Le poète respecte scrupuleusement son titre et décrit en vers (alexandrins, octosyllabes de préférence) les paysages des berges et les individus qui y sont associés, dont les mariniers. Il privilégie par ailleurs le lyrisme et les personnifications pour faire d'un détail (un arbre, un cor...) un personnage qu'il anime et dont il fait parfois les interlocuteurs fantasmatiques de son lecteur.
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LA FORÊT. I
« Prends garde à ce chemin pierreux, prends garde aux roches. »
C’est ainsi que, suivant les routes les plus proches,
Je veillais sur ta marche et je guidais tes pas.
Tu riais de l’obstacle et tu ne bronchais pas.
Les bouleaux frissonnants chantaient leur long cantique ;
On entendait se taire au loin la terre antique,
Et la grande forêt, vibrant au moindre bruit,
Claire, faisait penser aux choses de la nuit.
Les bruyères en fleur semblaient un manteau rose,
Et les rochers géants où le lézard se pose,
Pareils aux animaux antédiluviens
Épouvantaient très-peu tes yeux parisiens.
On eût dit, à te voir souriante et si fine,
Au milieu du chaos farouche une aubépine.
p.51
La forêt (II, extrait)
Les grands chênes, vois-tu, sont comme des aïeux.
Bien que leur front soit morne,et bien qu'ils soient très-vieux,
Ils entendent. Il faut respecter leur silence.
Leur tête que la brise incessante balance
Est sévère et fait peur aux tout petits oiseaux;
Mais le soleil nous guette et tend ses blonds réseaux
Dans les feuilles. L'odeur du genévrier sombre
Nous conseille l'ivresse et nous invite à l'ombre.
La fête (extrait)
C'était la fête au bord de l'eau.
On aurait cru voir un tableau
Où le mât d'un vaisseau rencontre
Un ballon qui monte dans l'air,
Et le train d'un chemin de fer
Au-dessous d'un cadran de montre.
C'était encor plus compliqué
De la rive qui sert de quai
On voyait, faisant bon ménage,
Des arbres, des chevaux de bois,
Des cors de chasse aux longs abois
Et des canotiers à la nage
L'auberge des mariniers (extrait)
Donnez-leur un verre de vin.
A grand labeur salaire vain ;
Le destin nous mène à sa guise.
Pour faire leur cerveau vermeil
Qu'un peu de vin et de soleil
Brille sur eux et les conduise !