Les moyens dont Georges Simenon se sert pour créer la couleur, l'ambiance, pour provoquer l'angoisse sont des moyens simples. Les mots qu'il utilise sont les mots de tout le monde.
Nulle recherche du rare, du distingué ; pas de tarabiscotage ! Et le résultat est surprenant...
Toute la force de la phrase, tout l'attrait du livre et toute l'émotion qu'il nous vaut, tiennent aux qualités "personnelles" de Simenon, à sa mémoire prodigieuse, à la facilité avec laquelle il a enregistré une quantité incroyable d'observations, de constatations, de tonalités, de gestes, de souvenirs vrais.
Et c'est pourquoi les mots mêmes, ces simples mots semblent projeter des images. Ils suffisent à nous transporter dans l'ambiance qu'a voulue l'auteur : sous la pluie, dans la tempête, entre les murs de la miteuse chambre d'hôtel où nous avons pénétré à la suite des personnages.
Mac Orlan a toute ma sympathie. Comme on dit à la Légion, il est régulier. Depuis qu'il est au monde, Pierre Mac Orlan est resté ce qu'il était : un homme, tout simplement. Devenu écrivain, le succès, la réussite ne l'ont pas changé. La vie, pourtant, ne lui a pas toujours été facile et douce. Il a fallu qu'il se défende. Il a connu des mauvais jours de la semaine et des sombres dimanches et, il lui est resté, du temps de sa jeunesse, une sorte d'appréhension, une défiance d'un avenir incertain et comme un sentiment de la fatalité qui, dans ses livres, nous communiquent leur angoisse, leur malaise. Une atmosphère de "sinistrose" plane et pèse sur presque tous ses bouquins.