Lorsque Didier Cameau m'a proposé de découvrir son roman, en soulignant qu'il s'inscrivait dans la ligne de mes lectures habituelles, je n'ai hésité qu'une nanoseconde. Et grand bien m'en a pris ! J'en profite d'ailleurs pour remercier @didier.cameau.auteur pour ce très bon moment de lecture.
L'auteur s'est lancé un pari périlleux en écrivant tout cette histoire à la première personne, d'autant plus que dans la première partie de l'intrigue le protagoniste est face à lui-même, comme l'annonce le titre. Et je ne peux que tirer mon chapeau à Didier Cameau, qui a réussi l'exploit de faire un double salto arrière. En effet, dans la première partie du récit, nous avons un accès direct aux pensées d'Amjad Belli, ingénieur et père de famille à priori sans problème, qui se retrouve dans ce qui semblerait être une cave, après avoir été enlevé alors qu'il se rendait le matin-même à son travail. Au fur et à mesure que passent les heures, puis les jours, les semaines, les mois et même les années, Amjad s'interroge, essaie de comprendre les motifs de ses ravisseurs, gardant d'abord espoir, puis désespérant de ne jamais revoir la lumière du jour. On pourrait croire, à tort, qu'à un moment donné le récit ne peut que perdre de sa vigueur mais ce serait sans compter sur l'habileté de l'auteur, qui nous balade entre réflexions, questionnements et souvenirs sans que l'on s'ennuie le moins du monde. Amjad s'invente d'ailleurs une autre geôle qu'aucun mur ne peut clôturer : l'esprit ; c'est donc dans son esprit qu'il s'évade, venant même à peupler son univers mental de nouveaux personnages. Les va-et-vient entre ses spéculations et ses rêveries se font sans anicroche, d'une manière si fluide, que les contours du vrai et du faux deviennent peu à peu mouvants, nous faisant douter qu'Amjad n'ait jamais été kidnappé. Serait-il aux prises de la folie ?
La deuxième partie de ce roman policier apporte les réponses à toutes les questions soulevées par Amjad, le récit prenant alors une tout autre dimension. L'intrigue se concentre désormais sur ce qui s'est réellement passé et l'on découvre les membres de la famille proche d'Amjad, préalablement évoqués – c'est d'ailleurs intéressant de découvrir la réaction des autres face à son absence –, les dialogues entre tous les personnages apportant un rythme nouveau à la narration, quoique plus alangui. Après un impressionnant salto arrière, l'auteur-gymnaste fait une belle réception… en amorti. A mon humble avis, l'un des événements – que je ne dévoilerai évidemment pas pour ne rien divulgâcher – aurait mérité de n'être évoqué qu'au moyen d'une ellipse car s'il n'apporte rien en termes de développement de l'intrigue, il finit par alourdir celle-ci et, forcément, par casser un peu le rythme. D'autant plus que cette seconde partie est davantage axée sur la reconstruction de soi et que le récit a pris une tout autre tournure.
Quant au dénouement, si vous êtes attentifs, sachez que 2 ou 3 indices se cachent dans le texte.
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