Et quand on poursuit un but, une partie de l’esprit vérifie l’avancement afin de savoir s’il est atteint ou de pouvoir se corriger. Lorsque ce but est une action à réaliser (comme arriver à temps à l’aéroport), ce système de feedback fonctionne bien. Mais lorsque le but est mental, il se retourne contre lui-même. Les processus automatiques vérifient sans cesse : « Ne suis-je pas en train de penser à un ours blanc ? » Et puisque l’acte de contrôler l’absence de pensée induit cette pensée, la personne doit essayer de détourner sa conscience encore plus fort.
La raison humaine repose donc sur le travail complexe des émotions. Notre raison ne fonctionne que parce que notre cerveau émotionnel est si efficace. L’image platonicienne de l’aurige qui dirige le canasson de la passion exagère à la fois l’influence de la sagesse et le pouvoir de l’aurige.
La méditation est une solution orientale aux problèmes de la vie. Même avant Bouddha, le philosophe chinois Lao Tseu disait que la voie de la sagesse passait par l’inaction calme, l’attente dénuée de désir. Les méthodes occidentales de résolution de problème sont davantage caractérisées par l’utilisation d’une boîte à outils et la volonté de réparer ce qui est cassé. C’était l’approche de Dame Philosophie avec ses nombreux arguments et ses techniques de recadrage. Cette boîte à outils a été profondément modernisée dans les années 60 par Aaron Beck.
Le cerveau humain est constitué de deux hémisphères reliés par une bande de nerfs appelée corps calleux. Les crises commencent toujours à un endroit précis du cerveau et s’étendent au tissu cérébral environnant. Si la crise traverse le corps calleux, elle peut s’étendre à tout le cerveau et provoquer pertes de conscience, chutes, et convulsions. Comme un chef militaire qui fait exploser un pont pour empêcher que l’ennemi ne le traverse, Bogen voulait sectionner le corps calleux pour empêcher la crise de s’étendre.
La pensée humaine repose sur la métaphore. Nous comprenons des choses nouvelles ou complexes en faisant des liens avec celles que nous connaissons déjà. Il est, par exemple, difficile de considérer la vie en général, mais si on l’illustre par la métaphore « la vie est un voyage », nous en tirons plus facilement certaines conclusions : il faut reconnaître le terrain, choisir une direction, trouver de bons compagnons de voyage et profiter de la balade parce qu’il se peut qu’il n’y ait rien au bout du chemin.