Ayant suivi des reportages instructifs, car très documentés de
Claude Ardid, j'ai été happée par la personnalité de ce journaliste lors de la présentation de son nouveau livre.
Je ne vais pas m'étendre sur le sujet, déjà dévoilé par le titre, "
Les enfants du purgatoire". Il est tellement difficile d'échanger de façon constructive sur un fait de société aussi grave que la maltraitance des enfants, violences par coups ou viols, prostitution, et autres tréfonds de l'inhumanité dans sa plus pure horreur.
Ce reportage est une immersion éprouvante au coeur de l'indicible, avec un talent inouï de l'auteur à respecter les toutes jeunes victimes. Jamais il ne tombe dans le voyeurisme graveleux, en abordant des descriptions malsaines. Pour les amateurs, certains auteurs de polars, plus ou moins talentueux, développent sous leur plume ce genre de scènes. Avec ce livre, le contexte est bien plus horrible puisque la réalité dépasse la fiction.
Claude Ardid dresse le portrait des flics composant les cinq bureaux de la Brigade des Moeurs
De Marseille, constitués d'une grande majorité de femmes. Loin de l'image des cow-boys de la route déferlant dans les reportages télévisuels, ceux-là agissent presque dans l'ombre, sans beaucoup de moyens, tous marqués de traces indélébiles laissées par certaines situations intolérables, même si elles le sont toutes. Certains craquent, d'autres continuent, malgré les conditions difficiles (vie, salaire, horaire, etc) à donner d'eux-mêmes sans compter.
Un leitmotiv, appris il y a longtemps, a résonné dans ma tête tout au long de cette lecture. "Il faut suffisamment prendre soin de soi pour pouvoir être en capacité de prendre soin des autres." Une séance de débriefing par mois pour que les membres de l'équipe puissent vider leur sac, rire, plaisanter, danser, se défouler, est-ce suffisant ? Psychologiquement non, pourtant ils n'ont pas de temps pour s'appesantir sur eux, un dossier en chasse un autre, l'enfance est en danger, il faut intervenir au plus vite.
Une lecture incontournable pour arrêter de se bercer d'illusions et de réaliser que l'enfer existe, non pas dans une autre dimension, mais bien sur terre, à côté de nous, même si nous jouons les aveugles.
Tout d'abord, je n'ai pas pu attribuer de note à ce livre. le sujet étant beaucoup trop grave, le côté scolaire de la notation me paraissait inapproprié. Puis, après réflexion, la dignité dont fait preuve
Claude Ardid et l'hommage rendu à ces femmes policiers ont eu raison de ma réticence.