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EAN : 9782487094024
342 pages
Editions du lointain (25/04/2024)
4.09/5   67 notes
Résumé :
« La tragédie individuelle souvent s’efface devant la marche de l’histoire. Pourtant, combien le ballet ininterrompu des peuples paraît dérisoire face aux drames d’une vie, unique et irréversible. Suivant le point de vue que l’on adopte, le lien entre l’intime et le monde bascule ainsi sans cesse entre engagement et renoncement. Rejeter la multitude tout autant que l’isolement. Chercher la compagnie tout autant que la contemplation. Fragile équilibre si déterm... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (55) Voir plus Ajouter une critique
4,09

sur 67 notes
Avec Jardins d'exil, son premier roman, Yanis Al-Taïr explore aussi bien les relations familiales que la lutte contre le cancer en passant par les révolutions arabes et la recherche scientifique appliquée aux fouilles archéologiques.
C'est Alexandre ou Alejandro ou encore Alex qui se confie, raconte, vibre, se désole et suscite surtout la réflexion à propos de l'évolution de notre monde pas si éternel qu'on voudrait bien le croire. Il habite à Montreuil (Seine-Saint-Denis), ville qui laisse s'exprimer les artistes de rue.
Sur les pas d'Alex, je fais de nombreuses rencontres amoureuses et amicales. Tout part de son village d'enfance, dans la banlieue de Rabat, au Maroc : Al-Bariya. Il a grandi là-bas, comme Laura, sa petite soeur. Leur père est espagnol et leur mère, ingénieure agronome dans une ONG ; elle est française. Ils ont fondé beaucoup d'espoir sur Alex en le voyant entreprendre des études de médecine, à Madrid. Ils sont désespérés lorsqu'ils apprennent qu'il a abandonné pour devenir paléogénéticien au cours d'un stage à Jérusalem.
Je ne vais pas détailler un défilé un peu lassant de rencontres mais souligner les réflexions très justes distillées par l'auteur tout au long du récit.
À l'Institut des Mondes Anciens, à Paris, il reçoit des nouvelles de son ami Sacha, archéologue, qui vit au Caire, en pleine tourmente. Nous sommes en 2011, sur la place Tahrir. Hélas, le musée de la ville est pillé. Sacha sent que sa vie est menacée et veut partir mais son passeport russe ne facilite pas son transfert vers la France.
Débute alors la publication des extraits du premier journal intime de l'histoire. Il est rédigé par une certaine Aemilia, en 519, à Alexandrie. Ce fil rouge motive alors Alexandre qui déploie tous les moyens pour tenter de décrypter ce que révèlent ces confidences, les relations entre Aemilia et Théodora, future impératrice byzantine, et cette fameuse tache sombre remarquée sur ces documents.
Si l'auteur excelle pour faire vivre de superbes scènes d'amour comme avec Mathilde, dans la mer, l'exploration de leurs corps se révèle bien plus intéressante que celle des vieilles pierres : « Chaque grain de beauté devenant d'anciennes cités, chaque creux des fondations abandonnées, chaque trace de bronzage des rues antiques qu'il fallait répertorier pour obtenir une carte complète du pays de la luxure. »
Toutes ces intéressantes réflexions sur la vie et l'amour s'effacent bientôt devant le temps le plus fort de ce roman : le cancer qui frappe Laura. Il a fallu cette terrible maladie pour qu'Alex comprenne enfin vraiment sa soeur.
Tout ce qu'écrit Yanis Al-Taïr est fort, sensible, précis, émouvant. Au passage, il compare médecine douces et médecine conventionnelle sans nécessairement les opposer. Hélas, balloté entre des recherches très aléatoires et la santé fragile de sa soeur, Alex boit et se met lui-même en danger. Par bonheur, voici Azadeh, jeune artiste iranienne qui a fui le régime des mollahs et apporte érotisme et poésie dans la vie mouvementée d'Alexandre ; son père aussi surprend avec un poème plein de justesse et de sensibilité.
Le Maroc et les jardins d'Al-Bariya, cet exil toujours possible à tout moment à cause des soubresauts du monde, tout cela pousse l'auteur à des réflexions très poussées sur le jardin d'Éden.
Aemila et Théodora sont alors très loin mais cette lecture de Jardins d'exil permise par Babelio et par les Éditions du Lointain que je remercie, m'ont fait passer d'excellents moments, me poussant à de très intéressantes réflexions sur notre passage sur Terre, sur cette vie à laquelle, malgré tout, nous nous accrochons… une vie sans retour.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Roman des finitudes et des renaissances…

Un premier roman publié dans une maison d'édition confidentielle, un premier roman écrit par un auteur ambitieux qui ne veut rien de moins que confronter la grande mort des civilisations à la mort si banale des êtres humains, confronter la grande Histoire à notre intimité la plus inéluctable, reliant ainsi notre implacable condition de mortels à travers les civilisations qui renaissent elles de leurs cendres, inlassablement.

« de nouveau égaré dans un monde disparu, je n'ai plus à me préoccuper de la réalité »

De cette ambition, énorme il faut le dire, en résulte un roman qui a les qualités et les maladresses d'un premier roman d'une telle envergure. Un récit où l'enthousiasme, la sincérité, la fraîcheur, l'art romanesque le dispute à un foisonnement nerveux et une érudition grandiloquente. Pour toutes ces raisons, grâce et à cause d'elles, j'ai aimé lire Jardins d'exil, je l'ai trouvé attachant. Je le reprenais chaque fois avec curiosité, avec plaisir et même avec étonnement, celui de me faire réfléchir et de m'apprendre des choses. N'en déplaisent à celles et ceux qui n'ont vu que ses points faibles, avis, parfois très durs, que je comprends et respecte mais dont je ne partage pas la sévérité, bien au contraire. C'est un livre attachant pour lequel je ressens de la gratitude et beaucoup de bienveillance.

« La tragédie individuelle souvent s'efface devant la marche de l'histoire. Pourtant, combien le ballet ininterrompu des peuples parait dérisoire face aux drames d'une vie, unique et irréversible. Suivant le point de vue que l'on adopte, le lien entre l'intime et le monde bascule ainsi sans cesse entre engagement et renoncement. Rejeter la multitude tout autant que l'isolement. Chercher la compagnie tout autant que la contemplation. Fragile équilibre si déterminant pour notre santé mentale et par ricochet pour celles des sociétés ».

Alejandro est un jeune homme d'une trentaine d'années qui vit à Montreuil. Après avoir tenté des études de médecine, sa rencontre avec Sacha, un archéologue russe, à Jérusalem lui a fait prendre un tout autre chemin professionnel, au grand dam de ses parents : au lieu de s'occuper des vivants et de tenter de traquer la mort en eux, il s'occupe désormais des morts en cherchant des traces de vie en eux : il est désormais en effet chercheur en ADN ancien.
Nous sommes en 2011, le printemps arabe s'épanouit, il est tenu au courant de la progression des événements par le biais de Sacha, présent en Egypte, qui a réussi à sauver du musée du Caire un journal intime datant du VIè siècle, un journal taché de sang qu'il va parvenir à faire parler. C'est le journal d'une jeune femme centrée sur la correspondance amoureuse entre elle et la future impératrice byzantine Théodora.

Alejandro va devoir mener de fronts plusieurs problèmes en ce mauvais alignement des planètes : sauver ce journal, mais aussi et surtout sauver sa soeur qui vient d'apprendre qu'elle souffre d'une leucémie foudroyante. La vie de ces deux femmes, celle du VIè siècle et sa soeur sont désormais au coeur de la vie chamboulée du jeune homme, entrelacées, entrant en résonance l'une et l'autre, bouleversement qui est l'occasion pour lui de faire un point sur son enfance, ses souvenirs avec ses parents si différents l'un et l'autre, ses études, ses amis, ses amours, la vie nocturne à Montreuil.
L'occasion pour lui de développer de multiples réflexions philosophiques sur la finitude des hommes, sur celle des civilisations, sur la renaissance de celles-ci. Mais aussi d'élaborer des digressions personnelles sur la médecine, les religions, le rôle de l'art comme moyen d'apaisement des souffrances humaines, les modes de vie plus sains et les médecines alternatives qui guident. Tous ces jardins d'exil qui permettent à l'homme de s'élever de sa condition.

« Si la médecine nous répare, l'art nous soigne ».

Yanis Al-Taïr a ainsi attaqué de front plusieurs thématiques, ce qui peut paraitre non seulement périlleux mais aussi quelque peu indigeste. Il n'est est rien, certes ça foisonne mais jamais l'auteur ne prend le risque de nous perdre.
Il est vrai que certains développements peuvent sembler trop érudits, trop développés par rapport à l'histoire mais cette volonté de jouer à l'équilibriste avec plusieurs thématiques afin de donner de la profondeur au récit et de répondre à sa problématique de la finitude et de la renaissance, est contrebalancée par le talent de la narration de l'auteur ainsi que sa plume fluide. Ces digressions, si elles adoptent parfois un ton scolaire, permettent cependant de faire des pauses bienvenues dans le déroulé de l'histoire qui, seule, aurait manqué de relief.

« Faire disparaitre la structure éphémère d'un corps suit toujours le même processus inexorable de décomposition brutale qui engage la vie de milliers de microorganismes, d'insectes et de charognards, bénéficiant de cette masse de chair fraiche. Unique consolation d'une vie qui revient à la vie, pourtant crainte par les adeptes de la crémation qui y voient une violation ultime de leur être. Mais tout est déjà là, prêt à être activé dès l'arrêt du coeur. Rien de plus naturel donc que ce processus cyclique qui se met en ordre de marche sans nous prévenir, en silence ».

J'ai pu voir des critiques virulentes sur les clichés véhiculés par ce livre, sur les nombreuses thématiques juste survolées, sur les scènes de sexe trop suggestives et d'un autre temps, je n'ai pas du tout ressenti pour ma part ces reproches. J'ai vu et ressenti les liens que l'auteur voulait établir entre notre condition, perpétuellement mortelle, et ces civilisations cycliques. Les thématiques abordées sont loin d'être survolées (mon bémol porte au contraire sur une érudition trop forte) et les scènes de sexe peu nombreuses et secondaires.

Je referme ce livre en ayant le sentiment d'avoir passé un bon moment de lecture, un moment de lecture différent de ce que j'ai l'habitude de lire, d'avoir été touchée par les personnages de ce livre mais aussi par cet auteur dont je me promets de suivre les livres à venir. Un grand merci à Babélio et aux Editions du Lointain pour l'envoi de ce roman inclassable.
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En ce jour de janvier 2011, la vie d'Alejandro va soudain basculer en apprenant que sa soeur Laura est atteinte d'une leucémie myéloïde fulgurante. Il avait pris ses distances depuis quelques années avec sa famille.

En effet Alejandro, né au Maroc à Al-Bariya, près de Rabat, où il a grandi avec sa soeur et ses parents : son père espagnol et sa mère française forme un couple a priori uni, même si la mère, ingénieure agronome est plutôt du genre psychorigide. Tout va pour le mieux, quand Alex choisit d'entamer des études de médecine, à Madrid, pour répondre aux desiderata de la famille.

Mais, le contact avec le milieu hospitalier, les visites de grands patrons, lui font comprendre qu'il n'est pas à sa place, et décide d'abandonner se dirigeant alors vers la paléontologie, notamment les études sur l'ADN au grand dam de sa mère ce qui provoque une rupture. Pendant ce temps, Laura choisit de faire des études pour plaire à ses parents plutôt que par choix personnel.

Alejandro s'éclate dans ce nouveau choix de carrière, rencontrant au passage Sacha archéologue, d'origine russe, qui a fui son pays et fait des recherches en Égypte. Mais, nous sommes au printemps 2011 et les « printemps arabes » soulèvent l'espoir, sur la place Tahrir, résonnent les « dégage Moubarak » entraînant au passage des dégradations notamment au musée.

Lorsqu'il trouve un parchemin qui s'avère être un journal intime, il préfère le garder pour éviter qu'il soit saccagé. Il s'agit du journal intime d'une jeune femme Aemilia et de sa rencontre avec Théodora, une jeune femme qui lui apprendre l'amour entre femmes, une autre manière de sexualité alors qu'elle est sous le joug d'un mari violent. Or, Théodora n'est pas n'importe qui : en épousant Justinien 1er, elle n'est autre que la future impératrice byzantine. Étrangement le dernier feuillet est maculé d'une tache qui pourrait bien être du sang.

Sacha a un passeport russe, ce qui ne facilite pas un retour prématuré en France, il va devoir ruser pour rapporter clandestinement ce journal intime, le premier du genre car écrit au Vie siècle.

Dans le même temps, le père d'Alejandro l'appelle pour lui apprendre la leucémie de Laura et il va suivre tout le processus : bilan hospitalier, chimiothérapie, séquençage HLA, en vue d'une greffe, protocole rigoureux avec un oncologue compétent mais disert.

Alejandro va devoir renouer avec la famille et revenir sur les anciennes blessures, les jugements à l'emporte-pièce de sa mère, et approfondir ses connaissances sur l'ADN qu'il soit situé dans les corps lors des fouilles ou dans le présent.

J'ai adoré me promener dans les pas d'Alejandro, à Montreuil où il habite, ou les souvenirs de l'enfance à Al-Bariya, de plonger avec lui dans les difficultés familiales, en revisitant les printemps arabes, car Yanis Al-Taïr nous livre un récit documenté, foisonnant, passionnant, en partageant aussi avec nous sa relation torride et tourmenté avec la belle Mathilde, et également sa relation apaisée avec Azadeh, une jeune pianiste qui a dût fuir l'Iran des Mollahs.

J'ai beaucoup aimé ce roman, car c'est le roman des exils, sujet qui me tient particulièrement à coeur, du mélange des cultures. de plus, Yanis Al-Taïr évoque le milieu médical qui me passionne toujours, avec une ouverture médecine traditionnelle, versus médecines douces, sans les opposer, et son approche de la paléogénétique m'a plu, ainsi que sa manière d'aborder les civilisations disparues ou non, éclairant de manière différente le monde actuel.

Bien sûr, il y a des imperfections, parfois, le récit se disperse un peu, certains détails sur la relation d'Alejandro et Mathilde sont parfois scabreux mais c'est un premier roman, alors un peu d'indulgence !

L'auteur cite souvent au passage, des poèmes de mon auteur fétiche Omar Khayyam dont le recueil de quatrains : (les Robâiyât) n'est jamais très loin de moi, car je m'y replonge régulièrement.

Un dernier clin d'oeil : le cours d'introduction à l'anthropologie est absolument génial (P 173 et suivantes) et m'a passionnée car ce métier m'intéresse aussi…

Un immense merci à Babelio, masse critique et surtout aux éditions du Lointain qui m'ont permis de découvrir ce premier roman de l'auteur, dont la couverture est magnifique, en espérant que d'autres suivront.

Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Jardins d'exil est le premier roman d'un écrivain doté d'une plume de grande qualité et d'une belle maîtrise de la construction romanesque.
Les personnages qu'il met en scène constituent un kaléidoscope de culture, de religion et de pays principalement situés sur l'axe méditerranéen. Yanis Al-TaÏr va nous entraîner dans un tourbillon spatio-temporel.

Alejandro vit à Montreuil. Célibataire, la trentaine, il mène une vie de bohème, fréquente les bars, les boites et la communauté cosmopolite. Alejandro est chercheur en ADN ancien. Alors qu'il suivait des études de médecine, sa rencontre avec Sacha, un archéologue russe, dans la ville sainte de Jérusalem au début des années 2000 va constituer une révélation et le faire changer de voie : s'occuper des morts (archéologie) plutôt que des vivants (médecine).

Le roman démarre en 2011, avec le printemps arabe et la volonté de la jeunesse de faire tomber de leur piédestal les dirigeants autocrates au pouvoir dans la plupart des pays de l'axe méditerranéen.

Alejandro va devoir gérer de front différents problèmes qui vont se percuter : par le biais de Sacha, sauver du pillage du musée du Caire un journal intime datant du VIème siècle et faire parler ce journal, tâché de sang, une correspondance amoureuse entre deux femmes dont l'une n'est autre que la future impératrice byzantine Théodora.
Dans le même temps, il est confronté à des problèmes familiaux : un père et une mère qui ne sont plus sur la même longueur d'ondes et surtout sa jeune soeur qui vient d'apprendre qu'elle est atteinte d'un cancer virulent.
Il va lui falloir faire face à toutes ces problématiques et les gérer au mieux. C'est l'occasion pour lui de faire le point, d'évoquer son enfance, son adolescence, ses vingt ans… sa famille, ses amis, ses amours... Séville, le Maroc, le Caire, Jérusalem, Paris, Montreuil…

Sauver sa soeur et sauver le journal intime, voilà la mission qui attend Alejandro.

L'écriture de Yanis Al-TaÏr est assez exigeante et nécessite un minimum de concentration. Son roman est réussi et se termine par un feu d'artifice où la théorie quantique et la religion catholique sont confrontées dans le cadre d'un séminaire sur le thème du jardin d' Éden. Et là, inutile de vous dire qu'il faut s'accrocher aux branches ! A l'image d'un extrait de la quatrième de couverture que je vous livre en guise de conclusion : « Roman des frontières, frontière du soi, du corps et de notre identité, « Jardins d'exil » dépeint avec justesse et sensibilité l'intrication étroite de l'intime et des civilisations, et nous livre ainsi une réflexion aiguë sur la finitude, notre finitude et celle des sociétés. Pour qu'émerge enfin au bout du chemin un nouveau récit, un nouvel exil »

PS : Merci à Babelio pour l'envoi de ce roman. A toute fin utile, il serait bon qu'il fasse l'objet d'une relecture par un professionnel, pour corriger les quelques coquilles qui s'y trouvent.
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Une bien jolie couverture qui suscite immédiatement comme un parfum d'évasion, un regard tourné vers la méditerranée, une odeur de Shalimar qui nous laisse supposer un voyage. Ce périple nous est offert par Alejandro, jeune chercheur en ADN ancien, demeurant à Montreuil en Seine-Saint-Denis.

C'est en premier lieu le visage de Montreuil qu'il nous dessine avec son monde interlope, son multiculturalisme, son animation et son évolution qu'il regarde avec un oeil critique vers une boboïsation, qu'il parcourt à vélo.

Après une nuit entre copains bien arrosée, Alejandro découvre un message de son père vivant au Maroc qui lui apprend que sa soeur Laura est atteinte d'un cancer du sang, une leucémie. La violence de l'annonce est telle qu'il en est terrassé. Abasourdi, il prend conscience de la fragilité de l'existence mais surtout, qu'il s'est beaucoup trop éloigné de sa soeur. Ayant commencé des études de médecine pour ensuite s'orienter vers la recherche, il décide d'accompagner Laura dans ce parcours du combattant.

Au même instant, son ami Sacha (Sacha est le diminutif d'Alexandre, intéressant !) qui est archéologue, se retrouve coincé au Caire au moment des évènements de la place Tahrir. le musée du Caire ayant été saccagé, Sacha est parvenu à sauver un petit coffret métallique dans lequel dort un trésor, le journal intime d'une jeune alexandrine, Aemilia qui va croiser la route de Théodora, future épouse de Justinien et impératrice de Byzance. Sur ce petit papyrus, parfaitement conservé, à la dernière page, une tache marron occupe une grande partie du feuillet. C'est en ce sens que Sacha sollicite l'aide d'Alejandro.

Tous ces évènements vont déclencher en lui des souvenirs tels que son enfance au Maroc, la complicité avec sa soeur lorsqu'ils étaient enfant et comment la vie sépare parfois ceux qui étaient si proches, ses voyages, ses rencontres, son histoire d'amour avec Mathilde et sa rencontre avec Azadeh. Les motivations qui sont venues s'interposer entre le choix de la médecine, approuvé par ses parents, et sa décision subite de s'orienter vers L'Institut des mondes anciens, à Paris. Ce changement d'orientation à l'insu de ses parents, c'est d'abord à sa soeur qu'il s'est confié. Elle lui avait conseillé de foncer.

«Former des chercheurs capables de créer un dialogue riche et passionnant entre histoire de l'Art et Sciences expérimentales à travers l'analyse holistique des artefacts provenant de civilisations du monde entier ».

Les réminiscences l'assaillent. Alejandro décide de vivre auprès de Laura et de ne pas l'abandonner, de la soutenir pour supporter l'épreuve qui l'attend.

Avec Jardins d'Exil, Yanïs Al-Taïr nous propose son premier roman et je remercie Les Editions du Lointain ainsi que Babelio de m'avoir permis de faire connaissance avec ce jeune auteur.

J'ai apprécié l'écriture de l'auteur, ses réflexions très intelligentes, son regard enrichissant voire fascinant sur l'archéologie tout en suivant le parcours de son ami Sacha, son hommage au professeur d'immunologie Jean Dausset dont on ne parle pas assez, découvrir la profession de chercheur en ADN ancien et des techniques qui s'y rattachent.

J'ai ressenti ce bouillonnement intérieur qui anime Yanis Al-Taïr, son intérêt pour tout ce qui l'entoure, un peu comme un jeune loup assoiffé de connaissances mais le proverbe dit bien « qui trop embrasse mal étreint ». Je me suis retrouvée saturée d'informations, trop de digressions. Je commençais tout juste à accompagner Laura et son frère dans les couloirs de l'hôpital qu'une nouvelle information surgissait, détournant mon attention, créant une rupture dans la lecture. J'ai ressenti une véritable lassitude devant tant de changements de sujet créant ainsi une lisibilité pesante, très éloignée de ce que l'on appelle une écriture fluide.

L'auteur possède de réelles capacités d'écriture mais je me permets de lui conseiller de se recentrer sur le sujet qu'il souhaite aborder afin de ne pas décourager son lectorat et de partager avec lui les centres d'intérêts qui animent l'auteur. de même, pour ne pas porter préjudice à l'auteur, il serait judicieux de corriger les fautes d'impression avant de mettre le livre en vente.


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Citations et extraits (106) Voir plus Ajouter une citation
Malgré tous ces désagréments, l'accès au toit-terrasse – un escalier en acier sans protection – avec sa vue sur la cathédrale Saint-Jean-Baptiste et le toit doré du dôme du Rocher, nous élevait du purgatoire au paradis. Les sirènes des ambulances résonnaient dans l'épaisseur de la nuit. Plus proches, le claquement des volets métalliques ou les cris déchirants des mulets annonçaient l'aube.
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Dans le cas d’un mal créé par soi-même, se soigner peut signifier se détruire. L’équilibre est ténu et le seuil à ne pas dé-passer est la réelle limite de la médecine curative. Détruire le mal sans détruire le patient, c’est la plupart du temps s’en remettre indirectement à la nature. Sans le pouvoir naturel du corps, la médecine peine à exister. Mais inversement, sans médecine curative, la guérison naturelle devient un pur jeu de hasard. Comment expliquer ce paradoxe ? Est-ce là tout l’enjeu de la médecine préventive ? Pour autant, s’obstiner à prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter une hypothétique maladie, n’est-ce pas risquer d’élever l’hypocondrie au rang de santé publique ?
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Le pourcentage de guérison pour ce type de leucémie ne dépasse pas les cinquante pour cent. Plus loin, dans un autre article, il est montré que l’âge est un facteur positif. Et positif dans cette étrange langue médicale s’adresse la plupart du temps à la maladie et non au patient. Comme un lapsus révélateur d’une discipline qui, plutôt que de vouloir soigner le patient, cible la maladie au risque d’emporter les deux dans ce duel dont on ne perçoit pas toujours la frontière, d’autant plus s’agissant d’un cancer.
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Le lien morbide entre ma sœur et Aemilia, qui m’a tant troublé au point d’émettre une hypothèse extravagante – la généralisation de la théorie quantique au corps humain – se transforme à présent en une dépendance plus mystérieuse, moins évidente. Si jamais nos lointains descendants découvrent – comme j’ai eu l’audace de penser – une transposition réaliste du phénomène d’intrication quantique à nos vies et à nos corps, il est fort à parier qu’elle ne se limitera pas à la comparaison triviale d’une série d’évènements – historiographie morne et superficielle. Au même titre que deux particules intriquées sautent chacune librement d’un niveau d’énergie à un autre (notion de quantum d’énergie), deux êtres se lieraient psychiquement sans nécessairement suivre la même ligne de vie.
Autrement dit, les affinités psychologiques de Laura et d’Aemilia, leurs blessures secrètes – une grande sensibilité, une soif de vivre et d’apprendre jusqu’à s’oublier soi-même, un sens aigu de la justice, un esprit perfectionniste – les uniraient bien plus que d’autres points en commun, plus évidents mais moins profonds, plus contextuels : leur maladie, leur longue chevelure noire, leur goût pour le dessin, leur féminisme.
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Elle contemple Paris : éboueurs voguant dans les rues désertes, Sisyphes d’une montagne d’indésirables ; livreurs garés en double file, cigognes d’un landau jetable ; ouvriers d’un chantier impossible, fourmis d’un Icare architecte ; chiens pissant sur une terre de bitume, apôtres d’une race de déracinés ; ivrognes accoudés au bar, nihilistes du dernier verre ; couples nés d’une boîte enterrée, jeunes pratiquants d’un Éros souterrain ; femmes de joie à l’affût d’un ultime client, bacchantes d’une orgie taylorisée ; sans domiciles fixes embrassant les bouches chaudes du métropolitain, misérables d’un Hugo polytechnicien ; petits vieux armés de leurs seuls caddies attendant l’ouverture du supermarché, bergers d’un Hermès de grande distribution. Tout ce minuscule monde aux mille nuances qu’elle n’a jamais daigné observer est là, devant ses yeux, prêt à être cueilli. Il suffit de le regarder, d’y croire enfin.
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