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EAN : 9782381910741
96 pages
Anamosa (14/09/2023)
5/5   3 notes
Résumé :
Dans la veine propre à la collection Le mot est faible, ce nouveau titre revient, sous l'angle du droit, sur l'histoire de la nationalité française inventée à la fin du xixe siècle et utilisée depuis pour fabriquer des étrangers et les soumettre à des régimes plus ou moins sévères et cruels suivant les besoins du marché du travail.
Barbare, métèque, esclave, aubain... Jusqu'à une période récente, il n'existe pas de définition univoque de l'étranger car il se ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Après avoir rapidement rappelé l'évolution du concept d'étranger avant l'apparition des États-nations, Karine Parrot, professeur de droit à l'Université de Cergy, montre que cette catégorie, loin d'être naturelle, est soumise à un régime spécial et arbitraire plus ou moins sévère et cruel suivant les besoins de l'économie et les considérations politiques du moment, par un droit ségrégationniste et un racisme systémique de l'État et de ses institutions, pour satisfaire le marché du travail et organiser la sélection des candidat·es suivant leur origine.
(...)
Cet essai, limpide et synthétique, met en perspective la construction utilitariste du concept de nationalité, en évidence le déni et les mensonges de la France et de l'Europe, leur politique anti-migratoire arbitraire et injuste, dénonce « le grand lâchage fasciste des dirigeants européens ».

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Alors qu'un président de la République française vient de renouveler, dans une intervention télévisée, ses déclarations hostiles à l'accueil des migrants, jusqu'à s'accaparer cette phrase de Michel Rocard : « on ne peut pas accueillir toute la misère du monde », dont Pierre Tevanian et Jean-Charles Stevens ont montré (chez Anamosa aussi, l'an dernier), en la décortiquant en détail, toute la vicieuse puissance méprisante et le cynisme, alors que la Loi Darmanin, renforçant les frontières et les expulsions, sera bientôt proposée au Parlement, le petit livre de Karine Parrot est bienvenu, décryptant dans une analyse brillante l'ensemble de fantasmes et de préjugés qui ont nourri cette image de l' «étranger», qui alimente depuis longtemps la politique de l'Etat et les actions de sa police. Certains regretteront peut-être une limitation du champ d'exploration du concept dans l'espace et le temps, l'auteur entamant sa recherche historique au Moyen-Âge et concentrant l'essentiel de sa démonstration sur le cas français. Mais elle réussit ainsi, et cela nous convainc, à révéler la torsion de notre regard sur l' « étranger » au fil de l'Histoire, montrant comment cet adjectif a pu à l'origine être appliqué à tous ceux qui n'étaient pas nés dans le même village, avant de s'appliquer surtout, de manière de plus en plus hostile et stigmatisante, aux non-blancs, non-européens, anciens colonisés et souvent musulmans, avec des jugements les accusant de paresse et les assimilant à des délinquants, sous l'influence d'un racisme de moins en moins déguisé. Karine Parrot étudie la bascule du « droit du sol » au «droit du sang » et dévoile les constants allers-retours de l'ouverture à la fermeture du territoire, en fonction des besoins de main d'oeuvre (et parfois de chair à canon pour l'armée en guerre…) de l'économie française. Evoquant les travaux récents de Claire Rodier et d'autres chercheurs autour du harcèlement et des mesures d'enfermement en centres de rétention subis par les étrangers, invitant à remettre en question la distinction discriminante entre des « réfugiés » politiques, menacés de mort ou de maltraitances dans leur pays d'origine, et ces migrants qui quitteraient leur territoire de naissance pour de « simples » raisons économiques, quand notre monde dévasté par les catastrophes climatiques oblige tant de populations à prendre la route pour ne pas mourir, elle rappelle qu'aucune limitation de mouvement n'est imposée dans la Déclaration Universelle des Droits de l'homme, nous sommant de redonner son humanité à notre regard. Et militante du GISTI, dont on connaît le travail généreux depuis plus de cinquante ans, pour accueillir les migrants et les aider à s'installer, elle termine son étude par cet appel vibrant : « Les humains doivent pouvoir aller et venir librement et choisir là où ils veulent vivre. C'est la condition sine qua non d'une égalité réelle. Mais il reste encore beaucoup d'expérimentations à mener et à penser pour donner corps à d'autres mondes, des mondes vivables, sans gouvernants, sans gouvernés, sans policiers, sans nationaux et sans étrangers. », un rêve utopique peut-être, mais qui fait tant de bien, et devrait résonner comme un idéal à poursuivre… Alors oui, il faut lire et faire lire ce texte, aussi pertinent que mobilisateur, de Karine Parrot !
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Les technocrates et les policiers décident seuls, ils mettent en place les dispositifs de contrôle et de répression qu'ils jugent nécessaires sans se soucier de leur légalité puis, si besoin, dans un second temps, le législateur est appelé pour donner son aval et légitimer la pratique. Contre les étrangers, et contre les pauvres en général, la loi fonctionne ainsi comme une voiture balai des pratiques administratives et policières illégales.
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Les dispositifs de contrôle et de surveillance imaginés contre les catégories marginales – les étrangers, les délinquants… – finissent toujours par valoir contre l'ensemble de la population.
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Lorsqu’on se penche sur la condition des personnes étrangères en France, on observe un droit ségrégationniste – largement admis – et un racisme systémique de l’État et de ses institutions démenti avec un cynisme de moins en moins feutré. 
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En décrétant que l'on naît français par les liens du sang, le Code Napoléon liquide en quelque sorte le peuple français comme entité politique.
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Videos de Karine Parrot (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Karine Parrot
A l'occasion du 26ème "Rendez-vous de l'Histoire" à Blois, Karine Parrot présente son ouvrage "Etranger" aux éditions Animosa.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2910716/karine-parrot-etranger
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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