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[Émission du 06/01/2019] De prime abord, c'est toujours aussi ironique, c'est toujours aussi mordant, c'est toujours aussi marrant, c'est même hilarant dans la provocation - il y a toujours, chez Houellebecq, ces fulgurances sur l'air du temps - c'est vraiment l'écrivain de la solitude de l'homme contemporain - c'est aussi un sismographe qui sent les secousses et qui trouve la forme pour les exprimer - il sait tout de tout - il a un don d'observation inimagineable - ce qu'il dit sur l'amour, c'est désesespéré, c'est désespérant, mais en même temps c'est très juste - il y a une espèce de certitude qui émane de ce livre, qui tient au fait que Houellebecq sait qu'il est le patron; c'est lui qui dit l'esprit du temps, c'est lui qui l'écrit - on a l'impression d'être assis à l'arrière d'une rolls qui nous conduit sur la route du réalisme social métaphysique tel que Houellecq l'a inventé - c'est un grand livre sur les quotas laitiers - il photographie les choses de très très près - personne n'a été aussi loin dans la représentation du réel - c'est une espèce de Louis de Funès de la littérature - la première partie du livre est hilarante parce qu'il fait toutes ses grimaces stylistiques habituelles - la description du film zoophile d'un ton pince-sans-rire absolu est une page de génie - c'est un grand livre métaphysique. [Jean-Claude Raspiengeas se demande tout de même si tout cela fait un vrai roman...]

[Émission du 06/01/2019] C'est une contribution passionnante et riche sur l'expérience de la création littéraire et sur l'art du roman - on a là ce que c'est que d'écrire un roman, ce pourquoi c'est une expérience aussi forte, corporelle - ce livre est absolument extraordinaire - elle porte l'écriture à un niveau d'incandescence absolument inouï - on voit véritablement que c'est un écrivain, et un grand écrivain - il y a une formidable relation avec son éditrice - c'est un livre d'une très grande érudition.

[Émission du 03/03/2019] Je dis "Chapeau l'artiste !" - il y a une vraie ambition, il y a du vrai romanesque - il brasse en quatre parties, un siècle d'histoire de Chine, il le fait admirablement - bravo Gallimard de publier un livre aussi important, avec une vraie ampleur romanesque, historique, de vrais personnages - c'est un roman olfactif, c'est un roman sensuel - c'est un conteur absolument exceptionnel - j'ai trouvé que c'était un roman lumineux - c'est un conte et en même temps, c'est hyper réaliste - la réalité qu'il raconte est absoument atroce et cela n'empêche pas qu'il y ait des moments doux comme une plume d'oiseau - je me suis laissée prendre parce qu'il y a une telle fantaisie et il y a surtout le parti pris de raconter une histoire tragique de manière lumineuse; et j'ai trouvé ça très beau - et puis tout d'un coup vous avez des scènes miraculeuses - ce qui est fou, c'est qu'il est drôle - on est face à une fresque - ça fait un très très grand roman d'aventure.

[Émission du 31/03/2019] J'ai adoré, je ne m'y attendais pas - il y a une écriture qui est entre le journalisme et le roman - c'est très cinématographique - ce début de vie est absolument passionnant, romanesque - livre splendide et qui montre d'une façon absolument merveilleuse que quand une biographie est réussie elle devient aussitôt un roman - c'est très très très romanesque - on apprend plein de choses, il y a des scoops, elle a eu accès à des archives inédites - elle dévoile des choses qu'Edmonde Charles-Roux cachait.

[Émission du 28/04/2019] Là où je trouve le roman original, c'est qu'il est allé chercher une source de conflit contemporain qui est assez peu traité, qui est le bruit, le bruit que font les autres - un style hâché, lapidaire, sous forme de dialogues de sourds, de faux soliloques - c'est le roman de l'humiliation contemporaine, du déracinement, du ressentiment, de la haine de soi - il y a un moment de réelle affection que je trouve très beau et servi par une langue très belle - c'est un très beau livre qui dans ce bruit et cette fureur sait aussi être poétique - j'ai trouvé le rythme était incroyable, que la relation entre ce jeune-homme et cette vieille dame sonnait toujours juste, qu'il ne tombe dans aucun cliché - j'ai trouvé que c'était un livre très gonflé et très réussi - c'est un roman poétique sur le vivre ensemble que je trouve magnifique. [Jean-Claude Raspiengeas reste tout de même gêné par la fin, de même qu'Olivia de Lamberterie.]

[Émission du 30/06/2019] C'est un portrait magnifique - c'était une femme d'une élégance, d'un humour délicat, toujours formidables, qu'on retrouve totalement dans ce livre - c'est une grande littéraire - j'ai beaucoup aimé, ça a beaucoup de charme, ça ressemble à Florence Malraux - il y a cette pudeur élégante - ça montre non seulement une histoire d'amitié, mais aussi l'histoire d'une époque - j'ai trouvé ce livre très juste, elle n'essaie pas d'en faire une biographie, elle n'essaie pas d'en faire un roman, elle raconte par bribes une amie qui disparaît peut à peu - ce qui est extraordinaire, c'est comment on peut survivre à un père génial et à une mère très originale - on voit qu'elle a finalement toujours été fidèle à la petite-fille qu'elle était, dont les professeurs de maternelle disaient : "joyeuse, intrépide, très courageuse quand elle tombe".

[Émission du 16/06/2019] C'est une merveille - c'est une styliste - on est embarqués dès le départ - il y a véritablement une atmosphère - ce n'est pas un document, c'est un récit, c'est surtout une rencontre entre un lieu, une personne et un moment - il y a quelque chose d'initiatique, elle découvre une forme de liberté - elle n'est pas à New-York comme une touriste - elle contourne, elle détourne, il y a un jeu très subtil, très élégant, et en même temps très vrai, très frontal - c'est une merveille d'écriture, de grâce - c'est un voyage léger et doux - j'ai été saisi de plaisir et de bonheur par la façon dont elle décrit le départ - ce sont des séries de petits moments saisissants - j'ai trouvé que c'était un livre euphorisant - elle a une telle joie de vivre, qu'elle communique de manière absolument merveilleuse - c'est l'Amérique qu'on aime - c'est un portrait des poètes de la Beat Generation absolument génial - c'est un témoignage assez rare sur le fameux blackout de 1977 - ce qui est très intéressant c'est son rapport à la sexualité - elle a une façon de parler des corps absolument extraordinaire - ce qui est le plus intéressant, c'est ce qu'elle dit sans le dire.

[Émission du 11/08/2019] C'est un livre profond, précis et rageur - colère et rage que traduit bien Marie Darrieussecq - je trouve que c'est un livre important sur la tragique réalité du rêve américain - c'est extrêmement actuel - j'ai trouvé sa liberté de pensée extraordinaire - c'est un livre ultraviolent, extrêmement libre - son discours est malheureusement toujours d'actualité, toujours très contemporain - est-ce qu'aujourd'hui il y aurait cette même liberté ? - c'est un livre absolument extraordinaire qu'il faut absolument lire - je trouve que c'est d'une acuité et d'une délicatesse de sentiments absolument extraordinaires. [Olivia de Lamberterie trouve tout de même que le début s'adresse surtout aux baldwinophiles.]

[Émission du 11/08/2019] Qu'est-ce que c'est bien ! - il y a un côté La Bruyère chez lui, il saisit les gens dans leur jus et il campe des caractères, des destins très singuliers - il y a une liberté de ton chez ce facteur - c'est un herbier de saynètes, de secrets, de confidences - ce sont aussi des leçons de vie d'un monde en disparition - c'est une série de portraits truculents, savoureux - par moment, on dirait du Frédéric Dard, il y a ce côté gouleyant, c'est gourmand, c'est généreux - c'est cruel - c'est un portrait de la France - ça m'a fait penser à des dessins de Sempé - il y a un côté Pagnol. [Frédéric Beigbeder trouve tout de même que c'est un peu répétitif.]

[Émission du 25/08/2019] C'est du brutal, je crois que c'est son meilleur livre - c'est extrêmement sobre, tenu - il dit qu'il a survécu grâce à la littérature, la lecture d'abord et l'écriture ensuite, mais en même temps il dit qu'il n'a pas survécu, et c'est cela que je trouve très original - la nouveauté, c'est que c'est l'anti-Cyrulnik - j'ai trouvé que c'était un très bon texte - ce que j'ai adoré, ce sont les pages sur la littérature - c'est un très beau livre - je pense que c'est un roman, et non pas un récit, grâce à sa construction et à sa langue - c'est un livre qui raconte l'insoutenable avec énormément de distance, ce qui permet à l'auteur d'éviter le pathos et au lecteur d'éviter le voyeurisme - l'émotion jaillit tout d'un coup sans qu'on s'y attende vraiment - la deuxième partie est extraordinaire parce qu'il se montre du dehors sans concession - c'est un livre vertigineux.. [Nelly Karpriélan pose quand même un bémol concernant la préciosité de l'écriture. L'émission a été enregistrée avant la polémique qu'a suscitée ce livre.]

[Émission du 08/09/2019] Je trouve que ce livre est un chef d'oeuvre de grâce, d'humour, de profondeur - ce que je trouve extraordinaire avec ce type, c'est qu'il y a une musique - on sait tout de suite que c'est du Toussaint, c'est reconnaissable - cette espèce de maniaquerie maladive qu'il a avec les mots; chaque terme, chaque virgule est pesé, le temps des verbes, tout est millimétré - c'est fou ce qu'il arrive à dire en aussi peu de pages, c'est totalement minimaliste et on comprend tout - il fait vraiment un travail pédagogique - ce qui est incroyable, c'est la façon dont il est fasciné par le réel tout en y gardant une morale - c'est un livre compliqué qui se mérite un tout petit peu au début - ce qui est extraordinaire, c'est la manière dont il introduit progressivement du romanesque dans ce monde de technologie - c'est tourné comme un petit polar - avec des scènes totalement kafkaïenne - la fin vous emporte.

[Émission du 15/09/2019] C'est prodigieux - un travail titanesque - c'est d'une ambition folle - j'adore ce livre - il offre un double plaisir : on révise les classiques - mais on découvre aussi des poésie complètement méconnues - j'ai trouvé que c'était génial parce que c'est comme si on m'avait donné des plateaux avec toutes les drogues et qu'enfin j'avais pu essayer - l'opium donne terriblement envie - ce qui est passionant, c'est qu'elle explique comment chaque consommation de drogue donne lieu à un type de littérature différent - moi j'étais un peu comme Charlie dans la chocolaterie - il y a une espèce d'abondance de friandises qui donne envie de tout essayer - c'est une somme ahurissante, c'est un travail extraordinaire - c'est vraiment l'histoire parallèle du versant sombre de la littérature - c'est un travail de bénédictine - c'est vraiment l'encyclopédie de la défonce littéraire.