Tom a une dizaine d'années, il vit dans une famille harmonieuse et fait partie de ceux qu'on ne remarque pas. Il est ami avec Jeff, enfant provocateur, affabulateur, mais surtout malheureux depuis le divorce de ses parents. Tom est secrètement amoureux de la plus jolie fille de sa classe, Courtney...
Bref, il coule une existence paisible jusqu'au jour où arrive dans sa classe Jessica, "la fille brûlée", défigurée suite à un accident. Tom va assister avec un malaise grandissant à la curiosité et à la maladresse cruelles de ses camarades à l'égard de la fillette...
Certes, la lecture est agréable, le thème des enfants confrontés à la différence physique est intéressant, mais quelque chose m'a gênée dans ce livre : la passivité du petit garçon, pourtant révolté par le comportement de ses camarades mais trop lâche (ou trop timide ?) pour intervenir ? l'inertie de l'enseignante ?
Malgré tout, j'ai trouvé la fin jolie, et j'aime beaucoup la couverture.
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C'est un livre choc sur une réalité... Tout comme dans "Wonder" il est question de "monstruosité", d'une apparence qui fait peur et qui rend difficile toute socialisation. Je suppose que c'était aussi la problématique des "gueules cassées" de la première guerre mondiale.
Ici, le narrateur, Tom, voit arriver dans sa classe une nouvelle élève, Jessica, qui a été extraite d'une voiture brûlée et dont les parents déménagent très fréquemment pour lui permettre d'essayer de nouveaux traitements et de nouvelles greffes.
Les réactions des élèves dans la classe, notamment l'opposition entre le comportement de Tom et celui de son copain Jeff m'ont aussi fait penser à ce que j'ai pu lire dans "Le silence de Mélodie" : une certaine chosification de leur humanité dans le regard des autres.
Je trouve bien de ne pas avoir nié que la démarche de Tom n'était pas facile.
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La vie dans la classe de Tom s'écoule de la façon la plus ordinaire. Tom, pas très bien dans sa peau, est influencé par Jeff, son copain exubérant, avec lequel il discute de bolides. En fait, "vu de l'extérieur, il ne s'est pas passé grand chose. Une fille avec des brûlures a été quelque temps dans [sa] classe. […] Et puis elle est partie. Voilà, c'est à peu près tout." Vu de l'extérieur, seulement. Car l'arrivée de Jessica, défigurée par un incendie, bouleverse la vision que Tom porte sur les relations humaines : l'adolescent apprend à naviguer entre dégoût, peur et compassion, des sentiments dont il n'est pas toujours très fier.
L'avis d'Aurélie, 17 ans : Ce livre présente deux réactions (celle de Tom, et celle de Jeff) face à un handicap fort, et montre que l'acceptation de celui-ci est essentielle pour permettre l'intégration de la personne handicapée.
L'avis de la redaction: C'est par le visage, premier contact avec autrui, qu'on reconnaît à celui-ci sa dignité d'être humain. Alors comment réagir lorsque le visage de cet autre n'est plus ? Tony Abbott répond avec nuance et profondeur à cette question d'autant plus grave qu'elle surgit à un moment, l'adolescence, où l'image renvoyée aux autres prend une dimension cruciale.
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Le visage de Jessica Feeney, qu'on a tous regardé en premier, avait l'air d'un masque. J'ai vite détourné les yeux, puis je l'ai fixé à nouveau. Je n'arrivais pas à croire que c'était celui d'un être vivant.
La peau était rugueuse, boursouflée, marquée de taches blanches, rouges et roses. Les lèvres étaient gonflées au point de toucher le nez. On devinait les yeux derrière des paupières informes, comme à moitié fondues. Les cheveux étaient courts, les avant-bras aussi déformés que le visage et les doigts crispés, ressemblaient à des serres d'oiseau.
J'ai senti une boule monter dans ma gorge et mes oreilles siffler. Comment quelqu’un dans un état pareil pouvait-il être encore en vie ? Souffrait-elle ? Sans doute. Peut-être avait-elle envie de crier, crier, crier à en mourir à force de se voir dans cet état. (p.36-37)
Je tremblais en pensant à l'hôpital, puis à la voiture, et à Jessica en feu à l'intérieur. Mes larmes commençaient à déborder.
- Mais les gens ont peur de toi, en réalité. Ils ont peur quand ils te voient. Peur de t'approcher. Tu dois les détester...
J'ai vu qu'elle tremblait, elle aussi, puis elle a dit :
- C'est sûr que je les déteste. Tu n'imagines pas à quel point. Mais il restera toujours quelques personnes qui n'auront pas peur à ce point-là. (p.133)
Au début, je me suis demandé combien de temps elle se rappellerait être venue à Sainte-Catherine. Je veux dire, ça n'a pas dû réellement compter pour elle. Elle se déplaçait sans cesse d'une ville à l'autre, d'une école à l'autre, pourquoi se serait-elle souvenue de notre classe plutôt que d'une autre ? De nos visages en train de la fixer, nous qui avions si peur d'elle. Tout cela se mélangeait sûrement peu à peu. Elle avait des choses bien plus importantes à faire que penser à nous, qui étions plus stupides les uns que les autres. Il fallait qu'elle vive. Et ses journées devaient être remplies de moments tellement durs que j'osais à peine les imaginer. (p.141)
Sur le chemin du retour, j'ai eu l'impression d'avoir reçu des coups. Je ne parvenais pas à imaginer à quoi cela ressemblait d'être prisonnier d'une voiture en feu. Et elle était vivante, elle se battait pour vivre. Elle allait en classe ! C'était trop dur à comprendre, à accepter. Je me suis remis à pleurer et, une fois à la maison, je me suis rué dans la salle de bains et j'ai été très malade. (p.101)
Jessica a été prise dans un incendie. Elle souffre de brûlures, de graves brûlures.
(…)
J'ignore jusqu'à quand Jessica restera parmi nous mais je veux que vous soyez prévenus. Ses brûlures sont... Elle ne ressemble pas à... Enfin , elle ne ressemble à rien de ce que vous avez pu voir auparavant. (p.34)