Un roman génial. Un roman ? Oui. Nerval a inventé la plupart de son voyage, n'est pas allé aussi loin que ce qu'il dit dans ce texte. Génial ? Oui. Peu importe ce qui est vrai, ce qui est faux. La vision de Nerval est celle de son époque et renseigne des attentes, du regard de l'occident sur l'Orient. Et puis seule la langue peut être jugée et celle-ci est superbe. Pompeuse parfois superbe toujours :
"Voilà mon rêve... et voici mon réveil ! Le ciel et la mer sont toujours là; le ciel d'Orient, la mer d'Ionie se donnent chaque matin le saint baiser d'amour; mais la terre est morte, morte sous la main de l'homme, et les dieux se sont envolés !"
Un chemin de Grande Randonnée, quelque part dans les Cévennes porte le nom Robert Louis Stevenson. C'est que l'auteur écossais, portant chétif, a traversé une partie de la chaîne montagneuse en compagnie de son âne Modestine et d'une bonne bouteille de Brandy.
On découvre un beau portrait des Cévennes mais aussi de l'auteur qui semble prêt à accueillir avec bienveillance toutes les mésaventures croisées au hasard de la route.
Personnage sulfureux à la plume flamboyante. Certains passages en Italie sont d'une beauté à couper le souffle. "Plus que tout au monde, j'ai cru aimer le musée du Trocadéro, les marais d'Aigues-Mortes, de Ravenne et de Venise, les paysages de Tolède et de Sparte; mais à toutes ces fameuses désolations, je préfère maintenant le modeste cimetière lorrain où, devant moi, s'étale une conscience profonde."