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Françoise Brun (Illustrateur)
EAN : 9782867465000
64 pages
Liana Lévi (08/01/2009)
3.48/5   210 notes
Résumé :
Glisser dans la baignoire en changeant le rideau de douche, faire croire à un accident, confier le petit à une famille normale... Pour se délester de la pesanteur de la vie, elle s'amuse à imaginer le suicide parfait. Mais le jour où le voisin entre dans sa vie, son regard sur le monde change. Dans un Cagliari écrasé de soleil, Milena Agus met en scène des personnages hors normes, enfants en mal d'amour, adultes en quête d'un peu de douceur.
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3,48

sur 210 notes
Des odeurs de citrons charriées par le vent s'engouffrent dans les ruelles écrasées par le soleil de l'après-midi. Je déambule entre deux ombres, ombre de moi-même, en direction de la plage. le regard perdu dans mes pensées, celles qui te font dire que ta place n'est pas ici, celles qui te proposent d'en finir de la plus belle des manières, en toute discrétion. Un air de trompette s'évapore d'une fenêtre, la suavité de Paolo Fresu, un air marin, un air de Sardaigne. La voisine y apparaît, à demi-dénudée, un gros sein qui prend l'air chaud du vent. Je la regarde, son sourire, la longueur de ses cheveux qui habillerait presque sa nudité. La chaleur écrasante toujours, la sueur perlante, je continue mon chemin avec mes tristes pensées, la mine solitaire n'écoutant que le vent se distiller entre les notes de Paolo. D'ailleurs ou justement, une nouvelle pensée s'aventure entre les habituelles, je repense à son album mystique « Mare Nostrum », la voisine a de sublimes écoutes en plus de sublimes courbes.

D'ailleurs ou justement, la question est là, celle qui accapare de longues heures de silence, comment organiser son départ… Comment faire d'un acte voulu et réfléchi le suicide parfait, celui qui consiste à faire croire aux autres que ce n'est qu'un accident, histoire de ne pas peiner, histoire de ne pas dire aux proches que vous n'aviez tout simplement plus envie…

La chaleur s'estompe légèrement, un dernier verre sous les oliviers, la nuit se fait, les ombres s'agrandissent sous le regard dévoilé de la lune. Une lumière à sa fenêtre qui s'allume, je me retourne vers elle, et la vois, l'observe, la mémorise comme on mémorise un sourire intimidant, un souvenir éternel. Et si un sourire ou une lune pouvait arriver à faire changer les plus tristes pensées, comme des ondes sensuelles.
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Sous le soleil écrasant de Cagliari, elle fixe sans retenue le beau visage de son voisin lorsqu'elle le croise dans la rue. Mais le voisin ne la remarque même pas. le reste du temps, « Elle a[...] l'intention de consacrer son énergie à une bien meilleure idée de suicide, quelque chose que tout le monde prendrait pour un accident. » Mais un jour, le fils du voisin vient lui rendre visite et elle lui prépare un oeuf à la coque. Un petit plaisir simple, comme une renaissance…
C'est l'Ultra moderne solitude chantée par Alain Souchon, celle d'une femme quittée par son mari et désemparée face à son petit garçon handicapé qui ne parle pas, celle de deux voisins désemparés face à leurs enfants, séparés par un mur couvert de tessons de verre et envahi par la végétation. Une belle métaphore de leurs relations, si délicatement décrite. Des mots, des regards, comme une caresse… Miléna Agus a de la tendresse pour ses personnages, elle ne force jamais le trait mais va à l'essentiel, capte les fêlures et la fragilité des êtres, la douceur des échanges, les rires dans la torpeur de l'été, lorsque tout vacille dans la vie de quatre êtres en quête d'amour.
Une nouvelle sombre et joyeuse, sensuelle et morbide qui laisse un souvenir vivifiant.


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Cette courte histoire m'a interpellée par son ambivalence. Milena Agus a choisi d'aborder des thèmes graves que sont le suicide et la maladie sur un ton très léger.
Comment dire ?
Séduction ? Deux voisin, voisine monoparentaux se rencontrent et l'alchimie (les) opère.
Attraction terrestre ? Deux forces faibles convergent et évitent « le point de non-retour ».
Une nouvelle à l'italienne simplement puissante.
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" le voisin, elle l'avait rencontré un jour alors qu'avec son petit elle rentrait de promenade. Il était très beau. Et ensuite, toujours à la même heure. Elle arrêtait la poussette et le fixait sans retenue. Mais lui ne les voyait pas, même quand la rue était vide.

Ainsi commence Mon voisin. Une novella de 50 pages à peine, servie par une plume chaleureuse et pleine d'humour qui nous fait voyager dans une Italie de carte postale - sur les côtes.
Au départ, j'ai pensé que ce serait une histoire comme "La lettre d'une inconnue" de Stefan Zweig, jusqu'à ce qu'apparaissent les envies suicidaires de la jeune femme. Envies qu'on ne prend pas tellement au sérieux à cause du ton détaché de l'auteur.

Mais derrière l'écriture assez légère de Milena Agus, l'auteur cache des douleurs très modernes de notre époque. Celles de la solitude, de la perte de confiance après une séparation, des bouleversements que peuvent amener une naissance dans un couple, de la peur de l'inconnu après la déception, de la féminité qu'on ne sait plus exprimer et qu'on tente de ré-apprivoiser lorsqu'on veut plaire à nouveau.

Et bien sûr, l'histoire du voisin, c'est l'histoire de beaucoup de femmes (et d'hommes) qui s'empêchent vivre pas seulement par peur de l'inconnu, mais parce qu'ils s'attendent à trop de bonheur et oublient de saisir les petits moments anodins du quotidien qui nous manquent tant lorsqu'ils disparaissent.

Un petit moment de lecture drôle et plein de tendresse.
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Ouvrir un livre de Milena Agus, c'est faire jaillir le soleil de la Sardaigne des pages qui se tournent, c'est être inondé de sa lumière et sentir la caresse de sa chaleur sur la peau ; c'est froisser quelques feuilles de thym ou de menthe, de sarriette ou de romarin et s'imprégner des senteurs comme une invitation au voyage pour un ailleurs ; c'est s'extasier des couleurs comme du rouge flamboyant des géraniums et en admirer le chatoiement.

C'est une ambiance qui se crée, qui transporte aussitôt dans une ruelle ombragée, un jour d'été trop suffocant, sur une plage face à une eau transparente et limpide à la recherche d'un peu de la fraîcheur du large.

Parfois, cela peut être l'évocation d'un jardin rendu à son élan sauvage, d'où, au milieu d'une végétation laissée à sa liberté, surgissent des personnages qui vont bousculer la vie d'autres qui ne faisaient que contempler ce coin de nature.


"Elle" n'attend plus rien de l'existence, presque décidée à la quitter. Son fils, enfermé dans le "silence de vie" de sa mère, ne parle, ni ne marche : à quoi bon puisque ce serait pour aller nulle part, ce serait pour ne pas trouver les mots qui pourraient donner, à cette mère qui vit en recluse, l'envie de vivre quelques jours encore...
Et puis, jailli de ce jardin d'herbes folles, de cet enchevêtrement sauvage, un petit garçon inconnu, à l'opposé du calme et de la retenue de cette petite famille murée dans le refus de vivre, et à sa suite son père - le voisin - qui vont bouleverser par leurs exigences, leurs questionnements l'existence de ces deux êtres qui n'habitent plus que le silence et les souvenirs.
Dès lors, au fil des jours, il devient facile d'échanger quelques mots avec l'étranger qui tente de travailler, il devient facile de "voir" le monde, comme une évidence qui était jusque là niée.

Le jardin comme un havre d'où surgissent, parmi toutes les nuances de verts, les couleurs d'une vie qu'on peut écrire plus gaie, plus proche des autres, dans lequel un petit garçon muet de voir sa mère s'éloigner un peu plus chaque jour trouve quelques balbutiements pour la retenir encore un peu.


Une nouvelle de quelques pages pour dire l'importance du regard de l'Autre pour apprendre à voir la beauté de ce qui est proche, l'importance des paroles d'un "voisin" pour trouver, dans le dialogue, des mots comme autant de mains qui se tendent vers celui qui fuit une existence, dans laquelle il ne pense plus avoir sa place.
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Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
Le voisin, elle l'avait rencontré un jour alors qu’avec son petit elle rentrait de promenade. Il était très beau. Et ensuite, toujours à la même heure. Elle arrêtait la poussette et le fixait sans retenue. Mais lui il ne les voyait pas, même quand la rue était vide.
Il habitait la maison de l'autre côté du mur, et maintenant, quand elle emmenait son fils faire un tour, elle passait toujours par là. Ensuite ils montaient par les ruelles en pente, encaissées entre les murs, et débouchaient dans la lumière aveuglante de l'Esplanade, une avenue d’où on aperçoit tout Cagliari. Ils s'installaient sous un palmier, en surplomb de leur petit immeuble décrépit, qui était le plus moche, mais le plus beau aussi, parce qu'il y avait le jardin de la maison d'en face, caché à la rue par le mur, avec sa végétation enchevêtrée qui formait un tapis sous son balcon à elle, au premier étage, la tenant comme suspendue en l'air quand elle s'y penchait.
La maison du voisin restait cachée même de là-haut, de l'Esplanade, les frondaisons des arbres recouvraient tout, et là où elle s'éclaircissaient par instants émergeaient le blanc, le rose, le jaune des arbres fruitiers. Du mur descendaient un chemin entre les tessons de bouteille, les branches de lierre et les grappes violettes des Glycines. Elle ne se lassait pas de rester là, émerveillée, espérant toujours entendre la voix de son voisin si beau. Mais seuls les oiseaux chantaient.
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Si un lecteur me dit qu'il a pleuré et ri en lisant une de mes histoires, je suis heureuse. Car c'est ainsi que je vois la vie, misérable et merveilleuse, et communiquer exactement ce que je sens me comble. (p. 53)
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Ils parlaient comme ils pouvaient. Des choses simples, à cause des langues différentes. Et elle se demandait si, avec les problèmes qu'ils avaient, ces immigrés du monde entier, ils réussissaient à voir toute la beauté de cet endroit, de ces dunes de sable blanc d'où on peut se laisser glisser dans une mer transparente et calme.
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Ne trouvait-elle pas affreux de souhaiter aux humains de ne pas exister, ou de casser leur pipe juste au moment où ils sont heureux, au lieu de leur souhaiter de découvrir comment vaincre les maladies, et de vivre mieux et toujours plus longtemps ? Son idée de la mort, n'était-ce pas une insulte ? A Dieu. A l'humanité tout entière. A ceux qui souffrent vraiment.
"Nous ne sommes pas en guerre, disait le voisin, nous mangeons trois fois par jour et nous ne risquons pas de sauter en l'air en sortant de chez nous parce qu'un sniper nous a pris pour cible. Vouloir mourir, ici, chez nous, c'est une insulte. Nous devons vivre le plus possible et abolir les guerres, la faim, les maladies et la mort. "
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" Si les autres le savent , se suicider est une méchanceté, lui dit-elle, et pour les enfants surtout c'est un héritage terrible, et puis ceux qui vous aiment ne doivent pas se sentir coupables, ni l'humanité insultée par quelqu'un qui dit que tous les efforts que les autres font pour tenir le coup sont inutiles et stupides. Voila pourquoi j'ai imaginé le suicide parfait."
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Vidéo de Milena Agus
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