Citations de Étienne Davodeau (513)
— On s'est rencontrés hier, Yvan... Pourquoi tu me racontes ça ?
— Pour que tu saches à qui tu as affaire. Les pessimistes ont compris quelque chose que les gens heureux ignorent.
Ton problème, c'est peut-être que tu opposes sans arrêt tes émotions et ta raison.
Nous sommes tous des adultes maintenant. Alors, c'est parce que cette question n'a plus de sens que sa réponse n'a pas d'importance.
En fait, même après des années, ce que garde une maison, c'est son odeur.
Mais ils ont raison sur un point, les jeunes : il faut écouter, il faut comprendre. Et pour comprendre, il faut sentir les choses.
Ce sont des gens qui connaissent bien le vin… Quand tu vas dîner chez eux, tu commences par la visite de la cave, et là elle c’est le spectacle : tu as les plus grands crus du monde ! Alors, forcément, quand tu vois ça tu as les papilles qui commencent à gigoter !
Mais quand tu passes à table, tu n’as droit qu’à des vins… normaux... Ce qui reste dans la cave, c’est un placement, un patrimoine, ou je-ne-sais-quoi. Ah putain, ça me dépasse ! Ces gens-là, on les appelle les « buveurs d’étiquettes ».
Je voudrais penser comme un fleuve
- Je connais des gens prêts à pas mal de sacrifices pour boire ce vin. Aux enchères, on parle de plusieurs centaines d’euros… Ce qui est intéressant, c’est que toi, ignorant, tu t’autorises à ne pas l’aimer.
- Ne pas savoir, c’est être libre ? Paradoxal !
Par absorption, par évaporation, par le travail du vin, chaque barrique consomme bien ses 10 L de vin par an…
Vigneron, c’est un métier exigeant. Ça demande des compétences en géologie, en biologie, en chimie, en météorologie, en botanique et même en cuisine.
Quelques jours plus tard, nous passons à proximité d’un gars qui désherbe ses vignes chimiquement. Je ne peux pas m’empêcher de constater que… c’est quand même vachement moins fatiguant que votre technique, hein ?
Tu as remarqué ? Dans sa cabine avec sa combinaison et son masque, aujourd’hui, ce mec-là ne va sans doute toucher ni sa terre ni de vigne.
La proximité physique, et donc mentale du vigneron avec son travail… pense à ça quand tu bois du vin.
Il s’agirait alors d’envisager le vin comme un lien puissant et mystérieux entre la terre et l’homme.
"Est-ce qu'un fleuve en nous parlant de lui peut nous parler de nous? De nos façons de le considérer? De nos façons de vivre?"
Le fleuve nous parle des rapports que nous entretenons avec lui.
De ce que nous lui devons. De ce qu’il fait de nous. De ce que nous lui faisons subir.
De ce qu’il est. Pas seulement un lieu. Bien mieux qu’un décor. Bien plus qu’un paysage. Avec la faune, la flore, l’eau, le sable, le vent et la lumière.
Est-ce qu’un fleuve, en nous parlant de lui, peut nous parler de nous ? De nos façons de le considérer ? De nos façons de vivre ?
Tu vois, ce que nous a laissé Agathe, c’est peut-être ça. Un des plus beaux moments de notre existence. Et des questions nouvelles.
C'est bizarre, mais je... j'éprouve une sorte de fierté d'avoir réussi à forcer ma nature.
C'était pas une de ces journées parfaites envahies de lumière tiède.
Alors voilà.
Nous sommes là.
Sa maison est là, avec ses odeurs et ses souvenirs.
Avec le vent d'ouest sur les prés, avec la lumière sur les bancs de sable et sur l'eau qui file.
Nous sommes là.
Pas elle.
Le sol est la peau du monde.
Cette vague chaude qui monte du blé te rappelle une halte sur la route des vacances. Tu n'avais pas dix ans. En jaillissant de la voiture de vos parents, ton frère et toi aviez effrayé deux perdrix. Elles vous avaient frôlés en giclant du blé comme des balles.
Brutalement, tu réalises que tu auras trente ans dans quelques semaines.
Être chez soi, ici, n’a rien à voir avec un quelconque instinct de propriétaire. Ça relève sans doute même de l’inverse. Un sentiment d’appartenance. Le sentiment d’être à sa place. Et d’être en dépendance. Il ne s’agit pas simplement d’endroits où l’on se sent bien. C’est plus que ça. Des lieux d’intimité.