Le vrai se dévoile presque par hasard. A notre insu. Nous n'avons de cesse, dans l'amour comme dans tout le reste, que de nous créer des habitudes. Notre existence ne repose que sur une chose : la répétition. Le don juan, le globe-trotteur ou même l'érudit cherchent chacun à apprivoiser le désir. Mais, au fond de nous, nous le savons, à la fin, nous ne garderons en mémoire que la première fois, cette première fois où, avec l'unique secours de notre imagination, nous nous sommes jetés à l'eau.
Seule Julia placée en face d’elle remarque la petite lueur espiègle dans les yeux de Colette, derrière ses lunettes aux verres épais. L’ironie passe souvent inaperçue chez les vieux, sans doute parce que, leurs traits affaissés ne manifestant plus que des expressions en demi-teinte, on les pense indifférents. Peut-être aussi parce qu’au fil du temps leur ironie s’est émoussée jusqu’à ‘être plus qu’une tendresse malicieuse - semblables en cela aux spectateurs qui, connaissant la fin de la pièce, se prennent de sympathie pour les personnages.
" Elle était vieille et puis après ? La belle affaire ! Elle avait lutté de toutes ses forces contre le vieillissement des chairs, dépensé des fortunes dans des crèmes, sa seules fantaisie, pour freiner l'apparition des rides ou l'affaissement des traits."
« Alors elle rebrousse chemin. Elle dépasse le MacDo où elle emmenait Laura petite, le samedi après l'école. Elle sourit aux passants qui ont tous l'air de flâner, aux timides rayons de soleil printanier, aux arbres sans feuilles, aux quelques-uns qui s'activent. Sous le coup de l'émotion, elle allume une cigarette. Elle ne fume pas avant sa pause de 11 heures. Du moins, elle essaie. L'excitation la gagne. Elle va rentrer bien sûr. Mais pas tout de suite. Elle n'a jamais marché comme ça, la tête relevée, bien droite, les épaules redressées, les jambes souples. L'ivresse de se sentir différente, une démarche d'actrice, avec les talons hauts qu'elle a mis ce matin, auxquels elle n'est pas habituée. Elle a l'impression qu'une caméra la suit. Dans sa tête, elle entend une musique, celle de la scène ou l'héroïne se décide enfin à faire ce que tous les spectateurs attendent depuis le début du film. Partir.
Prendre le train».
C'est curieux comme on peut abriter au fond de soi une personne tout à fait différente de celle qu'on a été pendant des années.
Maintenant, ils ne se font même plus la bise en se couchant. Une sexualité de poisson pané.
Une nouvelle goutte d'eau dans un océan d'occasions manquées, de remords et de regrets aussi, qui constituent son horizon à perte de vie.
Tu sais toutes les femmes sont belles (sourire). Non, ne rigole pas. C'est vrai. Il faut juste qu'elles l'acceptent.
Le destin d'un homme tient dans sa force de caractère.
Julia avait lu dans un magazine que le cerveau féminin est programmé pour juger si un homme lui convient en une poignée de secondes, juste en se fondant sur son apparence. Une poignée de secondes. Qu'est-ce qui lui avait plus pour en prendre pour vingt ans?