L'affaire est assez drôle, les auteurs tenteront d'imaginer un quotidien de président de la République. Qu'avons-nous?
Un homme au milieu d'une immense table, avec tout autour les réclamations, des doléances du jour tout d'abord qui sont piaillées pêle-mèle par les ministres, puis des tas de téléphones, pour ceux qui sont plus loin, mais qui ont aussi des choses à régler, à valider, à transmettre de la part du peuple ou pour eux-mêmes.
L'homme au crâne net comme la coque d'un oeuf se frottera la tête et peut-être qu'une idée lumineuse va en jaillir ( c'est un peu comme la ponte quotidienne des poules, un seul oeuf, ça ne suffira pas).
Tout cela n'aura pas l'air rigolo et pourtant nous nous amuserons de cette situation qui montera en puissance ( nous nous rassurerons que ceci ne fasse pas l'affaire d'une émission en réality-show même si l'audience vaudrait une fortune car tout n'est pas matière à être montré au public, n'est-ce pas? Et un cerveau de président qui fume, ça n'est pas toujours rassurant.
Le pire est pourtant à venir).
Dans son traitement graphiquement léger et tranquille, la situation pourra paraitre un peu anecdotique pour les jeunes lecteurs. Et pourtant, elle sera d'une atmosphère un peu lourde, avec les sujets du "grand patron" vissés sur leur siège, la tête aux affaires ou déja au fromage du dessert, les téléphones qui s'affoleront tout autour et les médias aux abois des dernières infos ( toujours catastrophiques), tout ceci donnera l'illusion d'un monde en péril prèt à imploser.
Dernière nouvelle! Et c'est urgent: tous les lourds dossiers gênants jetés au fond des mers ont provoqué une catastrophe écologique, générant un monstre "Kaïju".
Comment le président pourra t-il s'en sortir cette fois ( comme on aime à dire, il faudra bien un miracle pour ce sortir de ce bourbier).
Nous rirons de ce grand homme au pied du mur qui s'en remettra à la grande sagesse et sortira le grand jeu, son joker du désespoir: les conseils précieux de sa maman.
Avec les dessins d'Albertine, nous serons dans l'adorable absurde, passant du Conseil des ministres houleux qui se calmera à sa fin, à la réalité de terrain apocalyptique dont on ne connait ni l'issue possible ni la solution.
"Que personne ne panique" nous fera indiscutablement rire et nous nous rendrons compte dans la dérision, certe, que le métier de président nécéssitera beaucoup de sang froid pour contenter tout le monde, pour sauver le pays voire même le monde.
Le décalage imaginé par l'auteur
Germano Zullo entre gens de l'administration( ceux que l'on appelle les technocrates, décalés eux-mêmes sur d'autres soucis que le grand lézard vert) et le film d'action avec ses hélicoptères et son monstre détruisant les immeubles nous fera rire.
Notre président sous pression aura besoin de l'aval de sa maman pour user du nucléaire, comme si en dernier recours, elle ne pouvait être que l'unique personne de confiance.
" ...tu sauveras le monde plus tard! Fais moi confiance et mange!..."
C'est de l'humour mais il y aura une lecture réservée aux grands lecteurs que l'on ne pourra s'empêcher de trouver assez désabusée sur le pouvoir évidemment.
Il y aura pas à dire, malgré le contexte de bureau, le métier de président est sans nul doute un poste d'action.
Un album original pour aborder avec comique les hautes sphères de décision avec le jeune public.