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Les ronces

J'ai lu plusieurs romans de Cécile Coulon qui m'avaient laissé un sentiment d'inachevé pour la plupart : une belle écriture, mais des personnages et des situations qui me semblaient parfois un peu caricaturaux.

J'ai beaucoup apprécié découvrir sa poésie, légère et délicate, qui passe comme le vent dans les arbres ou l'odeur de l'herbe après la pluie, comme "la signature d'un doigt / sur la buée d'une vitre". Les poèmes sont doux, mais emprunts de mélancolie, le souvenir des amours et des caresses passées, de l'enfance choyée, de tous ces moments qui se sont enfuis et ne reviendront plus. C'est une poésie de l'instant et de la sensation, celle du foin dans les cheveux, d'une main aimée et désirante qui se pose sur le corps, d'une cigarette froide ou d'un verre de vin, du roulis d'un train qui endort.

Surtout, ce qui m'a le plus touchée, c'est l'évocation du paysage de montagne et de la maison de l'enfance, ceux auxquels sont attachés tant de souvenirs, et qui reviennent comme des refrains dans tout le recueil. J'ai moi aussi une telle maison dans le cœur, j'ai moi aussi des montagnes qui sont un refuge, refuge pour marcher, courir et oublier les chagrins, refuge de mes pensées quand je suis trop longtemps loin : "mon âme a sa maison dans les montagnes". "Ma france" pour reprendre le titre d'un poème, ce n'est pas Eyzahut que Cécile Coulon a dans le coeur, mais Sollières, et ce nom m'évoque tant de choses, que j'ai eu les larmes aux yeux plusieurs fois quand elle écrit des poèmes sur l'amour qu'elle porte à ces lieux, parce que je ressentais la même chose.
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Hérouville, le château hanté du rock

Hérouville comme Hérouville en Vexin. Village de 600 âmes situé au nord-ouest du Val d'Oise à une quarantaine de kilomètres de Paris (d'aucuns diraient que c'est à la fois trop loin et trop proche de la capitale), son château appartient à l'histoire de la musique contemporaine, et en particulier celle des années 1970. Ce petit château (qui dispose tout de même d'une trentaine de pièces!) servait de relai de poste au XIXe siècle. George Sand et Frédéric Chopin y ont connu quelques ébats. Et surtout, dans les années 1960, le lieu a tapé dans l'oeil du compositeur Michel Magne, qui l'a donc acheté.

Lui qui a composé 73 musiques de films, dont les bandes originales de «Fantômas», «Angélique marquise des Anges» ou encore «les Tontons flingeurs», avait aménagé ce site en studios d'enregistrement, d'abord pour ses propres travaux. En 1969, un incendie se déclare dans l'aile Nord du château et détruit la totalité des bandes originales de ses œuvres, dont il ne possède aucune copie. Cet événement est terrible pour Michel Magne, qui décide malgré tout de recréer ces œuvres disparues. Pour le financer, et aussi par générosité et goût de la fête, il ouvre le château à d'autres artistes. Après de longs travaux d'aménagements, il installe donc un studio d'enregistrement professionnel dans les vastes combles de l'aile Sud et invente ainsi le concept de studio résidentiel, très imité depuis notamment dans les pays anglo-saxons (The Manor par exemple). Il utilise aussi le château pour d'énormes fêtes mais ce seront surtout d'innombrables artistes internationaux qui venant profiter de la tranquillité du lieu et de sa grande qualité acoustique qui vont en faire la légende.

La gestion n'étant clairement pas son truc (criblé de dettes, il finira d'ailleurs par se suicider), sa générosité et l'accueil trop fastueux qu'il réserve aux artistes venant chez lui conduisent finalement Magne à la faillite en 1972. Il est contraint de céder le château en location gérance. Et c'est finalement Laurent Thibaut, ancien guitariste de Magma et ingénieur du son qui travaillait déjà à Hérouville, qui va en prendre la charge.

La période de gloire du château d'Hérouville, soit l'intégralité des années 1970 et le début des 80's, verra passer les noms les plus illustres, essentiellement anglo-saxons. Ils étaient attirés par le cadre idyllique, l'acoustique parfaite, mais aussi pour les avantages fiscaux d'un enregistrement en France à l'époque. Les artistes viennent aussi pour l’ambiance. Là-bas au Château d’Hérouville, tout le monde travaille avec tout le monde et quand il faut s’arrêter, on s’arrête pour faire la fête.

S'y sont succédé notamment les Rolling Stones, Elton John (qui y enregistre trois albums de suite, dont le double « Goodbye YellowBrick Road », sa plus grande réussite, et "Honky Chateau" dont le titre est un clin d'oeil au château d'Hérouville), Canned Heat, Cat Stevens, Gong, Pink Floyd, Rod Stewart, Magma, Dick Rivers, Marvin Gaye, Fleetwood Mac, Eddy Mitchell, T-Rex, Rainbow, Led Zeppelin, Jethro Tull, Jacques Higelin (qui y habitera même quelques temps) encore Iggy Pop et David Bowie (dont la "China Girl" est Kuelan Nguyen, femme de Jacques Higelin à l'époque et sur qui la star avait flashé) s'y succèdent. C'est là également que les Bee Gees ont enregistré l'iconique "Saturday Night Fever", avec le refrain intemporel « Ah ! Ah ! Ah ! Stayin' alive » enregistré dans un escalier pour son écho et sa réverbération particuliers.

Et bien d'autres encore, la liste étant loin d'être exhaustive.

Les anecdotes y sont innombrables, de même que les histoires de sexe, de drogue et d'alcool. Deux films pornos y ont même été tournés en même temps que des groupes enregistraient ! Tout cela finit par s'achever en 1985, Laurent Thibault connaissant lui aussi de grosses difficultés financières. La fin d'une belle époque.

A travers ce livre, agrémenté de photos d'époque et de témoignages, Laurent Jaoui raconte l'histoire de ce château. C'est passionnant pour toute personne s'intéressant un minimum à l'histoire du rock !
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En route pour l'exil

Robert Greenfield est l'auteur de deux bons livres sur les Rolling Stones, S.T.P : À travers l'Amérique avec les Rolling Stones paru en 1973 et Exile on main street : une saison en enfer avec les Rolling Stones en 2006. En complément, il a sorti En route pour l'exil en 2014 (2017 en français).

Ce troisième livre reprend dans la première partie les notes de R. Greenfield alors qu'il est envoyé par le magazine Rolling Stone pour couvrir la tournée anglaise de 1971, celle qui précède l'exil fiscal en France ; la seconde partie raconte les coulisses d'une interview de Keith Richards, toujours pour le même magazine, juste avant que ne débutent les sessions d'enregistrement d'Exile on main street à la Villa Nellcôte. Dans les deux cas, R. Greenfield ajoute en italique des commentaires assez longs écrits des années plus tard.



Dans les deux textes, l'ennui et l'attente règnent en maîtres. Le groupe s'ennuie en attendant K. Richards pour monter sur scène ou pour enregistrer. Greenfield s'amuse beaucoup lors de la tournée, mais s'ennuie et attend des jours et des jours que K. Richards veuille bien répondre à ses questions.

Les commentaires tardifs apportent des éclairages sur ce qui se passait sous les yeux du jeune R. Greenfield mais qu'il ne comprenait pas l'époque, et notamment la lutte permanente et souterraine entre Mick Jagger et Keith Richards.

Deux personnes s'en sortent plutôt bien, Charlie Watts et Ian Stewart. Pour d'autres c'est plus difficile.



La grande absente de ces textes, c'est la musique qui passe quasiment au second plan. Si on aime les descriptions de cuites ou d'excès en tous genres c'est parfait, ce n'est pas mon cas.

En route pour l'exil est un honnête complément des deux livres cités plus haut. La lecture s'avère plaisante, surtout grâce à l'écriture et à la lucidité de Greenfield dans ses commentaires, sans être indispensable ; dommage que ni l'article ni l'interview pour lesquels il était missionné ne soient reproduits.

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