Surtout Biagio, le plus vieux chien, qui aurait soixante-treize ans si c'était un homme. Il m'aime bien. Alors mon vétérinaire l'emmène souvent avec nous courir sur la plage, et il me confie la laisse, à moins qu'il ne me confie au chien.
Elle si enthousiaste, passionnée, tenace, chaque fois terrassée par la vie et qui toujours se relève.
Nous nous mîmes à penser que Dieu soit n'existe pas soit est injuste, parce que dans ces malheureuses batailles nous n'étions jamais les vainqueurs et nous jouions toujours le rôle des morts.
A ce moment-là, Mauro avait compris qu'il pouvait mourir, il s'était résigné et s'était mis à admirer le paysage, tout gelé et endolori qu'il était. Il jouissait de la hauteur des vagues et de cet espace sans terre, sans ciel, rien que l'eau vaporisée par le vent. Et puis ça avait passé. Il s'en était sorti.
Et moi j'écris des histoires, parce que quand le monde ne me plaît pas, je me transporte dans le mien et je suis bien.
Mon grand-père était un type fort. A seize ans, l’âge de mon frère maintenant, il devait partir sur le continent, pour faire l’académie militaire. Il s’en vantait auprès de ses camarades. La veille de son départ, certains se sont cachés pour l’attendre et le rouer de coups. A plusieurs contre un. Il est partit quand même, et son aventure se fut la guerre, qui l’a trouvé prêt, et même très en avance.
Ce que nous avons en commun maman et moi, c’est que nous mettons du miel sur tout, alors que ma tante est carrée, et quand quelqu’un a envoyé promener quelqu’un d’autre elle dit qu’il lui a « botté le cul ».maman et moi n’aimons pas les manières de ma tante. Nous aimons voir le monde derrière une couche de miel et papa dit qu’on finira par se faire un diabète du cerveau.
Je sais qu’elle est partie sans désespoir, ni colère. Je sais que les derniers temps elle avait semblé forte parce qu’elle savait que ce serait bientôt fini. Simplement, elle a compris qu’elle était de celles qui ne s’en sortiraient jamais et elle s’est enfuie de la vie comme elle se sauvait du cinéma quand les scènes étaient trop dures pour elle.
Et je compris que c'était le moment de m'échapper, parce que j'étais heureuse non pas de ce qui arrivait mais du simple fait d'exister, et je sentais que cette idée était juste, et qu'en ce moment le requin dormait. Alors je vis un passage entre ses dents, je m'y faufilai puis me laissai glisser sur le sable et entrainer par le courant délicat de la mer et je savais que je m'en sortirais et que je deviendrais sage et chargée d'ans comme Job.
Dieu était comme ça, avec nous les humains: tranquille et serein, et infiniment lointain. La merde, il fallait s'en sortir tout seul. Alors que moi j'aurais voulu un mode d'emploi... Et comment fait-on pour savoir ce qui est vraiment de la merde ?
Alors je me suis mise a penser que rien dans ma vie n'avait été ou n'étais vraiment de la merde. Mince alors. En fait, tout était beau. Et même dans la vie de maman, sauf qu'elle ne l'avait pas compris...
Je me dirigeais vers l'autre côté, où il y a de longues dunes de sable doux. Je longeai un des sentiers parfumés. Myrte. Genévrier. Romarin. Même les fleurs de chardon arboraient la couleur des lilas en se frayant un passage entre les pierres.
Ainsi, petit point insignifiant dans l'univers, je m'apprêtai à jouir de ce vrai don de Dieu. Arrivé à la dune, je m'assis et ôtai mes chaussures, regardai la grande pente de sable blanc qui allait m'emporter comme un toboggan doucement jusqu'à l'eau, une eau bleu et limpide et infini. Non seulement Dieu n'était pas un imbécile, mais il était tout simplement génial.