Ce dernier tome ne ressemble pas aux autres ; il s'en détache. Si j'avais des doutes si l'histoire racontée était autobiographique ou pas, je n'en ai plus tant les mots contiennent l'accent de sincérité de l'auteur, et ce de façon frappante. Cette fois, c'est l'homme mûr qui se réapproprie son passé, les tranches importantes qui l'ont impacté ;
Jean Benjamin Jouteur use alors de flash-backs... et nous le suivons dans ces allers-retours passé-présent qui se font écho. Et c'est vrai, c'est aussi comme ça dans notre vie ; on vit l'instant présent et notre tête part vers le passé... Et on revient et on repart vers ce que l'on a vécu et cette fois on le regarde différemment ; le temps, "l'eau qui a coulé sous les ponts" nous a rendu plus sage, plus clairvoyant...
Johann, c'est l'incarnation livresque de l'écrivain, c'est sûr... un personnage en soi, - car sa vie est particulière, très particulière... C'est un homme qui a aimé terriblement la fleur des Combes, Dominique... et qui finalement voulait l'amour... Il imaginait naïvement que sa vie serait " un chemin passé de longs voyages qui n'ont pas de fin" et il se fourvoyait... Ce qui est spécial, c'est qu'il est sans concession sur ses lâchetés... mais qui ne l'a pas été?... C'est une histoire de chutes, avec un "s" parce que l'on peut chuter par l'addiction à, par une relation toxique ou des relations toxiques, par manque d'argent... et de " je remonte la pente"... C'est aussi clairement l'histoire d'un jeune homme qui prend l'époque " les années post 70" dans la tronche... Eh oui, le destin s'aligne sur l'époque... sur le lieu de vie...
Et c'est aussi l'histoire d'amitiés fortes, indéfectibles : celle de Babeth, celle de François... de rencontres avec des figures parentales telles le Père Ferlay, Suzon la bleue... Des piliers qui permettent de remonter la pente... Et d'une réappropriation, - je sais : je me répète... Cette fois, l'auteur qui est parti vers son passé réussit à donner un sens à (je cite
Jean Benjamin Jouteur : ) "cet itinéraire d'errances parsemées de crises, de larmes, de douleurs, d'excès, de conduites à risques, de trahisons, mais aussi d'amours, de passions, de découvertes et de rires."
J'ai fini les trois tomes et personnellement, pour conclure, je dirai que c'est un livre qui impacte... En effet,
Jean Benjamin Jouteur nous tend un miroir car pour citer
Victor Hugo dans la préface de son recueil de poèmes "Contemplations" ; "Quand je vous parle de moi, je vous parle de vous. Comment ne le sentez-vous pas? Ah, insensé, qui crois que je ne suis pas toi !" Et si les épreuves l'ont fait grandir et qu'il a réussi à donner un sens à ce chaos, - il nous remet par voie de conséquence les clefs pour ouvrir certains tiroirs de notre passé.
Je me doute que je relirai "Errances d'un pantouflard"... je laisserai un peu de temps passé et je relirai ces trois tomes car c'est bien plus que trois livres magnifiquement écrits, originaux : toute la trilogie est parsemée de refrains musicaux...
Ces trois livres, il les a écrits avec ses tripes, se mettant en danger et le fait de nous les livrer tels quels avec cette quête qui finalement a abouti est un magnifique cadeau pour celui ou celle qui le reçoit. Merci, merci, merci à l'auteur. Et bonne route...!