C'est l'histoire du face à face inattendu de deux personnages étranges et grotesques, qui n'auraient jamais dû se rencontrer : le père Manouvrier, petit propriétaire terrien ruiné et intellectuel frustré (il n'a pu obtenir son diplôme d'instituteur) et la Senhora Doutora, pieuse psychothérapeute aux forts appétits, qui semble bien avoir acquis sa science de l'inconscient sur l'oreiller. Personnages caricaturaux : elle, pulpeuse Brésilienne, adepte de l'église Baptiste, lui, vieux avant l'âge, passionné de mycologie, gratte-papier invétéré qui, comme la « Très vieille petite fille » d'un précédent roman, détruit ses écrits à mesure qu'il les produit et finit par réduire ses ambitions créatives à l'usure élaborée de vieilles Tong.
Nourri d'humour un peu grinçant, imprégné des odeurs (et des saveurs) d'un monde rural (l'Aube) encroûté dans ses routines, que la belle et sulfureuse psychanalyste étrangère ne parvient pas à réveiller, c'est un roman désespéré qui reprend des thèmes récurrents chez Michel Arrivé : vanité de l'écriture, décrépitude précoce, psychanalyse, appropriation impossible des rêves et pauvres, pauvres amours. Roman, une fois encore, de l'échec, de la désillusion, de la misère humaine.
Libre à vous de préférer « Cinquante nuances de Grey » (oups !), moi, je préfère cet ouvrage décapant et raffiné, oeuvre d'un connaisseur narquois de toutes les ficelles de la narratologie. Surréaliste, cruel, pervers et caustique - bien qu'empreint d'une assez grande tendresse – vous trouverez là un grand bonheur complice pour amateurs de récits intelligents et de bonne littérature
Commenter  J’apprécie         82
Récit tout en finesse qui utilise plusieurs voix qui se succèdent tour à tour, celle des deux personnages principaux et celle du narrateur omniscient. Une technique un peu surprenante au début mais que l'on finit par adopter docilement. Une atmosphère faite de routine dans le fin fond de la campagne avec deux personnages vraiment originaux voire surréalistes qui donnent une teinte un peu spéciale où la cruauté fini par survenir presque avec douceur. Une histoire un peu acide et surréaliste et pourtant douce comme une bonne poélée de cèpes... à découvrir.
Commenter  J’apprécie         30
Pour le deuxième épisode d'Un certain goût pour le noir, on s'attaque à un chef d'oeuvre du cinéma : Basic Instinct !
Ecoutez l'émission dans son intégralité : https://www.bepolar.fr/Podcast-2-Basic-Instinct
Arrivé au cinéma en 1992, ce film qui va donner le genre du thriller érotique, a fait sensation. Sharon Stone y était merveilleuse et glaçante, rendant fou Michael Douglas et les spectateurs et spectatrices. Mais au-delà de son caractère sulfureux, c'est aussi sans doute le grand film de la carrière de Paul Verhoeven.
Pour revenir dessus, Simon Riaux, membre du Cercle - l'émission ciné de Canal - rédacteur en chef de l'Ecran Large et grand cinéphile !
Un épisode en partenariat avec le site avoir-alire, la plus grosse base de critiques de films du web (25 000 critiques !) dont celle, sulfureuse également, sur Basic Instinct !
+ Lire la suite