Je vais avoir beaucoup de mal à trouver un trait d'humour pour parler de ce roman que je n'ai pas terminé et où j'ai eu, la désagréable impression, que l'ennui transpirait à chacune des quelques pages lues !
Je n'y ai pas trouvé de sens caché, pas de second, voire de troisième ou quatrième degré ...
Désolée, je suis restée complètement hermétique à ce style !
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Un livre en forme de hérisson. Ca c'est de l'autofiction au sens noble. Hilarant et virtuose comme d'habitude... Chevillard est un grand styliste décidément.
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Critique de Hervé Aubron pour le Magazine Littéraire
De nos jours, les génies semblent aussi rares que les tigres du Bengale ou les licornes. Peut-être que nous sommes devenus moins impressionnables ; ou que nos aïeux déliraient. Alors ? Bête merveilleuse ou espèce disparue ? Éric Chevillard enquête, dans un livre consacré à un génie pur, car inconnu - enfin, pas vraiment, puisque l'unique chose qu'on sait de lui, c'est son nom : Dino Egger. On supposerait que ce type-là aurait pu avoir, par son oeuvre, une influence déterminante sur le cours de l'humanité. Ce serait dès lors un livre entièrement au conditionnel, même si Éric Chevillard a l'intelligence (ou la coquetterie ? les deux ?) de ne pas utiliser ce mode grammatical. En dehors du nom de Dino, brouillard complet : serait-il passé inaperçu ou ne serait-il pas né ? Ou pas encore ? Aurait-il dû rayonner du temps de Babylone, à la Renaissance ou au siècle passé ? Serait-il artiste, philosophe, savant ou tyran ? Un certain Albert Moindre tente d'élucider le mystère, sur le mode d'un monologue élucubrant, passant en revue toutes les éventualités. « [Dino] devait fertiliser les pôles sans lézarder la banquise - et sinon lui, qui le fera ? et qui encore convertira en énergie le souffle des buffles ? qui liera en fagots les traits de l'averse afin de pourvoir en eau les terres arides ? [...] qui réduira enfin le poids du pied ? » Il aurait pu inventer « le funiculaire stellaire », décrire « la faculté du chat d'être pour soi-même brosse et coussin », découvrir « le fruit savoureux du peuplier » ou « le poisson de viande ». Pourquoi Dino n'en a-t-il rien fait ? Qu'est-ce qui a pu entraver son existence ou son activité ? Aurait-il finalement renoncé ? Se serait-il égaré ? Ou manifesté sous des noms d'emprunt ? Aurait-il décidé de se vouer au zéro le plus parfait, à la réticence la plus entêtée ? Et s'il est encore à venir, comment pourrions-nous faciliter son avènement ?
Éric Chevillard n'est pas membre de l'Oulipo, mais il fait bien oeuvre de littérature potentielle (un pléonasme à bien des égards). La sienne s'inscrit sur un mode moins formel que mythologique, ce que marque son art inépuisable du bestiaire. Chez lui, les mondes, les hommes ou les animaux demeurent des virtualités toujours susceptibles de muter, d'être remises en cause, reformulées, écartées au profit d'une hypothèse concurrente. On pourrait penser à Borges devant ces mises et remises en abyme, cette manière d'ériger la labilité littéraire comme seul principe de réalité - tout comme, auparavant, lorsque Chevillard imaginait les écrits inédits d'un écrivain imaginaire (L'?uvre posthume de Thomas Pilaster, 1999) ou laissait émerger l'ombre d'un scripteur mégalo dans le remake d'un conte classique (Le Vaillant Petit Tailleur en 2003, tout juste réédité en poche). Mais, contrairement au maître argentin, Chevillard ne goûte pas aux labyrinthes cristallins : il les tapisse de boue, de musc, de viandes de tous poils. Et c'est bien toujours vers Henri Michaux - ou le rêve d'un Lautréamont bon enfant - que tendent ses embryologies voraces.
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Critique de Hervé Aubron pour le Magazine Littéraire
De nos jours, les génies semblent aussi rares que les tigres du Bengale ou les licornes. Peut-être que nous sommes devenus moins impressionnables ; ou que nos aïeux déliraient. Alors ? Bête merveilleuse ou espèce disparue ? Éric Chevillard enquête, dans un livre consacré à un génie pur, car inconnu - enfin, pas vraiment, puisque l'unique chose qu'on sait de lui, c'est son nom : Dino Egger. On supposerait que ce type-là aurait pu avoir, par son oeuvre, une influence déterminante sur le cours de l'humanité. Ce serait dès lors un livre entièrement au conditionnel, même si Éric Chevillard a l'intelligence (ou la coquetterie ? les deux ?) de ne pas utiliser ce mode grammatical. En dehors du nom de Dino, brouillard complet : serait-il passé inaperçu ou ne serait-il pas né ? Ou pas encore ? Aurait-il dû rayonner du temps de Babylone, à la Renaissance ou au siècle passé ? Serait-il artiste, philosophe, savant ou tyran ? Un certain Albert Moindre tente d'élucider le mystère, sur le mode d'un monologue élucubrant, passant en revue toutes les éventualités. « [Dino] devait fertiliser les pôles sans lézarder la banquise - et sinon lui, qui le fera ? et qui encore convertira en énergie le souffle des buffles ? qui liera en fagots les traits de l'averse afin de pourvoir en eau les terres arides ? [...] qui réduira enfin le poids du pied ? » Il aurait pu inventer « le funiculaire stellaire », décrire « la faculté du chat d'être pour soi-même brosse et coussin », découvrir « le fruit savoureux du peuplier » ou « le poisson de viande ». Pourquoi Dino n'en a-t-il rien fait ? Qu'est-ce qui a pu entraver son existence ou son activité ? Aurait-il finalement renoncé ? Se serait-il égaré ? Ou manifesté sous des noms d'emprunt ? Aurait-il décidé de se vouer au zéro le plus parfait, à la réticence la plus entêtée ? Et s'il est encore à venir, comment pourrions-nous faciliter son avènement ?
Éric Chevillard n'est pas membre de l'Oulipo, mais il fait bien oeuvre de littérature potentielle (un pléonasme à bien des égards). La sienne s'inscrit sur un mode moins formel que mythologique, ce que marque son art inépuisable du bestiaire. Chez lui, les mondes, les hommes ou les animaux demeurent des virtualités toujours susceptibles de muter, d'être remises en cause, reformulées, écartées au profit d'une hypothèse concurrente. On pourrait penser à Borges devant ces mises et remises en abyme, cette manière d'ériger la labilité littéraire comme seul principe de réalité - tout comme, auparavant, lorsque Chevillard imaginait les écrits inédits d'un écrivain imaginaire (L'?uvre posthume de Thomas Pilaster, 1999) ou laissait émerger l'ombre d'un scripteur mégalo dans le remake d'un conte classique (Le Vaillant Petit Tailleur en 2003, tout juste réédité en poche). Mais, contrairement au maître argentin, Chevillard ne goûte pas aux labyrinthes cristallins : il les tapisse de boue, de musc, de viandes de tous poils. Et c'est bien toujours vers Henri Michaux - ou le rêve d'un Lautréamont bon enfant - que tendent ses embryologies voraces.
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