J'avais beaucoup aimé «
Des âmes simples » de ce jeune auteur en 2019 .
J'ai acheté son livre de la rentrée, pas de regret ! quel beau livre!
Au sein d'une grande propriété familiale pleine à craquer , c'est le temps béni des retrouvailles saisonnières , au coeur du mois d'août , du côté de Brest pour un jeune trentenaire .
Car, un jour l'âge de rompre avec ces vacances en tribu ,entre messe du dimanche, plage, et fêtes sur le port était venu .
Puis, après de longues années d'absence ce jeune homme ———— autrefois un enfant méfiant ,une crainte alors qui disait son hostilité et son détachement du monde, la peur des serpents , une des ses premières paranoïas, ——- renoue avec la grande maison pour profiter des lieux avant la disparition définitive des aïeux , notamment la petite grand- mère si fragile, sans âge, vulnérable et silencieuse: avec son mari ,marin, elle avait navigué jusqu'en Orient , et tante Yvonne, si pieuse .
Le roman d'une grande délicatesse, limpide ,profond, perlé de secondes s'égrenant imperceptiblement est consacré tout entier à ce retour aux sources ,aoûtien, semblable à une madeleine de
Proust , de ce trentenaire vagabond .
De cette vaste demeure au portail blanc ,décor de toujours, au contact d'un petit cousin Jean, qui lui ressemble ,il connaît et reconnaît tous les trésors cachés : le chocolat rangé avec les galettes bretonnes dans l'armoire en Formica jusqu'aux plantes à la sève orange du bord de la mare , destinées à soigner les verrues.
Chaque phrase à la fois légère , chatoyante , parlante , intense, procure , imprime à l'auteur des sensations perdues , fondatrices , essentielles , émaillées de détails contemporains alliés à une mémoire ancestrale :
Enfants aux visages poisseux de sueur , aux pieds maculés de vase, mères encombrées de tâches ménagères du matin au soir , doyenne nonagénaire, figée dans l'extrême vieillesse qui demande sans cesse « : D'où viens - tu ? à tous les membres de la famille, oncles , tantes , cousins , oubliant , bien sûr , que tous viennent d'elle ,…
L'écriture ciselée , ouvragée , délicate, évocatrice , suscite une émotion intense pétrie de mystère semblable à des photos anciennes , de la mémoire ancestrale à la très belle insouciance du moment .
Les scènes apparaissent et disparaissent dans un souffle …
Mais la tragédie couve, rejetée à la fin du roman, dans toute son insoutenable inexorabilité. …..
Le lecteur alors se souvient de sa si belle lecture et cherche à percevoir, à guetter chaque signe annonciateur du drame dans la belle lumière du mois d'août qui finit dans l'obscurité…
Superbe ,émouvant , tendre.
Chronique magnifique d'un été où l'auteur se relie au passé et à ses aïeux avec une grâce infinie : bascule de l'enfance à l'âge adulte .