Citations sur H2G2, tome 5 : Globalement inoffensive (56)
Naturel. En voilà un mot-piège.
Il avait compris depuis belle lurette que tout un tas de choses qu’il avait crues jusqu’ici naturelles, par exemple acheter aux gens des cadeaux pour Noël, s’arrêter aux feux rouges ou tomber avec une accélération de 9,81 m par seconde au carré n’étaient que des manies de son univers natal et qu’elles ne fonctionnaient pas nécessairement de même autre part […].
Une enquête plus approfondie permit rapidement d’établir ce qui s’était passé. Une météorite avait percé un gros trou dans la coque du vaisseau. Lequel ne l’avait pas détecté, car la météorite avait en même temps défoncé le sous-système informatique chargé de détecter si le vaisseau avait été touché par une météorite.
L’histoire de la galaxie est devenue passablement confuse, pour un certain nombre de raisons : d’une part parce que ceux qui essayent de la consigner sont devenus passablement confus eux-mêmes, mais aussi parce que certains évènements fort confondants s’y déroulent de toute façon.
« Tout baigne super dans l’ensemble. Vous savez quoi… » Il se cala sur son siège et prit un ton de confidence. « C’est à des moments comme ça qu’on en arrive à se demander si ça vaut la peine de se tracasser pour la trame de l’espace-temps, l’intégrité causale des matrices de probabilité multidimensionnelle, le repliement potentiel de toutes les formes d’onde dans le cadre de l’Ensemble du Micmac général et tous ces trucs qui n’arrêtent pas de me turlupiner. Peut-être que dans le fond, je suis d’accord avec l’autre gros. Rien à cirer. Pourquoi s’en faire ? Rien à cirer. »
L’astronef avait déboulé au-dessus d’un paysage sombre et sinistre, un terrain si désespérément éloigné de la chaleur et de la lumière de son soleil qu’on aurait dit la carte des cicatrices psychologiques sur l’esprit d’un enfant abandonné.
Nous vivons des temps étranges.
Nous vivons également dans des lieux étranges : enfermé chacun dans son propre univers. Les gens avec qui nous peuplons nos univers sont les ombres d’autres univers entiers en intersection avec le nôtre. Être capable d’envisager l’incroyable complexité de ces récursivités infinies pour dire quelque chose comme : « Eh, salut Ed ! Chouette bronzage. Comment va Carole ? » nécessite de considérables facultés de vision sélective ; ces facultés, toutes les entités conscientes ont réussi à les développer pour se protéger du spectacle du chaos au milieu duquel elles doivent se débattre. Alors, lâchez un peu la grappe à vos gosses, d’accord ?
Extrait du Manuel pratique d’éducation dans un univers fractalement dément.
La différence essentielle entre un objet qui peut connaître une défaillance et un objet qui ne peut absolument pas connaître la moindre défaillance est que lorsqu’un objet qui ne peut absolument pas connaître la moindre défaillance connaît une défaillance, il s’avère généralement impossible à remplacer ou réparer.
L’erreur communément répandue chez tous ceux qui tentent d’équiper un système de garde-fous infaillibles est de sous-estimer grandement l’astuce des fous furieux.
Respirer et souhaiter des trucs, c’était en revanche à peu près la seule chose dont Arthur était apparemment capable à longueur de journée. Parfois, il lui arrivait de souhaiter des trucs avec une telle intensité que sa respiration devenait passablement agitée, et qu’il était obligé d’aller s’étendre un moment. Tout seul. Dans sa chambrette. Loin, si loin du monde qui lui avait donné le jour que son cerveau n’était même pas capable d’embrasser les chiffres impliqués sans être pris de faiblesse.
- […] Vous devez apprendre à penser de manière pluridimensionnelle. Il y a un nombre infini d’avenirs qui filent dans toutes les directions à partir de l’instant présent –puis du suivant et du suivant. Des milliards d’avenirs qui bifurquent à chaque fraction de seconde ! Chaque position possible de chaque électron imaginable engendre des milliards de probabilités ! Des milliards de milliards d’avenirs éclatants et radieux ! Vous savez ce que cela veut dire ?
- Que vous bavez sur votre menton.