Les Marbres roses
Nos marbres, pierres de tombeaux,
Sont junebres ou prosaïques.
Les marbres roses ne sont beaux
Que près de l'or des mosaïques.
Le ciel levant vient se poser
Sur leurs finesses d'aquarelles :
On dirait qu'il donne un baiser
A des gorges de tourterelles.
En des accords blonds et tremblants
Résumant la douceur des choses.
Le sang divin des marbres blancs
Vit aux veines des marbres roses.
Du coté que s'en vient la mer.
Une mer fine et délicate,
Ils tendent vers l'espace amer
Leur radieuse clarté mate.
Ils ont des voix et des regards;
Et^ lorsque monte la marée,
Ils cherchent si les étendards
Ne flottent pas vers la Morée.
Les Symboles
J'aime les coeurs naifs et les mains enfantines.
Et j'aime la laideur des vierges byzantines.
La face sans relief n'est pas d'un art subtil;
Un trait noir et distinct figure chaque cil,
Sur le fond d'or, plus beau qu'une voûte étoilée.
La bouche d'un silence éternel est scellée;
Dans un geste mal fait qu'on n'a pas su finir,
Les mains, au long du corps, s'abaissent pour bénir.
La robe à plis sans grâce avec gêne s'ajuste :
Mais le fantôme saint poursuit son rive auguste
Et, symbole idéal et grave de l'esprit,
Écoute, voit, pardonne et jamais ne sourit.