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Les yeux perdus" est un conte horrifique qui assure l'ambiance tout du long, ainsi que quelques surprises et rebondissements.
La couverture est pour le moins fascinante et inquiétante. Nous pouvons nous demander mais pourquoi des yeux ? Pourquoi ces deux jeunes enfants sont entourés de tant de poupées qui ne sont guère rassurantes ? Nous pouvons avoir des pensées pour certaines autres oeuvres croisés sous tous les supports. Cette couverture regorge déjà de milles et un détails et promesses. Il vous assurera une lecture qui vaut le coup si vous pouvez y faire face. Ames sensibles et trop jeunes abstenez-vous.
Nous sommes en pleine seconde guerre mondiale, plutôt sur la fin. 1917, quelque part en Europe. le climat n'est pas des meilleurs, comme nous pouvons nous en douter, les masques des deux jeunes enfants dehors en rajoutant une couche. Si vous avez décidé de vous lancer en aveugle, sans le résumé, vous aurez très vite votre premier choc.
Trois enfants livrés à eux-mêmes dans un orphelinat qui font ce qu'ils peuvent pour survivre, pour manger. Et puis nous amplifions l'effet en nous promenant dans l'orphelinat, l'ambiance est vraiment glauque tout comme un des orphelins en particulier qui semble avoir perdu la tête.
Le graphisme est très beau, il les capture à merveille, ainsi que l'ambiance et surtout les yeux. Déjà qu'on dit que les yeux sont sur le miroir de l'âme. Beaucoup de choses passent à travers eux. Indirectement, nous pouvons questionner ce qui est légitime ou non, acceptable ou non, les limites, mais également la responsabilité quand on est sous l'emprise de quelqu'un.
Un des enfants mène à la baguette. Un des autres suit les ordres et semble déjà à moitié mort. le dernier ne peut se résigner à l'innommable.
S'il y a comme un rituel implacable qui se dessine, l'histoire en peu de pages saura se renouveler, lancer de nouvelles pistes, ajouter des frissons.
La seule chose qui pourrait être regrettable c'est de ne pas en avoir plus.
Deux auteurs argentins,
Diego Agrimbau au scénario et Juan Manuel Tumburus pour la partie graphique qui nous livrent là une histoire hors norme, fascinante, intéressante, terrifiante.