présente la couverture, il s’agit bien du témoignage de Cudjo Lewis, « Barracoon » écrit par Zora Neale-Hurston, les commentaires de fin de livre sont tout à fait superflus. Il aurait eu sa place dans un autre livre consacré exclusivement à la biographie de l’anthropologue [Il existe je crois]. La préface d’Alice Walker suffit largement.



Cependant comme le travail d’Emma Langdon Roche n’est pas encore parvenu en France, celui de Zora Neale-Hurston reste très précieux et n’enlève rien à l’authenticité du témoignage de Cudjo. C’est cela qui me semble important.



Je remercie infiniment les Editions J.C. Lattès pour avoir fait traduire et éditer l’ouvrage ainsi que la plateforme NetGalley pour m’avoir permis de découvrir l’histoire de Kossola et de m’avoir interpellée sur le parcours de Zora Neale-Hurston.

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Mais leurs yeux dardaient sur Dieu

Une écriture étrange. Parlée, chantante, poétique parfois et qui étonnamment se lit très bien. A peine entamé sont dévorées les pages et ce récit d'une vie.



Malgré tout ce chant enjôleur, à bien y réfléchir, l'histoire n'a rien d'exceptionnelle, elle semble ordinaire même, et je n'ai pas le coup de cœur de nombreux lecteurs céans et de celle qui me l'a prêté.

Peut-être devrais-je considérer l'époque. Mais même s'il reflète respectueusement cette partie de l'Amérique des années 30, j'en garde juste l'esprit d'une lecture limpide au récit trop léger.
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