En premier lieu, je tiens à remercier Babelio pour m'avoir permis d'obtenir ce livre à travers la Masse Critique. Un grand merci également aux Éditions Bragelonne d'avoir participé à cet événement que je trouve personnellement enrichissant afin d'élargir les horizons de lecture et sa bibliothèque. Ainsi qu'un excellent moyen pour promouvoir des livres.
Surtout que
Servir Froid était un roman qui m'avait beaucoup attiré par son résumé publicitaire. Cependant, je dois bien avouer que j'ai été légèrement déçue par le contenu du livre qui ne s'avère pas autant à la hauteur de ce qu'il promettait.
Sur la forme, j'ai une dépréciation à faire au de niveau l'écriture. C'est la première fois que j'ai la possibilité de lire un roman de
Joe Abercrombie, et avec l'éloge qu'on fait de cet auteur, je m'attendais à une plume beaucoup plus riche et travaillée que celle que j'ai lue dans
Servir Froid. Plus j'ai avancé dans le récit, plus j'ai eu l'impression d'avoir affaire à un roman jeunesse. L'écriture est assez enfantine. Aucune belle phrase ne ressort particulièrement de tout le roman et le choix de la structure n'est pas celle que je trouve la plus adéquate pour l'histoire qui y est comptée. Les dialogues sont difficiles à suivre, notamment parce qu'ils sont souvent coupés par des parenthèses qui décrivent les actions se déroulant en même temps que la parole du personnage. Non seulement de casser le rythme de la lecture, surtout lors des « grands discours », cela rend également moins crédible l'idée profonde que certains dialogues essaient de faire passer. S'ensuit aussi un vocabulaire peu varié et trop répétitif. Je ne compte plus les « putain », les « merdes » et tout autres mots vulgaires placés à tous les coins de pages. le contexte a beau être situé dans une période de guerre avec des protagonistes peut disposer à un langage soutenu, mais cela n'oblige pas une telle masse d'insulte qui vient s'incruster jusque dans la narration même...
Je note aussi, d'un point de vue personnel, quelques incohérences. Surtout au niveau de certains emplois d'objets dans l'intrigue. Si parfois le vocabulaire rappelle un contexte historique lointain, tel qu'avec l'utilisation des « latrines », on est parfois ramené violemment à une époque plus moderne, avec des termes tels que « stylo ». C'est un exemple isolé parmi plusieurs retenus vaguement, mais lors de la lecture, lorsqu'on est plus ou moins pris par le récit, on est facilement interpellé et rappelé à la réalité. Je dois avouer qu'en plus, j'ai souvent été prise par une lecture en diagonale en particulier dans les combats. Ils sont d'ailleurs souvent excessifs, surtout dans leur dénouement.
Sur le fond, j'aimerais traiter de deux points assez dérangeant qui m'empêchent de faire une critique élogieuse du roman.
Le premier est sans nul doute le caractère de Monzcarro Murcatto. Héroïne de
Servir Froid, elle est m'est très vite devenue détestable. Orgueilleuse, vaniteuse, incohérente et toujours une réflexion inutile à partager, elle m'a souvent donné l'envie de fermer le roman. C'est le type de personnages qui m'insupporte et qui permet de prédire son évolution dès les premières pages.
En l'occurrence le fait qu'elle n'est pas aussi froide qu'elle ne laisse le paraître et que les atrocités qu'on l'accuse ne sont finalement pas de ses volontés personnelles. du coup, manque de surprise. Un manque de surprise qui se prolonge justement par un surplus de rebondissements. A force d'en voir se réaliser de façon multiple, on se doute du déroulement de l'intrigue. Bien que je doive l'avouer, certains évènements m'ont réellement désappointé ce qui rattrape plus ou moins l'intérêt du roman. Car après tout, la surprise était l'un des attraits premiers de ce que la publicité mettait en valeur pour
Servir Froid.
Je tiens cependant à mettre sous la lumière un fait que j'ai beaucoup apprécié dans le roman malgré toutes les critiques précédentes : la diversité de caractères des personnages. Si certains ne sont pas très attachants, on ne pourra pas nier que toutes les couleurs y soient peintes. Ainsi, chaque compagnon de Monza se détache du lot par son métier, sa réflexion et son évolution personnelle. le lecteur peut donc soutenir ou apprécier un personnage qui l'aura attiré soit par ses apparitions, soit par son moment narratif. J'ai eu un réel coup de coeur pour Cosca, cet incorrigible penseur et l'étrange Cordial au jeu de dés.
Lorsque les deux forment un duo, j'ai été plus que charmé ! Un très bon et beau mélange. Sans oublier l'énigmatique Shenkt dont on suit avidement les avancées.
La variété et la richesse des personnages sont à mon avis, les meilleurs atouts de ce roman. Ils lui donnent de la vie, de l'intérêt et surtout cette envie de finir l'histoire pour enfin connaître leurs évolutions finales ou bien si la réussite de leur objectif est atteint.
Un dernier point, avant de clôturer cette longue critique. Elle concerne notamment la fin du roman, je la mets donc sous spoiler pour éviter d'en gâcher la saveur pour ceux qui ne l'auront pas lu.
La fin présage une suite. Toutes les énigmes n'ont pas été résolues et beaucoup de pays, « peuples », ont été nommé mais on ne les a pas réellement vues entrer en scène. Je pense en particulier au peuple de Shenkt et Sulfur, ainsi que celui d'Ishri. On n'explique pas non plus complètement la part de la banque de Valint et Balk dans toute cette histoire, ni un approfondissement sur ses origines. Sans compter que c'est toujours la guerre en Styrie et que Monza se voit être enceinte.
Ce qui est bien, c'est qu'on peut tout de même s'arrêter à cette clôture. La fin est à la fois ouverte, mais également fermée. Si un second tome paraît, on ne se sent pas obligé de se le procurer. Et je remercie Joe Abercrombie de cette délicate attention.