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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Au mauvais endroit, au mauvais moment. Enfin, l'endroit n'est pas vraiment mauvais puisqu'il s'agit d'un bistrot. Mais le moment est franchement dégueulasse. Alors qu'il se roule une cigarette accoudé au zinc, Pépère, un retraité de soixante-dix ans, tombe nez à nez avec trois braqueurs en cavale. Pépère a du caractère, il jette son briquet au visage du bandit qui lui réclame ses clefs de voiture. Ca lui vaut une belle rafale de mitraillette sur tout le corps. Voilà Pépère rectifié, la clope au bec, sans avoir pu vider son verre de blanc. Son petit-fils, Pascal Delcroix, avocat au Barreau de Tours, jure de le venger. Delcroix aimait beaucoup son pépé qui avait trois hobbies : la pêche, le jardinage et Georges Marchais (tout le monde n'a pas eu la chance d'avoir des grands-parents communistes). L'identité des trois hommes est connue. Leur chef, Christian Jouax, est un ancien militant gauchiste qui a pris la tête d'une communauté hippie. L'homme et ses complices sont introuvables et ont des relations haut placées mais Delcroix est déterminé et ne reculera pas. La chasse à l'homme en terre tourangelle peut débuter. Que les notabilités putrides se méfient, ça va défourailler !

Amateur/trice d'argot et de calembours, ce roman est fait pour toi : « je suis velu, j'ai vu, j'ai vaincu », les culturistes et leurs « haltères égaux » ou, pour rester dans la métaphore sportive : « on est pneu de chose ». Vous y apprendrez que les ouesternes sont des films de coboilles et qu'il est blême mon achélème. A.D.G. place de petits hommages à ses maîtres : Aymé, J. Perret, Céline et glisse des références littéraires de haute tenue. Autre hommage, appuyé cette fois-ci, à la Touraine, cadre de ce polar mi urbain, mi champêtre. J'ai adoré les personnages de feu Pépère et de SergueÏ Djerbitskine aka Machin, journaliste flegmatique et ivrogne forcené. J'ai aimé la gouaille du roman, ses gauloiseries, sa touche provinciale et ses personnages hauts en couleur mais pour paraphraser un auteur de la même époque (une espèce de demi manche), des passages m'ont empêché « de tirer du roman un plaisir entier ». Certaines phrases relèvent du pamphlet et sont de trop dans le roman ; dans un polar, l'allusion est toujours plus pertinente que la diatribe. Mais je refuse de terminer cette critique par une remarque ripolinée de bienpensance. J'ajoute donc que la dernière scène le long du Cher est diablement bien foutue. Comme quoi, un auteur sulfureux peut se montrer subtil et touchant.
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Le grand môme.
Il y a des auteurs dont on n'attend rien. Leurs sympathies politiques les rendent infréquentables ou hautement recommandables selon le sens du vent et des girouettes. A.D.G. ne cache pas ses attirances extrémistes et droitières. Il m'aura fallu attendre trop longtemps avant de saisir un de ses livres. Je dois concéder que le bougre sait diablement bien écrire et le plaisir de lecture est immédiat. Les premières phrases ont une ligne de flottaison impeccable et sont très accrocheuses pour le goujon qu'est le lecteur : « Tout avait commencé par un jour de juin, très chaud et très lumineux, de ces jours dont on se dit qu'ils vont servir à quelque chose parce qu'ils sont porteurs d'un enthousiasme secret. » Superbe entrée en matière pour donner le ton d'une vengeance implacable. le petit-fils narre la mort de son pépé adoré et sa haine des trois malfrats qui l'ont liquidé parce qu'ils avaient un braquage sur les bras et les flics au cul. Un mauvais dos-d'âne et leur bagnole part en vrille. Pépère est sur leur chemin et sa vieille 403 représente la planche de salut. Seulement le vieux n'obéit pas au premier merdeux venu, même hystérique et armé d'une mitraillette. de toute façon, les clés sont restées sur sa vieille guimbarde. Rectifié pour rien, la mort de pépère doit être réparée. Pascal Delcroix, avocat, petit-fils du vieux tailleur de pierre, va prendre les choses en main, colt à l'appui. La remontée des pistes glissantes et la saisie des bâtons merdeux commencent.
La gouaille désabusée d'A.D.G. rend son écriture attirante avec un jeu sur les mots souvent réussi. La raillerie et le franc-parler y sont, travaillés de concert avec une fluidité du style rendant l'ensemble digeste. le « Pessimiste joyeux », A.D.G., Alain Dreux Gallou, de son pseudonyme, Alain Fournier, de son vrai blaze, trop lourd à porter because le Grand Meaulnes, repose au cimetière de Véretz, en Touraine, là où se situe l'action du roman. C'est dire s'il connaît bien les vins de Loire, la douceur angevine, le parler impeccable de ses habitants et la noirceur de l'âme des hommes. Il n'y a pas d'invraisemblance dans l'histoire et son déroulement est plutôt cohérent, resserré autour du meurtre et de l'enterrement du pépé tant aimé. A.D.G., sous des allures parfois de gros bras, de charcutier à l'emporte-pièce, est un auteur pudique que la bassesse des hommes révulse. Il ne le crie pas sur les toits mais à sa façon, littéraire et distanciée, il le susurre de façon encore plus éclatante : « Ils avaient le pouvoir d'étouffer, d'engloutir, ils avaient l'habitude de mentir, de cacher, ils avaient la volonté de s'enrichir, la soif de jouissances, le dédain du commun. Ils étaient une bête monstrueuse… Ils avaient des femmes hautaines qui considéraient le pays comme un terrain conquis, peuplé de bonniches et de croquants… Leurs enfants étaient leurs dignes héritiers, snobs, puants… qui bénéficiaient de passe-droits et de privilèges indus… ».
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ADG signe ici un roman policier déjanté , loufoque et pittoresque.
Dans cette Touraine, qu'il connait bien, le pire peut arriver et la région se découvre moins tranquille que semble le dire “ Balzac “ dans Sténie, roman inachevé de 1819 “ Oui, tout disparut lorsque j'aperçus les bords de la Loire et les collines de la Touraine. J'étais tout entier à ma délicieuse sensation et je m'écriais en moi-même : ô champs aimés des Cieux ! tranquille pays… que je te vois avec délices ! “.

Un avocat peu regardant sur la légalité des procédures et proche du détournement de mineur, un journaliste plus intime avec la bouteille de blanc du bar voisin qu'avec sa machine à écrire et une jeune ado mi-punk, mi-gothique au vocabulaire de dame de petite vertu expérimentée, forment un trio de personnages singuliers .


Quelques meurtres posent l' ambiance de cet ouvrage .
Les deux amis vont mener, chacun avec ses moyens, l' enquête pour retrouver les coupables de ces crimes.
C'est une question de vie ou de mort pour Me Delcroix, on ne touche pas impunément à sa famille et à ses souvenirs d'une enfance heureuse en compagnie de Pépére à pécher en bord de Loire.
L' argot , moins poussé que chez Frédéric Dard et ses célèbres “ San Antonio “, l' humour et l'intrigue procurent un plaisir certain au lecteur.

Pour ceux qui connaissent (ou pas ), c'est aussi une déambulation savoureuse dans la ville de Tours et la campagne environnante, avec la découverte de lieux insolites .

Roman policier non classique, au style peu courant , au rythme soutenu et très agréable à lire .

A signaler “ Kangouroad Movie “ du même auteur , de la même veine que les romans policiers sud africains de Déon Meyer ou Roger Smith .

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