Bunnae vient tout juste de se marier. Elle passe sa première nuit en compagnie de son mari qui, un peu emprunté, n'ose pas lui ôter son joli habit traditionnel. Alors que les voisins épient les jeunes mariés et se moquent de leur inexpérience, le jeune homme se perd en métaphores fleuries pour lui signifier son attirance. Bientôt la pluie aura raison des curieux et notre couple, aidé d'un peu d'alcool, se laissera aller à des étreintes plus intimes.
C'est le dessinateur coréen KIM dong-ha qui nous offre cet album, conçu tout spécialement pour Casterman. On y retrouve un thème qui lui est cher : celui des femmes, de leur intimité et de leurs amours.
C'est Bunnae elle-même qui nous raconte son histoire. Tout d'abord, celle de sa première nuit de noce. Les mariés, un peu gauches et timides, doivent passer par le rite de la nuit de noces. Un passage un peu effrayant pour qui ne connaît pas les secrets de l'amour charnel. Pourtant, quelque peu enivrés, le couple finira par passer à l'acte.
Les saisons se suivent et hélas, l'époux finira par décéder. Bunnae vit désormais seule.
C'est à l'âge de la vieillesse que nous retrouvons celle-ci. L'entretien d'une maison lorsque l'on est une veuve est quelque chose de difficile. Un charpentier fort aimable se propose un jour de lui prêter main forte. Entreprenant, notre homme lui fait bientôt une cour qui, contre attente, se terminera par une seconde nuit de noces…
Cet album délicat tient en peu de mots : deux histoires d'amour et l'intimité amoureuse qui les accompagnent. Il y a le premier amour de la jeunesse. Frais, passionné, il se place sous le signe de la découverte et de la fougue. Puis c'est l'union tardive de deux veufs qui redécouvrent la tendresse et les caresses. L'auteur les dévoile avec pudeur et décrit avec poésie ces moments de sexualité, pourtant très concrets. Utilisant de très belles métaphores, il réussit à témoigner de toute la sensualité de ce moment, de la sensibilité de ses acteurs. On reste très ému devant leur naïveté puis plus tard devant la réappropriation progressive d'un acte longtemps oublié. Les choses se font plus douces, plus lentement mais le couple ne se refuse pas une certaine sensualité.
Très contemplatif, l'album se fait souvent silencieux. le passage du temps se fait jour à travers celui des saisons. La nature semble importante et les références aux fleurs se font nombreuses, prétextes à un parallèle à la femme aimée et à sa « fleur de bignone ».
On connaissait le trait élégant de l'auteur dans Histoire, couleur terre. L'auteur pare ici son dessin de couleurs vives et on peut presque le regretter. Franches, sans grandes nuances, elles semblent aplatir la finesse du dessin minimaliste. On finit pourtant par s'y habituer et apprécier les paysages fleuris, les tenues traditionnelles des personnages.
Délicat et touchant, le récit de ces
Nuits de noces se savoure en toute simplicité. Nous plongeant au coeur de la vie amoureuse d'une femme dans ses moments les plus symboliques, l'auteur nous rappelle que le charme et la sensualité ne sont pas l'apanage des jeunes couples et souligne avec subtilité les charmes de la vie traditionnelle d'autrefois.
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