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4,07

sur 68 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Avec Jardins d'exil, son premier roman, Yanis Al-Taïr explore aussi bien les relations familiales que la lutte contre le cancer en passant par les révolutions arabes et la recherche scientifique appliquée aux fouilles archéologiques.
C'est Alexandre ou Alejandro ou encore Alex qui se confie, raconte, vibre, se désole et suscite surtout la réflexion à propos de l'évolution de notre monde pas si éternel qu'on voudrait bien le croire. Il habite à Montreuil (Seine-Saint-Denis), ville qui laisse s'exprimer les artistes de rue.
Sur les pas d'Alex, je fais de nombreuses rencontres amoureuses et amicales. Tout part de son village d'enfance, dans la banlieue de Rabat, au Maroc : Al-Bariya. Il a grandi là-bas, comme Laura, sa petite soeur. Leur père est espagnol et leur mère, ingénieure agronome dans une ONG ; elle est française. Ils ont fondé beaucoup d'espoir sur Alex en le voyant entreprendre des études de médecine, à Madrid. Ils sont désespérés lorsqu'ils apprennent qu'il a abandonné pour devenir paléogénéticien au cours d'un stage à Jérusalem.
Je ne vais pas détailler un défilé un peu lassant de rencontres mais souligner les réflexions très justes distillées par l'auteur tout au long du récit.
À l'Institut des Mondes Anciens, à Paris, il reçoit des nouvelles de son ami Sacha, archéologue, qui vit au Caire, en pleine tourmente. Nous sommes en 2011, sur la place Tahrir. Hélas, le musée de la ville est pillé. Sacha sent que sa vie est menacée et veut partir mais son passeport russe ne facilite pas son transfert vers la France.
Débute alors la publication des extraits du premier journal intime de l'histoire. Il est rédigé par une certaine Aemilia, en 519, à Alexandrie. Ce fil rouge motive alors Alexandre qui déploie tous les moyens pour tenter de décrypter ce que révèlent ces confidences, les relations entre Aemilia et Théodora, future impératrice byzantine, et cette fameuse tache sombre remarquée sur ces documents.
Si l'auteur excelle pour faire vivre de superbes scènes d'amour comme avec Mathilde, dans la mer, l'exploration de leurs corps se révèle bien plus intéressante que celle des vieilles pierres : « Chaque grain de beauté devenant d'anciennes cités, chaque creux des fondations abandonnées, chaque trace de bronzage des rues antiques qu'il fallait répertorier pour obtenir une carte complète du pays de la luxure. »
Toutes ces intéressantes réflexions sur la vie et l'amour s'effacent bientôt devant le temps le plus fort de ce roman : le cancer qui frappe Laura. Il a fallu cette terrible maladie pour qu'Alex comprenne enfin vraiment sa soeur.
Tout ce qu'écrit Yanis Al-Taïr est fort, sensible, précis, émouvant. Au passage, il compare médecine douces et médecine conventionnelle sans nécessairement les opposer. Hélas, balloté entre des recherches très aléatoires et la santé fragile de sa soeur, Alex boit et se met lui-même en danger. Par bonheur, voici Azadeh, jeune artiste iranienne qui a fui le régime des mollahs et apporte érotisme et poésie dans la vie mouvementée d'Alexandre ; son père aussi surprend avec un poème plein de justesse et de sensibilité.
Le Maroc et les jardins d'Al-Bariya, cet exil toujours possible à tout moment à cause des soubresauts du monde, tout cela pousse l'auteur à des réflexions très poussées sur le jardin d'Éden.
Aemila et Théodora sont alors très loin mais cette lecture de Jardins d'exil permise par Babelio et par les Éditions du Lointain que je remercie, m'ont fait passer d'excellents moments, me poussant à de très intéressantes réflexions sur notre passage sur Terre, sur cette vie à laquelle, malgré tout, nous nous accrochons… une vie sans retour.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Roman des finitudes et des renaissances…

Un premier roman publié dans une maison d'édition confidentielle, un premier roman écrit par un auteur ambitieux qui ne veut rien de moins que confronter la grande mort des civilisations à la mort si banale des êtres humains, confronter la grande Histoire à notre intimité la plus inéluctable, reliant ainsi notre implacable condition de mortels à travers les civilisations qui renaissent elles de leurs cendres, inlassablement.

« de nouveau égaré dans un monde disparu, je n'ai plus à me préoccuper de la réalité »

De cette ambition, énorme il faut le dire, en résulte un roman qui a les qualités et les maladresses d'un premier roman d'une telle envergure. Un récit où l'enthousiasme, la sincérité, la fraîcheur, l'art romanesque le dispute à un foisonnement nerveux et une érudition grandiloquente. Pour toutes ces raisons, grâce et à cause d'elles, j'ai aimé lire Jardins d'exil, je l'ai trouvé attachant. Je le reprenais chaque fois avec curiosité, avec plaisir et même avec étonnement, celui de me faire réfléchir et de m'apprendre des choses. N'en déplaisent à celles et ceux qui n'ont vu que ses points faibles, avis, parfois très durs, que je comprends et respecte mais dont je ne partage pas la sévérité, bien au contraire. C'est un livre attachant pour lequel je ressens de la gratitude et beaucoup de bienveillance.

« La tragédie individuelle souvent s'efface devant la marche de l'histoire. Pourtant, combien le ballet ininterrompu des peuples parait dérisoire face aux drames d'une vie, unique et irréversible. Suivant le point de vue que l'on adopte, le lien entre l'intime et le monde bascule ainsi sans cesse entre engagement et renoncement. Rejeter la multitude tout autant que l'isolement. Chercher la compagnie tout autant que la contemplation. Fragile équilibre si déterminant pour notre santé mentale et par ricochet pour celles des sociétés ».

Alejandro est un jeune homme d'une trentaine d'années qui vit à Montreuil. Après avoir tenté des études de médecine, sa rencontre avec Sacha, un archéologue russe, à Jérusalem lui a fait prendre un tout autre chemin professionnel, au grand dam de ses parents : au lieu de s'occuper des vivants et de tenter de traquer la mort en eux, il s'occupe désormais des morts en cherchant des traces de vie en eux : il est désormais en effet chercheur en ADN ancien.
Nous sommes en 2011, le printemps arabe s'épanouit, il est tenu au courant de la progression des événements par le biais de Sacha, présent en Egypte, qui a réussi à sauver du musée du Caire un journal intime datant du VIè siècle, un journal taché de sang qu'il va parvenir à faire parler. C'est le journal d'une jeune femme centrée sur la correspondance amoureuse entre elle et la future impératrice byzantine Théodora.

Alejandro va devoir mener de fronts plusieurs problèmes en ce mauvais alignement des planètes : sauver ce journal, mais aussi et surtout sauver sa soeur qui vient d'apprendre qu'elle souffre d'une leucémie foudroyante. La vie de ces deux femmes, celle du VIè siècle et sa soeur sont désormais au coeur de la vie chamboulée du jeune homme, entrelacées, entrant en résonance l'une et l'autre, bouleversement qui est l'occasion pour lui de faire un point sur son enfance, ses souvenirs avec ses parents si différents l'un et l'autre, ses études, ses amis, ses amours, la vie nocturne à Montreuil.
L'occasion pour lui de développer de multiples réflexions philosophiques sur la finitude des hommes, sur celle des civilisations, sur la renaissance de celles-ci. Mais aussi d'élaborer des digressions personnelles sur la médecine, les religions, le rôle de l'art comme moyen d'apaisement des souffrances humaines, les modes de vie plus sains et les médecines alternatives qui guident. Tous ces jardins d'exil qui permettent à l'homme de s'élever de sa condition.

« Si la médecine nous répare, l'art nous soigne ».

Yanis Al-Taïr a ainsi attaqué de front plusieurs thématiques, ce qui peut paraitre non seulement périlleux mais aussi quelque peu indigeste. Il n'est est rien, certes ça foisonne mais jamais l'auteur ne prend le risque de nous perdre.
Il est vrai que certains développements peuvent sembler trop érudits, trop développés par rapport à l'histoire mais cette volonté de jouer à l'équilibriste avec plusieurs thématiques afin de donner de la profondeur au récit et de répondre à sa problématique de la finitude et de la renaissance, est contrebalancée par le talent de la narration de l'auteur ainsi que sa plume fluide. Ces digressions, si elles adoptent parfois un ton scolaire, permettent cependant de faire des pauses bienvenues dans le déroulé de l'histoire qui, seule, aurait manqué de relief.

« Faire disparaitre la structure éphémère d'un corps suit toujours le même processus inexorable de décomposition brutale qui engage la vie de milliers de microorganismes, d'insectes et de charognards, bénéficiant de cette masse de chair fraiche. Unique consolation d'une vie qui revient à la vie, pourtant crainte par les adeptes de la crémation qui y voient une violation ultime de leur être. Mais tout est déjà là, prêt à être activé dès l'arrêt du coeur. Rien de plus naturel donc que ce processus cyclique qui se met en ordre de marche sans nous prévenir, en silence ».

J'ai pu voir des critiques virulentes sur les clichés véhiculés par ce livre, sur les nombreuses thématiques juste survolées, sur les scènes de sexe trop suggestives et d'un autre temps, je n'ai pas du tout ressenti pour ma part ces reproches. J'ai vu et ressenti les liens que l'auteur voulait établir entre notre condition, perpétuellement mortelle, et ces civilisations cycliques. Les thématiques abordées sont loin d'être survolées (mon bémol porte au contraire sur une érudition trop forte) et les scènes de sexe peu nombreuses et secondaires.

Je referme ce livre en ayant le sentiment d'avoir passé un bon moment de lecture, un moment de lecture différent de ce que j'ai l'habitude de lire, d'avoir été touchée par les personnages de ce livre mais aussi par cet auteur dont je me promets de suivre les livres à venir. Un grand merci à Babélio et aux Editions du Lointain pour l'envoi de ce roman inclassable.
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Jardins d'exil est le premier roman d'un écrivain doté d'une plume de grande qualité et d'une belle maîtrise de la construction romanesque.
Les personnages qu'il met en scène constituent un kaléidoscope de culture, de religion et de pays principalement situés sur l'axe méditerranéen. Yanis Al-TaÏr va nous entraîner dans un tourbillon spatio-temporel.

Alejandro vit à Montreuil. Célibataire, la trentaine, il mène une vie de bohème, fréquente les bars, les boites et la communauté cosmopolite. Alejandro est chercheur en ADN ancien. Alors qu'il suivait des études de médecine, sa rencontre avec Sacha, un archéologue russe, dans la ville sainte de Jérusalem au début des années 2000 va constituer une révélation et le faire changer de voie : s'occuper des morts (archéologie) plutôt que des vivants (médecine).

Le roman démarre en 2011, avec le printemps arabe et la volonté de la jeunesse de faire tomber de leur piédestal les dirigeants autocrates au pouvoir dans la plupart des pays de l'axe méditerranéen.

Alejandro va devoir gérer de front différents problèmes qui vont se percuter : par le biais de Sacha, sauver du pillage du musée du Caire un journal intime datant du VIème siècle et faire parler ce journal, tâché de sang, une correspondance amoureuse entre deux femmes dont l'une n'est autre que la future impératrice byzantine Théodora.
Dans le même temps, il est confronté à des problèmes familiaux : un père et une mère qui ne sont plus sur la même longueur d'ondes et surtout sa jeune soeur qui vient d'apprendre qu'elle est atteinte d'un cancer virulent.
Il va lui falloir faire face à toutes ces problématiques et les gérer au mieux. C'est l'occasion pour lui de faire le point, d'évoquer son enfance, son adolescence, ses vingt ans… sa famille, ses amis, ses amours... Séville, le Maroc, le Caire, Jérusalem, Paris, Montreuil…

Sauver sa soeur et sauver le journal intime, voilà la mission qui attend Alejandro.

L'écriture de Yanis Al-TaÏr est assez exigeante et nécessite un minimum de concentration. Son roman est réussi et se termine par un feu d'artifice où la théorie quantique et la religion catholique sont confrontées dans le cadre d'un séminaire sur le thème du jardin d' Éden. Et là, inutile de vous dire qu'il faut s'accrocher aux branches ! A l'image d'un extrait de la quatrième de couverture que je vous livre en guise de conclusion : « Roman des frontières, frontière du soi, du corps et de notre identité, « Jardins d'exil » dépeint avec justesse et sensibilité l'intrication étroite de l'intime et des civilisations, et nous livre ainsi une réflexion aiguë sur la finitude, notre finitude et celle des sociétés. Pour qu'émerge enfin au bout du chemin un nouveau récit, un nouvel exil »

PS : Merci à Babelio pour l'envoi de ce roman. A toute fin utile, il serait bon qu'il fasse l'objet d'une relecture par un professionnel, pour corriger les quelques coquilles qui s'y trouvent.
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Pour un premier livre, je trouve ce livre vivant, plaisant et j'ai passé un bon moment à le lire.

Vous suivez une brève période -6 mois- de la vie d'Alejandro, le héros du livre. Cela vous conduit aussi à partager les aventures de sa famille, Laura, sa soeur, et ses parents. Puis je pourrais ajouter celles de Sacha, de Jean-Yves, Azadeh, Jérôme, …

Alejandro, jeune chercheur en techniques d'ADN appliquées à l'archéologie, va conjuguer, durant cette période, l'accompagnement de sa soeur, atteinte d'un cancer, les tribulations de Sacha avec un document sauvé du pillage de la grande bibliothèque du Caire -nous sommes pendant les derniers jours du régime de Moubarak, en 2011-, et son amourette avec Azadeh. Avec des flashback réguliers sur d'autres périodes de sa vie, où nous apprenons progressivement à retisser les liens avec son passé et son entourage.

L'ensemble se tient et est cohérent.

Ce livre se lit sur plusieurs niveaux .

D'abor le personnage, né d'une mère Française, d'un père Espagnole et élevé, dans sa jeunesse, au Maroc, avant de venir faire ses études à Madrid, puis à Paris. Ce mélange de culture le rend à la fois, subtile, ouvert aux autres et en même temps instable et manquant d'ancrage. Il est intéressant que tous ses amis aient un peu le même profil. Des profils qui s'attirent. Cela m'a suscité des réflexions sur toute une partie de la jeunesse qui vit à cheval ou deux ou plus de cultures : elle ne s'identifie ni à l'une, ni à l'autre culture et est en perpétuelle recherche de ses racines. C'est une quête de l'identité. Sans connaître l'auteur, le fait qu'il soit né au Maroc et ait vécu à New York et à Paris, je subodore qu'il a transféré ses propres interrogations dans le livre. le choix de Montreuil, ville très métissée, n'est sûrement pas innocent. Je n'aurai pas vu cette histoire se dérouler dans le 7ème arrondissement de Paris.

Ensuite, un deuxième niveau avec la vie familiale, issue du couple franco-espagnole, les deux chemins différents d'Alejandro et de Laura. Là aussi, comment choisissons-nous notre scénario de vie ? le remettons en cause de gré ou de force ?

Le troisième niveau est l'attrait, pour l'auteur, de la physique quantique et toute sa disgression, à la fin, sur la création du monde. J'y associe le titre « Jardins d'exil ». le monde est né d'un besoin de mouvement et celui-ci est permanent. Cette instabilité permanente crée un monde changeant, déstabilisant, qui à court terme, donne envie à tout être humain de retrouver une certaine stabilité, tout en lui donnant envie de changement d'une réalité qui ne le satisfait pas toujours. D'une étape de vie à une autre, d'une génération à l'autre, nous passons par des jardins toujours temporaires. C'est une réflexion riche, intéressante et qui est bien adaptée au contexte de vie du héros.

Le quatrième niveau est celui du parchemin du Caire et de la liaison entre Aemilia et Laura à différents niveaux. Peut-être, pour moi, la partie qui m'a le moins accrochée. Sauf sur un plan : celui des évolutions des techniques d'archéologie. le clin d'oeil de l'histoire, et cela rejoint l'approche des théories quantiques de l'auteur, c'est que, dans le même temps que je lisais le livre, j'ai été à l'exposition « Préhistoria » au Musée de l'Homme. C'est un hasard du calendrier parce que j'y avais réservé une activité pour mon petit-fils, et ce avant même de connaître ce livre et d'être sélectionné pour le lire. Est-ce aussi un hasard que j'attends de savoir si j'ai un cancer, et que j'attends l'annonce comme Laura ? « Il n'y a pas de hasard », dirait l'auteur.


Pour finir, un livre qui marque et interpelle.
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Nous sommes en janvier 2011, l'auteur , pour son premier roman, nous livre une belle réflexion, explore avec brio les relations familiales aussi bien qu'une lutte contre le cancer.

( il entrevoit sa soeur dans les flammes ) .
Cela passe aussi par les révolutions arabes , et la recherche scientifique associée aux fouilles archéologiques…

Rêve prémonitoire ? Un rêve malsain …..Nous ne l'apprendrons que beaucoup plus tard .

Alors que Alessandro , Alexandre , Alex ,jeune chercheur en ADN ancien , notre héros , sort de son studio il, apprend de la bouche de son père , la maladie très grave de sa soeur .

Il va se confier , raconter, se souvenir , notamment d'une très belle rencontre : une iranienne Azadeh, mais vient se greffer une histoire d'aventures , une lettre mystérieuse que son ami Sacha , archéologue russe, , haut en couleur , lui révèle , oeuvre d'une certaine Aemilia en 519 , elle aurait côtoyé la future impératrice Bysanthine Théodora…

Une tache brune énigmatique , sombre couvrirait une partie de la dernière page.

Beaucoup de thèmes , de l'enthousiasme, une belle écriture , certes .

L'histoire est complexe ,le fil conducteur ,un frère tentant de sauver .sa soeur Laura.
Moult sujets se greffent , tensions politiques , bouillonnements, étrange manuscrit qui déconcerte , Alessandro nous livre des éléments de sa vie passée, son enfance au Maroc, son voyage extraordinaire à Jérusalem,, sa première grande passion amoureuse, sa vie d'étudiant, ses conquêtes , il évoque ses parents , père espagnol, mère , ingénieure agronome dans une ONG , elle est française .
Ils ont fondé beaucoup d'espoir sur Alex , il a entrepris des études de médecine .

Ils sont désolés d'apprendre qu'il a abandonné pour devenir paléo généticien au cours d'un stage à Jérusalem.

L'auteur nous fait vivre de magnifiques scènes d'amour avec Mathilde , dans le mer l'exploration de leurs corps , infiniment plus passionnante que celle de vieilles pierres.

L'auteur écrit d'une manière fort sensible, belle, émouvante.
Le Maroc et les jardins d'al Bariya , un exil rendu possible à tout moment à cause des soubresauts du monde , l'auteur ose des réflexions intenses , aiguës sur le jardin d' Éden .
Un récit ne manquant pas de qualités mais multipliant les thèmes , reste trop en surface pour mon goût.
Il donne le tournis !
Mais c'est un premier roman !

Je remercie les éditions du Lointain , Masse Critique et Babelio pour leur confiance








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Encore une fois merci à Babélio pour sa masse critique privilégiée,  pour la découverte de Jardins d'exil de Yanis al Taïr et pour l'envoi du roman publié aux éditions du Lointain.
Nombre de fois je me suis demandée où l'auteur voulait en venir en parcourant les pages de son livre, nombre de fois je me suis sentie à côté de tous ces thèmes sociologiques évoqués par l'auteur en quantité plus que fournie.
Nombre de fois aussi je me suis dit qu'il fallait que je continue à avancer dans ma lecture car je sentais bien que les liens se resserreraient à un moment ou à un autre.
Malgré tout, l'écriture de ce nouvel auteur m'a bien convaincue car je l'ai trouvée très fluide, très sensible et c'est ce qui a fait que je n'ai plus vu les pages défiler.
Je me doutais bien que ce roman à la quête initiatique aurait une certaine profondeur et que je devrais me faire une opinion qu'à la fin de ma lecture.
Il y a des romans comme celui-là qui paraissent tellement incernables au départ,  tellement digressifs sur la longueur, tellement bourrés d'infos qu'on se dit que l'auteur foisonne d'idées hein Mr Yanis, ça doit bouillonner là-haut!
Cela dit j'espère que les prochains livres seront un peu mieux structurés et que les idées se bousculeront un peu moins car on frôlerait l'indigestion ce qui n'est certes pas recommandable quand on veut prendre du plaisir dans ses propres lectures.
Mais je reste convaincue que Mr Yanis saura encore nous surprendre, j'en suis certaine. le meilleur reste à venir.

Et le dernier point, pour l'éditeur qui devrait absolument refaire un point avec ses correcteurs car à la publication il reste encore des coquilles dans le livre. Et croyez-moi, avec un minimum d'exigence à la lecture j'aurais préféré voir l'orthographe et ses accents à leur place plutôt qu' absents pour je ne sais quelle raison.
J'ai vraiment cru recevoir des épreuves non corrigées c'est pour dire...
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Voilà aujourd'hui un premier roman d'un jeune auteur Yanis Al-Taïr dont j'ai eu envie de découvrir la plume après avoir reçu une proposition lors d'une Masse Critique exceptionnelle. Je remercie donc l'éditeur et Babelio pour m'avoir sélectionnée.
Nous sommes en 2011, Alejandro se réveille après une nuit bien arrosée dont il ne garde aucun souvenir et après avoir fait un très mauvais rêve dans lequel il a vu sa jeune soeur Laura sortir des flammes. En se réveillant, il voit les pompiers débarquer dans son petit studio : il s'est endormi en laissant une casserole sur le feu !
Tout cela est très déstabilisant pour lui car cela ne lui était jamais arrivé, et le lecteur ne saura qu'à la fin du roman ce qu'il a fait durant cette étrange nuit...
De plus, au petit matin, Alejandro découvre un message de son père lui demandant de le rappeler d'urgence : sa soeur Laura est très malade, on a découvert qu'elle avait une leucémie. Lui qui ne l'a pas revu depuis trois ans, reprend contact avec elle et puisqu'il est le seul membre de la famille habitant Paris, il décide d'emménager chez elle pour l'aider, s'occuper du chat et la suivre pas à pas, dans son combat contre la maladie.
En parallèle, son ami Sacha, archéologue d'origine russe, cherche à fuir l'Egypte qui s'embrase tandis que les manifestants de la place Tahrir scandent "dégage Moubarak". Son passeport russe ne lui facilite pas la tâche. Il a réussi à sauver du pillage du musée du Caire un mystérieux journal intime qui daterait de l'époque byzantine. En attendant de pouvoir rejoindre Paris, Sacha va, page par page, envoyer à Alejandro des copies de ce précieux papyrus, par mail, afin qu'il en prenne connaissance...avant de le lui amener pour une expertise plus poussée.
Alejandro est en effet chercheur en ADN ancien (ou paléogénéticien si vous préférez) et le papyrus présente sur la dernière page une grande tache de ce qui semble être du sang. Aemilia, l'autrice du journal, aurait côtoyé, alors qu'elle était toute jeune adolescente et déjà mariée, la future impératrice byzantine Théodora dont elle est tombée follement amoureuse...
Tous ces événements bousculent Alejandro qui va tenter de continuer à vivre et à accepter le quotidien, tout en se remémorant son passé et en nous livrant ses réflexions sur le monde qui l'entoure...
Il se souvient en particulier de son enfance au Maroc (à Al-Bariya), de ses jeux avec Laura, de leur mère distante et dépourvue de tendresse et d'indulgence qui travaille dans une ONG à laquelle elle se consacre corps et âme au détriment de sa famille et de ses enfants, tandis que le père enseignant et poète leur offre un peu de rêves.
Il nous parle aussi de ses études de médecine en Espagne, de son voyage à Jérusalem pour y travailler comme stagiaire à l'hôpital, séjour durant lequel sa vie a pris un tournant décisif après sa rencontre avec Sacha, jusqu'à son arrivée à Paris pour y reprendre des études à l'institut des Mondes anciens et à l'exercice de son nouveau métier...
Les souvenirs défilent, heureux ou malheureux, l'incitant à se poser de nombreuses questions sur son karma, ses choix, ses rencontres et toutes les décisions qui ont donné un sens à sa vie...

Voilà un roman intéressant et bien écrit que j'ai eu du plaisir à découvrir et qui m'a fait passer de très bonnes soirées lectures.
L'auteur nous dépeint un héros sensible et émouvant qui se laisse déborder par ses sentiments mais qui nous apparait terriblement humain. Il a un métier passionnant et plein d'amis mais se cache derrière une façade qui peu à peu, va se craqueler face à la maladie de sa soeur et au fur et à mesure que les souvenirs de son enfance remontent à la surface.
Il y a de très beaux dialogues, un poème émouvant écrit par le père à sa fille, de belles personnes comme bien entendu Sacha mais aussi Azadeh, dont on espère qu'Alejandro comprendra toute la valeur. Des pages superbes comme celles de son premier cours à l'Institut des Mondes anciens ou de sa rencontre avec Sacha sur le chantier de fouilles.
Les réflexions sur la vie, la maladie, les soins médicaux et les différentes approches médicales, l'archéologie, le printemps arabe...sont toutes très intéressantes.
Mon seul bémol est que je me suis parfois perdue car les chapitres alternent tous ces sujets variés sans chronologie particulière comme le sont nos souvenirs lorsque nous nous les remémorons certes, mais le roman me semble-t-il aurait gagné à un peu plus de clarté.
En effet, les réflexions sur la vie de famille d'Alejandro et la maladie de sa soeur Laura, les événements passés comme sa rencontre avec Sacha et la naissance de leur amitié, les histoires d'amour de l'un ou l'autre de ses amis pas forcément toutes importantes, les autres rencontres amicales qui le sont davantage (comme Romain, Youssef...), les pages du journal intime byzantin, les événements politiques contemporains dans les pays arabes, les fouilles archéologiques, les années d'étudiants en médecine et le pourquoi de l'abandon de ses études...tout s'emmêle sans toutefois que le lecteur sache toujours où et quand il se trouve au premier regard.
Le lecteur devra donc trouver le fil directeur en cours de lecture, fil contenu dans le titre du roman soit dit en passant. Comme vous l'aurez deviné, l'exil tient la première place car nous devons tous quitter quelque chose ou quelqu'un durant notre vie, la maladie nous oblige à quitter celui ou celle que nous étions avant, la vieillesse à oublier notre jeunesse...la mort à quitter ceux que l'on aime, l'exil n'est pas que quitter son pays natal c'est renoncer tout simplement au passé.
Enfin, l'auteur établit aussi un lien entre le journal intime de la jeune byzantine et ce que Laura est en train de vivre, un lien qui heureusement ne se vérifiera pas à la fin mais je ne vais pas tout vous raconter. Ce journal mérite une seconde lecture, plus linéaire ce que j'ai fait en terminant le roman. Il est en effet un roman dans le roman tout à fait intéressant à découvrir.
Merci à Babelio et à L'éditeur pour ce partage qui m'a permis de découvrir une belle plume, un auteur engagé et passionné même si comme je l'ai dit je me suis un peu perdue dans la variété des sujets abordés...ce qui est dommage au final mais pardonnable pour un premier roman.
Lien : https://www.bulledemanou.com..
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Cette critique est susceptible d'être biaisée. Babelio ne garantit pas son authenticité

Un livre à ne pas mettre entre toutes les mains tant les sujets sont précis et demandent de la concentration.
L'auteur nous fait beaucoup voyager, au travers du parcours de son personnage principal, tel un Zadig.
On apprend beaucoup en lisant l'histoire d'Alejandro: sur le printemps arabe, sur la biologie, la maladie, l'histoire, l'archeologie... mais surtout sur les questions existentielles, le sens de la vie, sa finitude.
Mais ce que j'ai le plus apprécié, c'est la plume de l'auteur.
Une écriture chantante, musicale et d'une très grande poésie.
Je ne peux que conseiller ce livre aux grands amoureux de la langue française.
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Une belle couverture, un titre ambigüe qui, antinomiquement oppose les notions de jardin : l'Eden et celles de l' Exil !
Une jeune femme qui regarde nostalgiquement le LOINTAIN ( coïncidence : c'est le nom de l'éditeur ! ) ou le soleil brille à l'horizon d'une mer calme et bleue !
Montreuil 2011 : Alejandro se remet d'une soirée alcoolisée pour apprendre par son père que sa jeune soeur Laura a une leucémie ! Au même moment, par mail son ami Sacha, archéologue l'informe du pillage du Musée du Caire, des soulèvements pour renverser le président Moubarak mais surtout pour lui dire qu'il a pu sauver de ce désastre : le journal intime d'Aemilia, amie intime de Théodora , future impératrice de Byzance ! Il veut venir à Paris pour analyser et authentifier de document datant de l'an 519...
Alex a passé son enfance au Maroc dans le petit village de Al-Bariya, son père est un enseignant espagnol et sa maman est une ingénieure agronome qui travaille pour une ONG. Alex avait commencé des études de médecine à Madrid, mais suite à un séjour à Jérusalem, il a décidé d'aller à Paris pour devenir paléo-généticien à l'Institut des Mondes anciens mais son père, contrarié par cet abandon lui a coupé " les vivres " et il a du faire des petits boulots et aller habiter à Montreuil !
Pour soutenir Laura qu'il avait perdu de vue depuis 3 ans, il va habiter chez elle, fermement décidé à l'aider à affronter sa bataille contre le cancer !
Il se laisse aller aux souvenirs de ses amours et ses " emmerdes ", de son enfance avec Laura au Maroc et de sa bande de potes au bar " l'Alternatif " ! Il y a retrouvé son ami d'enfance Youssef devenu architecte et, c'était là qu'avec Romain et les autres... ils refaisaient le monde en buvant !
Enfin, Sacha a réussi à venir à Paris et, Alex le loge dans son studio, ils vont contacter Jean Yves qui est un spécialiste de l'ADN pour analyser le document qui présente une tâche de sang énigmatique et, à ce sujet Alex trouve un lien entre la maladie de Laura et celle d'Aemilia !
Yanis Al-Taïr nous propose un roman avec trop de thèmes survolés, des flash-backs incessants, des clichés et des longueurs sur les procédures médicales, des notions de sa philosophie personnelle, des citations pour tout ramener à l'intrication des civilisations dans le temps et dans l'espace et, sur L ADN : ce lien qui permet de remonter l'histoire des sociétés et, finalement citer la fameuse phrase du " Guépard " de G.T" di Lampedusa : " tout doit changer pour que rien ne change " !
Un premier roman ou l'auteur a vraisemblablement a été dépassé par son élan épistolaire et, n'a pas structuré son récit qui ressemble à un patchwork !
Avec mes remerciements à Babelio et aux éditeurs pour cette M.C.P.


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Alejandro est jeune chercheur spécialisé aujourd'hui dans L ADN ancien, ayant renoncé à ses études de médecine au grand dam de ses parents pour se consacrer à la paléogénétique. Pourtant de la vie à la mort, du présent au passé, la frontière est souvent ténue. Sur fond de printemps arabe, nous allons le suivre dans ses pérégrinations, de Rabat à Montreuil, de Jérusalem au Caire, de Rome à Alexandrie...
Pour le lecteur, le récit démarre à l'image de la vie d'Alejandro, un peu chaotique, le jeune homme brûlant la chandelle par les deux bouts dans un univers nocturne dissolu où le sexe et l'alcool prennent souvent le pas... D'ailleurs, il aime citer l'un des préceptes du poète persan Omar Khayyâm : « Il n'est personne qui sache le secret du futur. Ce qu'il faut, c'est du vin, l'amour et le repos à discrétion. »
Mais très vite, deux histoires vont émerger dans le récit, entrer en résonance à quinze siècles de distance, s'entrelacer, se couturer. Alejandro est sollicité par son ami russe, Sacha, oeuvrant comme archéologue en Égypte, pour se pencher sur un mystérieux manuscrit en papyrus découvert lors de fouilles sous la bibliothèque d'Alexandrie. Une indéfectible amitié lie les deux hommes, qui aura son importance dans l'intrigue. Il s'agirait d'un journal intime datant du VIème siècle écrite par une jeune femme de vingt ans, Aemilia, adressée à la jeune Théodora, qui n'est autre que la futur impératrice byzantine, épouse de Justinien Ier. Ce journal rassemble la correspondance des deux jeunes femmes qui s'aimaient d'un amour impossible. À distance entre Montreuil et l'Égypte, mais traversant aussi la distance de 1500 ans, il s'agit de tenter d'élucider l'énigme de ce journal intime dont la dernière page est souillée d'une tâche sombre, comme une tâche de sang qui aurait survécu aux affres du temps. C'est dans ce contexte qu'Alejandro apprend la nouvelle qui va l'effondrer et donner une autre tournure à son existence : sa jeune soeur Laura est atteinte d'une leucémie foudroyante... Ses chances de survivre sont très limitées...
Ces deux histoires vont alors tenir l'édifice de ce récit, comme les deux arcs d'une nef, se rejoignant pour en former la voûte.
Jardins d'exil est un roman foisonnant à plus d'un titre, foisonnant de personnages, d'images, de réflexions théologiques, philosophiques sur l'existence ainsi que nos identités, de passerelles entre les civilisations, entre le passé et le présent.
Dans ce premier roman généreux et enthousiaste, à l'écriture fluide, Yanis Al-Taïr nous invite au bord du monde, à la confluence des frontières, là où tout finit, là où tout recommence.
L'auteur dresse avec intelligence une histoire tissée de ponts, par-delà l'espace et le temps. C'est un foisonnement de questionnements qu'il soulève entre intime et universel, un peu comme deux mains puisant à satiété dans le sable pour y trouver un objet disparu.
Dans ce récit d'amour, de quête initiatique aussi, Yanis Al-Taïr convoque l'intrication quantique, ce lien incommensurable entre les corps, pour tenter de lire là ce qui ne peut être compris ici.
« Ainsi seule la musique intime des êtres persisterait au-delà des siècles, des origines et des frontières. »
Dans la valse ininterrompue des sociétés humaines muselées dans leurs croyances, entre idéaux et désillusions, l'auteur tente de débroussailler l'entrée d'un autre chemin pour mieux comprendre le fracas du monde.
N'y aurait-il pas alors un double inconscient à nous-mêmes, intime et poétique ? L'indéfinissable soi ? Notre véritable identité, au-delà de notre code génétique et de nos origines, lointain écho de nos intuitions et de nos rêves.... ?
Confrontant le mythe d'Adam et Ève aux récits scientifiques, Jardins d'exil nous montre un ailleurs possible... Jardins d'exil comme autant d'autres jardins plus personnels, plus intimes, délimités par notre seul imaginaire.
Si ce premier roman peut donner le tournis à certains moments, - en effet il est grouillant d'idées intelligentes et jubilatoires, à profusion sans doute -, la maladresse du récit est à la hauteur de sa générosité.
C'est un roman généreux à plus d'un titre...
Généreux parce qu'il est empli de questions plus que de réponses,
Généreux parce qu'il dresse la poésie face à la fureur du monde,
Généreux parce qu'il est gorgé d'amour,
Généreux parce qu'il n'oublie pas l'amitié,
Généreux dans sa célébration de la culture du métissage...
C'est pour cette générosité que ce premier roman ambitieux d'un jeune auteur empli de promesse mérite toute notre attention et notre bienveillance.

« Si nous ne sommes pas là nous non plus, ils vont nous arranger la république. Si nous voulons que tout reste tel que c'est, il faut que tout change. Est-ce clair ? »
Le Guépard - Giuseppe Tomasi di Lampedusa

Je remercie Babélio et les Éditions du Lointain pour l'envoi de ce roman totalement inclassable.
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