Aquablue, tome 2 : Planète bleue

Le scénario monte en puissance, le conflit lié à la possession d'Aquablue passe au plan juridique et le combat entre David (le petit groupe autour de Nao) et Goliath/Texec et ses armées d'avocats s'annonce pas si difficile grâce à des alliés surprise.
Toujours de l'humour et un dessin dynamique et contrasté (entre le simplifié et le très sophistiqué selon les planches) ; même si ce n'est pas très original, c'est très plaisant à lire et donc à suivre encore, pour le prochain épisode !

Le scénario d'Aquablue joue fin à nouveau puisque les forces sont divisées, Nao rejoignant la terre pour essayer de récupérer son héritage. Pendant ce temps les forces de la TEXEC s'installent en force sur aquablue et forcent les habitants à se réfugier sur une banquise peu accueillante au cours d'un exode difficile. Les forces du mal semblent gagner sur tous les tableaux.
Arrêtons nous là avant de spoiler, tout ne sera pas si simple et en fait cette aventure est un épisode intermédiaire qui va permettre de recruter les futurs alliés de Nao parmi les terriens.
Avec ce deuxième épisode, le décor est planté. On n'a pas seulement affaire à des industriels qui détruisent l'écosystème, on a aussi affaire à des néocolonialistes qui veulent abrutir les indigènes à l'alcool, technique qui a très bien marché avec les natifs aux USA rappelons le (entre autres + persécutions + l'anéantissement massif des bisons quand les colons ont compris que c'était une ressources indispensable pour les indiens). On est dans la même problématique et c'est difficile de lire cette histoire sans penser à tout cela.

J'ai trouvé ce second tome supérieur au premier, même si l'intrigue surfe un peu sur le convenu, et que le dessin reste parfois un peu brut.

On est sur terre où Nao plaide sa cause et réclame son héritage, ce qui mettra fin à l'exploitation de sa planète d'adoption et de coeur. Aidé par un ethnologue désabusé qui retrouve sa femme, il enchaîne succès et défaites face à un panel d'avocats véreux. Il décide de rentrer sur Aquablue et de se battre. Là, les natifs reçoivent de l'alcool et divers cadeaux inutiles (pourquoi pas des couvertures bourrées de maladies...). Ils finissent par migrer vers des régions de plus en plus froides, preuve que l'exploitation a commencé ses effets désastreux. Au passage, le dieu marin se révèle puissant et indestructible.

Tout finit par une pizza... (je vous jure que c'est vrai)

On est de nouveau dans la fable, dupliquant la colonisation et l'exploitation de la terre par "l'homme blanc". Avec des valeurs très fortes de respect, d'humanité, qui doivent forcément parler au lecteur (même si elles sont assénées au marteau-piqueur et sans forceps).

Les natifs d'Aquablue sombrent dans l'alcool fourni gracieusement par Ulla Morgenstern et sa clique. Pendant ce temps, Dupré et Nao n'arrivent pas incognito sur Terre. Poursuivi par les journalistes, surveillé par les sbires, les avocaillons et le big boss de la Texec, Nao va réussir à faire valoir sa légitimité mais ne va pas entrer pour autant en possession de son héritage, la partie adverse cherchant par tous les moyens légaux à bloquer la prise et l'emprise de Nao. D'abord prisonnière, Mi-Nuee a réussi à s'enfuir sur Terre afin de retrouver son promis, Nao. Conscients qu'Aquablue est en péril, ils décident de revenir sur la planète bleue à l'aide d'un baroudeur de l'espace, Carlo, ex petit ami de Béatrice, ex femme de Maurice Dupré. Avantiiii !
Deuxième opus louchant toujours davantage vers la Guerre des étoiles, le scénariste n'hésite pas à faire rejoindre les trajectoires aléatoires du vaisseau spatial De Carlo en perdition sur la banquise d'Aquablue et le clan de Mi-Nuee fuyant les mercenaires de la Texec à la recherche d'un refuge dans les glaces. La planète est pourtant vaste mais rien ne peut empêcher les coeurs purs de se retrouver. Cette grosse ficelle avalée, le lecteur suit les péripéties du héros sans se sentir vraiment concerné mais avec un certain plaisir bien que l'histoire soit une énième redite d'un conte à dormir debout, les pizzas dégustées sur la banquise constituant un happy-end quelque peu avarié.

Au niveau du scénario, ce deuxième tome continue de puiser dans notre histoire afin de pointer du doigt les dérives de notre système politique et juridique et les conséquences environnementales des abus de grosses multinationales sans scrupules. Ce n'est certes pas très novateur et contient quelques clichés (indiens amadoués avec de l'eau de feu, chauffard italien, etc.), mais le tout est rondement mené, très efficace et contient quelques références amusantes à Star-Wars (Carlo et son Stromboli).

On a également le plaisir de découvrir deux personnages intéressant avec Béa, la journaliste, et Carlo, l'italien. Après Fritz, le grand mercenaire blond à l'accent allemand, Cailleteau continue donc dans les personnages caricaturaux avec ce chauffard italien et mangeur de pizza. Un personnage qui colle parfaitement à l'humour et à l'action, qui caractérisent cette série.

En nous amenant sur Terre, ce deuxième tome va malheureusement nous éloigner du décor agréable d'Aquablue. Mais, malgré ce décor d'une Terre futuriste, le dessin de Vatine reste toujours aussi explosif et dynamique et pourvu d'un découpage efficace qui suit à merveille l'action du scénario. Notons que, tout comme pour le premier tome, la première édition de l'album aux couleurs un peu dépassées de Cailleteau a été ensuite recolorisée par Araldi.

Bref, malgré quelques facilités au niveau du scénario (comme les retrouvailles de Nao et sa copine sur Terre), ce tome augmente encore l'intérêt de cette série dynamique et efficace.