Et on dit que, si la femme allume les bougies du chabbath, c'est pour apporter la lumière dans le coeur de L'histoire.(p.49)
"Tous les mois, c'est la même chose. Je pleure. Je soupire. J'attends. Que le linge au-dessous de moi ne soit point taché de rouge. Et tous les mois, mon ventre me fait mal. Le sang s'échappe, je saigne, je prie, je pleure. Mes larmes mouillent le mur occidental. Telle une brebis abandonnée, ainsi j'erre dans les rues. Mes paupières tremblent, mes jambes vacillent, mes yeux brillent de douleur. Je regarde autour de moi, je ne vois personne pour m'aider.
Ma mère, qui est la gardienne du mikvé, le bain rituel, a honte de ma stérilité. Chaque mois, je viens me tremper dans l'eau de pluie car, à la fin des sept jours sans tache, la femme doit s'immerger dans le mikvé à la nuit tombée, après que trois étoiles ont été visibles.
Il me semble que j'expie quelque chose. Je souffre, je vomis, je me traîne par terre, je cogne ma tête contre les murs. Toute la journée, je reste couchée. Nathan a trouvé un nom pour les jours impurs. Il me demande quand sera finie "ma maladie". Il n'a pas pas tort. L'impureté mensuelle, c'est la maladie de la femme stérile.
Mais on ne peut devenir pure que parce que l'on est impure. C'est pourquoi la femme, chaque mois, s'élève en se purifiant. Quand tout est fini, je me rends au bain rituel, je me déshabille, et, aidée par ma mère Hanna, je plonge dans le bassin d'eau froide, tête comprise : c'est une naissance.
- Toujours rien ? demande ma mère.
- Toujours rien.
- Cela va bientôt faire dix ans.
- Je sais. S'il le veut, Nathan peut me répudier."
Mon regard était mêlé aux voix dans la nudité des syllabes; la mélodie dansait, roulait et chantait, sans paroles, sans l'entrave des paroles, et ce silence enveloppait mon silence. (p.14)
Ici, chez-nous, on ne se marie pas par amour. On se marie grâce à l'entremetteur.
Alors je pars avec ma valise, je vais chez ma mère, je reprends ma chambre, ma chambre de petite fille. J'y rêve, couchée sur le lit, je me repose. J'entends mon sang comme s'il battait dans mes veines, je sens en moi une fatigue telle que le monde entier peine sur mes épaules. Me hisser hors du lit me semble un effort insurmontable. Jusqu'où sombrerai-je ?
Mes seins et mes hanches ronds étaient beaux et attrayants,mais mon corps stérile n'attirait plus l'homme que j'aimais,et nous n'avions plus le droit de nous toucher puisque ce serait seulement pour le plaisir,non pour la sanctification du Nom divin.
Je voudrais le quitter sans rien perdre, sans perdre l'amour, apprendre à le désaimer je ne peux pas. L'autre soir j'ai pleuré, mais ce n'était pas un torrent de larmes, juste quelques larmes sèches, de vraies larmes de douleur.
Son torse, son corps, ses yeux sombres et sa bouche m'obsèdent. J'aime ses défauts, son mauvais caractère, son visage anguleux et es mains si fines. Je les veux sur moi.
La discipline et la maîtrise de soi constituent la clé du bonheur. L'oeil voit, puis le coeur désire et enfin le corps pèche.
un livre à lire en quelques heures très fluide, plein d'amour, plein de désespoirs, un monde que je ne connaissais pas